Le système veut remplacer les civilisations

Tout s’inverse analysait le 1er mai les deux chocs qui ont déstabilisé les idéologies des vainqueurs de la dernière guerre : mai 68 a mis à mal le communisme stalinien et Nixon, en août 71, a brisé les garde-fous irrationnels du capitalisme. Ce billet pointait depuis ces deux chocs, une société vivant de la fabrication à vau-l’eau de monnaies que l’on croit encore énergétiques alors qu’elles sont totalement déconnectées de leurs sources et de l’énergie qu’elles sont supposées véhiculer. La première conséquence de cet aveuglement est l’inversion de l’approche de la richesse. La richesse ne se mesure plus que par la dépense et nous aimons croire que toutes les productions sont des richesses dès lors qu’elles sont vendues. Nous nous croyons riches puisque nous dépensons en nous endettant. Cette première conséquence en entraine beaucoup d’autres tellement le manque de « moyens » devient le seul frein médiatique à la solution de tous nos problèmes. Nous sommes tous convaincus que nous pouvons nous enrichir sans appauvrir qui que ce soit. Le peuple est tellement content de ne plus avoir besoin de la religion pour donner un sens à sa vie, tellement satisfait de pouvoir acheter son logement en empruntant à sa banque, qu’il tolère sans sourciller, et même avec un œil gourmand, tous les banquiers, tous les capitaines d’industrie et tous les intermédiaires serviles qui sont payés plus d’un million d’euros par an. Il se laisse aussi fasciner par tous les occupants de la politique et des médias qui diffusent leur logorrhée avec un talent bien rémunéré. La fausse monnaie fait ses ravages.

L’emprunt, qui dans toute l’histoire de l’humanité a toujours été un prêt sur gage, est devenu un prêt sur richesses futures. Seules les cautions pour les moins fortunés rappellent maintenant, de temps à autre, la notion de gage. Les richesses futures étant une vue de l’esprit, nous vivons, en temps réel comme disent bêtement les médias, le feu d’artifice des conséquences de notre aveuglement.

Il est très dommage de ne pas voir que la création de richesses totalement subjective est largement compensée par sa consommation et sa destruction, son obsolescence, programmée ou non. La science économique a dédaigné le fait que tout marche sur deux pieds, pas d’actif sans passif, pas d’extrémité sans origine, pas de création sans destruction, pas de monnaie sans source énergétique. Pour cette science, faire du pain ce serait créer une richesse s’il trouve acheteur, mais le manger ce ne serait pas détruire une richesse. Plus exactement ce n’est pas un sujet qui intéresse cette science pas plus que la source énergétique de la monnaie utilisée. Cette source est devenue naturellement et très simplement, le rêve de la richesse future. La consommation, la destruction, le délabrement, le saccage n’intéressent pas cette science qui ne raisonne que sur le pied de la production et de l’argent que l’on fabrique pour transformer cette production en richesse.

Il est incohérent de parler de croissance mondiale ou nationale quand seule la fabrication éperdue d’argent permet de considérer comme richesses, la fabrication continue des machines. Leurs productions, comme les machines elles-mêmes, sont achetées par de la fausse monnaie sous forme de dette. Nous intégrons mal comme création de pauvreté, la consommation des matières premières qui ne sont ni infinies, ni renouvelables. Nous préférons laisser le sujet au romantisme des écologistes qui s’agitent avec notre sympathie. Nous intégrons mal comme autre création de pauvreté, l’accumulation des déchets dans les mers, dans les airs et dans les sols. Nous préférons rêver au jour où nous trouverons des acheteurs pour ces déchets et, en attendant, nous trions nos poubelles. Fabriquons vite beaucoup de monnaie pour que ces acheteurs existent ! Nous intégrons encore mal comme création de pauvreté, notre incapacité à utiliser l’énergie de nos concitoyens pour le bien commun. Nous préférons appeler notre incompétence, chômage, et en accuser évidemment le privé quand on est public ou le public quand on est privé. Félix Leclerc nous expliquait pourtant dès 1970 dans sa chanson « 100 000 façons de tuer un homme » que « La plus efficace, c’est de le payer à ne rien faire, c’est gai dans une ville, ça fait des morts qui marchent. » Nous avons oublié l’origine du mot chômage qui était le repos bien mérité du travailleur dans les champs aux heures où il faisait très chaud !

La classe dirigeante, elle-même formatée et souvent de bonne foi, entretient la folie collective de se croire riches, de parler de pays riches, de s’auto-convaincre de la réalité d’une prétendue création annuelle de richesses en additionnant nos dépenses. Cela tue notre civilisation en nous laissant croire que nous sommes des dieux et que nous pouvons, grâce à cette richesse, tendre vers l’éternité, l’universalité, l’omniscience et l’omnipotence. Nous nous sentons capables de dominer à la fois l’espace, le temps, le savoir et l’énergie. Nous avons malheureusement, et provisoirement tant que la réalité ne nous rattrape pas, oublié l’humilité d’un Albert Camus qui disait : « S’il existait un parti de ceux qui ne sont pas sûrs d’avoir raison, j’en serais ». Nous sommes nombreux à rêver de l’existence de ce parti.

Ne pas être sûr d’avoir raison, n’empêche pas d’ouvrir les yeux et de constater les dégâts vers lesquels nous entraîne notre folie de nous prendre pour ce que nous ne sommes pas à cause de cette apparence d’énergie qu’est la fausse monnaie.

En nous voulant éternels, nous recherchons égoïstement la longévité d’une vie humaine devenue improductive, médiocre et hors de prix, au détriment de son renouvellement simple, multiple, productif et si peu coûteux. Par déni de la mort nous prônons l’assistanat, la précaution et la contrainte, symboles très onéreux de l’enfance, au détriment de la responsabilité, de la liberté et du risque, symboles très économiques de la maturité.

La première source de notre mal : notre peur de la mort.

Elle infantilise notre société en donnant au pouvoir un rôle de parents que personne ne lui reconnaît et qui lui fait dégrader la liberté en laisser-faire, l’égalité en similitude et la fraternité en solidarité. Nous ne comprenons même plus pourquoi, si nous pouvons être solidaires d’un bloc de béton, nous ne pouvons pas lui être fraternels.

En nous voulant universels, nous imposons notre civilisation malade sous le prétexte reposant d’éradiquer la pauvreté mondiale en lui faisant fabriquer ce que nous transformerons en richesses par la fausse monnaie. Notre civilisation devient la civilisation au mépris des autres civilisations qui se mettent à oser, comme le fait l’islam, non seulement résister mais passer à l’offensive avec la seule arme des faibles, la violence.

La deuxième source de notre mal : notre volonté d’imposer à l’humanité entière notre morale qui a abandonné le doute et la spiritualité collective.

En nous voulant omniscients, nous faisons gaspiller à nos enfants le premier quart de leur vie dans une éducation nationale qui engloutit une masse considérable de fausse monnaie pour lui faire ingurgiter un savoir souvent inutile tout en les préservant de la vie. Le premier formatage gratuit et obligatoire est de rentrer de plain-pied dans la société de l’apparence en faisant semblant d’apprendre dans une vie facile dite étudiante, protégé par le tout petit nombre qui apprend vraiment et par le rêve parental des richesses futures.

La troisième source de notre mal : notre dédain de la cohérence et du bon sens.

En nous voulant omnipotents grâce à l’énergie apparente de la fausse monnaie, nous n’acceptons plus d’être socialisés et nous sombrons dans un individualisme forcené qui n’accepte l’autre que dans le rêve doublement irréaliste de sa perfection ou de son inconsistance. Nous renonçons au bonheur qui ne s’atteint jamais seul pour nous contenter du plaisir.

Pour profiter de la vie et nous concentrer sur le plaisir nous faisons travailler les autres par la renaissance de trois esclavages, l’un dans l’espace, celui des autres civilisations chez elles par la mondialisation, l’autre dans le temps, celui de nos propres enfants par la dette, et le troisième, ici et maintenant, celui des autres civilisations chez nous par l’immigration.

La quatrième source de notre mal : notre croyance que l’argent est une énergie sans origine.

C’est la source la plus dramatiquement prodigue car elle nous permet tout. Si nous n’avons pas ce que nous souhaitons, c’est uniquement par manque de moyens. C’est la faute, pire ! la volonté, de l’État, des patrons, de toux ceux qui ont le « Sésame ouvre-toi » de la caverne d’Ali Baba des richesses futures. A ceux qui savent que cette caverne est vide, de résoudre notre contradiction ! Beaucoup le font en faisant semblant de croire qu’elle est pleine et qu’il faut simplement en retrouver la clé, faire revenir la croissance.

Ces quatre sources que nous détaillerons dans de prochains billets, se renforcent mutuellement et mêlent leurs eaux troubles pour former un torrent douteux qui nous submerge. Ce torrent subversif est justifié par les experts, vendu par les médias, inoculé par l’éducation nationale et rendu efficient par les Politiques qui en sont pour la plupart sincèrement convaincus car ils en vivent et ne voient les critiques que comme l’œuvre des jaloux.

Mais le peuple sait qu’il n’est pas un peuple de dieux, il sait qu’il n’est ni éternel, ni universel, ni omniscient, ni omnipotent. Il se réfugie dans l’immédiateté, dans la peur du lendemain et dans la quête de l’homme providentiel qui émerge de partout sans jamais affronter la profondeur des problèmes. Cette armée de Diafoirus qui nous harangue à chaque élection, n’est capable que d’essayer de nous vendre du sens, du mouvement et du rythme, bref de l’agitation. Elle oublie que le sens n’est que la rencontre de l’espace et de l’énergie, que le rythme mêle l’énergie au temps et que le mouvement n’est que le mariage du temps et de l’espace. Elle veut nous croire maîtres des fondations et elle construit pour sa gloire des étages imaginaires. Emmanuel Macron à Aix-la-Chapelle en a été la caricature en disant « N’attendons pas » (je maîtrise le temps), « N’ayons pas peur » (je maîtrise le savoir), « Ne soyons pas faibles » (je maîtrise l’énergie), « Ne soyons pas divisés » (je maîtrise l’espace). Qui peut croire sincèrement qu’il va résoudre par l’impératif des problèmes si peu analysés ?

En fait notre développement est une apocalypse, les deux mots signifiant tous les deux « lever le voile », l’un en racine latine, l’autre en racine grecque. Le voile se lève en effet sur ce que nous avons sous les yeux mais que nous refusons encore de voir et de comprendre. Nous sommes pourtant maîtres de notre civilisation comme de notre avenir. N’en ayons pas peur mais prenons conscience que c’est, comme en Italie aujourd’hui et comme en France au moment de la Résistance, par le rapprochement des sincérités disparates, et avec l’humilité, le courage et le bon sens indispensables, que se fera la révolution des esprits qui s’y préparent déjà de partout. Elle se fera dans l’équanimité par notre volonté ou dans la douleur par la réalité qui rattrape toujours la fiction pour la dépasser.

Fermons nous-mêmes la chaîne

Il n’est que de regarder la publicité pour constater combien nous sommes chouchoutés voire emmaillotés pour nous apprendre à bien dépenser notre argent. Mais le vide est sidéral dès que se pose la question de comment le gagner, à part quelques livres bas de gamme dont les auteurs tentent de nous grappiller quelques sous.

Si pour la dépense on fait semblant de nous prendre pour des gens responsables et raisonnables, pour le gain on nous laisse nous reposer sur « l’autre ». « L’autre » évolue dans le temps. Des parents jusqu’à la caisse de retraite nous passons par l’employeur public ou privé, voire par la collectivité elle-même, pour laisser à « l’autre » la responsabilité de nous donner de quoi dépenser. Nous payons d’ailleurs le minimum vital plus cher que dans d’autres pays comme l’Allemagne, en l’achetant de plus en plus à l’étranger pour que l’impact énorme de la publicité et du soi-disant gratuit ne se fasse pas trop sentir.

Certains se demandent ce que veut dire le « système » dont tout le monde parle sans jamais le définir clairement. Le système, c’est prendre à la fois (en même temps!) le peuple pour responsable dans sa dépense, et irresponsable dans son gain tout en le lui reprochant car il faut bien un bouc émissaire. Le système, c’est fabriquer de plus en plus d’emplois inutiles de conseillers, d’experts et d’observateurs en tous genres dont le seul but est de le faire tenir encore un moment, lui, le système, avec leur complicité souvent involontaire car motivés pour beaucoup par le simple besoin de survivre. Mais ils rendent tous le problème de plus en plus insoluble puisque personne ne produit plus rien dans des villes qui ne savent que dépenser et dire ce qu’il faudrait faire.

De braves âmes façon Attali qui ont parfaitement compris le système pour elles-mêmes, nous proposent de nous débrouiller grâce à notre initiative personnelle entre le marché qui nous dit mensongèrement que nous ne sommes rien tellement nous sommes nombreux et la démocratie qui nous dit mensongèrement que nous sommes tout tellement nous sommes intelligents. Elles nous poussent à tenter l’aventure de la création d’entreprise alors que tout ce qu’elles ont soi-disant créé elles-mêmes a toujours été créé par d’autres. Le résultat est cette myriade d’entreprises sans avenir dont le seul but est par flagornerie de nous faire dépenser davantage notre argent. A nous de demander à « l’autre » de nous en donner « les moyens ».

Le système a oublié que l’économie est une chaîne fermée où nous ne pouvons profiter de l’énergie des autres que parce qu’ils peuvent profiter de la nôtre. L’économie est par définition une coopération alors que le capitalisme en a fait une compétition sans enjeu où l’on nous serine que la compétitivité est une qualité alors qu’elle n’est que pousse-au-crime vers la fraude, la haine de l’autre tout en comptant sur lui, et la désespérance. Le système n’arrête pas de chercher plus ou moins inconsciemment comment refermer la chaîne ailleurs ou à un autre moment. On ne peut expliquer autrement le mondialisme, la dette et l’immigration. C’est chaque fois compter encore et toujours sur « l’autre » pour le gain. Le mondialisme va, en vendant nos emplois, chercher des marchés qui doivent, on ne sait comment, nous faire mieux vivre. La dette, en vendant nos enfants, reporte à plus tard tous les problèmes que nous sommes incapables d’affronter. L’immigration, en vendant notre culture, fait reposer le travail et le renouvellement de la population sur des arrivants peu exigeants qui acceptent de travailler et qui n’ont pas encore compris que nous avions déjà vendus leurs enfants comme les nôtres.

Pendant ce temps (en même temps!) nos élites papillonnent en vivant elles-mêmes fort bien. Elles s’intéressent à la parité, summum de l’individualisme et de la compétition, en laissant aux animaux et aux peuples stupides la coopération toute bête entre le mâle et la femelle. Même la procréation doit dorénavant parait-il pouvoir se faire en solitaire. Nos élites attendent la croissance qui va créer des richesses et enfin fermer cette chaîne à laquelle elles ne veulent rien comprendre. Elles s’écoutent et se retranscrivent mutuellement dans un jargon incompréhensible qui rappelle la médecine du prétendu siècle des Lumières. Faut-il rappeler qu’entre les médecins de Molière du XVIIe siècle et Semmelweis au XIXe siècle qui a sauvé des milliers de femmes en disant simplement à ses confrères médecins de se laver les mains, il s’est passé un siècle et demi de perte de bon sens et de gain de suffisance. Semmelweis a été accusé par sa corporation d’obscurantisme et de mysticisme. Quand après Semmelweis, Pasteur qui n’était, heureusement pour lui, ni médecin ni pharmacien a sorti la médecine de son ignorance crasse et arrogante, l’économie et la politique ont pris le relais de l’ignorance et s’y complaisent depuis près de deux siècles en flattant le peuple qui adore la flatterie et les idoles. La médecine pendant ce temps (en même temps!) s’est servi de l’innovation prônée par les économistes pour faire faire à l’humanité un bond quantitatif incroyable dont on se contente de se préoccuper de la survie alimentaire. La médecine a remplacé la religion dans la gestion de la peur de la mort mais elle coûte beaucoup plus cher, n’assume pas son nouveau rôle et ne réussit pas à s’intégrer dans la chaîne. Elle ne se demande jamais qui s’appauvrit pour l’enrichir.

S’asseoir et réfléchir, est-ce si compliqué ?

L’Union européenne s’est construite sur la fuite en avant commune de ses élites qui veulent continuer à fermer la chaîne par le mondialisme, la dette et l’immigration. Elle n’a comme avenir que l’explosion et la violence car ses élites sont tellement enfermées dans leurs prés carrés que le bon sens n’aura jamais l’unanimité requise. Elles vont se repeindre aux couleurs du temps en espérant tout de l’innovation comme la France vient de le faire. Elles vont continuer à s’entre-déchirer entre souverainistes et européanistes sur le meilleur espace pour régler le problème en continuant à faire monter le chômage, l’immigration et la dette pour ne pas avoir à dire à leurs peuples qu’ils se sont trompés toute leur vie, que le temps des weekends, des 5 semaines de congés payés, des RTT et des arrêts maladie est terminé et qu’il nous faut refermer la chaîne tous seuls en nous remettant à produire et en payant le prix auquel nous sommes capables de produire avec notre façon de vivre. La fuite en avant doit devenir l’ennemi, les agriculteurs doivent cesser de stériliser la terre pour un productivisme éphémère que le système a rendu inhérent à leur survie, chacun doit se demander l’échange qu’il a avec la société, ce qu’il lui donne et ce qu’il en reçoit. Le rôle d’un gouvernement, quelle que soit l’organisation de son peuple, est de veiller à ce que personne ne soit exclu de cet échange. Tout le reste est accessoire mais les gouvernements s’occupent pourtant de tout sauf de cet essentiel qu’ils ne font que pleurer.

Fermer la chaîne nous-mêmes c’est commencer par accepter qu’un gain d’argent est TOUJOURS une perte d’argent de quelqu’un d’autre et que vouloir la fermer par une création de richesse est TOUJOURS transporter nos fantasmes loin dans le temps ou dans l’espace pour continuer à croire à ce qui n’existe pas. Fermer la chaîne nous-mêmes c’est produire chez nous avec notre armée de chômeurs, chaque fois que cela est possible, tout ce dont nous avons besoin. Nous constaterons alors que nos prix ne sont pas compétitifs à cause de tous nos avantages acquis et qu’il faudra enfin choisir entre la coopération oubliée et la compétition sans avenir.

Que nos élites croient au fantasme de la création de richesse est le problème de fond actuel qui les fait ne pas travailler et nous emmener vers la grande violence et la guerre qui nous forcera dans l’instant à fermer la chaîne nous-mêmes et sans eux. Les communistes ont eu un mal fou à reconnaître qu’ils s’étaient trompés pendant plus d’un demi-siècle, les capitalistes ont le même mal fou à reconnaître qu’ils se trompent depuis encore plus longtemps avec une explosion vers le n’importe quoi depuis les années 70.

Ce sont les fondamentaux de bon sens qui ont été perdus. Les peuples attendent que des partis politiques en prennent conscience et ce n’est pour l’instant apparemment en gestation dans aucun d’entre eux.

Feuilletez et faites feuilleter le Petit lexique économique et social. Il évolue souvent et chaque mot est daté de sa dernière modification. Critiquez-le, commentez-le, proposez des mots qui ne s’y trouvent pas. N’hésitez pas à en contester la pertinence ou l’impertinence.

Analyse d’un scrutin

Le premier constat du premier tour des élections présidentielles du 23 avril est un très fort recul des partis dits « de gouvernement », une montée moins forte que prévue du Front National et les percées spectaculaires de deux hommes : Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.

Ce qui est intéressant ce n’est pas tant l’effondrement de ceux qui depuis 50 ans n’arrivent pas à résoudre un problème mal posé puisque nous savons que la démagogie qui leur est vitale, ne débouche évidemment jamais sur une solution. Le peuple semble commencer à en prendre conscience.

Ce qui est fascinant c’est de voir comment reviennent les fausses solutions passées, une fois repeintes et drapées dans de nouveaux linceuls. Il y éclot simultanément les idées de neuf, d’anti-système et de réformes structurelles avec celles de calme, de sérénité et d’harmonie pour résoudre un problème qui est toujours aussi mal posé.

Jean-Luc Mélenchon a fait de toute évidence la meilleure campagne, fondée sur le bon sens. Il a commencé par taper du poing sur la table de toutes ses forces puis en se ripolinant lui-même en chef d’Etat responsable et souverainiste, il a réussi grâce aux réseaux sociaux à donner l’impression d’un homme solide, responsable, compétent et dynamique, ce qui l’a rendu  extrêmement séduisant. Si la France était riche comme il le croit et si nous créions annuellement des richesses comme on l’a fait croire au peuple, c’est évidemment Mélenchon qu’il nous faudrait.

Il est plus difficile de parler de la campagne d’Emmanuel Macron puisqu’il n’est que la marionnette très propre sur elle de tous ses professeurs, qu’il les ait épousés ou non. Ses professeurs lui ont appris le théâtre, le piano, la réussite scolaire, l’apparence d’un contentement de soi qui cache le doute le plus profond derrière une solidité de façade; ils lui ont enseigné la finance, la manipulation, l’Europe de Maastricht et de Bruxelles. Ils s’appellent Brigitte, Attali, Minc, Hollande, Bayrou, Rothschild, BHL ou Juncker pour les plus connus, et en garçon vif et intelligent qu’il est, il s’est laissé construire par des vieux un personnage de jeune qui dit, « en même temps », à « celles et ceux » qu’il doit séduire, tout et son contraire. Sa seule obligation est de ne pas toucher à la ligne que ses mentors ont précédemment vendue à tous les Présidents de la République depuis 50 ans et qui les a tous conduits à la déroute actuelle. Il faut féliciter ses mentors car avec l’argent qu’ils fabriquent et les médias qu’ils contrôlent, ils ont fait une campagne époustouflante, laissant le peuple haletant comme un chien assoiffé.

Ce qui est cocasse c’est de voir comme Emmanuel Macron devient le porte drapeau de tous les vieux qui ont échoué depuis tant d’années en se disant de droite ou de gauche. On ne voit guère que Jean-Marie Le Pen parmi les chevaux de retour qui ne soutienne pas le bien nommé Emmanuel, nom donné par le prophète Isaïe au futur messie .

Il sera probablement le prochain Président de la République car comment lutter à la fois contre l’argent, les médias et l’Ancien Testament ? Mais il nous mènera encore plus sûrement que ses prédécesseurs au désastre vers lequel un problème mal posé nous entraîne inéluctablement. Ses électeurs auront été, par ingénuité et par inconscience, les acteurs de la violence vers laquelle les trois nouveaux esclavages nous entraînent. Il les affectionne pourtant discrètement en ne les dénonçant jamais et ses mentors les font monter méthodiquement.

Le premier esclavage est l’esclavage dans l’espace qu’est le mondialisme drapé dans la vertueuse globalisation qui passe par l’OMC et par la construction européenne actuelle. Le second esclavage est l’esclavage dans le temps qu’est la dette cachée sous le vertueux investissement et le rêve de la création de richesse. Le troisième esclavage, ici et maintenant, est celui que nous mettons en place sous couvert du vertueux antiracisme pour que nos femmes puissent avoir la même vie que nos hommes en important des esclaves pour fabriquer les 2,11 enfants que toute femme doit en moyenne fabriquer pour qu’une population se perpétue. L’immigration est essentielle à ce troisième esclavage et il faut continuer à interdire les statistiques ethniques. Le peuple pourrait se réveiller et ne plus se contenter de la journée contre l’esclavage qu’on lui a donné comme un os à ronger.

De l’autre côté Marine Le Pen n’a certes pas toutes les qualités et son entourage est curieusement bigarré mais elle est au moins antiesclavagiste car elle sait qu’aucun esclavage n’est durable. Contrairement à son adversaire elle ne prône ni la mondialisation qui mène aux goûts uniques que la Terre ne peut pas satisfaire pour une population mondiale uniformisée, ni la dette qui ne peut pas monter éternellement par incompréhension de ce qu’est la monnaie, ni l’immigration qui à terme remplace une population par une autre si son but n’est pas l’assimilation.

Ses adversaires n’ont aucun argument mais ils utilisent la vérité que les prix monteront un peu et qu’il faudra faire des efforts si nous voulons vraiment arrêter les esclavages, pour cacher que ce sera bien pire quand ils seront eux-mêmes contraints par la réalité de la vie à renoncer à ces esclavages. Il leur reste aussi la diabolisation gratuite, « les heures les plus sombres de notre histoire », la fin des valeurs de la République, le chaos, le désastre, bref tout ce qu’ils repoussent eux-mêmes dans le temps à force de refuser de l’affronter.

Rappelons que dans « Les 6 livres de la République » au XVIsiècle, Jean Bodin mettait la monarchie, la démocratie et l’aristocratie comme les différentes formes de la République, la chose publique (res publica en latin).

Les valeurs de la chose publique sont d’un flou dans ma tête !

 

Le protectionnisme, repli sur soi ou cordon sanitaire indispensable ?

Il est de bon ton chez les intellectuels médiatisables de se gausser du protectionnisme en le comparant à l’autarcie et à la Corée du Nord. L’avenir est à la mondialisation et même le front national se croit obligé de parler de « protectionnisme intelligent » tellement l’idée simple de se protéger n’a plus droit de cité en elle-même depuis que ce qu’il y aurait à protéger est devenu si flou.

Grâce à la mondialisation des échanges et de la communication, l’Occident a mis dans la tête des gens que le commerce international était la modernité alors que le nivellement des goûts sur toute la Terre au moment même où le nombre d’humains explose dramatiquement, nous entraîne inéluctablement vers la guerre car la Terre ne pourra fournir. Tant que certains aimaient les insectes et d’autres le bœuf, tant que chacun priait son Dieu, on reconnaissait différentes civilisations, différentes cultures qui inspiraient les voyages, l’étonnement, l’enrichissement, le respect, le partage et …. le repos chez soi. Depuis que l’OMC a décidé que sortir de la pauvreté c’était vivre comme un occidental et que la laïcité était la verticale commune, il faut faire disparaître les autres civilisations ou les mettre dans des réserves avant de s’entre-tuer pour savoir qui aura le droit de survivre.

La République s’étant abandonnée à la fausse démocratie où une caste achète l’affect du peuple avec de l’argent qu’elle n’a pas, il y a une quasi unanimité à essayer de faire croire au peuple qu’il peut alléger son travail en faisant payer le passé par l’impôt, le futur par la dette et les autres peuples par une balance commerciale excédentaire.

Une première difficulté est de savoir qui sont les autres quand on ne sait plus qui l’on est soi-même; d’où les souverainistes, les régionalistes, les européistes et les mondialistes … plus tous ceux qui ne se posent même plus la question de savoir qui ils sont.

Une seconde difficulté est que l’idée de « faire payer les autres », une fois mondialisée, se retourne évidemment en « payer pour les autres » avec ses corollaires, la concurrence et l’austérité.

Mais le pire est de voir ce qui se passe quand le système fonctionne et le lait nous en donne un exemple remarquable. Entendu sur RTL le 30 août :

C’est en Nouvelle-Zélande que s’est constituée la laiterie du monde. Ce pays est à l’origine de 27% des produits laitiers vendus sur le marché international. Il est le premier exportateur mondial de lait en poudre, de beurre et de fromage, devant l’Europe. La Nouvelle-Zélande collecte 22 milliards de litres de lait par an. Elle possède 6,5 millions de vaches (il y en a plus que d’habitants).

La plus grosse partie de la production locale est le fait d’une seule entreprise, Fonterra. Cette coopérative regroupe 10.000 éleveurs et réalise à elle seule le quart des exportations totales du pays. La dépendance de l’économie néo-zélandaise à l’égard de « l’or blanc » est telle que, lorsque le secteur souffre, la monnaie du pays est dévaluée.

Comme elle est le plus gros acteur mondial, la Nouvelle-Zélande – et plus précisément Fonterra – fait les prix mondiaux. Ceux-ci pèsent sur les cours européens, puisque l’Europe a démantelé tout récemment son système propre de fixation de la production et des prix. Les laiteries normandes ou bretonnes dépendent donc en partie de ce qu’il se passe à 19.000 kilomètres de chez nous.

Si l’on rajoute que les prix s’effondrent à cause d’une forte surproduction mondiale générée par des investissements colossaux faits en Nouvelle-Zélande pour satisfaire une demande chinoise qui n’arrive pas, on en arrive à la conclusion que les éleveurs neo-zélandais n’arrivent pas à rembourser leurs dettes parce qu’ils ont trop investi et que les éleveurs français n’arrivent pas à survivre parce que Lactalis applique la règle du système et achète au cours mondial.

Comment peut-on être à ce point aveugle pour se contenter de clouer au pilori le petit-fils Besnier au lieu de vanter le protectionnisme en laissant aux imbéciles prétentieux le soin d’y voir un repli sur soi ?

Mais le monde politico-médiatique n’est-il pas dangereusement contaminé par l’imbécilité prétentieuse ?