Réflexion sur l’énergie du lendemain

Personne ne peut être contre le progrès puisque c’est aller vers le mieux en laissant chacun définir ce mieux vers lequel nous allons. Cela n’a pas été toujours le cas puisqu’au XVIIe siècle  progresser avait encore son sens étymologique de marcher avec un but. Une armée qui progressait pouvait très bien reculer. C’est le siècle des Lumières qui a donné au progrès son sens positif actuel. La langue française a alors naturellement créé le verbe neutre évoluer pour combler le vide et exprimer ce qu’était jusqu’alors progresser, un mouvement aussi bien vers le meilleur que vers le pire.

Aujourd’hui le mot progrès est dans tous les esprits  comme le mot croissance. Ce sont des réalités d’évidence, positives et irréversibles dont on ne peut discuter que de la force et de la vitesse. Sommes-nous dans le réel ou dans un fantasme collectif ?

Ce qui est incontestable, ce sont les immenses découvertes techniques de la deuxième moitié du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, encore plus bouleversantes que les grandes découvertes géographiques du XVe et du XVIe siècles.

Mais alors que les découvertes géographiques n’avaient eu besoin que d’énergie humaine, d’armes à feu et de vent dans les voiles pour être exploitées, celles des derniers siècles qui étaient intellectuelles ont toutes nécessité beaucoup d’énergie pour en bénéficier. Aux énergies déjà connues, on a rajouté le pétrole utilisé industriellement depuis le milieu du XIXe siècle alors qu’il n’avait servi que d’éclairage dans quelques rares parties du monde. Et au début du XXe siècle on a abordé l’énergie atomique à partir de la découverte des rayons uraniques par Becquerel en 1896.

Grâce à ces énergies, la civilisation occidentale a continué comme toutes les autres à se considérer comme « la » civilisation mais elle a voulu dominer le monde en pensant sincèrement que c’était pour son bien. L’utilisation de ces énergies a en effet permis une évolution extrêmement positive du mode de vie, un vrai progrès dans son sens actuel pendant les trois premiers quarts du XXe siècle. Ce progrès a tellement été reconnu mondialement que l’élite de l’humanité quasiment entière s’est mise au costume cravate, symbole de l’occident. Certes le progrès a amené deux guerres mondiales mais l’occident a été tellement heureux de l’évolution de sa vie quotidienne qu’il n’a vu le progrès qu’au singulier, naturel et constant, avec simplement des accélérations et des ralentissements. L’occident lui a accolé le mot croissance en le mathématisant par le PIB pour s’en convaincre lui-même. Et grâce aux médias cela a marché sans que l’on réalise que c’était la consommation des énergies nouvelles, la vraie responsable du progrès. Certains comme Jean-Marc Jancovici l’ont bien vu et ont alerté sur la difficulté d’un progrès illimité fondé sur des énergies limitées. Mais quasiment personne n’a vu venir le monde financier qui prétend depuis 50 ans résoudre ce problème en inventant pour une utilisation immédiate, une nouvelle énergie totalement inconnue et par définition illimitée, celle du lendemain, celle qui sera disponible plus tard.

Personne ne prétend faire tourner ses machines avec une électricité disponible demain, dans une semaine ou dans un an. C’est pourtant ce que nous faisons  depuis 1971 avec la monnaie depuis qu’elle a été déconnectée de l’or. La véritable trouvaille du système est d’avoir fait en sorte que personne ne voit la monnaie comme une énergie afin que personne ne prenne conscience que cette énergie n’est que celle du lendemain.

Personne ne nie que l’électricité soit une énergie alors qu’elle n’est que le transport d’autres énergies diverses et variées. Mais très peu de gens réalisent que, lorsque la monnaie était de l’or, du sel ou du bétail, elle ne faisait que transporter l’énergie humaine qu’il avait fallu dépenser pour obtenir ces richesses. Chacun peut pourtant constater la force de l’énergie monétaire beaucoup plus forte que l’énergie électrique. Elle habille, elle nourrit, elle transporte, elle loge, elle chauffe. Elle peut quasiment tout faire. Seule l’énergie humaine fait aussi bien en étant moins condensée et donc moins puissante. En se bloquant soi-même à ne pas vouloir prendre conscience que la monnaie est une énergie, on ne peut aborder et combattre les effets dévastateurs de l’énergie du lendemain qui est la cause fondamentale de notre dégringolade actuelle. Depuis que les banques centrales comme commerciales  fabriquent de la monnaie dans l’unique but de la prêter pour la récupérer dans le temps (avec intérêts pour les banques commerciales) et pouvoir la détruire puisqu’elle ne véhicule à son émission aucune énergie si ce n’est l’énergie future de l’emprunteur.

L’INSEE ayant enfin reconnu dans sa deuxième façon de calculer le PIB, qu’il n’est que la somme des dépenses finales, en dépensant l’énergie du lendemain qu’est devenue la monnaie, nous faisons du PIB et nous nous convainquons que nous créons des richesses. Plus la dette mondiale monte, et elle n’arrête pas de monter, plus nous croyons tous que nous créons des richesses à nous partager. Selon le Global Dept Monitor de l’Institute of International Finance (IIF),  la dette mondiale était fin 2023 de 313.000 milliards de dollars qui font pour 7 milliards d’hommes, 45.000 euros à rembourser par personne enfants et vieillards compris. Chaque année cela augmente par la consommation effrénée de l’énergie du lendemain. Parallèlement nous diminuons année après année par le chômage et les emplois improductifs, l’énergie humaine qui devait nourrir a posteriori l’énergie du lendemain. Jean-Marc Jancovici qui avait pourtant bien défini l’argent en écrivant : « Le capital, c’est la partie de la production qui ne se consomme pas tout de suite et qui est réutilisable pour augmenter la production future», a tranquillement dit lors de sa leçon inaugurale à Sciences-Po « Du pognon, il y en a » sans réaliser que c’est l’énergie du lendemain qui tente de compenser les énergies fossiles déclinantes.

Nous appelons cela le progrès. Nous avons trois blocs politiques qui tous les trois croient à la création de richesse chiffrée par le PIB et donc se retrouvent unanimes à défendre l’euro, l’UE, l’OTAN et l’Ukraine dans un refus unanime à ouvrir les yeux tellement les ouvrir et regarder la réalité en face  les déstabiliseraient. Dominique Reynié le dit avec élégance dans le Figaro : « Le journalisme, l’université, les métiers de la communication, de la culture, le monde associatif, ont une appétence connue pour les idées de gauche, peut-être parce qu’ils dépendent beaucoup des mécanismes économiques de redistribution. Cela pèse lourd sur le fonctionnement de notre débat public ». Redistribution de la richesse imaginaire créée par l’énergie du lendemain. Il rajoute : « C’est ce monde social si particulier, métropolitain, diplômé, aux revenus supérieurs à la moyenne, souvent protégé par un statut dérogatoire, d’une manière ou d’une autre, qui détermine la norme morale ». Je rajoute que ce monde social si particulier détermine aussi la norme financière, facilement incohérente comme les critères de Maastricht, tous en pourcentage du PIB. Le PIB n’étant que la somme des dépenses finales, de consommation et d’investissement, l’UE veut faire respecter un déficit annuel inférieur à 3% de ce qui a été dépensé l’année précédente et un plafond d’emprunt de 60% de ce qui a été aussi dépensé l’année précédente. Dépensez, dépensez ! Grâce à ces dépenses l’UE vous autorisera encore plus de déficit et encore plus d’emprunt l’an prochain. Comment est-ce possible sans réactions immédiates des peuples ?

La réponse tient dans la phrase « Je ne suis pas économiste » et dans le mépris hautain de ceux qui prétendent l’être.

Beaucoup de gens de bonne foi, très satisfaits de l’augmentation de notre niveau de vie, préfèrent croire les économistes et leurs raisonnements incompréhensibles, plutôt que d’être simplement logiques et de noter les aberrations. A titre d’exemple je reprends la deuxième façon de calculer le PIB d’après l’INSEE :

Le PIB aux prix du marché peut être mesuré selon l’optique des dépenses, en faisant la somme de toutes les dépenses finales (consacrées à la consommation ou à l’accroissement de la richesse) en y ajoutant les exportations moins les importations de biens et services.

Un enfant encore dans le primaire peut constater que l’INSEE additionne à toutes les dépenses finales, les exportations qui sont des recettes. Dire « Je ne suis pas économiste » justifie-t-il de ne pas s’en inquiéter quand on veut rester logique ? Cela permet en tous cas à ceux qui se disent économistes, de ne jamais répondre et de se draper dans le profond mépris de l’être inférieur qui ose poser des questions et tenter des raisonnements. Tout ce qu’on lui dira est qu’il se répète et qu’on l’a déjà entendu affirmer ses bêtises.

Ainsi va le monde qui ne pourra pourtant éternellement vivre sur l’énergie du lendemain.

Réflexion sur l’économie

En cette période électorale, trois blocs idéologiques s’affrontent avec comme point commun de parler économie sans y réfléchir vraiment et sans rien approfondir. Au centre sous la houlette d’Emmanuel Macron et des restes de caciques des Républicains et des Socialistes, un bloc pense qu’une bonne communication permet de se dispenser d’agir et de réfléchir. Sur ses deux côtés, deux autres blocs conscients du désastre où nous mènent l’inaction et la fausse réflexion, proposent deux idéologies contradictoires, aussi utopiques l’une que l’autre car fondées toutes les deux sur la chimère de la création de richesse qui est la négation de ce qu’est l’économie.

Impossible de comprendre l’économie sans repartir du début, décrire les évolutions et constater les dérapages.

L’économie est d’abord l’organisation de toutes les énergies humaines à l’intérieur d’un groupe, groupe qui consomme ce qu’il produit et qui peut consommer d’autant plus qu’il produit davantage et qu’il rend chacun utile. Produire échanger et consommer sont les trois bases fondamentales de l’économie, la quatrième étant l’harmonie entre les trois. L’avantage comparatif de confier à chacun ce qu’il fait le mieux ou le moins mal, est une évidence immédiatement comprise dans tous les groupes. Très tôt pour produire davantage, les sociétés ont domestiqué l’énergie calorique par le feu, l’énergie animale pour la traction, l’énergie éolienne par les moulins à vents et la marine à voile, l’énergie solaire par l’agriculture et les serres, et l’énergie hydraulique par les barrages et les moulins à eau. Ce n’est qu’au XXe siècle que l’homme a réellement domestiqué les énergies fossiles mais les lieux de production et de consommation s’étant rapidement éloignés les uns des autres, la répartition du fruit des énergies fossiles s’est faite par l’argent au moment même où les sociétés ont perdu le sens de la monnaie.

La monnaie avait toujours été un prélèvement fait par le pouvoir sur la richesse d’une société afin, comme Aristote l’avait dit, de faciliter les échanges, de quantifier la richesse et d’en être la réserve. Toujours et partout elle était le fruit d’une énergie humaine intelligemment dépensée. C’était de l’or, de l’argent, du sel ou du bétail, en tous cas une richesse prélevée sur une richesse collectivement reconnue par l’effort qu’il avait fallu faire pour l’obtenir. La monnaie était par définition limitée.

Le pouvoir a toujours tenté de tricher un peu mais les vrais dérapages ont commencé au XVIIIe siècle avec l’arrivée de la monnaie « fiduciaire » fondée sur la confiance, monnaie papier adossée à une richesse réelle et reconnue. Ce fut d’abord les billets de Law adossés aux richesses du Mississipi à l’époque du Régent, puis les roubles de la Grande Catherine adossés aux mines russes de cuivre, puis le dollar continental adossé à l’or espagnol et enfin les assignats adossés aux richesses confisquées à la noblesse et au clergé. Toutes ces monnaies ont rapidement disparu par la manie qu’a partout le pouvoir de trahir la confiance qu’on lui fait et de fabriquer infiniment plus de monnaie qu’il n’y a de richesses réelles en garantie. Ces mauvaises expériences ont fait revenir pendant près de deux siècles à l’or comme monnaie, limitée en quantité par l’énergie qu’il avait fallu D’ABORD avoir dépensé pour l’obtenir.

La stupidité incroyable de la troïka politico-médiatico-universitaire au pouvoir a été d’accepter dans la deuxième partie du XXe siècle sans rien y comprendre, le trait de génie diabolique du monde financier qui a créé par le prêt bancaire qui n’avait jamais existé que sur gage, une monnaie non différenciable de la vraie mais qui ne véhicule plus aucune énergie déjà bien dépensée mais une énergie efficace à trouver PLUS TARD. Finie la primauté de la production, bonjour les fantasmes les plus variés devenus apparemment  réalisables grâce à cette monnaie devenue illimitée. Le pouvoir s’est empêtré dans une conception aberrante de la démocratie où, le monde de la finance ayant permis au peuple de rêver sans limite, c’est la majorité des rêveurs qui définit dorénavant de nouvelles vérités et la marche à suivre pour les atteindre. Nous vivons la réalité du roman de Carlo Collodi où Pinocchio affublé du Chat et du Renard, se retrouve au pays des jouets. Le peuple qu’il représente ne peut qu’être écartelé comme Pinocchio entre d’un côté son bon sens et sa volonté de bien faire, et de l’autre le plaisir de croire aux mensonges de la troïka politico-médiatico-universitaire. L’avis du peuple perd de son intérêt tellement son environnement n’est que construction mentale irréaliste pour qu’il en perde son bon sens. On y rajoute les peurs complètement artificielles pandémique, climatique ou du méchant Poutine pour avoir un joli troupeau en quête de son berger qui lui fera traverser l’orage.

Nous sommes dans cette impasse et analyser l’incohérence de toutes les solutions proposées par tous les chats et tous les renards, devient une nécessité absolue.

Il y a d’abord le carburant de la bêtise qui permet toutes les incohérences. C’est la croyance généralisée en la création de richesse qui alimente toutes les propositions sans aucune exception. Si les entreprises produisent et font en effet pour elles-mêmes de la valeur ajoutée, cette valeur ajoutée n’existe que par la dépense des clients et il n’y a donc, macro économiquement parlant, que des valeurs échangées et en aucun cas créées quand la monnaie est une vraie richesse. Seule la création de fausse monnaie par les banques centrales et commerciales, permet depuis un demi-siècle d’acheter et donc de transformer artificiellement en richesse la production des entreprises. C’est la montée sans fin de la dette qui fait croire à la création de richesse. Comme le PIB est la somme de toutes les ventes, créer de l’argent pour pouvoir acheter davantage, fait monter naturellement le PIB, chiffrage proposé aux gogos de la création de richesse dans laquelle on pourrait prétendument puiser.

Le carburant de la bêtise étant en place et à disposition dans la quasi-totalité des esprits, tous les fantasmes peuvent s’épanouir et nous pouvons observer la multiplicité de leur étalage comme de leur justification par la création de richesse.

Les femmes ont renoncé à l’égalité qu’elles avaient avec les hommes dans leur complémentarité pour se vouloir identiques  en jouant à l’homme et en renonçant à elles-mêmes. Comme chaque fois, les mots inversent la réalité et l’abandon de l’égalité hommes-femmes est devenu officiellement l’égalité hommes-femmes avec son ministère, sa corne d’abondance, ses égéries et ses contre-vérités déguisées en vérités obligatoires.

Les producteurs, ouvriers, artisans et agriculteurs sont petit à petit remplacés par des zombies sortis des universités, poussés par leurs parents à « faire des études » et ayant appris l’oisiveté à l’université, convaincus qu’ils vont pouvoir consommer les richesses qu’ils vont créer par leur capacité à emprunter, la création magique de richesse devant s’occuper de rembourser. C’est l’argent venu de nulle part qui rend ce fantasme provisoirement crédible et une population qui ne produit plus rien si ce n’est un jus de crane malade et irréaliste. Produire ou être utile à la production en la rendant possible ou en la distribuant, n’est plus la base de l’économie. L’économie n’est devenue que discutaillerie entre bavards inutiles et incompétents sur la meilleure façon de se partager une création de richesses imaginaire. Et on continue à présenter l’économie comme une science !

Pour tenir encore un moment, le mythe du libre-échange permet de faire croire que nous consommerons ce que d’autres produiront, sans voir que tous les autres sont en train de venir chez nous pour partager notre bêtise tellement nous leur avons fait croire que c’était de l’intelligence et que nos valeurs étaient avant tout le généreux partage de notre richesse imaginaire. La préférence nationale qui s’appelait la citoyenneté est combattue par la prétendue sagesse  des faux sages imbus d’eux-mêmes du conseil constitutionnel qui défait impunément les lois et du conseil d’état qui défait impunément toute décision administrative.

Devant cette accumulation d’inversions de valeurs, que propose donc la classe indémêlable politico-médiatico-sportivo-intello-universitaire toute ravie de sa position personnelle quel qu’en soit le mérite réel ?

Il y a ceux qui sont bien au chaud dans leur intérieur personnel et qui ne veulent surtout pas en être dérangés par les extrêmes dont ils ne savent même pas que cela veut dire ceux qui sont le plus à l’extérieur. On y retrouve tous les biens lotis où qu’ils se trouvent de Fabius à Macron ou Hollande en passant par les barons Républicains ou les éléphants socialistes sans oublier Mbappé au salaire indécent parce qu’il est simplement agile de ses pieds.

Ceux qui déjà bien au chaud personnellement comme Le Pen ou Mélenchon, croient pouvoir encore améliorer leur confort en étant mieux soutenus par un peuple perdu. Ils se séparent entre ceux qui pensent privilégier l’émotion en appelant généralement cela la gauche et ceux qui pensent privilégier la raison en appelant cela généralement la droite. Comme ce qu’ils proposent sera systématiquement censuré par le pseudo état de droit du conseil constitutionnel, du conseil d’état et de la cour européenne des droits de l’homme, la nouvelle assemblée ne changera rien à rien, ils continueront tous à acheter le peuple avec de l’argent qu’ils n’ont pas jusqu’à la véritable et inéluctable explosion.

Comme l’émotion envahira la rue quel que soit le résultat des urnes, sans doute vaut-il mieux envoyer de la raison à l’assemblée. Mais tant que le peuple n’aura pas compris que l’économie se limite à produire, à échanger et à consommer, il restera dans l’angoisse d’attendre sans savoir quand, comment et par qui, la table sera renversée. Où sont donc les intellectuels ?

Réflexion sur le commerce extérieur

Le mot commerce vient du latin merces qui veut dire prix et du préfixe co qui veut dire ensemble.  Le commerce est un accord sur le prix et le commerce extérieur est un accord sur le prix entre personnes qui n’ont pas forcément la même idée de la richesse. Le prix est en effet sans doute en économie la notion la plus difficile à approcher car il quantifie une richesse qui n’est qu’une notion qualitative qui varie selon les civilisations, les lieux et les moments. Dans une même nation le prix quantifie ce que tous voient comme une même richesse, et le prix remplace à l’intérieur de la nation, l’échange des êtres qui se pratique encore dans une famille ou un groupe d’amis. En revanche dans le commerce extérieur où les deux parties ont souvent des approches différentes de la richesse, le prix n’a guère de sens et la seule solution pratique est normalement l’échange des avoirs, le troc, qui permet aux deux parties d’apprécier, chacune avec son regard, l’équivalence des deux ensembles de biens échangés, sans tenir compte de la différence de regard que chaque partie porte sur tel ou tel élément des ensembles échangés. Une partie peut en effet penser que tel élément est une richesse alors que l’autre n’y voit qu’un encombrant quand, à l’inverse, l’autre partie trouve ailleurs qu’un encombrant de l’autre est pour elle une richesse. C’est ce qu’a vécu Christophe Colomb lors de sa rencontre avec les indigènes du nouveau continent et ce qui est la base d’un commerce international judicieux.

Mais à partir de la deuxième guerre mondiale s’est engagé un combat discret mais féroce entre le bon sens et une idéologie imposée plus qu’expliquée et qui nous gouverne encore aujourd‘hui. Le bon sens a continué à mettre comme premiers essentiels le droit au travail et le devoir du travail pour tous les citoyens afin que chacun contribue du mieux possible au « bien commun », étymologie du mot république. Ce bon sens était la base économique du Conseil National de la Résistance qui avait dans son programme « une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général » avec« le droit au travail et le droit au repos ». Le droit au travail a été inscrit dans les deux constitutions françaises qui ont suivi la guerre. Il y est toujours inscrit même si, au moment où Mitterrand s’est converti au libre-échange, il a fait dire par le conseil constitutionnel dont il venait de nommer président son ami Daniel Mayer, que le droit au travail n’était pas une créance qu’avait tout citoyen sur l’État et que le devoir de l’État se limitait à faire des efforts pour le plein emploi et non de respecter la lettre de la constitution. Cette idéologie a construit parallèlement, sous les beaux-mots de libéralisme et de libre-échange, une usine à gaz incohérente qui survalorise la liberté au détriment de l’égalité et de la fraternité. La troïka politico-médiatico-universitaire qui nous gouverne, cherche à nous la faire croire cohérente en y dépensant toute son énergie.

Le bon sens met en avant le plein emploi, le droit au travail, l’utilisation productive de toutes les énergies des citoyens et ne voit un intérêt au commerce extérieur que s’il ne nuit pas au plein emploi et s’il apporte aux deux parties par l’échange, un plus fondé sur des approches différentes de la richesse. Le libéralisme au contraire voit le chômage comme une variable d’ajustement et met en avant la baisse des prix pour stimuler la consommation, rentabiliser les machines où qu’elles soient et ne favoriser l’emploi que dans les secteurs ou chaque pays aurait un « avantage comparatif ».

L’avantage comparatif est le raisonnement essentiel proposé par David Ricardo pour donner une base théorique au libre-échange prôné par Adam Smith. Ricardo compare une Angleterre et un Portugal qui produiraient tous les deux du vin et du drap de mêmes qualités, chaque fabrication demandant moins de temps au Portugal (90 heures pour une pièce de drap et 80 heures pour une barrique de vin) qu’en Angleterre (100 heures pour une pièce de drap et 120 heures pour une barrique de vin). Ricardo démontre mathématiquement que sur l’ensemble des deux pays, on produit dans un temps donné davantage de drap et de vin si le Portugal se spécialise là où il est le meilleur et si l’Angleterre se spécialise là où elle est la moins mauvaise. Le calcul est simple à faire et irréfutable tant qu’il s’appuie sans le dire sur deux hypothèses : le plein emploi dans les deux pays où il s’agit simplement d’utiliser au mieux les heures de travail, et un regard commun sur le vin et sur le drap, considérés dans les deux pays comme une richesse. En 1817 il n’était pas concevable que quelqu’un survive sans travailler et que l’alcool ne soit pas considéré comme une richesse. L’avantage comparatif de Ricardo démontre ce que le bon sens applique depuis toujours, à savoir que chacun est utile là où il est le meilleur ou le moins mauvais. Il n’y a pas de quoi en faire des gorges chaudes que certains économistes font sans voir que les deux hypothèses cachées sont aujourd’hui devenues fausses et que, sans le plein emploi et sans un regard commun sur la richesse, le raisonnement de Ricardo s’effondre. Ricardo avait raison quand l’Angleterre et le Portugal appartenaient au même monde. Le libéralisme aurait raison si le monde entier faisait sien le regard occidental. Ricardo avait aussi raison si on applique l’avantage comparatif entre un homme et une femme mais là il est devenu interdit de le dire et même d’y penser. Tant pis pour la biodiversité quand elle est humaine !

La bataille a commencé très tôt. En février 1946, le Conseil économique et social des Nations Unies convoque une « conférence internationale sur le commerce et l’emploi en vue de favoriser le développement de la production, des échanges et de la consommation des marchandises ». La conférence s’est tenue à La Havane du 21 novembre 1947 au 24 mars 1948. Il en est sorti la Charte de La Havane signée par l’ONU et 53 pays et créant l’Organisation Internationale du Commerce (OIC). La Charte de La Havane stipulait que le commerce extérieur devait d’abord ne pas nuire au plein emploi de chaque pays et que par conséquent l’import et l’export devaient obligatoirement s’équilibrer et soient un bénéfice pour tous, chaque pays ayant son regard personnel sur la richesse. Bien que signée par tout le monde y compris les États-Unis, la charte de la Havane n’a pas été ratifiée par le Sénat américain et Truman a renoncé à la lui faire ratifier en 1950 quand la guerre de Corée a éclaté. L’OIC était morte alors qu’elle était le bon sens.

Les partisans du libre-échange de 23 pays ont parallèlement mis en place à Genève hors ONU dès octobre 1947 le GATT (en anglais : Accord Général sur les Tarifs douaniers et le Commerce) qui n’a pas l’emploi dans ses buts et qui veut réduire voire supprimer les droits de douane prônés par les tenants du plein emploi. En diminuant par 8 fois les droits de douanes, cycle après cycle, round après round puisque ce sont les Anglo-Saxons qui étaient à la manœuvre, le GATT puis l’OMC créé à Genève hors ONU en 1995, ont réduit les peuples à un rôle de consommateurs de plus en plus inutiles au profit des possesseurs de machines qui doivent vendre leur production où qu’elle se fasse. On invente une activité à ces consommateurs inutiles dans l’administration, les associations ou les services à la personne, le tout payé par la montée sans fin de l’emprunt en appelant toute dépense, création de richesse. La montée mondiale de la dette fait croire que nous créons les richesses nécessaires en se convainquant par la stupidité très commode du PIB qu’en additionnant des dépenses, on crée de la richesse.

Les droits de douane sont pourtant le mécanisme qui permet d’équilibrer l’import et l’export, de protéger les emplois d’un pays en augmentant artificiellement le prix de ce qui est fabriqué moins cher à l’étranger quelle qu’en soit la raison. L’OIC leur donnait leur sens profond en mettant la priorité sur le plein emploi, le GATT avait au contraire comme seule ambition de les supprimer sans se soucier du chômage qu’il générait. L’agonie puis l’oubli voulu de l’OIC et la victoire de l’OMC nous a menés à l’impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui et que nous encensons par le libre-échange.

Le joli mot de libre-échange n’est qu’un leurre qui nous éblouit tous.

L’économiste Jacques Nikonoff écrivait déjà en octobre 2006 « Le libre-échange a été érigé en tabou. Ceux qui le combattent et qui considèrent que la nation a un rôle à jouer sont qualifiés de nationalistes ou souverainistes ; ceux qui considèrent qu’il faut respecter la souveraineté populaire sont accusés de populistes ; ceux qui considèrent que l’Etat doit réguler les marchés sont stigmatisés comme étatistes ; et ceux qui critiquent le libre-échange sont jugés protectionnistes. » Le mépris remplace en effet le raisonnement.

L’occident anglo-américain a imposé son regard par le GATT puis par l’OMC aux socialistes comme aux libéraux, et a considéré que la Terre entière devait avoir leur regard sur la richesse, le premier regard étant que le dollar était de l’or. « Dollar is gold ». Le commerce extérieur est devenu le libre-échange, un échange complètement biaisé entre des biens et une monnaie exclusive, le dollar, imposé comme réserve mondiale de richesse qu’il n’est plus depuis août 1971, date de sa déconnection de l’or.

Les Libéraux comme les Socialistes ont tous oublié la Charte de La Havane. Ils nous entraînent ensemble avec L’UE et l’OMC vers un abandon de nous-mêmes. Faire payer les autres ou nous vendre nous-mêmes. C’est la réaction à cet abandon inacceptable qui se génère heureusement partout actuellement.

En face il n’y a que du vent. Gabriel Attal, fidèle au miroir aux alouettes macroniste, tente en vain de nous convaincre par affirmations péremptoires : on a « besoin du marché unique » ou « un emploi, c’est l’UE qui le permet » !

Raisonnements justes sur une base fausse

C’est au début du collège que l’on apprend que « plus par moins donne moins » mais on oublie vite que des raisonnements justes sur une base fausse donnent des résultats erronés. C’est ce que nous vivons aujourd’hui en économie où une multiplicité de raisonnements pour la plupart justes, se fracassent sur le fait trop mal perçu qu’ils s’appuient tous sur une base imaginaire, inexistante et donc irréaliste, fausse et pourtant partagée dans un malheureux consensus assez inexplicable.

Cette base erronée est la création collective de richesse quasiment unanimement admise, chiffrée par le PIB et donc accueillie comme une donnée solide par l’immense majorité d’entre nous.

Déjà l’idée même de chiffrer la richesse est curieuse puisque la richesse, comme la justice ou la pureté, sont des notions qualitatives et non quantitatives, ces trois notions n’étant que les assemblages, deux à deux, des trois notions qualitatives de base que sont le beau, le vrai et le bien. Le beau et le vrai donnent le pur ; le vrai et le bien donne le juste ; le bien et le beau donnent le riche.

Cherchant à faire partager nos propres regards par le plus grand nombre, nous avons mis en place des échelles de 0 à 100 pour tenter de comparer quantitativement les degrés de pureté, de richesse ou de justice. Leur accoler un pourcentage de réussite donne en effet une apparence d’objectivité au regard que nous portons sur ces notions totalement subjectives. Mais nous n’avons tout de même jamais osé faire croire que nous créions de la pureté ou de la justice, nous nous sommes toujours contentés de constater une pureté ou une justice plus ou moins réussie, plus ou moins aboutie.

Comment en sommes-nous arrivés à croire à une prétendue création de richesse, et même à nous croire capable d’utiliser cette nouvelle richesse imaginaire pour le bien commun qui se dit commonwealth en anglais et république en français ?

En français les trois regards qualitatifs de base sur le beau, le bien et le vrai se sont longtemps mélangés en tous domaines et ont donné des expressions les confondant presque : « C’est bel et bien lui », « au beau milieu du gué » ou « une bonne grippe » expriment par exemple toutes le vrai. Quant aux trois regards tout aussi qualitatifs du riche, du juste et du pur, ils se sont presque spécialisés, chacun dans son domaine de prédilection. Le riche a nourri le matériel, le juste a ensemencé le social et le pur a étoffé le spirituel. Chacun exprime à sa manière l’élément qui lui manque : la justice à qui il manque le beau, se rend dans des palais ; la pureté à qui il manque le bien peut reconnaître de purs salauds. Quant à la richesse, c’est le vrai qui est sa faiblesse et qu’elle revendique pourtant. La recherche de la réalité de la richesse motive l’homme depuis toujours car il aime posséder ce qui lui parait beau et bon.

L’étymologie du mot richesse est éclairante car, comme le mot allemand reich, il vient du mot franc riki qui veut dire pouvoir. C’est l’argent qui dirige le monde et, même s’il se déguise en démocratie, chacun peut constater qu’au niveau d’une nation, n’est élu que celui qui peut dépenser ce qu’il faut pour l’être. Les idées comptent beaucoup moins que l’épaisseur du portefeuille qui seul donne accès à toutes les formes de communication.

C’est la communication sur la richesse qui est actuellement une insulte à l’intelligence en laissant croire que ce qui est faux est simplement trop compliqué pour être compris par le commun des mortels. Pour affirmer que le faux est vrai, il suffit de le chiffrer et de veiller à ce que toutes les portes de la compréhension du chiffrage soient bien fermées. C’est merveilleusement réussi avec le PIB qui chiffre cette prétendue création de richesse. Il est donc indispensable d’ouvrir les portes de la compréhension du chiffrage pour en montrer la stupidité, pourtant faite (sur ordre ?) par les polytechniciens de l’Insee.

Le PIB chiffre simplement les achats et les ventes, tous les échanges faits entre d’un côté un bien ou un service et de l’autre de l’argent. L’Insee le calcule de trois manières : en chiffrant ce qui est vendu au prix des dernières ventes, en comptant ce qui a été dépensé pour acheter et enfin en détaillant l’origine de l’argent dépensé. Cette troisième façon de calculer qui ne rajoute absolument rien est une première application du fameux théorème probablement apocryphe de Charles Pasqua « Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien ». On a visiblement appris à Polytechnique à appliquer ce théorème.

A force d’avoir tout fait pour que personne ne comprenne plus rien à rien en incluant par exemple le commerce extérieur dans la deuxième façon de calculer le PIB mais pas dans les deux autres tout en prétendant trouver le même résultat, l’Insee a réussi à ce que la plupart des observateurs se contentent du premier calcul en l’appelant très finement « valeur ajoutée » avec son odeur de création de richesse. Ce mode de calcul additionne toutes les ventes des entreprises et en enlève  ce qu’elles ont payé en amont pour ne pas le compter deux fois. C’est en effet une valeur ajoutée par et pour l’entreprise mais comme elle est réalisée, avec toutes les valeurs ajoutées en amont, par ce que dépensent ses clients, la valeur ajoutée globale est toujours strictement égale à zéro en économie nationale.

Le PIB est et n’est que le chiffrage des productions nationales en nature transformables en monnaie. La façon la plus simple de le calculer est la seconde façon de l’Insee à savoir l’addition de toutes les dépenses sans distinguer si elles sont intelligentes ou stupides. Les investissements catastrophiques d’Anne Lauvergeon chez Areva ont fait du PIB comme les augmentations de fonctionnaires en nombre ou en rémunération, ou encore la prostitution et la consommation de drogues illicites. Le PIB chiffre aussi heureusement mais en les mélangeant avec les stupides, les dépenses intelligentes de nourriture, d’investissement utile ou simplement raisonnables.

L’Insee détaille la répartition des dépenses (présentée bien sûr comme la répartition du PIB) entre les dépenses faites par les ménages, les administrations publiques (APU) et les sociétés financières et non financières.

Source : Insee, comptes nationaux

Mais c’est la confusion entre dépense et création de richesse qui fausse absolument tout et que peu de gens acceptent de regarder en face tellement cela bouleverse tout. La dépense était une preuve de prospérité lorsque la monnaie était une richesse reconnue comme l’or ou liée à une richesse reconnue. Mais aujourd’hui où 90 % de la monnaie en circulation est une monnaie scripturale créée par les banques commerciales sous le principe « les crédits font les dépôts », les dépenses ne sont plus du tout des preuves de prospérité comme aux temps maintenant lointains où les dépôts faisaient les crédits. Aujourd’hui on crée de l’argent à partir de rien et, en le dépensant nous fabriquons mathématiquement du PIB que les médias, les politiques et les universitaires s’acharnent avec une bonne foi à vérifier, à nous présenter comme des créations de richesses. Pour les administrations publiques, ce qu’elles coûtent nous est présenté comme « une production non marchande » comme la sueur ou l’urine. Plus elles coûtent, plus elles produisent, nous affirme-t-on. Pour les ménages, admirons le contorsionnisme de ChatGPT qui reprend l’explication officielle en quoi nos dépenses sont des créations de richesses : « la consommation des ménages contribue au PIB en stimulant la demande de biens et de services dans une économie, ce qui encourage la production et la création de valeur ajoutée, et donc la croissance économique ». On se raccroche aux branches de la « valeur ajoutée » des entreprises qui est nulle en macroéconomie puisqu’uniquement créée par la valeur retranchée aux portefeuilles des clients. Pour revenir au « camembert » du PIB fait par l’Insee, les 60 % de PIB fait par les sociétés non financières, sont en réalité principalement des dépenses des ménages mais le saut permanent entre ce qui est en nature et ce qui est en monnaie dans les échanges entre les deux, seuls constitutifs du PIB, permet toutes les embrouilles.

Mais il est tellement agréable de croire qu’une nouvelle manne divine nous est donnée, surtout si nous ne croyons pas en Dieu, que tous ceux qui ont besoin du peuple pour survivre, continueront à prétendre que le PIB chiffre notre création annuelle de richesse et que leur énergie est bien utilisée à toujours mieux la répartir. Ils sont tellement nombreux à tourner en rond et à créer des normes pour tout compliquer et se croire utiles, que ceux qui sont vraiment utiles, les paysans, les ouvriers, les artisans et ceux qui sont à leur service comme les médecins, les vétérinaires, les architectes, les comptables ou les instituteurs, devront disparaître comme on le constate déjà, pour que la montée sans fin de la dette les fassent tenir un peu plus longtemps, croient-ils !

Le funeste triple saut et l’inversion des valeurs

Retarder et même vaincre la mort et devenir immortel est depuis toujours le rêve inaccessible du genre humain. La mort étant généralement acceptée comme inéluctable, seuls les dieux ne grandissent ni ne vieillissent, leurs âges étant définitivement fixés. A ce défi les religions ont apporté des réponses, des commentaires et des onguents. Toutes proposent une vie après la mort. Certaines offrent l’immortalité de l’âme et même la résurrection des corps. D’autres proposent une nouvelle vie dans un corps d’autant plus proche ou éloigné de celui d’une vie facile, que la vie écoulée a été bonne ou mauvaise. Dans tous les cas, un regard sur la vie écoulée détermine le futur. Les religions ont toutes généré sur la base de ce regard futur inéluctable, des valeurs traditionnelles, fondées sur le réalisme et le bon sens et à peu près identiques dans toutes les religions. Ces valeurs ont été partout transcrites par le politique dans des lois créant des mariages conflictuels entre le politique et le religieux. Toute l’histoire mondiale s’est inscrite dans le déroulé de ces mariages conflictuels violents ou doucereux entre le temporel et le spirituel.

Toute l’histoire ? Non ! Comme le village d’Astérix sans cimetière qui a résisté seul à César grâce à une potion magique, l’Occident dans la seconde partie du XXe siècle a imaginé qu’il pouvait proposer une nouvelle voie avec une nouvelle immortalité rendue possible grâce à une nouvelle potion magique à laquelle tout le monde a cru pendant des décennies.

La monnaie, qui avait toujours été une richesse venant de l’énergie qu’il avait fallu dépenser pour l’obtenir, a petit à petit complètement perdu de sa valeur par un triple saut d’à peu près deux fois 28 ans. Le premier élan du triple saut en 1944 est donné par les accords de Bretton Woods qui lie les monnaies au dollar, lui-même échangeable contre de l’or (35 dollars l’once). Deuxième élan en 1971 : le dollar est déconnecté de l’or, déliant par là même toutes les monnaies de toute valeur réelle concrète. Troisième élan entre 1999 et 2002 avec l’arrivée de l’euro connecté à des monnaies qui ne sont plus reliées à quoi que ce soit. La monnaie est devenue la nouvelle potion magique qui permet la réalisation de tous les rêves puisque certains peuvent fabriquer de l’argent sans limites. Cet argent magique peut absolument tout, comme le fait l’électricité, mais n’est surtout pas reconnu comme une énergie car il faudrait s’interroger sur son origine énergétique et s’apercevoir que ce n’est que l’énergie humaine.

Comme dans tout triple saut, le troisième élan entame une période aérienne merveilleuse où la gravitation s’estompe, où le temps semble presque s’arrêter avant la reprise de contact inévitable et plus ou moins réussie avec le sol. Nous sommes avec l’euro dans cette période aérienne merveilleuse mais éminemment provisoire, dopée à l’argent magique. Il est intéressant d’en examiner ce que les uns et les autres en voient et comment va s’effectuer la reprise de contact avec la réalité.

Il faut d’abord prendre conscience que cette période aérienne extraordinaire nous a été présentée comme éternelle grâce à l’escroquerie intellectuelle de la croissance qui considère qu’une dépense est une création de richesse. En effet le PIB n’est que la somme des dépenses comme le reconnait enfin l’INSEE mais il nous est toujours présenté comme une création de richesse dans laquelle nous pouvons utiliser des pourcentages. Concomitamment et pour que l’escroquerie soit efficace, les banques créent de l’argent en continu pour que certains puissent dépenser sans compter et nous faire croire par leurs dépenses que nous nous enrichissons collectivement avec un beau PIB.

Cette période hors sol qui dure encore, a permis l’épanouissement fantasmé de multiples rêves divers et variés, conçus lors des deux premiers élans et apparemment réalisés par une débauche d’argent venant de nulle part et portée par une dette abyssale que personne ne songe sérieusement à rembourser et qui s’accroit vertigineusement chaque jour qui passe. Certains poussent la malhonnêteté à dire que la croissance nous permettra de rembourser alors que la croissance n’est malheureusement que celle de la dépense qui ne fait qu’augmenter la dette. Une nouvelle mode est d’attaquer la décroissance qui remettrait en question l’éternité du vol plané.

Tous ces rêves divers apparemment réalisés aujourd’hui sont caricaturés par le transhumanisme qui avoue franchement prôner une immortalité apportée par l’argent habillé en progrès. La potion magique a inversé les valeurs traditionnelles en valeurs hors sol. C’est l’argent qui a transformé la liberté en individualisme, l’égalité en uniformité et la fraternité en solidarité. C’est l’argent qui a fait croire à deux ou trois générations et à une partie de l’immigration que la vie était facile. C’est l’argent qui donne aux enfants, et pour longtemps, un regard totalement faux sur la vie en société. C’est aussi l’argent qui fait croire en toute bonne foi à la majorité des Français qu’il est possible de consommer du concret en ne produisant que de l’abstrait, d’abandonner le travail, à la machine, aux énergies fossiles et aux immigrés pour partir tranquille à l’université, en formation, en week-ends, en vacances, en RTT et en retraite. C’est encore l’argent qui rend possible l’abandon de l’avantage comparatif entre hommes et femmes, leur confusion et l’arrivée magique du divorce, de l’avortement et des orientations sexuelles publiquement multiples. C’est l’argent qui donne plus de droits aux animaux qu’aux fœtus humains pour lesquels la peine de mort est maintenant constitutionnelle. C’est toujours l’argent qui génère de plus en plus de fonctionnaires non régaliens payés à créer des normes pour ensuite les contrôler ou multiplier les postes pour ensuite les occuper, argent qui diminue en même temps le nombre de fonctionnaires régaliens utiles. C’est enfin l’argent qui crée par les subventions des activités idéologiques prétendument associatives, aussi multiples et variées que contradictoires et inutiles.

Le retour au réel, l’arrivée inéluctable du contact avec le sol avec la fin du triple saut, nous met tous dans des abîmes de perplexité.

Côté peuple, l’immense majorité vit dans le village d’Astérix, croit l’argent magique éternel, la croissance enrichissante et le vol plané perpétuel tout en étant conscient qu’il y a quelque part, quelque chose qui ne va pas sans savoir trop quoi. La petite minorité heureusement de plus en plus nombreuse qui est consciente de la folie ambiante, ne s’occupe que du court terme et attend de voir comment sera la société après le choc pour s’intéresser à l’avenir.

Mais c’est sur ceux qui nous gouvernent, la clique médiatico-politico-universitaire, qu’il est intéressant de porter un regard presque entomologique tellement ils sont aussi agités et perdus qu’incapables de le reconnaître. La quasi-totalité ne comprend pas ce qui se passe et pense comme le peuple que la potion magique sera toujours là. Ils ne sont pas gênés de voter des budgets où l’on dépense plus que ce que l’on gagne, ce qui devrait être interdit par la constitution. Ils ont un besoin existentiel de nier farouchement l’évidence que la croissance économique n’est que la croissance de la dépense d’un argent fabriqué pour l’occasion.

La majorité d’entre eux ne s’occupe que du regard qu’ils souhaitent que l’on porte sur eux. Ils sont beaucoup trop nombreux et pour la plupart inutiles, n’ayant pas perçu le problème réel. Ils pensent que nous sommes riches puisque nous dépensons beaucoup et qu’en confiant les rênes à des gamins inexpérimentés mais ayant le dynamisme de leur âge, le vol plané durera le temps qu’il faudra.

Une toute petite minorité a tout de même pris conscience que le contact avec le réel va être très difficile et  qu’il va falloir expliquer la baisse moyenne très forte et générale du niveau de vie alors qu’aujourd’hui certains se gavent pendant que beaucoup n’arrivent déjà pas à joindre les deux bouts. Ils savent qu’une vraie révolution cherchera les coupables de ce triple saut imaginaire qui va laisser un peuple entier dans un désarroi abominable qui nécessitera des boucs émissaires. Ils ont peur car, si leurs prédécesseurs sont aussi coupables qu’eux, c’est leur ambition et leur incurie qui les ont, comme le bélier de l’évangile, empêtré par les cornes au buisson de la réalité. Ils ont donc décidé de se servir de la potion magique encore existante pour tenter de se tirer d’affaire. Se sauver eux-mêmes en continuant à bien vivre devient leur seule vraie préoccupation.

D’abord faire peur pour détourner l’attention, en dépensant « quoi qu’il en coûte » pour que le peuple ait peur des pandémies, du réchauffement climatique anthropique ou de n’importe quoi. Surtout cacher grâce aux médias que les vrais sachants n’arrêtent pas de dire que tout est bidon, subventionner ceux qui affirment que la vérité est complotiste et multiplier les lois imposant les nouvelles valeurs hors sol. La peur doit paralyser le peuple qui doit continuer à croire à la potion magique tout en ne comprenant pas pourquoi elle agit moins. Une fois le peuple bien perdu et sa jeune génération bien engluée dans ses fantasmes sanitaire et surtout climatique, il est temps de cibler le bouc émissaire que la guerre va apporter sur un plateau. Quelle joie de pouvoir dire « Nous sommes en guerre », guerre contre n’importe quoi, un virus comme le covid, un gaz comme le CO2, un homme comme Poutine, un pays comme la Chine ! Certes la guerre fait quelques millions de morts mais elle a l’immense avantage de baisser naturellement le niveau de vie des peuples à qui l’on pourra faire croire que c’est elle et non la classe médiatico-politico-universitaire avec son triple saut ridicule qui les a mis dans cet état. La guerre fixe le mal, la faute et la responsabilité sur l’ennemi, que ce soit le CO2, le Covid ou quelque Poutine que ce soit. Haro sur le baudet ! On rejoue les animaux malades de la peste où les puissants ont tellement peur qu’on leur demande un jour des comptes.

L’absence de définition de la monnaie

Imagine-t-on se contenter de définir un train et une voiture par leurs mêmes trois utilités de moyen de transport, de protecteur des intempéries et de montreur de paysages ? C’est pourtant ce que l’on fait avec la monnaie en ne la définissant que comme moyen d’échange, unité de compte et réserve de valeur.  Demandez ce qu’est la monnaie et la réponse commencera toujours par « La monnaie sert à… ». Si vous insistez on vous répondra que la monnaie est une marchandise ou un symbole ou encore une institution sans jamais évidemment vous préciser lesquels. ChatGPT prétend même que c’est les trois. Pierre Gueneau dans son livre Macroéconomie écrit : « Monsieur Reinesch, le président de la Banque centrale du Luxembourg, un très grand expert en économie dont la culture est impressionnante, m’a confié un jour qu’ayant reçu un prix Nobel d’économie, celui-ci lui avait avoué humblement qu’il ne savait pas ce qu’était la monnaie ».

Ce vide intellectuel sidéral ne peut s’expliquer que par un autre vide tout aussi sidéral sur l’origine de la monnaie, présentée à l’université comme ayant remplacé le troc alors qu’aucun ethnologue ni aucun archéologue n’a jamais trouvé trace d’une seule économie de troc dans une société où les membres se connaissent. La question première est donc de s’interroger sur ce qu’était l’organisation sociale avant l’arrivée de la monnaie puisque ce n’était pas le troc.

Tout groupe d’êtres humains a au départ une raison d’être et organise dans ce but les apports de chacun et rend complémentaires les différentes énergies individuelles. Cette organisation a été improprement appelée troc en suggérant une simultanéité du don et de sa contrepartie alors que cette simultanéité n’a jamais été habituelle. Le don et sa contrepartie, sa contrevaleur, existent dès la création du groupe, même animal, (couple, famille, association ou tribu) mais ils ne sont quasiment jamais simultanés et en tous cas jamais chiffrés. L’anthropologue et professeur au Collège de France Marcel Mauss a parfaitement expliqué que le don entraînait ce qu’il appelait le contre-don et que le « donner-recevoir-rendre » était au service du lien social et qu’il le nourrissait. Mauss a développé que le don et le contre-don était ce qu’il a appelé un « fait social total » à dimensions culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique et qu’il ne pouvait être réduit à l’une ou à l’autre de ses dimensions. Ce fait social total, complétement méconnu quand on s’égare dans le troc, est l’échange organisé d’énergie entre tous les membres d’un même groupe humain.

Mais quand la taille du groupe devient importante et quand ce groupe n’est plus une communauté, la détection des profiteurs et des tire-au-flanc devient difficile et rend obligatoire la simultanéité de la contrepartie. L’origine de la monnaie est donc, de mon point de vue, très probablement cette invention rendue nécessaire de la contrepartie simultanée. Mais si la monnaie remplace le don et le contre-don et non le troc, et si nous suivons Mauss, la monnaie est donc à la fois culturelle, économique, sociale, religieuse, symbolique et juridique et elle ne peut être réduite à l’une ou à l’autre de ses dimensions. Elle est un fait social total. A ma connaissance, le seul autre concept qui soit à la fois culturel, économique, social, religieux, symbolique et juridique, est l’homme. Et si la monnaie a été réellement créée pour être une contrepartie simultanée de valeur reconnue, il est raisonnable de penser que sa valeur reconnue lui vient de l’énergie humaine qu’il a fallu dépenser pour l’obtenir. Elle serait donc le véhicule culturel, économique, social, religieux, symbolique et juridique d’une énergie humaine culturelle, économique, sociale, religieuse, symbolique et juridique. La monnaie serait donc aussi au service du lien social qu’elle nourrirait.

La hargne agressive avec laquelle ceux que cela dérange réagissent, montre bien que l’on touche là à quelque chose de profond, d’essentiel et malheureusement très peu étudié.

Par sa facilité d’usage la monnaie est devenue le regard que le groupe utilise pour distinguer les richesses dans l’immensité des productions, par l’échange qui en est fait contre de la monnaie. C’est parce qu’une production trouve acheteur qu’elle est reconnue comme richesse et non comme embarras ou déchet comme d’autres productions comme les fèces, l’urine ou la sueur. Toutes les fonctions de la monnaie décrites depuis l’antiquité, réserve de valeur, unité de compte et intermédiaire des échanges, découlent toutes de ce que la monnaie est l’étalon culturel de la richesse, elle-même étant un condensé de ce que le groupe juge beau et bon. La monnaie est l’énergie du groupe quand le travail est l’énergie individuelle. La monnaie est reconnaissance par le groupe de l’utilité du travail individuel qui l’a générée. Toutes les querelles autour de la monnaie viennent de la difficulté à marier la notion qualitative de richesse qui est un regard fondateur du lien social, avec la notion quantitative d’étalonnage. Mélanger l’arithmétique et la culture n’est pas chose simple. Beaucoup d’incompréhensions viennent de simplifications excessives et souvent contradictoires.

L’incompréhension du pourquoi de l’efficacité de la monnaie est quasi générale chez les intellectuels, incompréhension que le peuple n’a pas car il y voit une richesse que les intellectuels savent ne pas être toujours vraie. En effet fut un temps où les banques centrales détenaient l’or à leur actif qui justifiait les billets mis à disposition à leur passif et où les banques commerciales ne faisaient que du commerce d’argent sans le créer. Ce temps est complètement révolu.

Les banques centrales ont de moins en moins d’or à leur actif et mélangent pour le tout-venant les avoirs en or et les créances en or, les uns bien réels, les autres uniquement potentielles. Fin 2022 la BCE n’avait à son actif que 593 milliards d’euros en or réel ou potentiel, sur un actif total de 7.951 milliards. Tout le reste est composé de créances sur des États et des institutions financières qui ne savent payer qu’en ponctionnant les peuples. Ces créances qui ne seront réelles que si les peuples les paient, ont été partout gonflées par le « quantitative easing », rachat de créances plus ou moins douteuses pour pouvoir émettre des liquidités.

Quant aux banques commerciales, elles créent dorénavant l’argent qu’elles prêtent en ne le détruisant qu’après récupération avec intérêts. Les Bâle 1,2,3,4 s’égrènent dans des compromis entre ceux qui veulent limiter ce processus créateur de fausse monnaie, et les banques qui veillent chaque fois à ce qu’il reste de grands trous.

Si l’on accepte d’ouvrir les yeux, on prend conscience que tout naturellement les élites ont fabriqué une fausse monnaie qui sert aux mêmes usages que la vraie monnaie et qui n’est justifiée par les banques que par le fait qu’elle est éphémère. Mais personne ne voit les dégâts commis par cette fausse monnaie pendant son existence, les deux étant mélangées et le peuple les croyant bonnes toutes les deux. Les deux sont  moyen d’échanges et unité de compte mais la fausse monnaie n’est pas réserve de valeur contrairement à la vraie. Elle ne fait que baisser subrepticement la valeur de la vraie.

S’il était reconnu que la monnaie n’est qu’un véhicule d’énergie humaine, le peuple pourrait prendre conscience que depuis la deuxième guerre mondiale en occident, seuls les peuples continuent à payer avec de l’énergie humaine déjà bien dépensée pour obtenir la monnaie qu’ils utilisent. Toute une élite autoproclamée dépense un argent créé arbitrairement par leur banque et qui ne puisera sa force que dans une énergie humaine qu’il faudra trouver demain sans contrepartie, n’importe où et par n’importe quel moyen. Et n’oublions jamais que cette fausse monnaie éphémère est comme la vraie, culturelle, économique, sociale, religieuse, symbolique et juridique alors qu’elle en est l’inverse sur quasiment tous les plans. Que le bien et le mal se retrouvent ensemble, au même moment, au même endroit et sous la même forme, n’est pas une nouveauté. Les deux se prétendent au service du lien social qu’ils affirment nourrir. Tous les problèmes actuels trouvent en fait leur source première dans ce dilemme intellectuel. En prendre conscience serait un premier pas salutaire.

Comprendre la géostratégie occidentale actuelle passe par la compréhension de la définition cachée de la monnaie et de l’impossibilité qu’il y a à distinguer la bonne monnaie de la fausse monnaie éphémère. Les classes politiques occidentales, pour réussir à baisser nécessairement le niveau de vie moyen de leurs peuples, ont le choix entre reconnaître qu’elles ont, pour les flatter, égaré elles-mêmes leurs peuples dans des impasses , ou déclencher des guerres qui baisseront naturellement le niveau de vie des peuples sans qu’elles en apparaissent responsables.

Qu’est-ce que la croissance économique ?

Le simple article « la » indique péremptoirement que la croissance économique existe alors que « une » croissance économique engendrerait immédiatement la question : « Laquelle ? ». Quelle est donc cette croissance que l’on nous affirme exister, ce que nous aimons croire. A cette question l’intelligence artificielle de ChatGPT répond :

La croissance économique se réfère à l’augmentation à long terme de la production de biens et services dans une économie. Elle est souvent mesurée par le produit intérieur brut (PIB), qui représente la valeur totale des biens et services produits dans un pays sur une période donnée.

La croissance économique peut résulter de divers facteurs, tels que l’augmentation de la productivité, l’innovation technologique, l’investissement en capital, l’expansion de la main-d’œuvre et d’autres facteurs qui stimulent la production et les activités économiques. Elle est généralement considérée comme un indicateur positif du développement économique d’un pays.

Cependant, il est important de noter que la croissance économique ne mesure pas nécessairement la répartition équitable des richesses ni l’amélioration du bien-être de tous les citoyens.

Il est rassurant de voir combien l’intelligence artificielle peut être prudente et réservée dans son incompétence. Elle ne reflète que le niveau d’intelligence humaine qui l’a créée. Il manque dans cette très mauvaise définition un mot essentiel dont le manque rend l’ensemble tout simplement faux. Pour reprendre la formulation de ChatGPT en la rendant vraie par l’ajout du mot essentiel manquant,

La croissance économique se réfère à l’augmentation à long terme de la production vendue de biens et services dans une économie. Elle est souvent mesurée par le produit intérieur brut (PIB), qui représente la valeur totale des biens et services produits et vendus dans un pays sur une période donnée.

Si l’on ne comprend pas que le mot clé de l’économie est échange et en aucun cas création comme le fait ChatGPT et la plupart des professeurs d’économie, on tombe dans le piège de croire qu’il suffit de produire pour faire de la croissance alors qu’il faut aussi vendre. Il est amusant de lire la réponse de ChatGPT à la question « Peut-il y avoir de la croissance sans que la production soit achetée ? ».

La production doit généralement être achetée pour contribuer au PIB.

Mettre généralement à la place de toujours montre la gêne de son concepteur.

Le PIB ne chiffre que les échanges monétarisés, soit par la valeur de ce qui est vendu, soit par l’argent dépensé à l’acheter. L’INSEE rajoute une troisième façon en allant chercher la source de l’argent dépensé qu’il appelle revenu sans être très clair sur le sujet. Il n’est d’ailleurs pas gêné d’additionner aux dépenses, les exportations qui sont des recettes et d’en retirer les importations qui sont des dépenses. Additionner des dépenses et des recettes devient une manie dans l’économie actuelle incohérente.

La croissance économique est donc l’accroissement de ces échanges qui ne peut se faire que par l’augmentation conjointe de produits à vendre et d’argent pour acheter. Le prix ne fait que vérifier les décisions simultanées du vendeur et de l’acheteur, d’échanger un produit ou un service contre de l’argent. Le prix est en effet le point d’équilibre en énergie dépensée entre aussi bien le travail et l’argent qu’entre le produit et l’argent. Les prix, aussi essentiels à l’échange que ce que l’on échange, sont définis soit par le pouvoir, soit par l’offre et la demande, les deux étant théoriquement liés.

La place de l’argent dans l’économie est donc devenue capitale car c’est l’argent qui transforme aujourd’hui les productions en richesses. L’argent avait été créé pour simplifier alors qu’aujourd’hui il complique, en faussant les regards et les raisonnements. Comment ce dérapage s’est-il produit ? Il faut partir de l’économie avant l’argent et étudier sérieusement l’apport de la monnaie à l’économie en différenciant ce qu’elle apporte et ce qu’elle pervertit. Sa force facilite comme elle corrompt et il y a curieusement une volonté farouche d’en limiter l’étude à ses trois utilisations d’unité de compte, de réserve de valeur et de moyen d’échange. Comment expliquer que l’on accepte de ne définir la monnaie que par ses trois utilisations alors que personne n’accepterait que l’on ne définisse le train ou la voiture que par leurs trois utilisations de moyen de transport, de protecteur des intempéries et de défilement de paysages ?

Avant la monnaie l’économie était, non pas le troc comme faussement distraitement affirmé à l’université, mais le donner-recevoir-rendre, l’échange qualitatif non chiffré tel que constaté dans le règne animal et, chez les hommes, encore dans les familles. L’échange s’y faisait naturellement sous le regard autoritaire et vigilant du pouvoir. Personne ne semble prendre la peine d’observer que c’est l’augmentation de la taille du groupe et en conséquence, la subite incapacité que se découvre le pouvoir à faire rendre tous ceux qui ont reçus en oubliant de rendre, qui a forcé à l’invention de l’argent comme preuve concrète et transportable d’une énergie déjà dépensée dans l’intérêt commun. Cette preuve a toujours et partout été une richesse déjà reconnue, véhiculant l’énergie humaine qu’il avait fallu dépenser pour l’obtenir. Cette observation de simple bon sens et la monnaie vue comme une preuve d’une énergie antérieurement dépensée dans l’intérêt commun, sont réfutées par tous les idiots utiles à ceux qui ont intérêt à ce que le peuple ne comprenne rien. Elles sont pourtant essentielles à la compréhension des dérives actuelles.

Les produits à vendre sont les fruits de la Terre et du travail des hommes. Tant que l’argent pour acheter était aussi le fruit du travail des hommes, c’était le travail qui limitait à la fois ce qui était à vendre et ce qui permettait d’acheter. La monnaie était le lien probant entre le travail déjà effectué et les produits déjà fabriqués. L’échange était limité et la croissance économique n’existait que par un accroissement de la population, plus de travail et des innovations dans la production. Le PIB chiffrait cet accroissement évidemment modeste.

Mais tout cela a changé depuis que certains ont eu l’idée apparemment géniale de faire croire que l’économie n’était plus, après la déconnection des monnaies de l’or, une étude des échanges mais une étude de la création. Faire croire au peuple qu’il n’est composé que de dieux créateurs lui a bien plu, et il a donné son blanc-seing à l’enrichissement de ceux qui en ont eu l’idée, en se contentant d’en réclamer sa part qui lui a été parcimonieusement donnée.

La ruse perverse des élites occidentales, que les économistes n’ont pas sérieusement dénoncée, a été en effet de délier les monnaies de l’or sans les relier à une autre richesse reconnue. Mais comme l’échange reste la base fondamentale de l’économie et que les marchandises à vendre sont toujours des fruits de la Terre et du travail des hommes, l’argent pour les acheter est obligatoirement aussi un véhicule du travail des hommes pour que l’économie reste une somme d’échanges. Or si, pour les classes moyennes et populaires, salariés, artisans, agriculteurs ou services nécessaires à la production, l’argent reste ce que l’on obtient après son travail, c’est devenu complètement faux pour une classe prétendument supérieure qui crée dans les banques un argent qui ne véhicule plus une énergie humaine préalablement bien utilisée mais une promesse que l’on trouvera cette énergie plus tard, et en fait, bien sûr, pas chez eux. C’est un habillage en une vérité apparemment savante du populaire « on paiera demain » accompagné discrètement du « le peuple paiera». Il faut savoir en effet que les bilans des banques sont par définition équilibrés et que toute monnaie créée et mise à disposition au passif d’une banque, est équilibrée au centime près à l’actif par une créance du même montant à récupérer. Les bilans des banques centrales augmentent de façon folle et ont été multipliés par 6 ou par 8 depuis la dernière crise de 2008 parce qu’elles ont toutes fabriqué de la monnaie en mettant à disposition des « élites » des sommes folles et en inscrivant à leur actif des  créances de mêmes montants à récupérer. Sur qui les banques centrales ont-elles ces créances ? Sur les peuples bien sûr ! On fait croire au bon peuple qu’il y a des « investisseurs » mais ce sont les banques qui créent l’argent de ces prétendus investisseurs et qui comptent sur les Politiques pour récupérer cet argent sur le peuple afin de pouvoir le détruire. Personne ne se demande qui paiera les milliers de milliards de dette. La réalité est que l’argent prêté par la banque n’a été créé par elle que pour être prêté, qu’il sera détruit dès que récupéré et que la banque en sera récompensée par les intérêts. Les 250.000 milliards de dollars de dette mondiale est un argent créé par les banques qui, à seulement 1% par an, leur rapporte annuellement 2.500 milliards de dollars pour avoir passé quelques écritures. Les vrais investisseurs sont les peuples qui investissent sans le savoir, au profit des puissants, l’ensemble de leurs biens. « Vous ne posséderez rien et vous serez heureux.»

Les Politiques, « en même temps » comme ils disent, remplissent la mission que leur ont confiée presque à leur insu tellement ils sont incompétents, ceux qui financent leurs campagnes, à savoir récupérer les biens du peuple, et en même temps, ils flattent pour être élus ceux qu’ils doivent dépouiller. Nous sommes évidemment bien loin de l’économie et de la croissance. La réalité, les femmes ne faisant pas assez d’enfants pour renouveler la population, le travail faiblissant et les vraies innovations étant de plus en plus rares, c’est que nous sommes largement entrés en décroissance camouflée. Les tenants du système nous expliqueront-ils comment nous ne sommes pas devant une escroquerie en bande organisée ? Et les peuples se réveilleront-ils avant d’être entièrement tondus ?

L’origine de la force de la monnaie

L’incompréhension générale de l’origine de la force de la monnaie est le fait majeur de notre époque qui dissimule tous nos problèmes. Nous ne tentons même pas de les résoudre en regardant ailleurs et en « débloquant » un argent inexistant pour ne pas les voir. On nous bassine avec des discutailleries pour savoir si la monnaie est une marchandise, un symbole ou une institution mais personne ne cherche l’origine de sa force. Certains prétendent que sa force vient de la confiance que nous avons en elle mais la confiance n’est qu’une transmission et on ne connait toujours pas la force que la confiance transmettrait.

Au départ une monnaie était toujours une richesse transportable comme l’or, l’argent, le blé, le sel ou des plumes d’oiseau rare. Mais nous avons perdu le sens de la richesse qui n’est qu’un regard satisfait, envieux ou admiratif sur une marchandise, un symbole ou une institution (Amadou Toumani Touré disait qu’au Mali ils étaient riches de la famille). Ce regard n’est satisfait, envieux ou admiratif que par la qualité du travail qui a été nécessaire à la fabrication ou à l’obtention de cette marchandise, de ce symbole ou de cette institution. C’est donc sans aucun doute l’énergie humaine qui est la source de la force de la monnaie.

Trouver l’énergie humaine qui donnera sa force à la monnaie a toujours été l’apanage des puissants. Ce fut l’esclavage, le servage, le salariat avec toujours la tentation de la servitude volontaire sécurisante. Seul le salariat subsiste, au moins en occident, et l’impôt a pris le relais. Les nations puissantes sont allées chercher l’énergie humaine sous forme de richesses par des pillages ou des colonisations. Les empires anglais ou français sont allés chercher une énergie humaine dans leurs colonies pour donner force à leurs monnaies et ne pas observer de hausses des prix consécutives au moindre travail de leur propre peuple. Le cas de l’Allemagne hitlérienne est intéressant par la rapidité de la création du problème puis de sa solution. Elle a commencé par faire comme tout le monde en pillant les pays qu’elle avait vaincu et en augmentant parallèlement sa quantité de reichsmarks nourris par l’énergie humaine étrangère. Le problème a été résolu dès 1948 par les trois gouverneurs militaires de l’occupation occidentale qui ont supprimé 95% de la monnaie allemande en créant le deutsche mark valant un quart de dollar. Aujourd’hui après les empires et l’Allemagne, ce sont les USA qui ont fabriqué à l’infini des dollars qui ne trouvent leur force déjà utilisée qu’en allant pomper de l’énergie humaine sous forme de richesses sur presque toute la Terre. La solution déjà écrite d’un nouveau dollar valant probablement mille fois moins que le dollar actuel est assez peu imaginable sans perdre une guerre. En le comprenant, on comprend mieux que la guerre est le moyen commode de déculpabiliser ceux qui mettent un pays en incapacité de se contenter de l’énergie de son peuple.

La question se pose alors de savoir pourquoi nous avons totalement oublié que la force de l’argent ne vient que de l’énergie humaine et pourquoi cette évidence est cachée à l’université et même violemment reniée par tous ceux que cela dérange. Et nous en arrivons à la question : dans quel cas une évidence est-elle dérangeante ? Lorsqu’elle révèle une vérité soigneusement dissimulée. En tirant le fil on s’aperçoit que si l’énergie humaine n’est pas reconnue comme source de la force de la monnaie, c’est que l’on veut cacher au peuple le changement de paradigme effectué depuis la dernière guerre mondiale. De tous temps l’énergie humaine avait été dépensée avant d’être évaluée puis traduite en monnaie et véhiculée par elle. Or aujourd’hui nous inversons le temps en dépensant la monnaie avant de lui donner sa force et cela rend possible toutes les folies sans aucune exception. Les folies ont le besoin vital que le peuple ne soit pas conscient que l’on dépense pour elles aujourd’hui son énergie de demain. Utiliser l’énergie humaine demain sans contrepartie puisque déjà dépensée, c’est réinventer l’esclavage sans le dire et en laissant lâchement la patate chaude aux suivants. On comprend mieux pourquoi le peuple ne doit pas connaître la définition de la monnaie comme véhicule d’énergie humaine et se contenter de ses utilisations de moyen de paiement, d’unité de compte et de réserve de valeur. C’est aussi réducteur que de définir une voiture comme moyen de transport, protecteur des intempéries et défilement de paysages. Le peuple peut prendre ses week-ends, ses vacances, ses RTT et aller à la plage et au ski. Il doit ignorer qu’il scelle par ses plaisirs, l’esclavage de ses enfants.

Comment réagir ? La réaction habituelle est la guerre qui est le bouc émissaire parfait d’une baisse drastique du niveau de vie et qui exonère les vrais responsables qui sont les hauts fonctionnaires surpayés, nouvelle aristocratie inutile qui, en l’achetant, ont transformé leur victime, le peuple, en complice. Les Politiques, les médias et les juges n’existent que par la vitalité de la corne d’abondance imaginaire que le changement de paradigme a créée. Ils sont donc aux ordres « à l’insu de leur plein gré ». On voit à nouveau mal comment l’intelligence peut reprendre le manche et comment il serait possible d’éviter la guerre ou la révolution. Pour ceux qui croient que la France a débuté en 1789, c’est un retour aux sources.

Une première conclusion est qu’il est totalement inutile de perdre son temps à combattre en les isolant, chacune des folies qui ne sont toutes que des conséquences de la corne d’abondance imaginaire : wokisme, lgbt, immigration, féminisme, individualisme, laïcité, passage doucereux de l’égalité à l’identité homme femme. Elles ne sont toutes que des conséquences. C’est en comprenant l’origine de la force de la monnaie que tout pourra rentrer dans l’ordre. La nouvelle aristocratie, universitaire, ministérielle ou planquée dans les comités Théodule, a réussi le coup de maître que personne n’en ait envie.

Comprendre l’effondrement de l’Occident

En coupant le lien fondamental entre la monnaie et l’énergie humaine, l’Occident a signé son suicide et voudrait y entraîner la Terre entière.

C’est en observant le malaise général occidental que l’on appelle volontiers crise pour n’en voir qu’une partie, que nous pouvons nous interroger sur la cause de cette crise permanente, croissante et angoissante. Ne perdons pas de temps sur les réponses politiques et médiatiques de gens qui n’ont pas compris le problème et ne s’intéressent qu’à l’immédiateté de leur élection ou du nombre de gens qu’ils peuvent joindre. Remarquons que, de tous les continents sauf du nôtre, se rassemblent dans les BRICS, des pays qui ne savent pas très bien ou aller mais qui se rassemblent d’abord pour refuser notre façon de voir.

Pour comprendre, il est nécessaire de parler d’économie, cette matière que l’on appelle science pour faire croire qu’elle sait alors qu’elle tâtonne dans son obscurité souvent prétentieuse.

L’être humain lui-même, son travail, le capital et le savoir sont les quatre formes de l’énergie humaine. Le travail est l’énergie en action ; le savoir, le capital et la descendance sont les énergies en puissance, pour le long terme dans la descendance et pour le court terme dans le savoir et l’argent, l’un difficilement transmissible alors que l’autre l’est aisément.

Le but d’une économie est normalement de gaspiller le moins possible l’énergie humaine et de la stocker en savoir, en capital et en descendance. L’enfance est le moment où l’énergie se transforme en croissance et en savoir, tant par la connaissance que par l’expérience. A l’adolescence la découverte que son énergie peut se transformer aussi en argent et en enfants, fait prendre conscience avec difficulté de la responsabilité. L’adolescence commence très tôt dans certains pays, très tard dans d’autres. A l’âge adulte le but est l’harmonie entre les trois formes de l’énergie humaine, entre travail capital et savoir. Stockage et déstockage de l’énergie humaine est la vraie définition de l’économie dont le but doit être le bonheur du peuple, bonheur qu’il faut savoir appréhender dans sa complexité. Malheureusement ni sa définition ni son but ne sont enseignés à l’université qui limite l’économie à ce qui peut en être facilement chiffré, ce qui en exclut des pans entiers et la rend dogmatique, fausse et inintéressante.

Tout part donc de l’énergie humaine qui a le bon côté d’être productive et le mauvais côté d’être fatigante donc limitée. Mais par rouerie, fatigue ou vice, les dirigeants occidentaux ont trouvé l’idée apparemment géniale de supprimer la limite de l’énergie humaine en faisant oublier à leurs peuples que l’argent n’est qu’un stockage d’énergie humaine. Il semble vain de répéter inlassablement que les accords de Bretton Woods ont lié les monnaies au dollar, lui-même lié à l’or, lui-même lié à l’énergie humaine qu’il avait fallu dépenser pour l’obtenir. Vain de répéter qu’en déconnectant le dollar de l’or sans le lier à une autre richesse déjà reconnue et déjà porteuse d’énergie humaine, Nixon a déconnecté la monnaie de l’énergie humaine et du côté limité qui en était la conséquence naturelle. Vain de répéter qu’en créant l’euro lié à des monnaies qui n’étaient plus liées à rien, les Européens ont suivi les Américains dans leur folie en se croyant intelligents. Vain de constater que, comme toujours, il faut attendre les historiens pour prendre conscience des folies collectives et qu’aujourd’hui, ce sont les rares lanceurs d’alerte en tous domaines qui sont présentés comme des fous.

Le résultat est à la fois le désastre que nous commençons à vivre et le fantasme que nous nous sommes créé pour tout justifier et ne rien voir. Aucune solution ne peut pourtant s’imaginer sans dépasser ce double obstacle.

Le désastre, chacun le ressent à chaque nouvelle accumulation d’interdictions, d’obligations et de normes. Tout est fait pour déresponsabiliser en prônant la responsabilité, pour faire peur en disant protéger, pour mentir sans en avoir l’air et pour faire croire que la barre est tenue alors que les pilotes sont enfermés dans leurs fantasmes et complètement perdus.

Mais ce constat tellement banal aujourd’hui ne s’explique que par le fantasme qui construit un faux narratif qu’il faut déconstruire pour avoir accès à la vérité et au problème immense qui se pose à nous. Tant que nous croirons aux deux billevesées qui structurent notre fantasme en le rendant crédible, rien de sérieux ne pourra être entrepris puisque nous nous refusons à regarder le problème.

La première billevesée, la première idée fausse, est la croyance absurde que la monnaie n’est qu’un moyen d’échange comme un autre, et qu’elle a remplacé le troc. En prétendant remplacer quelque chose qui n’a jamais existé, cela permet de rendre crédible n’importe quoi. Si le troc a réellement existé exceptionnellement entre des gens qui ne se connaissaient pas et régulièrement entre les nations, il n’a jamais été le mode d’échange à l’intérieur d’une société. Toutes les sociétés ont été au départ structurées par le « donner-recevoir-rendre » très bien étudié par le professeur au Collège de France Marcel Mauss, et encore en place dans les familles. Sa réalité était contrôlée par le pouvoir en place. C’est quand la société est devenue trop importante et quand le pouvoir a constaté son  incapacité à vérifier que chacun rendait bien sans se contenter de recevoir, que partout, pour combattre les paresseux et les roublards, a été créée la monnaie, véhicule reconnu par le groupe d’une énergie humaine déjà dépensée. L’or, le blé, le sel, le bétail, les plumes d’oiseau rare, véhiculaient tous l’énergie qu’il avait fallu dépenser pour les obtenir, et tous étaient donc à la fois richesse et limités. Ce lien existentiel entre la monnaie et l’énergie humaine limitée a été conservé avec les monnaies papier du XVIIIe siècle, liées à des richesses reconnues, et qui ont toutes disparu quand les pouvoirs en ont imprimé plus que leur équivalent richesse ne le leur permettait. Tant que nous ne nous demandons pas quelle énergie humaine nous dépensons quand nous dépensons de l’argent, nous ne pouvons affronter nos problèmes et donc bien évidemment les résoudre. L’argent gagné et l’argent emprunté ne consomment pas la même énergie humaine quand il est dépensé. L’un est une créance en énergie humaine, l’autre est une dette en cette même énergie. Les additionner dans le PIB fausse tout.

La seconde billevesée est la pire car elle évite à Emmanuel Macron de se demander quelle énergie humaine il dépense en envoyant des milliards à l’Ukraine ou en justifiant quoi qu’il en coûte un confinement aberrant pour une panique plus que probablement organisée. Elle nous évite d’ouvrir les yeux sur nos problèmes.

Cette seconde idée creuse extrêmement partagée est la création de richesse, la fameuse croissance économique chiffrée par le PIB, qui permet d’oublier la limite de l’énergie humaine au profit d’une manne divine par définition illimitée. Il est difficile de démonter cette croyance tellement elle est ancrée et tellement nos concitoyens n’ont pas envie de regarder la réalité. Le fantasme est si plaisant ! Il nous a permis de dépenser des emprunts qui n’avaient été que sur gages depuis l’apparition de la monnaie.

Pourtant il faut se souvenir que la richesse n’est qu’un regard satisfait ou envieux sur une production. C’est un constat et, en aucun cas une réalité objective que l’on peut créer comme on crée une production. Toute richesse, hors quelques constantes comme l’or parce qu’il est inoxydable, devient un jour encombrant puis déchet, déchet qui sera à son tour richesse pour certains s’il n’est pas détruit. Ce regard constitutif du plaisir de la richesse était de tous temps éclairé par la conscience de l’énergie humaine qu’il avait fallu dépenser pour transformer une production en richesse. Cela limitait cette transformation et limitait donc la production. Aujourd’hui on fabrique à vau l’eau de l’argent pour transformer les productions en richesses. L’argent fabriqué nous fait croire que nous sommes riches et quasiment personne ne s’intéresse à l’énergie humaine qu’il va falloir trouver pour apporter à l’argent sa force déjà utilisée. Nous nous croyons un pays riche parce que nous dépensons beaucoup un argent qui ne véhicule plus aucune énergie humaine et qui va obligatoirement devoir la chercher demain. Le PIB n’est que la somme de toutes les dépenses, qu’elles soient intelligentes ou stupides. Ce fait incontournable est incompris voire nié et même combattu. L’ignorance est tellement indispensable à l’aveuglement du peuple. On aura beau nous faire croire qu’il chiffre la richesse créée, il chiffre en réalité l’énergie humaine dépensée en mélangeant allègrement celle déjà dépensée et celle à trouver demain. Il est pourtant considéré partout comme une richesse à nous partager. On a beau rappeler la phrase de Goebbels « un mensonge mille fois répété devient une vérité », ses émules qui disent que le PIB chiffre la richesse créée, en font toujours une vérité en le répétant des millions de fois. Ceux qui commencent à douter, se rassurent en disant que c’est au moins un élément de comparaison entre nations. Ce n’est même pas le cas car un pays qui a un PIB faible en dépensant parcimonieusement l’énergie que son peuple a accumulée, est infiniment plus respectable et infiniment plus solide que des pays comme les USA ou la France qui ont un PIB important et toujours croissant, en dépensant une énergie humaine qu’il faudra trouver demain par n’importe quel moyen y compris l’appauvrissement de leur peuple et la rapine à l’extérieur.

A ce sujet il faut sans doute rappeler que la vraie valeur d’une monnaie n’est pas celle donnée dans les salles de marché par ceux qui achètent aujourd’hui dans la seule idée de revendre plus cher demain. La vraie valeur d’une monnaie est donnée par ceux qui utilisent une autre monnaie. C’est le troc entre nations qui donne la vraie valeur d’une monnaie. Une balance est par définition une recherche d’équilibre et la balance commerciale est automatiquement équilibrée dans les faits. Si elle est excédentaire, c’est simplement que sa monnaie est sous-évaluée comme l’est encore l’euro allemand et si elle est déficitaire, c’est parce que sa monnaie est surévaluée comme l’est l’euro français. Normalement en dévaluant l’euro français et en réévaluant l’euro allemand, on devrait retrouver des balances commerciales équilibrées. On constaterait que tout serait plus cher pour les Français et moins cher pour les Allemands puisque la même monnaie véhicule beaucoup moins d’énergie humaine en France qu’en Allemagne. Chaque peuple serait simplement devant le résultat des Politiques qu’il a élus. Mais la ruse géniale du quatrième reich allemand que l’on appelle curieusement union européenne, a été d’imposer à ses états satellites comme la France, avec l’accord de leurs dirigeants incultes et de leurs peuples inconscients, une monnaie commune mais surtout pas unique, ce qui défie le bon sens et que quasiment personne ne comprend. Nous avons apparemment le même euro qui vaut la même chose, c’est notre monnaie commune. Mais ce que très peu de gens savent, c’est que cette monnaie commune n’est pas une monnaie unique et que l’euro allemand porte la lettre X alors que l’euro français porte la lettre U. Les euros allemand et français ne véhiculent pas la même quantité d’énergie humaine, tout en affirmant l’inverse… et en exigeant l’inverse. Le résultat est naturellement que par une infinité de moyens peu perceptibles comme la baisse des salaires par la hausse des prix ou par la diminution des biens, on pompe l’énergie humaine des Français pour nourrir l’euro français qui est obligé de retrouver la force de l’euro allemand. On a réinventé le servage au profit de l’Allemagne sans le dire et en veillant à ce que personne n’en parle et surtout à ce que le peuple ne comprenne rien. La seule bonne nouvelle est que le refus volontaire du gaz russe va faire s’effondrer la balance commerciale allemande et tout rentrera dans l’ordre de l’effondrement général de l’Occident.

Sauf si le peuple français retrouve en lui la responsabilité, le courage et le discernement d’ouvrir les yeux sur son propre aveuglement. Et s’il se trouve de jeunes individualités qui brandissent l’étendard de la vérité.


La bataille fait rage

Le combat que nos dirigeants se livrent en se prétendant tous appuyés par leur peuple, n’a pas de précédent et est un combat à outrance, c’est-à-dire à mort.

D’un côté « l’occident », regroupé derrière les Etats-Unis et ayant récupéré les nations blanches colonisatrices d’Australie, d’Israël, de Nouvelle Zélande et de Singapour, ainsi que provisoirement la Corée du sud et le Japon, le tout au service de l’Atlantique nord au travers de l’OTAN. De l’autre tous les autres qui commencent à se regrouper dans les BRICS, stupéfaits de voir l’occident reprocher à la Russie de faire en Ukraine très exactement ce qu’il a déjà fait lui-même en Yougoslavie, en Irak et en Lybie. Et, comme souvent, nous regardons le doigt au lieu de regarder la lune que le doigt montre. Nos médias détaille le doigt en occultant consciencieusement ce qu’il montre, c’est-à-dire le combat entre un monde incohérent qui se refuse à mourir en cherchant à être dictatorial et un autre qui se cherche et dont le seul point commun important est le refus de la dictature d’un occident moribond et le respect de la recherche de chacun dans un monde multipolaire, c’est-à-dire respectueux voire curieux de la recherche des autres.

En fait c’est la décomposition de l’occident  qu’il faut analyser tellement tout en découle, nos dirigeants nous ayant mis, sans nous demander notre avis, dans le camp de ceux qui ont déjà perdu.

L’occident a complètement oublié que la vie n’est qu’échange entre les êtres, échange indispensable car personne ne peut tout faire, sauf l’ermite qui se contente de pas grand-chose. L’occident a, depuis la dernière guerre, cru possible un monde où l’échange n’était plus indispensable et où la manne divine était revenue sous forme de croissance économique et de création de richesses. Techniquement c’est évidemment très simple. Il suffit d’imprimer autant de billets de Monopoly que nécessaire et de faire croire qu’ils ont une vraie valeur, ce qui permet la poursuite apparente des échanges. Mais comme cette valeur est totalement inventée, contrairement à toutes les monnaies précédentes qui étaient toutes liées à une richesse déjà reconnue, il a fallu gagner la confiance du peuple pour qu’il croie à la valeur de sa monnaie. Cela a été fait de la pire des façons, en utilisant la faiblesse des peuples pour en faire des complices. L’argent magique a fait sauter tous les freins que la réalité mettait aux fantasmes populaires. Alors que l’humanité ne connaissait que le travail, le prêt sur gage et la générosité individuelle pour obtenir de l’argent, l’élite occidentale a inventé la subvention et le prêt sur travail futur pour inaugurer une prétendue démocratie où des medias subventionnés martèlent, à tous sujets, une vérité imposée à un peuple subventionné qui accepte d’y croire parce que ses fantasmes sont comblés. Vous n’aimez pas travailler ? Voilà vos week-ends, vos vacances qui augmentent et vos RTT en prime. Vous aimez posséder ? Voilà ce qu’il vous faut pour acheter votre maison. Votre comportement est asocial et la société vous rejette ? Nous allons définir votre comportement comme social, tout inverser et rendre asociaux tous ceux qui y résistent. L’argent magique achète les bulletins de vote comme les modes de vie. Il corrompt la jeunesse qui n’a pas connu autre chose et se caricature elle-même dans une malheureuse Greta Thunberg, icone fabriquée et sottement prétentieuse.

Comme la vie ne reste qu’échanges, l’occident cherche à faire payer son eldorado préfabriqué par tous les autres peuples et réinvente sous des formes discrètes mais efficaces, la colonisation voire l’esclavage de ceux qui travaillent vraiment, y compris dans ses propres peuples.

Malheureusement pour nous que nos dirigeants, choisis par l’argent facile, ont mis dans le mauvais camp, et heureusement pour eux, une majorité d’humains, conscients de notre stupidité, se regroupent dans les BRICS avec deux seuls points communs : le refus de la bêtise occidentale et le respect du travail de chacun dans sa recherche de la société à reconstruire. Ils doivent d’ailleurs tous lutter chez eux contre l’invasion des « valeurs » occidentales que l’argent magique diffuse partout par l’internet apparemment gratuit et qui corrompent facilement et partout les rêveurs.

Voir Emmanuel Macron cumuler dans une autosatisfaction incroyable, le « quoi qu’il en coûte », la réforme des retraites, l’appui financier à l’Union européenne et à l’Ukraine, avec sa demande évidemment rejetée d’assister à la réunion des BRICS, montre bien l’état de décomposition intellectuelle avancée du bonhomme et de l’occident.

Mais nous en sommes complices et personne ne semble se lever pour nous faire changer de camp, sortir d’un monde purement idéologique qui ne survit que par la multiplication des obligations et des interdictions et qui nous désapprend à nous respecter. Nous n’avons que des partisans de tel ou tel détail comme l’immigration, l’emploi ou la violence, qui sont certes tous importants mais tous, une simple conséquence de l’argent facile tellement attirant.

Si la France changeait de camp, sortait de l’Union européenne, de l’OTAN et de l’euro pour enfin réfléchir à un avenir cohérent, il faudrait commencer par arrêter les échanges immoraux. D’abord celui des subventions publiques et de la reconnaissance des minorités contre des  bulletins de vote et non contre l’intérêt de la majorité. Cela ne peut s’arrêter que par l’arrêt du principe même des subventions. Une collectivité, quelle qu’elle soit, ne devrait pouvoir sous-traiter quelque activité que ce soit avec l’argent de ses contribuables, que si ses fonctionnaires ne peuvent l’exécuter et que si l’intérêt de leurs contribuables le demande. Ensuite l’échange immoral de la charité publique devrait disparaître. Faire la charité avec l’argent des autres est indéfendable. La charité ne peut être qu’individuelle avec son propre argent. Mais cela ne peut se faire que si l’on redécouvre que notre constitution voit le travail comme un devoir mais aussi comme un droit constitutionnel que scandaleusement le conseil constitutionnel ne fait pas respecter en s’en auto-justifiant comme souvent. Toute personne a droit au travail et ce droit imprescriptible n’a jamais trouvé le niveau de sa rémunération par l’État lorsqu’une personne n’a pas trouvé elle-même son travail. L’État préfère regarder ailleurs, dire que c’est le problème des entreprises et utiliser l’argent facile pour masquer son incompétence à recréer les ateliers nationaux, quelle qu’en soit la forme.

Ces deux arrêts d’échanges immoraux nous mettraient immédiatement en face de nous-mêmes, résoudraient à une vitesse incroyable les problèmes de l’immigration, de l’emploi et de la violence, et nous forceraient à redécouvrir l’égalité dans la diversité de l’utilisation de chacun pour le bien commun appelé commonwealth en anglais et république en latin. Mais ils mettraient aussi l’attelage politique, médiatique et universitaire devant son vide intellectuel actuel et sa soumission à l’argent facile. La France pourrait alors  s’en nettoyer et rentrer dans les BRICS. Et qui sait si elle ne redeviendrait pas, grâce à la multiplicité des talents qu’elle possède, le phare utile à beaucoup qu’elle a déjà été ?