La Société Protectrice des Politiques

J’ai copié-collé cet article paru dans Contrepoints section Economie internationale le 15 juillet 2016 en laissant le nom de l’auteur pour lui faire honte.

L’Irlande, championne mondiale de la croissance (+26% !)

Par Thibault Doidy de Kerguelen.

Une croissance record occultée par les médias
Alors que les technocrates socialistes français se vantent de leur 1,3%, l’Office central des statistiques (CSO) de Dublin a créé la surprise en annonçant ses statistiques trimestrielles de la croissance du pays. Certes, l’activité irlandaise a nettement rebondi ces toutes dernières années, après avoir plongé pendant la crise financière internationale, et l’Irlande est redevenue l’économie la plus dynamique de l’Union européenne.

D’après les chiffres publiés en mars dernier, la croissance irlandaise avait atteint le niveau déjà très enviable de 7,8% en 2015, dopée par les secteurs industriels et de la construction. Mais personne ne s’attendait à ce que le CSO ne publie cette semaine une révision de cette donnée annuelle… annoncée désormais au niveau quasi irréel de 26,3%.

Une fiscalité attractive
L’office a expliqué avoir constaté «une augmentation du nombre d’avions importés en Irlande pour des activités de location d’appareils» et «une augmentation énorme de la masse de capitaux d’entreprises » référencée dans le pays.

Jack Allen, analyste chez Capital Economics, a souligné qu’il s’agissait notamment du reflet de jeux comptables d’entreprises qui délocalisent leur siège en Irlande pour y bénéficier d’une fiscalité attractive (12,5% d’impôt sur les sociétés). «Le capital de ces entreprises est dès lors transféré dans le bilan de l’Irlande, ce qui dope son PIB», a-t-il précisé.

Une preuve supplémentaire, s’il en fallait une, qu’une fiscalité intelligente est créatrice d’activité, d’emplois et de richesses tandis qu’une fiscalité confiscatoire est génératrice de paupérisation et de fuite d’activité.

Comment peut-on à ce point mélanger activité et prospérité ? Comment peut-on considérer le PIB comme une richesse alors que ce n’est que le constat d’un mouvement comptable ? Piller une banque est une activité qui donne de surcroît des activités supplémentaires à la police et à tous ceux qui verront transformée en richesse toute leur production. Cela ne donne de la prospérité qu’à quelques-uns. Trouver une ruse pour faire payer les autres est l’activité fondamentale de l’Union européenne et cela crée de l’activité partout pour tenter d’éteindre les incendies que cela crée.

L’Irlande avec son impôt sur les sociétés à 12,5% récolte tous les sièges sociaux et l’on facture en Irlande et en euros toute l’activité européenne réelle de Google, d’Apple et d’Amazon. Ce n’est pas le capital de ces entreprises qui est incorporé au PIB comme l’aurait soutenu un analyste de plus payé à scribouiller. Ce ne sont pas les avions qui sont importés en Irlande mais la facturation de leur location partout en Europe. Les Européens achètent les avions, les Européens les utilisent, les Européens payent mais les sociétés délocalisent leurs sièges à Dublin pour ne payer que 12,5 % d’IS. Facturant en Irlande, cela rentre évidemment dans le PIB irlandais puisque le PIB n’est que le constat des facturations passées et réglées. On a abandonné dans le silence le plus total le PNB qui ne prenait en compte que la facturation des nationaux pour le PIB qui ramasse toutes les facturation d’étrangers faites dans le pays. Quelle différence avec le pillage d’une banque si ce n’est que l’UE l’a rendu légal et a interdit que la police traque les escrocs ?

Au moins grâce au Brexit les Anglais ne verseront plus la redevance à l’état irlandais. Reste la seule question assez difficile tellement tout est possible : l’UE va-t-elle exploser ou imploser ? Elle n’est définitivement plus que la S.P.P., la société protectrice des politiques… et de leurs affidés.

La confusion entre richesse et production

Cette confusion est une difficulté majeure de notre temps et le fait que cette confusion soit si mal perçue est une énigme car elle impacte tous les autres problèmes. Personne ne semble avoir vraiment envie de l’analyser. Nous savons tous pourtant qu’une production n’est pas forcément richesse, qu’une inondation est une production d’eau qui n’est pas richesse, pas plus que la grêle qui produit ses grêlons. Une production n’est plus richesse dès qu’elle est surproduction et elle n’est pas richesse si elle n’est pas désirée.

Une production se constate alors qu’une richesse s’évalue, une production est objective alors qu’une richesse est subjective. Le crottin est une production du cheval mais il n’est richesse que pour le jardinier. Ce qui fait le lien entre la production et la richesse c’est la monnaie. Comme cela n’est malheureusement pas écrit dans les livres d’économie, le premier rôle de la monnaie est de distinguer les richesses parmi les productions, rôle dont découlent les multiples rôles secondaires de la monnaie très justement décrits dans les livres d’économie.

Pour bien comprendre cette distinction il faut d’abord prendre conscience que la monnaie est une énergie. Elle permet de se déplacer, de se nourrir, de s’habiller, de se loger, de se chauffer. C’est une énergie apparemment créée par le groupe qui utilise cette monnaie mais aucune énergie ne s’invente ou ne s’imprime toute seule. L’énergie de la monnaie lui vient forcément d’une autre énergie mais de laquelle ?

Dans les énergies il y a celles que l’homme constate et qu’il sait plus ou moins bien maîtriser et gérer comme les énergies solaire, éolienne, gravitationnelle, géothermique, sismique, animale ou végétale. Il y a celles que l’homme a su développer comme les énergies chimique, électrique ou atomique. Mais aucune de ces énergies n’est stockée dans un billet de banque. La seule énergie qui peut se retrouver stockée dans une monnaie est l’énergie humaine, le travail, énergie que nous retrouvons inconsciemment dans nos portefeuilles comme j’ai pu le développer dans mon article sur la monnaie. Mais ce n’est pas notre travail personnel qui s’y retrouve mais le travail passé de toute la communauté.

Tout l’art des dirigeants est de chiffrer ce travail passé et d’appréhender la quantité de monnaie à mettre en circulation, la quantité d’« énergie travail » stockée dans la monnaie n’étant pas négociable car on ne refait pas le passé. Pas assez de monnaie et le travail humain ne se stocke plus, trop de monnaie et le travail humain passé est dévalué par la dévaluation de la monnaie.

La vie dans un groupe est une série continue de coups de mains que se donnent les uns les autres, c’est un échange permanent que certains appellent le don et le contre-don  et d’autres, le don de soi et l’accueil de l’autre. La monnaie arrive lorsque le groupe est trop important pour que l’échange d’efforts puisse se vérifier autrement que par la simultanéité des deux efforts. La monnaie ne fait que remplacer celui des deux efforts qui n’est pas simultané.

Le rôle de la monnaie est donc essentiel pour réguler l’économie. Elle remplit dans la société le rôle des parents dans la famille qui doivent savoir dire « non ». La tentation est grande en effet de se croire au pays de Cocagne et de vouloir obtenir tout ce que l’on désire.

Si l’on était démagogue et cynique on oublierait que la monnaie n’existe que par le travail déjà reconnu et on en fabriquerait par la dette. Cela permettrait de transformer en richesses des productions qui n’en sont pas. Cela enclencherait une spirale car des petits malins s’intéresseraient plus aux désirs qu’aux besoins. Ils inventeraient de nouvelles productions que l’on reconnaîtrait comme richesses par la monnaie créée par la dette.  La recherche et l’innovation s’engouffreraient vers tout ce qui pourrait plaire. Comme l’argent serait facile, on achèterait pour produire des machines voire même des robots. Le travail ayant quitté la monnaie, il quitterait la production. On ne s’intéresserait plus qu’aux désirs que l’on alimenterait par la publicité payée par la dette. Plus personne ne se demanderait « qui paye ? » puisque la dette aurait remplacé le travail. On en arriverait à une société où la dette transformerait en richesses toutes les productions des machines et où les hommes pourraient se distraire par la dette, leurs deux seules obligations étant de consommer et de voter. Mais comme la dette monterait et deviendrait embarrassante il y aurait unanimité pour affronter le problème et vouloir « faire des réformes » c’est-à-dire faire payer au peuple l’incurie de ceux qu’il aurait bêtement élus.

Le capitalisme en soins palliatifs

 

Personne ne semble avoir envie d’analyser le dogme essentiel de notre économie qui ne supporte pas les hérétiques tellement il a pénétré les cerveaux. Ce dogme baigné de bonnes intentions est :

Nous nous en sortirons par la croissance créatrice de richesses.

 De là toutes les querelles affligeantes entre ceux qui savent tous ce qu’il faut faire pour que la croissance revienne et qui s’extasient en cercle devant son frétillement à 0,1%.

Ce dogme est lui-même fondé sur la croyance que la recherche du profit est le moteur de l’humanité alors que les deux moteurs de l’humanité sont la recherche du pouvoir et celle de la gloire, la recherche du profit n’en étant que le carburant dans le système capitaliste.

Le capitalisme fait croire à une création de richesses alors que cette richesse est mythique car elle n’est qu’un regard qui change suivant les individus et les groupes, suivant le lieu et le moment. Cette lubie de création de richesses ne tient que grâce à des profiteurs et à des jaloux.

Les profiteurs sont ceux qui dépensent à flots de l’argent que leurs banques croient qu’ils possèdent, les jaloux se divisent en jaloux imitateurs que sont les libéraux et en jaloux destructeurs que sont les anticapitalistes.

Les profiteurs sont les serviteurs du système que l’on trouve à tous les carrefours stratégiques, politiques, financiers, médiatiques et publicitaires. Ils dépensent beaucoup d’argent et génèrent autour d’eux, aux mêmes carrefours et dans toute la société, les jaloux admiratifs et les jaloux vengeurs. Ils sont salariés surpayés, héritiers ou flagorneurs. Ils ont le pouvoir et la gloire qui leur permettent de vivre fabuleusement bien parce qu’ils ont réussi à faire croire que nous créons annuellement des richesses dont ils s’octroient une modeste part. Ils ont réussi à faire croire à leurs fortunes en générant des jaloux. Ils ont réussi à faire croire qu’en travaillant normalement un individu pouvait donner à ses enfants plus qu’il n’a reçu de ses parents et que l’enrichissement par le travail était possible sans appauvrissement d’autres personnes. Ils ont fait de leurs victimes leurs complices

Les jaloux admiratifs et imitateurs sont les libéraux qui se divisent eux-mêmes entre ceux qui élucubrent des théories et ceux qui travaillent comme des bêtes pour changer de catégorie. Une infime minorité y arrive en vendant sa start-up ou en gagnant au loto.

Les jaloux vengeurs et destructeurs sont les anticapitalistes qui montrent du doigt la richesse des profiteurs en exigeant une nouvelle répartition : « 1% des humains possèdent 99% des richesses de LA planète » ! Un ami m’a écrit : « l’immense majorité ne tire pas de son travail une part équitable tandis que les fonds de pensions, les banques, les compagnies d’assurances et autres « machins » financiers accumulent des fortunes colossales ». Il m’écrit ce que les profiteurs veulent qu’il croit pour que cela tienne, à savoir que l’on crée des richesses et que le seul problème est de savoir comment se les partager. Lui vit mal matériellement, eux vivent bien matériellement mais cela n’est possible que parce qu’ils savent qu’ils ne sont pas riches et que cet ami croit qu’ils le sont. Leur richesse n’est qu’illusoire. Ce sont des actions en bourse valorisés par eux-mêmes ou leurs semblables à des prix qui sont ce qu’ils échangent entre eux. Ce sont des propriétés qui leur seront reprises quand elles ne seront pas détruites. Les riches familles égyptiennes ou romaines ont-elles eu des héritiers ?

Tous alimentent le dogme et les jaloux rendent le système presque réel en l’admirant ou en l’abhorrant.

La réalité est que l’économie qui est l’action dans la maison, dans l’oïkos, est un échange du travail des êtres de la maison. Normalement tout est don et contre-don ce qui apparaît à un observateur inattentif comme du troc alors que le troc qui n’a jamais existé aurait remplacé la confiance par la simultanéité. Dans le contre-don il y a reconnaissance que le don de l’autre est richesse aux yeux du donneur et du groupe. Mais la notion d’enrichissement sans appauvrissement volontaire de l’autre n’existe pas car tout n’est qu’échange non simultané de travail.

La monnaie a remplacé partout le contre-don lorsque les groupes sont devenus trop nombreux pour que la confiance suffise à l’harmonie. La monnaie était donc un support objectif d’énergie humaine concrétisant le contre-don en étant un symbole concret, recherché, rare, pérenne, transportable et divisible. Mais la monnaie nous a fait oublier qu’il n’y a pas d’enrichissement sans appauvrissement d’un autre. Nous avons théorisé le don et le contre-don en production, dépense et revenu sans souvent comprendre que la production était ce qui était vendu, le revenu était la source de la monnaie utilisée pour acheter et la dépense le constat de leur échange. En appelant cet échange PIB on a fait croire que c’était une ressource alors que ce n’est que le constat d’un échange de deux valeurs.

L’idée est venue, puisque la monnaie remplace le travail du contre-don, de multiplier la monnaie pour éviter le travail. Depuis toujours on pillait, on mettait à sac et on réduisait en esclavage pour avoir de la monnaie et éviter le travail et l’idée de travailler sur la monnaie existe aussi depuis toujours par le billonnage, ce trafic illégal ou caché de monnaies défectueuses. Mais c’est depuis que les monnaies ont été déconnectées de toute référence objective (15 août 1971) que les freins ont sautés.

C’est l’art du capitalisme d’avoir inventé la création de richesses alors que seul l’appauvrissement en monnaie de quelqu’un reconnait une production en tant que richesse. Cette reconnaissance par l’échange ne génère aucune création de richesse pour le groupe.

Mais l’illusion fait vivre…

On a inventé l’investissement, la rentabilité, le profit et on a remplacé le travail par la dette. Rien que pour la dette publique, la France était ruinée après les guerres de Louis XIV et avait une dette publique insupportable à l’époque de 1,5 milliard de livres (12 milliards d’euros) qui a amené le système de Law et la ruine de tant de Français. Aujourd’hui nous en sommes à une dette publique française de 2.000 milliards d’euros et la dette publique mondiale continue de monter de plusieurs milliards d’euros par jour.

On fait tout pour faire payer les autres par l’exportation ou par le bidouillage des monnaies et cela nous retombe généralement sur le nez car nous ne sommes pas les meilleurs en bidouillage.

La FED et la BCE fabriquent sans arrêt, qui des dollars, qui des euros, des monnaies qui ne valent objectivement plus rien. Mais tant que le boulanger et son client croiront ensemble qu’un euro est aussi intéressant qu’une baguette de pain, le système tiendra. Mais dès que la confiance dans le système malhonnête disparaîtra, le papier monnaie ne sera plus que du papier comme les billets de Law en 1720, les assignats de la révolution ou les emprunts russes. C’est parce que certains le savent qu’à Davos on parlait suppression totale de la monnaie. Comme si, une fois de plus on voulait simplement casser le thermomètre.

Les intellectuels n’ont pas envie de comprendre

Depuis la déconnection du dollar de l’or par Nixon le 15 août 1971 alors que toutes les monnaies étaient connectées au dollar selon les accords de Bretton Woods, l’ensemble de l’économie mondiale est partie à la dérive sans que les puissants ne réalisent le drame puisque cela faisait si longtemps que l’on avait oublié le sens et le but de la monnaie.

L’or à l’époque était un élément de référence intéressant puisque l’augmentation mondiale d’or par son extraction annuelle correspondait fortuitement mais à peu près en pourcentage, à l’augmentation de la population active dans les pays monétarisés. Sans s’en rendre compte et sans le vouloir, les économistes avaient redonné son sens d’énergie humaine stockée aux monnaies.

Mais aujourd’hui nos intellectuels, dont les politiques et les journalistes qui se voient tous intellectuels, font croire aux peuples qui sont très heureux d’y croire, que le « développement économique » leur apportent des richesses comme les galions espagnols apportaient de l’or. C’était le développement économique de l’époque. L’expérience du XVIème siècle n’a servi à rien puisque la France n’existe parait-il que depuis 1789. Jean Bodin écrivait pourtant  « L’Espagnol qui ne tient vie que de France est contraint, par force inévitable, de prendre ici les blés, les toiles, les draps, le pastel, le papier, les livres, voire la menuiserie et tous les ouvrages de main, et nous va chercher au bout du monde l’or, l’argent et les épiceries. ». L’Espagne vivait dans les fastes et dans l’indolence en appauvrissant le reste de l’Europe par une forte hausse des prix généralisée. Le blé, base alimentaire de l’Europe de l’époque, voyait son prix tripler car il fallait nourrir les Espagnols qui ne pouvaient manger leur or. Mais encore aujourd’hui Guy Sorman qui a « enseigné l’économie » à Sciences Po, fait des éditoriaux faussement alarmistes où il déclare « Chaque nation, chaque province sera tentée de se replier sur elle-même, oubliant que l’échange est le fondement de la prospérité« . Comment peut-on faire croire que l’échange apporte la prospérité sans le faire précéder par le travail de production que nous avons abandonné ?

Le « développement économique » actuel devient complètement ridicule en se limitant de plus en plus à une production mécanisée effrénée et à une création monétaire toute aussi effrénée. La création monétaire est d’ailleurs encore plus importante que la production mécanisée car il faut donner de l’argent d’abord à la publicité, c’est-à-dire aux agences, au sport et aux médias, qui doivent tous faire croire que les productions sont toutes des richesses, ensuite à l’achat de machines de plus en plus sophistiquées et donc de plus en plus chères et enfin à l’entretien des consommateurs dont le système n’a plus besoin en tant que travailleurs puisque les machines font beaucoup mieux le travail mais en tant que consommateurs à qui il faut donner de quoi acheter.

A Davos où les intellectuels se retrouvent chaque année en janvier lorsqu’ils sont assez riches, l’année 2016 a accouché dans la fierté de leur « quatrième révolution industrielle » faite de numérisation et de robotique où l’on peut enfin supprimer en Europe 5 millions d’emplois d’ici à 2020. Heureusement Mario Draghi à la Banque Centrale Européenne prête maintenant à 0%, « sans limites » dit-il, la fausse monnaie qu’il fabrique et rachète cash aux banques toutes leurs créances pourries sur les Etats qui ne peuvent rembourser qu’en réempruntant davantage. Plus personne ne se demande « Qui paye ou qui va payer au bout du compte ? » puisque l’argent coule à flots. Les banques prêtent à tout va à quiconque veut consommer ou acheter de la pierre mais elles ne prêtent à la production que si l’on va produire ailleurs.

Certaines personnes disent « Et alors ? Quelle importance si ça marche et si ça dure ? ». Cela ne peut pas durer car nos intellectuels n’ont comme seule solution pour inverser les montées liées de la dette et du chômage, que de tenter de faire payer les autres peuples comme le font les Allemands et comme la morale de la Charte de La Havane le réprouve. Mais nous n’y sommes globalement pas bons et chez nous c’est le déficit du commerce extérieur qui monte avec le chômage et la dette. Tout le monde s’en moque puisque  la question « Qui paye ? » est devenue ringarde.

Tout cela ne tiendra que tant que nos intellectuels croiront qu’il est moins coûteux de fabriquer un robot que de faire un enfant et tant qu’ils feront payer au peuple leur incapacité à se remettre en question. Il faut leur dire le plus gentiment possible que se croire plus doué que Dieu reste probablement une erreur.

La mondialisation de l’aveuglement

Quand un problème est mal posé, il n’y a pas de solutions. Cette vérité simple voit la gauche s’entredéchirer.

Il y a ceux qui rejoigne le MEDEF et la mondialisation avec Macron, Hollande, Vals et El Khomri pour rappeler sans le dire que l’humanité est passée de 1 milliard en 1800 à 7 milliards aujourd’hui et qu’un homme ne vaut donc plus rien ou plutôt ne vaut que le prix d’un Chinois qui parait déjà trop cher puisqu’on a trouvé encore moins cher d’abord au Vietnam et maintenant en Ethiopie. C’est le camp des « réalistes » qui gouvernent la France sans discontinuité depuis que Mitterrand a remplacé Mauroy par Fabius en 1984. Ce camp inclut la droite et le centre qui n’ont que les querelles de personnes pour se faire remarquer. L’ineffable Dominique Reynié des Républicains a d’ailleurs mis sur le net une pétition en faveur de la loi El Khomri qui a été immédiatement signée par le président du MEDEF, Pierre Gattaz et par son prédécesseur Laurence Parisot. Les réalistes ont fait oublier l’O.I.C. et la coopération entre Etats pour créer l’O.M.C. et la compétition entre Etats, tout en priant partout pour que la manne divine qu’ils appellent croissance retombe enfin pour donner la prospérité qu’ils continuent sans vergogne à promettre pour être élus. En attendant ils accompagnent la baisse générale du niveau de vie par des moyens aussi divers que sophistiqués que chacun peut observer. Le résultat est depuis 1984 la montée du chômage, de la dette et du déficit du commerce extérieur, la montée de la dette tentant de remplacer l’esclavage dans l’espace qu’est la mondialisation par l’esclavage dans le temps qu’est la dette et que les Français commencent à entrapercevoir. ,Il n’est pas sûr qu’ils l’acceptent.

Il y a ceux qui ont bien compris que les « réalistes » entraînaient la France vers un nivellement mondial par le bas réduisant les civilisations à des amusettes pour touristes mais ceux-là se convainquent eux-mêmes que, comme le dit Mélenchon « La France n’a jamais été aussi riche » et peut donc distribuer sa richesse au peuple tout en se protégeant. Ceux-là se contentent d’être souverainistes  et sont rejoints par Dupont-Aignan et Florian Philippot

Il y a encore ceux qui comme Martine Aubry, Daniel Cohn-Bendit ou Axel Kahn veulent la mondialisation et trouvent dans l’idéologie la force d’améliorer la vie de tous les habitants de la Terre. Ils ont signé une tribune dans Le Monde du 23 février 2016 :

 » La gauche doit porter en la matière de grandes réformes sources de compétitivité pour les entreprises et de progrès social pour les salariés, telles que la sécurité sociale professionnelle, qui permettent à chacun au XXIe siècle de rebondir en cas de difficultés, sans passer par la case chômage, et de progresser tout au long de sa vie professionnelle ».

Avec eux le problème est résolu par la gauche idéologique qui combine sans vergogne la compétitivité avec le Bengla Desh et le progrès social pour tous. Qui paye ?

Le drame est que tous les dirigeants de la Terre ont été déformés dans les universités françaises, américaines ou anglaises et qu’ils attendent tous la croissance comme le messie. Ils l’appellent tous développement économique alors qu’elle n’est qu’augmentation des dépenses. A titre d’exemple Sri Mulyani Indrawati, venant d’Indonésie, a été formatée dans l’université américaine de l’Illinois puis a travaillé à Atlanta en Georgie à l’US Agency for International Development (USAID) avant de devenir ministre des finances d’Indonésie et enfin directrice générale de la Banque mondiale. Dans une interview au Figaro du 27 février 2016 elle dit :

« Plus que jamais l’objectif prioritaire doit être la réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie dans des pays touchés par les conflits ou dans des pays fragiles. L’objectif doit être de redonner de l’espoir aux populations. Beaucoup s’enfuient de chez eux parce qu’ils ne voient pas d’autre option. La croissance économique doit par conséquent aussi être inclusive et se soucier d’abord des 40% de la population la plus pauvre. La lutte contre les inégalités devrait être partout une priorité. Plus que jamais les questions de gouvernance, de réforme des institutions et de lutte contre la corruption doivent être traitées pour créer des sociétés justes qui permettent aux populations de réaliser leur potentiel ».

Comment peut on voir ce qu’il faut faire si l’on croit partout que la dette peut remplacer le travail, que la croissance paiera la dette et que les populations pourront réaliser leur potentiel c’est-à-dire vivre au pays de Cocagne ? De qui les politiques de toute la Terre se moquent-ils ? Ne sont-ils pas en train de tuer notre civilisation ?

Et si l’on s’intéressait à l’emploi ?

Le problème est difficile car nous vivons au-dessus de nos moyens grâce à deux esclavages, l’un dans l’espace déguisé en libre échange et l’autre dans le temps que nous appelons l’emprunt ou la dette. Nous avons une journée contre l’esclavage qui nous rassure mais nous ne vivons dans une opulence factice que grâce aux deux esclavages qui nous ont donné les avantages acquis et la protection sociale auxquels nous tenons tant. Comme aucun des deux esclavages n’est assumé, l’esclavage dans le temps fait monter la dette et l’esclavage dans l’espace creuse le déficit du commerce extérieur.

Au lieu d’analyser les raisons profondes de la montée de la dette comme de celle du déficit commercial, nous rêvons à l’inversion de leurs courbes par deux rêves très médiatisés: la création future de richesses pour rembourser les dettes et la compétitivité pour mieux vendre. Nous oublions que la richesse n’étant qu’un regard, elle ne peut pas être créée et que par ailleurs, pour être heureux, c’est sur l’axe de la coopération et non de la compétition qu’il faut avancer. Bien sûr, comme on ne touche pas aux causes et comme un rêve n’a jamais changé la réalité, les effets restent. La dette continue de monter et le déficit du commerce extérieur continue de se creuser. La parenthèse actuelle de diminution du déficit ne vient que de l’effondrement des prix du pétrole et n’est malheureusement en aucun cas une inversion de tendance.

Comment s’étonner alors que pour payer deux fois ce que nous consommons, une fois pour payer les esclavagistes dans le temps, les milliardaires de la finance, et une fois pour payer les esclavagistes dans l’espace, les milliardaires asiatiques, nous nous sommes vite aperçus qu’il fallait investir dans des usines délocalisées ou dans des machines sur notre territoire car les machines, elles, n’ont ni avantages acquis ni protection sociale. Les deux, bien évidemment, font monter le chômage. Une baisse de la consommation s’ensuit donc et les politiques peuvent enfin se croire utile en s’écharpant pour savoir s’il faut relancer l’économie par la consommation ou par l’investissement, par la demande ou par l’offre.

Et si l’on se réveillait ?

Le chômage montera avec la dette et le déficit tant que les Français accepteront de vivre au-dessus de leurs moyens grâce aux deux esclavages comme nous le faisons depuis 50 ans.

Il y a plusieurs moyens d’arrêter cette triple et sinistre ascension.

Le premier moyen est un leurre après lequel courent nos dirigeants comme leur opposition. Il s’agit de faire semblant et de faire croire comme le font admirablement les médias que la croissance arrive et qu’elle apportera l’emploi tant attendu. Faut-il encore répéter que la croissance n’est que l’augmentation des dépenses et non la manne divine à laquelle ils font semblant de croire. Ce premier moyen a et aura l’inefficacité que l’on connait puisque personne ne se demande jamais qui paye la croissance. Certains voudraient même faire croire que ce serait elle qui se paierait elle-même.

Le second moyen, efficace, radical et immédiat, c’est la guerre qui arrête d’un coup les emprunts comme les transports. Elle met les peuples en face d’eux-mêmes et les contraint à l’humilité, au courage et au discernement. Elle s’installe d’elle-même sous n’importe quel prétexte quand elle devient indispensable pour pallier la difficulté des peuples à se remettre en question et le manque d’humilité, de courage et de discernement de leurs dirigeants. La guerre a rempli sa tâche deux fois au XXème siècle et à chaque fois, en mourant, la guerre a ouvert une fenêtre au bon sens que nous avons unanimement saisie puis très vite lâchée pour nous complaire à nouveau dans nos égoïsmes et nos querelles.

Le troisième moyen est évidemment le plus délicat mais le seul à être efficace hors la violence. Il commence par se fonder sur le bon sens que les lucarnes post guerrières de 1945 à 1948 nous avaient permis d’entrevoir et qu’unanimement nous avions accueilli pour prôner la coopération et non la concurrence et la compétition, le respect de l’autre et non sa simple apparence en voulant lui imposer notre vision du beau, du bien et du vrai, fondement d’une civilisation mais pas de l’humanité entière. « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà » et « Quel est cette vertu qu’un trajet de rivière fait crime » disait déjà Montaigne.

Sur un plan extérieur c’est la Charte de La Havane qui refusait l’esclavage dans l’espace et qui imposait d’un commun accord à tous l’équilibre de la balance des paiements pour qu’aucun pays ne paye pour les autres. L’application actuelle de son esprit, refusant d’importer plus que ce que nous exportons, est la seule façon réaliste, hors la guerre, de redonner du travail aux Français qui devront fabriquer les dizaines de milliards d’euros du déficit commercial actuel. Mais ce n’est pas pour autant la panacée.

Son application navrera les milliardaires asiatiques mais les milliardaires financiers, les tenants de l’esclavage dans le temps, chercheront par tous moyens à nous y faire renoncer comme ils nous ont formatés à oublier l’OIC pour ne penser qu’OMC qui prône la compétition. Ils nous diront que les prix vont exploser et que nous vivrons collectivement et matériellement beaucoup moins bien et ils auront raison puisque l’un des deux esclavages sera clos et que nous devrons travailler nous-mêmes.

Se posera alors un problème beaucoup plus difficile à résoudre. La dette ne payant plus la consommation et le travail l’ayant à nouveau remplacée, les Français devront en tirer deux conséquences. Il nous faudra d’abord être créatifs pour fabriquer à nouveau tout ce que nous nous interdirons d’importer et que nous ne savons plus produire; la créativité de notre peuple y pourvoira. Mais il nous faudra aussi faire des choix pour savoir à quoi renoncer dans tout ce qui structure le faux Eldorado dans lequel on nous a fait croire que nous pouvions vivre. Les milliardaires de la finance avec leurs médias et leurs communicants, aidés par certains politiques et certains intellectuels, feront tout pour que nous continuions à rêver.

La question sera alors de savoir si nous préférerons continuer à bien vivre en étant par lâcheté les complices objectifs de la guerre qui s’installera sous le premier prétexte venu. Ne laissons pas la guerre faucher nos enfants parce que nous aurions préféré regarder ailleurs.

Concrètement mais autrement

Le but d’un blog est de faire circuler des idées. Il m’a été proposé mon article « Concrètement… » réécrit avec un autre style. Je le mets sur le blog en espérant des commentaires sur l’une ou l’autre forme, sur l’une et l’autre forme. Le voici :

Lors de l’interview d’un politique ou d’un économiste, tout bon journaliste aura cette phrase magique : « concrètement dîtes-moi » , « Concrètement qu’est-ce que ça veut dire ? »

Les média veulent du buzz, les hommes politiques veulent être reconnus et soi-disant de l’efficacité.

Ils se retrouvent et se contentent de l’apparence en ne se jaugeant qu’à l’aune de l’audimat pour les uns, des sondages pour les autres. Tout est dans la réaction immédiate. Il faut plaire donc mentir.

Dans mes précédents écrits j’ai utilisé l’image de l’arbre malade à partir de ses racines, son tronc est gâté de l’intérieur, ses branches sont malsaines, mais des « prestidigitateurs » s’activent avec des pulvérisateurs de vert et de brillant pour faire croire que les feuilles sont vertes, brillantes, donc l’arbre est en bonne santé.

Revenons à cette image et superposons-la à notre société. A mon avis elle est aussi malade de trois racines.

La première racine malade est la notion de richesse, qui est ce que les citoyens jugent beau et bon. Mais confondre production et richesse, concrètement est-ce que toute production est forcement belle et bonne ?

La seconde racine malade est la monnaie qui n’est que l’étalon reconnu de la richesse par l’ensemble. Alors concrètement est-ce qu’elle est belle et bonne ?

La troisième racine malade est la confusion problème/solution. Les normes sont-elles un problème ou une solution ? L’immigration est-elle un problème ou une solution ? La mécanisation est-elle un problème ou une solution ? Alors concrètement, la dette est-elle un problème ou une solution ?

Ces trois racines malades pourrissent le tronc gâté. On remplace le travail par la machine ou par la dette et on fait croire aux populations que le système est possible.

Les populations de l’ensemble de la terre regardent avec envie ce « pays de Cocagne » où il n’est pas nécessaire de travailler pour manger, se loger, être soigné.

Personne ne se pose la question : qui paye ?

Les machines et la dette cachent la vérité et montent vers des sommets toujours dépassés

Et les branches me direz-vous ?

La branche économique est la plus touchée par le venin. Les entreprises fabriquent avec des machines et de la dette, on dépense de l’argent en publicité et commerciaux et on fait croire que la production est belle et bonne.

La population est de moins en moins utile à la fabrication des richesses, mais on a besoin d’elle pour consommer, alors on se sert de la dette pour que les productions soient reconnues comme richesse.

Concrètement , on donne des week-ends des vacances, des RTT, des 35 heures que les machines, ni la dette ne réclament.

Mais les banques qui ont prêté de l’argent qu’elles n’avaient pas veulent le récupérer, or personne ne peut rembourser puisque les Etats, les entreprises, les ménages sont SURENDETTES.

Alors concrètement les richesses futures se heurtent à la réalité de la montée du chacun pour soi.

Quant à la branche éducation elle n’est pas mieux lotie puisque le travail sera fait par les machines et la dette, concrètement le seul travail admis est celui de la mémoire (et la grande tarte à la crème) qu’est la numérisation dont on ne perçoit pas encore si elle sera créatrice ou destructrice d’emplois.

La connaissance et la mémoire donnent de merveilleux diplômés inaptes à être utiles.

Ne serait-il pas plus utile de laisser le matin à l’éducation nationale et l’après-midi à une formation de la vie encadrée.

Je ne parle pas aujourd’hui de la branche politique où bon nombre de politiques, fonctionnaires, n’ont jamais été confrontés à la vie et ne pensent qu’à l’affect du peuple plutôt que de tout simplifier.

Concrètement, quand commencerons-nous à soigner les racines du mal ? 

Concrètement….

« Concrètement » est le mantra de tout bon journaliste lors d’une interview d’un politique ou d’un économiste. « Oui mais concrètement que proposez-vous ? », « Oui mais concrètement qu’est-ce que cela veut dire ? », « Concrètement que faudrait-il faire ? ». Les médias veulent du concret comme les politiques veulent de l’efficacité. Ils se retrouvent pour se contenter de l’apparence en ne se jugeant qu’à l’aune de l’audimat pour les uns, des sondages pour les autres. L’impression, le sentiment, l’affect du peuple est ce qu’ils travaillent et ce qui les fait vivre. Tout est dans la réaction immédiate qui est supposée plaire. Il faut plaire et donc faire croire.

L’image de l’arbre a déjà été prise ici mais elle revient sans cesse à l’esprit. Les voir tous s’agiter avec leurs pulvérisateurs de peinture verte et de brillance artificielle pour faire croire que les feuilles sont vertes et l’arbre en bonne santé, est dérisoire devant la réalité des faits. Les meilleurs renoncent même à espérer comme Michel Onfray qui dit « Le bateau coule, restez élégant. Mourez debout… » ou comme Charles Sannat dont je vous conseille la lecture sur www.insolentiae.com et qui écrit « Préparez-vous, il est déjà trop tard ». Personne n’analyse réellement la maladie de l’arbre à partir de ses racines malades qui donne son tronc gâté et ses branches malsaines voire pourries.

Concrètement trois racines sont malades dans notre société :

La première racine malade est la notion de richesse qui n’est plus simplement ce que le groupe juge beau et bon mais un avoir qui fait confondre la production et la richesse comme si toute production était forcément belle et bonne.

La seconde racine malade est la monnaie qui reste chez beaucoup le substitut du troc alors qu’elle n’est que l’étalon de la richesse, unanimement reconnu comme tel par le groupe parce qu’elle est stockage d’énergie humaine vécue comme belle et bonne par le groupe qui l’a émise.

La troisième racine malade est notre facilité à confondre problème et solution. Les normes sont-elles un problème ou une solution ? L’immigration est-elle un problème ou une solution ? La mécanisation est-elle un problème ou une solution ? La dette est-elle un problème ou une solution ? L’Europe est-elle un problème ou une solution ? La croissance est-elle un problème ou une solution ?

Concrètement ces trois racines malades alimentent conjointement et pourrissent ensemble un tronc complètement gâté qui remplace systématiquement le travail par la machine ou par la dette au plus grand plaisir des populations à qui l’on fait croire que le système est possible. Les populations au pluriel car la population autochtone n’est pas la seule éblouie et l’ensemble de la Terre regarde avec envie ce pays de Cocagne où il n’est pas nécessaire de travailler pour manger, être logé et être soigné. Personne ne se pose plus la question « Qui paye ? » puisque les machines et la dette cachent la réalité et montent inexorablement toutes les deux vers des sommets toujours dépassés

Concrètement la branche économique est évidemment la plus touchée par la sève qui n’est que du venin. Les entreprises fabriquent des productions avec les machines et la dette et l’on dépense beaucoup d’argent en publicité et en commerciaux pour faire croire que la production est belle et bonne et qu’il faut être un imbécile pour ne pas en avoir envie, pour ne pas voir cette beauté et cette utilité, pour ne pas voir une richesse dans cette production. La population est de moins en moins utile à la fabrication des prétendues richesses et on peut lui donner des week-ends, des vacances, des RTT, des 35 heures, des arrêts-maladie que ni les machines ni la dette ne demandent. On a même inventé un temps sans rougir le ministère du temps libre qui ne nous a même pas fait pleurer. Mais on a besoin de la population pour consommer et on se sert à nouveau de la dette pour que les productions soient toutes reconnues comme richesses en étant achetées grâce à l’emprunt. Ainsi va l’immobilier des particuliers et la mécanisation des entreprises. Mais les banques qui ont prêté de l’argent qu’elles n’avaient pas, veulent récupérer leur argent « pour détruire cette fausse monnaie » comme elles disent. Or personne ne peut rembourser puisque les Etats, les entreprises et les ménages sont tous surendettés. Le rêve de la création de richesses futures se heurte à la réalité de la montée du chacun pour soi où les particuliers imitent par la fraude les entreprises et les Etats qui veulent les ponctionner par la ruse. Mario Draghi a beau tenter de sauver les banques par son « no limit » à la planche à billet, chacun sait que le système va exploser et que les peuples devront payer la note.

Concrètement la branche éducation n’est pas mieux lotie car le seul travail qui y est admis est celui de la mémoire. Tout le reste doit être fait par les machines et par la dette avec entre autres la nouvelle coqueluche qu’est la numérisation. Non filtrée par l’expérience qui ne s’apprend pas dans les livres, la connaissance triée par le ministère donne des jeunes gens merveilleusement diplômés et totalement inaptes à être utiles. Les classes pilotes qui regroupaient les meilleurs élèves et les meilleurs professeurs pour faire l’ensemble du programme le matin et faire l’expérience de la vie l’après-midi, ont été supprimées pour élitisme. Et si on ne laissait que le matin à l’éducation nationale en la faisant récupérer son vrai nom d’instruction publique à l’école et à l’université pour donner l’après-midi au grand air à l’armée qui pourrait confronter les adolescents à des réalités simples ?

Je ne parle pas de la branche politique où des fonctionnaires qui n’ont jamais été confrontés à la vie, ne pensent concrètement qu’à plaire à l’immédiateté de l’affect du peuple en compliquant tout au lieu de tout apurer.

Concrètement ne serait-il pas plus judicieux de commencer par soigner les racines malades ? Mais là on leur en demande peut-être un peu trop.

Noël

Dans l’armée mexicaine des rédacteurs en chef du journal Les Echos, Daniel Fortin est rédacteur en chef « Idées et Enquêtes ».

Sur Europe1, ce jour de Noël, à la question de Pierre De Vilno « Il n’y a pas un vrai retour de la croissance. Pourquoi notre économie n’arrive-t-elle pas à décoller ? »  Daniel Fortin a eu la réponse lumineuse : « Ça, c’est le grand mystère ».

Pour ce spécialiste des idées et des enquêtes, l’économie aurait dû repartir avec « la chute des cours du pétrole, la baisse de l’euro ou encore le niveau incroyablement bas des taux d’intérêts », ce qu’il appelle même « l’alignement des planètes ». Avec en cerise sur le gâteau, les effets du pacte de responsabilité, l’économie devait repartir.

Le malheureux doit avouer qu’au lieu de favoriser la reprise « ça profite davantage aux importations qu’à nos propres producteurs ». Il se lance alors en bon journaliste dans l’explication du mystère et va chercher pour comprendre, le pape de l’économie française, Patrick Artus, X, ENSAE, Science-po, professeur partout, conseiller ailleurs, membre de conseils d’administration divers dont Total et farouche partisan de l’immigration et de la productivité présentées par lui comme les deux mamelles de la croissance. Daniel Fortin explique : « Plusieurs économistes dont Patrick Artus estiment que l’offre française n’est plus suffisamment adaptée à la demande moderne. Elles ont un problème de gamme. On parle aussi du vieillissement de nos usines qui seraient beaucoup moins robotisées que celles de l’Allemagne ou de l’Italie ». En bon serviteur du système Daniel Fortin conclut par la touche d’espoir indispensable, tempérée par un conditionnel prudent : « Le problème serait structurel donc plus long à traiter, ce qui explique le retard à l’allumage de la croissance ».

Comme Noël est le jour des cadeaux, j’ai décidé de lever le mystère pour qu’il puisse enquêter en 2016 les yeux ouverts. Je lui annonce sans vouloir l’attrister que le Père Noël n’existe pas et que si les parents ne travaillent pas pour gagner de l’argent, les enfants n’ont pas de cadeaux. C’est peut-être douloureux mais c’est l’explication de son mystère.

Comme tous ses congénères et comme l’armée politicienne qu’il sert, il s’est convaincu que le PIB est une création annuelle de richesses à se partager, alors qu’il n’est que la somme de toutes nos dépenses avec un argent que nous gagnons de moins en moins et que nous empruntons de plus en plus à des banques qui n’en ont pas et qui, faute de récupérer l’argent créé par elles, commencent déjà à déposer le bilan comme en Italie ou au Portugal en dépit du rachat par la BCE de toutes leurs créances douteuses sur des Etats qui ne peuvent rembourser qu’en empruntant davantage.

Mais de même que les enfants n’aiment pas apprendre que le Père Noël n’existe pas, les Français n’ont pas du tout envie d’entendre que la croissance n’a jamais été l’augmentation des richesses produites mais qu’elle n’est que l’augmentation des dépenses quelles qu’elles soient. Il est tellement agréable de croire vivre dans un pays riche, de se croire capable d’être généreux sans se restreindre, de penser à 20 ans qu’on sera riche à 40 ans parce qu’il est normal d’avoir sa part de la croissance.

Je sais qu’il y a dans mes lecteurs des gens honnêtes qui ont du mal à croire que le PIB n’est que la somme des dépenses tellement cela remet tout en cause. Qu’ils lancent le débat ici, je répondrai à tous et qui sait ? Je me mettrai peut-être à croire au Père Noël s’ils sont convaincants.

Je cherche la personnalité politique qui arriverait à dire aux Français que le Père Noël et le pays de Cocagne n’existent pas. Dans le système électoral actuel ce serait évidemment suicidaire. Allez tenter un scrutin  majoritaire sur l’existence du Père Noël chez des enfants de 6 ans et vous aurez le même résultat qu’avec des adultes français consultés sur le PIB qui est forcément une production et forcément une création de richesses.

Qui a encore envie de réfléchir et de s’intéresser vraiment aux générations suivantes ? A mes yeux sûrement pas Patrick Artus et Daniel Fortin.

Gloire au travail

Il y a une contradiction apparemment insurmontable entre l’affirmation souvent énoncée ici qu’il n’y a pas de création annuelle de richesses et l’observation apparemment indiscutable que depuis l’époque de l’homme de Cro-Magnon une multitude de richesses a été créée par les hommes.

Les tenants de la création annuelle de richesse la chiffrent même par le PIB et souhaitent son augmentation par ce qu’ils appellent la croissance économique.

Mais la richesse n’est qu’une façon de regarder et si elle est richesse pour les uns, elle est embarras pour d’autres et même rebuts pour certains. Cela est vrai dans l’espace mais aussi dans le temps. Si en Hollande de 1634 à 1637, le prix d’un bulbe  de tulipe valait 15 ans de salaire d’un maçon, le prix d’une maison ou d’un carrosse avec ses deux chevaux , il vaut aujourd’hui 6 euros la douzaine. Un lieu de vie qui aurait été conservé en Europe dans l’état où il était à l’époque de Néanderthal serait aujourd’hui par sa rareté et sa tranquillité hors de prix et réservé à quelque émir ou oligarque. La sculpture « dirty corner » qu’Anish Kapoor a créée à Milan et déposée dans les jardins du château de Versailles est sûrement une richesse aux yeux des organisateurs de l’exposition, sûrement un déchet aux yeux de ceux qui l’ont surnommée « Le vagin de la reine » et probablement un encombrant et une gêne pour tous ceux qui venaient voir Versailles pour remonter le temps. Si le Pont du Gard est une richesse aujourd’hui, était-il à sa construction autre chose qu’un élément de voirie pour approvisionner Nîmes en eau ? 

C’est notre regard individuel qui différencie ce qui à nos yeux est précieux et ce qui peut partir à la poubelle. Ce qui nous est précieux nous est richesse mais n’est qu’une richesse individuelle. La richesse collective est beaucoup plus difficile à appréhender car elle appelle deux questions : quel collectif ? et qu’est-ce qu’un regard collectif ?

La doxa « attalienne mincienne et BHLienne », relayée par les médias, nous dit que le collectif est le monde qu’il baptise, comme s’il n’y en avait qu’une, « la planète » par un égocentrisme très révélateur. Cette doxa affirme que si les espèces animales ont le droit d’avoir des races de chiens, de poules ou de chevaux, l’espèce humaine, elle, n’a plus de races et qu’il faut même supprimer le mot des dictionnaires. Cette doxa pateline et mielleuse veut imposer sa morale et sa vision à toute l’humanité en pensant trouver dans la fuite en avant la réponse à l’échec qu’ils ont tous eu chez nous. Cette volonté de mondialisation du collectif entraîne bien évidemment des réactions violentes de gens que l’on appellera terroristes pour ne pas se compliquer la vie. Cette doxa, constatant que la communication s’était mondialisée, en a déduit complètement à tort qu’il en était de même pour la réflexion et l’action.

Une autre doxa, politicienne celle-là, nous dit que le collectif est européen. cette doxa-là veut appliquer à l’Europe toutes les recettes qui ont échoué individuellement dans chaque pays. Pour cette fuite en avant,  les politiques ont un besoin vital de l’euro, cet outil mort-né qu’ils momifient au lieu de l’enterrer. Ils se réunifient tous, ceux qui veulent dépenser plus pour dépenser moins comme ceux qui veulent dépenser moins pour dépenser plus, tous unis pour sauver l’euro, leur Europe et surtout eux-mêmes. Tous unis contre ceux qui veulent retrouver un collectif qui a déjà fait ses preuves, la nation ou la patrie.

Quant au regard collectif sur une chose, c’est son prix car seule la monnaie est reconnue par tous comme une richesse. Si des membres du groupe acceptent de s’appauvrir en monnaie en l’échangeant contre une chose ou un service, alors cette chose ou ce service qui n’était qu’une production est reconnue par le groupe comme une richesse, au moins à un moment donné et en un lieu donné.

Malheureusement depuis bientôt 50 ans nous fabriquons par la dette de la fausse monnaie qui casse tous les équilibres. Les productions sont réputées être des richesses alors qu’elles ne sont en réalité qu’encombrements ou déchets, par le simple fait qu’elles sont achetées avec de la monnaie obtenue sans efforts par l’emprunt . Il est plus facile d’emprunter à la banque de l’argent qui n’existe pas, que de travailler à la sueur de son front. Il est plus facile d’importer des marchandises que de les fabriquer en travaillant. Comme cela fait exactement le même PIB, les observateurs sont contents et on a simplement remplacé le travail par la dette qui monte, qui monte, qui monte…..

La montée des machines est un exemple intéressant de la perversité de la dette.

Les machines remplacent les hommes mais elles coûtent cher à concevoir et à réaliser. Normalement l’équilibre entre les trois entités créatives, l’homme, l’argent et la machine, se fait naturellement car d’un côté l’homme est attiré par la machine qui fait le travail à sa place mais de l’autre, il n’y a de machine que si l’homme a suffisamment travaillé pour avoir l’argent nécessaire à son achat. La machine ne crée pas le chômage parce qu’elle n’existe que si l’homme travaille assez pour pouvoir se la payer.

Or avec la dette le verrou saute. La machine est payée immédiatement par l’emprunt et à terme par les mythiques richesses futures. Le résultat est une mécanisation galopante qui fait monter parallèlement le chômage et la dette. Ne pourrait-il y avoir des économistes pour hurler aux oreilles des puissants que si l’on n’abandonne pas l’outil stupide de la dette pour retrouver le travail humain, le chômage ne peut que monter, la dette s’envoler et la violence atteindre des sommets.

Gloire au travail, le seul que l’on ose ignorer le jour de sa fête !