Concrètement mais autrement

Le but d’un blog est de faire circuler des idées. Il m’a été proposé mon article « Concrètement… » réécrit avec un autre style. Je le mets sur le blog en espérant des commentaires sur l’une ou l’autre forme, sur l’une et l’autre forme. Le voici :

Lors de l’interview d’un politique ou d’un économiste, tout bon journaliste aura cette phrase magique : « concrètement dîtes-moi » , « Concrètement qu’est-ce que ça veut dire ? »

Les média veulent du buzz, les hommes politiques veulent être reconnus et soi-disant de l’efficacité.

Ils se retrouvent et se contentent de l’apparence en ne se jaugeant qu’à l’aune de l’audimat pour les uns, des sondages pour les autres. Tout est dans la réaction immédiate. Il faut plaire donc mentir.

Dans mes précédents écrits j’ai utilisé l’image de l’arbre malade à partir de ses racines, son tronc est gâté de l’intérieur, ses branches sont malsaines, mais des « prestidigitateurs » s’activent avec des pulvérisateurs de vert et de brillant pour faire croire que les feuilles sont vertes, brillantes, donc l’arbre est en bonne santé.

Revenons à cette image et superposons-la à notre société. A mon avis elle est aussi malade de trois racines.

La première racine malade est la notion de richesse, qui est ce que les citoyens jugent beau et bon. Mais confondre production et richesse, concrètement est-ce que toute production est forcement belle et bonne ?

La seconde racine malade est la monnaie qui n’est que l’étalon reconnu de la richesse par l’ensemble. Alors concrètement est-ce qu’elle est belle et bonne ?

La troisième racine malade est la confusion problème/solution. Les normes sont-elles un problème ou une solution ? L’immigration est-elle un problème ou une solution ? La mécanisation est-elle un problème ou une solution ? Alors concrètement, la dette est-elle un problème ou une solution ?

Ces trois racines malades pourrissent le tronc gâté. On remplace le travail par la machine ou par la dette et on fait croire aux populations que le système est possible.

Les populations de l’ensemble de la terre regardent avec envie ce « pays de Cocagne » où il n’est pas nécessaire de travailler pour manger, se loger, être soigné.

Personne ne se pose la question : qui paye ?

Les machines et la dette cachent la vérité et montent vers des sommets toujours dépassés

Et les branches me direz-vous ?

La branche économique est la plus touchée par le venin. Les entreprises fabriquent avec des machines et de la dette, on dépense de l’argent en publicité et commerciaux et on fait croire que la production est belle et bonne.

La population est de moins en moins utile à la fabrication des richesses, mais on a besoin d’elle pour consommer, alors on se sert de la dette pour que les productions soient reconnues comme richesse.

Concrètement , on donne des week-ends des vacances, des RTT, des 35 heures que les machines, ni la dette ne réclament.

Mais les banques qui ont prêté de l’argent qu’elles n’avaient pas veulent le récupérer, or personne ne peut rembourser puisque les Etats, les entreprises, les ménages sont SURENDETTES.

Alors concrètement les richesses futures se heurtent à la réalité de la montée du chacun pour soi.

Quant à la branche éducation elle n’est pas mieux lotie puisque le travail sera fait par les machines et la dette, concrètement le seul travail admis est celui de la mémoire (et la grande tarte à la crème) qu’est la numérisation dont on ne perçoit pas encore si elle sera créatrice ou destructrice d’emplois.

La connaissance et la mémoire donnent de merveilleux diplômés inaptes à être utiles.

Ne serait-il pas plus utile de laisser le matin à l’éducation nationale et l’après-midi à une formation de la vie encadrée.

Je ne parle pas aujourd’hui de la branche politique où bon nombre de politiques, fonctionnaires, n’ont jamais été confrontés à la vie et ne pensent qu’à l’affect du peuple plutôt que de tout simplifier.

Concrètement, quand commencerons-nous à soigner les racines du mal ? 

Concrètement….

« Concrètement » est le mantra de tout bon journaliste lors d’une interview d’un politique ou d’un économiste. « Oui mais concrètement que proposez-vous ? », « Oui mais concrètement qu’est-ce que cela veut dire ? », « Concrètement que faudrait-il faire ? ». Les médias veulent du concret comme les politiques veulent de l’efficacité. Ils se retrouvent pour se contenter de l’apparence en ne se jugeant qu’à l’aune de l’audimat pour les uns, des sondages pour les autres. L’impression, le sentiment, l’affect du peuple est ce qu’ils travaillent et ce qui les fait vivre. Tout est dans la réaction immédiate qui est supposée plaire. Il faut plaire et donc faire croire.

L’image de l’arbre a déjà été prise ici mais elle revient sans cesse à l’esprit. Les voir tous s’agiter avec leurs pulvérisateurs de peinture verte et de brillance artificielle pour faire croire que les feuilles sont vertes et l’arbre en bonne santé, est dérisoire devant la réalité des faits. Les meilleurs renoncent même à espérer comme Michel Onfray qui dit « Le bateau coule, restez élégant. Mourez debout… » ou comme Charles Sannat dont je vous conseille la lecture sur www.insolentiae.com et qui écrit « Préparez-vous, il est déjà trop tard ». Personne n’analyse réellement la maladie de l’arbre à partir de ses racines malades qui donne son tronc gâté et ses branches malsaines voire pourries.

Concrètement trois racines sont malades dans notre société :

La première racine malade est la notion de richesse qui n’est plus simplement ce que le groupe juge beau et bon mais un avoir qui fait confondre la production et la richesse comme si toute production était forcément belle et bonne.

La seconde racine malade est la monnaie qui reste chez beaucoup le substitut du troc alors qu’elle n’est que l’étalon de la richesse, unanimement reconnu comme tel par le groupe parce qu’elle est stockage d’énergie humaine vécue comme belle et bonne par le groupe qui l’a émise.

La troisième racine malade est notre facilité à confondre problème et solution. Les normes sont-elles un problème ou une solution ? L’immigration est-elle un problème ou une solution ? La mécanisation est-elle un problème ou une solution ? La dette est-elle un problème ou une solution ? L’Europe est-elle un problème ou une solution ? La croissance est-elle un problème ou une solution ?

Concrètement ces trois racines malades alimentent conjointement et pourrissent ensemble un tronc complètement gâté qui remplace systématiquement le travail par la machine ou par la dette au plus grand plaisir des populations à qui l’on fait croire que le système est possible. Les populations au pluriel car la population autochtone n’est pas la seule éblouie et l’ensemble de la Terre regarde avec envie ce pays de Cocagne où il n’est pas nécessaire de travailler pour manger, être logé et être soigné. Personne ne se pose plus la question « Qui paye ? » puisque les machines et la dette cachent la réalité et montent inexorablement toutes les deux vers des sommets toujours dépassés

Concrètement la branche économique est évidemment la plus touchée par la sève qui n’est que du venin. Les entreprises fabriquent des productions avec les machines et la dette et l’on dépense beaucoup d’argent en publicité et en commerciaux pour faire croire que la production est belle et bonne et qu’il faut être un imbécile pour ne pas en avoir envie, pour ne pas voir cette beauté et cette utilité, pour ne pas voir une richesse dans cette production. La population est de moins en moins utile à la fabrication des prétendues richesses et on peut lui donner des week-ends, des vacances, des RTT, des 35 heures, des arrêts-maladie que ni les machines ni la dette ne demandent. On a même inventé un temps sans rougir le ministère du temps libre qui ne nous a même pas fait pleurer. Mais on a besoin de la population pour consommer et on se sert à nouveau de la dette pour que les productions soient toutes reconnues comme richesses en étant achetées grâce à l’emprunt. Ainsi va l’immobilier des particuliers et la mécanisation des entreprises. Mais les banques qui ont prêté de l’argent qu’elles n’avaient pas, veulent récupérer leur argent « pour détruire cette fausse monnaie » comme elles disent. Or personne ne peut rembourser puisque les Etats, les entreprises et les ménages sont tous surendettés. Le rêve de la création de richesses futures se heurte à la réalité de la montée du chacun pour soi où les particuliers imitent par la fraude les entreprises et les Etats qui veulent les ponctionner par la ruse. Mario Draghi a beau tenter de sauver les banques par son « no limit » à la planche à billet, chacun sait que le système va exploser et que les peuples devront payer la note.

Concrètement la branche éducation n’est pas mieux lotie car le seul travail qui y est admis est celui de la mémoire. Tout le reste doit être fait par les machines et par la dette avec entre autres la nouvelle coqueluche qu’est la numérisation. Non filtrée par l’expérience qui ne s’apprend pas dans les livres, la connaissance triée par le ministère donne des jeunes gens merveilleusement diplômés et totalement inaptes à être utiles. Les classes pilotes qui regroupaient les meilleurs élèves et les meilleurs professeurs pour faire l’ensemble du programme le matin et faire l’expérience de la vie l’après-midi, ont été supprimées pour élitisme. Et si on ne laissait que le matin à l’éducation nationale en la faisant récupérer son vrai nom d’instruction publique à l’école et à l’université pour donner l’après-midi au grand air à l’armée qui pourrait confronter les adolescents à des réalités simples ?

Je ne parle pas de la branche politique où des fonctionnaires qui n’ont jamais été confrontés à la vie, ne pensent concrètement qu’à plaire à l’immédiateté de l’affect du peuple en compliquant tout au lieu de tout apurer.

Concrètement ne serait-il pas plus judicieux de commencer par soigner les racines malades ? Mais là on leur en demande peut-être un peu trop.

Vœux 2016

Depuis que nous avons oublié que le vœu est une promesse faite aux dieux, les vœux sont devenus de simples souhaits de bonheur, de richesse et de santé dont les seules originalités à interpréter restent l’ordre dans lequel le votant ordonne ou élude ces trois souhaits. Ces « Je pense à vous, pensez à moi !  » ne sont-ils pas bien souvent que l’expression d’une douleur dans la constatation que les groupes se dissolvent ou, au moins, s’affadissent par absence de vrais desseins communs.

Les politiques ajoutent dans leur vœux des mots choisis, formant un message caché, travaillé et subliminal qui doit formater celui qui le reçoit. Mais plus personne ne semble savoir où nous allons si ce n’est vers un prétendu nouveau monde qu’il va falloir construire, on ne sait pas comment. Cette succession multicolore de « Bravo ! Merci ! En avant ! » cache mal le vide de la pensée d’une classe dirigeante complètement perdue et maintenant affolée donc potentiellement dangereuse.

Est-il si difficile de reconnaître que si la mondialisation de la communication  est un fait indiscutable par le téléphone, la télévision et internet, la mondialisation de la pensée comme celle de l’action n’existent pas ? La mondialisation devient une agression dès que nous parlons de valeurs universelles. Nos valeurs universelles ne le sont que dans notre univers et pas plus loin.

Est-il si difficile de comprendre qu’imposer notre pensée, bien fragile actuellement, à l’ensemble de l’humanité sous prétexte que la mondialisation serait un fait et que notre morale devrait donc être universelle, ne peut qu’entraîner des réactions violentes ? Nous avons éliminé Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi par notre morale à chemise ouverte blanche et nous récoltons Daech. Nous savions pourtant que « Qui sème le vent récolte la tempête ».

Est-il si difficile d’observer qu’une action mondialisée ne pourrait être que commerciale pour tenter, toujours davantage, de faire payer aux autres la fragilité incroyable de notre système ? La classe dirigeante, sédimentarisée dans ses erreurs qu’elle reproduit dans ses universités et maintenant dans ses grandes écoles, combat sans argument et uniquement par le mépris un soi-disant « repli sur soi » et une pseudo « volonté d’autarcie » qui n’est que respect des autres. Vouloir appliquer la Charte de La Havane unanimement signée en 1948 par l’OIC dans le cadre de l’ONU et s’obliger à avoir une balance commerciale équilibrée, c’est d’abord abandonner l’idée vaniteuse de faire payer aux autres nos propres erreurs, ce qui nous a toujours amené, dans les faits, à payer les erreurs des autres en plus des nôtres et à être systématiquement les arroseurs arrosés. C’est ensuite et surtout, la seule façon de redonner du travail aux Français en s’obligeant à fabriquer en France les 70 milliards d’euros de déficit commercial.

Certes cela montrerait aux Français que le pays de Cocagne n’existe pas, qu’il faut payer plus cher ou accepter l’esclavage quand il est suffisamment loin pour ne pas le voir. Il faudrait aussi après avoir donné du travail à chacun par l’application de la Charte de La Havane, revoir simultanément les avantages acquis et les dettes pour repartir sur des bases saines.

Mais tout cela ne peut se faire que dans la loyauté et il faut d’abord la retrouver dans notre pays. Il fut un temps où la loyauté était liée au travail, où une parole engageait et était aussi forte qu’un écrit car le risque était de se faire exclure du groupe. Le bannissement était alors pire que la mort. Le groupe se constituait à partir d’un but commun et ne supportait pas la déloyauté. Le but commun était un dessein commun, une foi commune en quelque chose, une confiance dans son vrai sens car le groupe était aussi important que l’individu et même plus important que l’individu si l’individu ne partageait pas ou plus, le but du groupe. Mais aujourd’hui nos dirigeants ont cru les faux prophètes qui fondaient tout sur des mots vides de sens, les valeurs de la république, le marché et la création de richesses futures. Ils se sont empêtrés dans des problèmes inextricables. Comme la création de richesses futures est un mythe puisqu’on ne crée pas un regard, c’est la dette qui fait encore tenir un moment le système. Mais la dette doit être remboursée et personne ne le peut. Ni l’Etat, ni les entreprises, ni les particuliers. Chacun essaie pour survivre de faire payer les autres. Il n’y a plus d’harmonie entre l’Etat, les entreprises et les particuliers. La déloyauté et la ruse se sont installées partout et l’on paye très cher la publicité pour tenter de faire croire le contraire, ce qui ne trompe personne.

Le groupe n’est plus fondé sur la raison, il est fondé sur l’émotion et un groupe fondé sur l’émotion donne le lynchage, le pogrom, Nicolas Sarkozy ou François Hollande. Il sait surtout qu’il n’a pas d’avenir, qu’il n’existe plus. Il se replie alors sur l’individualisme et le bannissement devient l’espoir de la jeunesse. Bannissement à Londres, en Syrie ou dans la mort selon les cas.

Je forme un vœu pour 2016, c’est que nous arrêtions de chercher des solutions impossibles mais que nous posions enfin le problème correctement. La force de notre peuple a toujours été de trouver des solutions aux problèmes bien posés. Sa faiblesse a toujours été de laisser la guerre bien poser les problèmes.