L’énergie monétaire

Sujet explosif tellement les positions sont tranchées et apparemment contradictoires. La monnaie est neutre, elle n’est qu’un voile, disent les uns. Elle est d’une puissance folle et elle permet tout, disent les autres. Est-il possible et crédible que chacun ait raison et tort à la fois ?

L’énergie électrique existe à n’en pas douter, chacun le vérifie chez lui tous les jours. Elle fait fonctionner à la maison une multitude d’appareils, du réfrigérateur à la télévision en passant par l’éclairage, voire même le chauffage. Et pourtant si la centrale s’arrête ou si l’alimentation est coupée, c’est la panne! L’énergie électrique n’est en fait que l’énergie utilisée par une centrale électrique qui l’a transformée pour la véhiculer. Elle est neutre en elle-même puisqu’elle ne rajoute rien. Mais qui pourtant peut dire que l’énergie électrique n’existe pas ?

C’est exactement la même chose pour la monnaie. La monnaie est simultanément, à sa création, une créance et une dette, un actif et un passif. C’est la double écriture des banques qui créent l’argent en le mettant simultanément à leur passif à disposition immédiate de leur client et à leur actif, en créance différée sur ce même client. Il n’y a évidemment aucune création d’énergie dans l’écriture simultanée d’une dette et d’une créance et pourtant personne ne peut  nier que l’argent loge, nourrit, habille, transporte, soigne et la liste est sans fin. Il y a une énergie monétaire créée par une action apparemment totalement neutre.

Cela est possible car l’action neutre de la création monétaire n’est neutre que par l’addition de deux actions inverses de même force, une dette et une créance, qui ne sont pas neutres du tout quand elles sont prises isolément. Une dette est une reconnaissance d’avoir reçu quelque chose, un bien, un service, de l’énergie qu’elle qu’en soit la forme si elle est reconnue comme positive. Une créance est le constat d’avoir fourni cette énergie.

La monnaie permet que les échanges d’énergie positive à l’intérieur d’un  groupe ne soient pas forcément simultanés. C’est le « donner-recevoir-rendre » de Marcel Mauss, si évident en famille et dans une association, si fragile sans argent quand le groupe est important et si idéologique et irrationnel quand on veut imposer le même au monde entier. La monnaie permet de stocker l’énergie d’un individu en reconnaissant la dette qu’à le groupe à son égard, en en faisant une créance transmissible à tout porteur, créance échangeable avec tout bien ou service apprécié par le groupe. La monnaie n’est pas une reconnaissance de dette, c’est un constat de créance sur le groupe qui ne peut exister que si le groupe se reconnait débiteur.

La monnaie transfère dans le temps et dans l’espace par une sorte de vecteur spatio-temporel l’énergie humaine quand elle a été reconnue comme positive par le groupe utilisateur de cette monnaie. La création de monnaie saine se fait donc par l’obtention par un individu d’une créance sur le groupe. Le groupe constate que cette personne lui apporte plus qu’elle ne reçoit de lui et il officialise cette créance en créant de la monnaie qu’il lui donne. La monnaie est une créance que le porteur détient sur le groupe qui utilise cette monnaie, ce qui la rend énergétique dans l’ensemble du groupe.

Une économie saine vient du nombre le plus important possible de personnes qui apportent plus à la collectivité qu’elles n’en reçoivent. C’est ce déséquilibre vertueux que l’État doit équilibrer par la création de monnaie qu’il distribue à ses créanciers sans jamais être un État providence.

Dans une société vivante, les individus contribuent à l’édification et au fonctionnement de la société, soit seuls soit en se regroupant pour être plus efficaces. Naissent ainsi les artisans, les entreprises et les services qui les aident à produire en les soignant, en les défendant, en donnant un sens tant au groupe qu’à l’action de chacun. Une gestion saine de l’énergie monétaire par l’État permet d’équilibrer la production et la consommation, en laissant toute leur place aux seules questions difficiles, la raison d’être du groupe et la raison d’être de chacun de ses membres.

Une société meurt brutalement par la guerre ou insidieusement quand les commentateurs deviennent plus nombreux que les acteurs et que l’on interdit, d’abord par la manipulation médiatique puis par la loi, de regarder la vérité en face.

Là s’arrête la réflexion et commence la simple observation des dérives, toutes fondées sur la survalorisation du groupe ou sur la survalorisation de l’individu, toutes deux vantées par des gens qui se survalorisent eux-mêmes.

Le XXe siècle a éradiqué deux dérives totalitaires qui mettaient le groupe au-dessus de tout et qui n’avaient pas de respect pour ceux qui ne rentraient pas dans leur idéologie. Cette dérive nous menace encore aujourd’hui chez ceux qui, pour construire leur Union européenne ou leur gouvernance mondiale, ont un total mépris pour l’opinion des peuples, pour leur existence même, et voudraient les faire voter et revoter jusqu’à ce qu’ils votent à la convenance de leur idéologie prétendument universelle, fut-elle difficilement défendable si on respecte vraiment les individus, et dans leur diversité, et dans leur similitude.

Mais cette dérive idéologique ne doit pas cacher l’autre dérive inverse qui survalorise l’individu au détriment de la collectivité sans voir que seul l’État peut détenir la violence légitime (armée, justice, police) et l’émission de la monnaie, constat de l’énergie de son peuple. Cette dérive, en laissant aux banques privées l’émission de la monnaie, fait perdre à la monnaie son rôle régulateur qui est de plus en plus laissé à la violence sans que notre prétendue élite autoproclamée ne se rende même compte qu’elle ridiculise son armée, sa justice et sa police qui doivent se singulariser pour exister et se féminiser pour être dans le vent. Le matraquage de la violence faite aux femmes n’est-il pas là pour faire oublier que l’on confie de plus en plus aux femmes la violence légitime avec un succès à vérifier ?

La société de l’apparence dans laquelle nous vivons aujourd’hui et que nous fabrique la classe politico-médiatique, voit apparemment s’affronter ces deux dérives pour ne pas voir qu’en fait elles s’additionnent.

Ces deux dérives se sont habillées de fausses querelles pour se donner une impression de sérieux: divergence droite-gauche, discorde socialistes-libéraux, opposition nationalistes-mondialistes. Cela occupe l’affect et endort la raison. Nous ne voyons même plus qu’au lieu d’additionner chaque fois les qualités de ces deux parties de nous-mêmes que sont le mouvement et l’harmonie, nous en additionnons les défauts qui sont le désordre et l’immobilisme, deux prémices du chaos.

Tant que nous ne retrouverons pas l’évidence que la vie matérielle n’est que transformation et échange dans un donner-recevoir-rendre harmonieux, tant que nous croirons à la création et au partage des richesses, tant que nous croirons possible de libérer une énergie qui n’a pas été préalablement enfermée et que le crédit peut être sur richesses futures alors qu’il ne peut être que sur gage comme il a toujours été ou sur l’aval collectif que seul l’État peut donner, tant que nous croirons pouvoir utiliser aujourd’hui l’électricité que la centrale produira demain, tant que l’énergie monétaire ne sera ni comprise ni gérée, nous resterons par notre passivité, complices de ce qui nous arrive.

 

Renvoyer dos à dos libéraux et socialistes

Depuis deux siècles, libéraux et socialistes s’affrontent pour le résultat que nous connaissons. Ils ne manquent d’intelligence et de subtilité ni d’un côté ni de l’autre et pourtant, ils n’arrêtent pas de se refiler la patate chaude après avoir vérifié douloureusement qu’ils n’arrivaient pas à appliquer leurs théories. Les libéraux l’expliquent par un manque de libéralisme pendant que les socialistes l’expliquent par un manque de socialisme. Ne serait-il pas temps de comprendre pourquoi leurs théories sont fausses toutes les deux ?

Comme Emmanuel Macron l’a fort bien expliqué à son parterre de jardin d’enfants, les libéraux sont vigilants sur la liberté et les socialistes sont les messagers de l’égalité. Comment ne pas les approuver tous les deux dans une Europe de racine chrétienne où vigilants et messagers sont les caractéristiques des anges. Ne serait-ce pas manquer de fraternité que de reprocher aux uns de vanter la liberté et aux autres de promouvoir l’égalité ? Ils ont sur ce point tous absolument raison et leur querelle est byzantine puisqu’ils ont raison tous les deux.

Mais la difficulté c’est qu’ils ont aussi tort tous les deux en stigmatisant ceux qui dilapident ou accaparent une richesse qui n’est produite que dans leurs têtes.

Chez les libéraux on va avoir des raisonnements débouchant sur l’obésité d’un État qui dilapide la richesse soi-disant produite.

Exemple de pensée libérale, ce twit reproduit sur Contrepoints :

Quand @briceculturier montre l’absurdité de l’intox que Polony répète en boucle sur notre soi-disant modèle « néo-libéral » en la confrontant à la réalité des faits: « on ne peut pas être libéral quand l’Etat dépense 57% de la richesse produite dans un pays ».

18:29 – 1 sept. 2018

Les libéraux construisent leurs raisonnements  sur leur illusion que de la richesse est créée. Ils en oublient que dans le beau mot de libre-échange il y a échange qui est antinomique avec la concurrence. Entre nations le libre-échange ne peut être que du troc. Et à l’intérieur de la nation le libre échange est le donner-recevoir-rendre que nous avons complètement perdu depuis que la monnaie l’a substitué  Le résultat de cet aveuglement ne peut être que boiteux. Les libéraux transforment un fait (l’État dépense 57 % de la dépense générale) en  une ânerie (l’État dépense 57% de la richesse produite). Leur démarche, intéressante dans sa logique très bien exprimée par Bastiat, ne débouche que sur de la  logorrhée par absence de fondations.

Chez les socialistes on va avoir un discours moralisateur se scandalisant de la richesse possédée. Cet extrait du discours de Bastien Lachaud à l’Assemblée Nationale pour la France Insoumise est révélateur.

Et c’est le bon jour pour parler des riches ! Le magazine Challenges publie aujourd’hui même son classement annuel des fortunes. Le patrimoine des 500 premières fortunes françaises s’approche de 650 milliards d’euros, soit 30 % du PIB de la France, un pognon de dingue comme diraient certains. Depuis 2008, la fortune des plus riches a triplé et augmenté bien plus que la production nationale, qui n’a crû que de 12 %.

Les socialistes appuient leurs raisonnements généreux sur leur illusion que la richesse existe objectivement alors que ce n’est qu’un regard. Entendre Mélenchon dire que la France n’a jamais été aussi riche fait évidemment craindre toutes les conséquences aberrantes qu’il peut tirer de cette erreur de jugement. La logorrhée socialiste larmoyante qui en découle peut être illustrée par le « sociologue et philosophe » Geoffroy de Lagasnerie, bel exemple du jeune universitaire contemporain qui « réinvente la culture » d’après le magazine Les Inrockuptibles. Il a donné une interview écrite au Nouveau Magazine Littéraire le 3 octobre 2018 en différenciant inconsciemment autant les noirs et les Noirs que les femmes et les handicapés et en mettant les gays au premier rang :

Si vous construisez un mouvement politique en invoquant le concept de « citoyen », vous attirez toujours ceux qui se pensent comme universels – la classe moyenne blanche. Les gays, les femmes, les noirs, les musulmans, les Noirs, les juifs, les handicapés, etc. se subjectivent dans leur singularité, en regard des oppressions qu’ils subissent et la gauche doit s’articuler à cette multiplicité. Mais cela demande en effet de casser tout fantasme d’une cohérence… 

Les discours fumeux qui fleurissent de toutes part ne sont rendus possibles que par le rêve d’une corne d’abondance déversant en continu de la richesse. C’est comme cela que la plupart des gens voient le PIB comme une production alors qu’il faut qu’elle soit vendue pour que la production contribue au PIB. Trop peu de gens acceptent de voir le PIB comme la dépense globale annuelle d’un groupe donné sur un espace donné. Il est présenté selon l’humeur du moment comme une richesse produite, fantasme des libéraux qui peuvent tout construire sur la concurrence et l’innovation ou comme une richesse possédée, fantasme des socialistes qui peuvent tout construire sur une morale réprobatrice de non redistribution. Les médias qui se veulent de plus en plus socialistes depuis qu’ils appartiennent tous à des libéraux, en remettent des couches comme entendu sur Europe 1 :

Selon le nouveau mode de calcul de l’Insee, la dette publique de la France a dépassé le total de la richesse nationale au deuxième trimestre 2017, atteignant 100,9% du produit intérieur brut (PIB), avant de commencer à décroître à 99,8% au 3trimestre 2017, puis à 98,5% au 4e.

Ou lu comme titre dans le Figaro du 29 septembre :

La dette française frôle les 100% de la richesse nationale

Et Désintox fait de l’intox ;

27 janvier 2018 dans #Desintox

Un nouveau rapport de l’ONG Oxfam « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent », pointe le niveau délirant et néfaste atteint par les inégalités dans le monde. 2017 fut une fois de plus l’année de tous les records. Le 1% des plus riches au niveau mondial se sont accaparés 82% des richesses produites. Les 2043 milliardaires ont vu leur fortune s’accroître de 762 milliards de dollars. Soit 7 fois le montant nécessaire à l’élimination de l’extrême pauvreté dans le monde.

Comme personne ne comprend, cela a au moins l’avantage de dissimuler la vérité dans tous les cas. Cette dissimulation vient-elle d’une incompétence ou d’une manipulation ? La question reste ouverte.

Tout est fondé partout et tout le temps sur le sort de la richesse produite alors que l’on ne parle que de la dépense effectuée. On martèle les esprits pour leur faire croire que la croissance économique est une augmentation de richesse alors que ce n’est que l’augmentation des dépenses qui serait  en effet preuve de prospérité si ce n’était pas avec de la fausse monnaie créée par la machine bancaire qu’il faut rembourser.

La réalité est bien plus grave que ce que disent les socialistes. Les fortunes que se constituent le clergé du système, libéraux et socialistes confondus, se constituent de deux parties : une partie complètement farfelue qui est le regard qu’ils portent eux-mêmes sur la valeur de leurs actions en bourse et qui explose les plafonds. Cette partie relève du plaisir solitaire mais crée à tort des envieux. Les bourses sont comme l’immobilier et les œuvres d’art, des éponges à monnaie qui enrichissent tous ceux qui font monter les cours en faisant tout perdre a celui qui a le mistigri en sa possession le jour du krach. Mais il y a malheureusement une autre partie qui est un enrichissement bien réel payé par l’appauvrissement du peuple au travers de la montée des prix venant de la dépréciation énergétique de la monnaie étant donnée la masse de fausse monnaie avec laquelle on la mélange.

La réalité est aussi bien plus grave que ce que disent les libéraux. Si l’État dépense en effet à tout va pour que personne ne prenne conscience de l’impasse dans laquelle nous sommes, il ne peut le faire qu’en augmentant systématiquement ses deux seules sources d’argent, l’impôt qui appauvrit directement le peuple et l’emprunt de fausse monnaie aux banques qui dévalorise la monnaie et fait payer indirectement le peuple par la hausse des prix.

Le fantasme de la transformation de la dépense effectuée en richesse produite ou possédée, aussi bien chez les libéraux que chez les socialistes, fait que les discussions économiques ne sont quasiment toujours que pugilats ou logorrhées et que les braves gens pensent souvent qu’ils ne sont pas assez intelligents pour comprendre. Qu’ils se rassurent en lisant Molière qui a déjà étudié chez les médecins de son époque, la dérive psychiatrique collective qui affecte aujourd’hui les économistes de notre époque. « Et voilà pourquoi votre fille est muette » est devenu « Et voilà pourquoi il faut faire des réformes ».

C’est soit la faute de l’État pour les libéraux qui ne rechignent pourtant jamais à être ses représentants, soit la faute des riches pour les socialistes qui n’ont aucun scrupule à le devenir eux-mêmes discrètement. Personne n’envisage que la production de richesse soit un mythe soigneusement entretenu par la fausse monnaie créée par les banques. Accuser quelqu’un de la disparition de quelque chose qui n’existe pas, relève d’une malhonnêteté intellectuelle qui peut même être inconsciente. Et quand la malhonnêteté intellectuelle est inconsciente, cela s’appelle de la bêtise.

Cette inconscience est d’autant plus l’apanage des Politiques qu’elle est très largement partagée dans la population qui n’a pas très envie d’accueillir la vérité, à savoir que pour s’enrichir il faut en appauvrir d’autres. Ce serait tellement agréable si l’on pouvait juste avoir une part de ce gâteau que l’on ne veut pas voir imaginaire et qui se fabriquerait, nous dit-on, tout seul sous nos yeux.

Et pourtant !

Combien de fois faudra-t-il répéter qu’une production ne devient richesse que si un acheteur vient s’appauvrir en monnaie pour l’acquérir. On peut stocker la production en espérant qu’un acheteur viendra la transformer en richesse. On peut jeter l’éponge en reconnaissant que l’on n’a fabriqué que des déchets comme le boulanger le fait de son pain invendu en le donnant aux oiseaux ou à la poubelle. Il n’y a pas de cas de figure où le producteur produit une richesse sans qu’un acheteur ne se soit appauvri en monnaie de la valeur de cette richesse.

Certains objecteront qu’un individu qui se construit une cabane, une maison, un igloo ou un sifflet, crée une richesse. C’est vrai. C’est aussi vrai que l’enfant qui se fait un dessin se crée une richesse. Mais ces richesses ne sont que les leurs et elles ne deviendront des richesses reconnues par le groupe et ne rentreront dans l’économie que si quelqu’un s’appauvrit en les achetant. Sans cela la maison deviendra ruine et le dessin comme le sifflet sera délaissé puis abandonné. La richesse aura fait long feu.

La vraie richesse reconnue par le groupe est celle échangée avec de la monnaie. Si elle n’est qu’échangeable, elle n’est qu’espoir de richesse comme l’est le matin, le pain du boulanger. Le soir sa production aura été richesse si échangée contre de l’argent, ou elle sera déchet. Le bon boulanger prévoit ses ventes, ne fait pas plus de pains qu’il ne sait pouvoir en vendre et à une certaine heure, il n’en a plus. Mais le bon boulanger n’a pas une machine qui sort en continu des pains qu’il va falloir vendre par n’importe quel moyen pour pouvoir rembourser à la banque la fausse monnaie qu’elle a avancé pour acheter la machine et qu’elle doit détruire. Smith et Ricardo n’avait jamais imaginé que nous tomberions si bas.

Combien de fois faudra-t-il en effet répéter que la monnaie est un véhicule d’énergie humaine et que les seuls capables de créer de la bonne monnaie, sont les chômeurs si la collectivité sait les rendre utiles, reconnaître et payer leur utilité en créant la monnaie nécessaire. Mais pour cela il faut que les banques arrêtent de produire de la fausse monnaie et que l’État ne plombe pas par des charges sociales ahurissantes le démarrage d’une économie saine où chacun apporte ce qu’il est capable d’apporter. Il faut aussi que chacun reconnaisse que le pays de Cocagne où l’on se régale sans travailler n’existe pas et que nous devons tous retrouver un équilibre perdu entre travail et satisfaction de nos désirs. Retrouver la cohérence est le but et reconnaître l’incohérence actuelle, le passage obligé.

Mais une fois de plus se vérifie la phrase de Schopenhauer : « Toute vérité franchit trois étapes. D’abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant été une évidence. »

Nous en sommes à la première étape et, pour pouvoir ridiculiser la vérité en ne la regardant surtout pas, le monde politico-médiatique s’invente de fausses querelles qui occupent l’espace et le temps. Après avoir quasiment épuisé la querelle droite-gauche, après avoir tenté de distraire le peuple avec la querelle socialistes-libéraux, il crée une nouvelle fausse querelle sur le choix du ring, de l’arène, de l’espace de combat. On se cherche et on se positionne entre souverainistes, régionalistes, européanistes et mondialistes sans jamais s’interroger sur le problème à résoudre quel qu’en soit le lieu. Il vaut mieux se dire en marche que de chercher qui a été appauvri, au bout d’une longue chaîne, des millions d’euros reçus par un énarque à la banque Rothschild. Ne serait-il pas temps de s’occuper du seul vrai problème : une production n’est richesse que si on l’échange contre du bon argent. Et l’argent n’est bon que si son énergie provient réellement de l’énergie humaine. Créer une fausse monnaie pour faire croire que toute production est richesse ne marche dans aucun espace. C’est pourtant ce que fait actuellement, en se suicidant, la Terre entière par la montée de l’emprunt d’une monnaie créée sans aucun fondement par les banques. Le réveil est inéluctable. Se fera-t-il par l’émergence d’une intelligence collective ou par la violence ? L’avenir nous le dira et il nous appartient. Et c’est l’espace du « nous » qu’il faut définir. La nation semble être l’espace qu’il sera sans doute le moins difficile à rendre à nouveau cohérent. Et quand elle aura retrouvé sa cohérence, elle fera du troc avec la Terre entière dans un libre-échange qui méritera enfin son nom.

 

La fausse monnaie a remplacé l’homme comme pivot de l’économie

Du silex taillé à l’intelligence artificielle, l’homme a toujours tenté d’accroître l’efficacité de son énergie. Il l’a d’abord fait par l’outil qui affine son énergie en la rendant plus précise, puis par la machine qui utilise une énergie externe pour remplacer l’énergie humaine.

La première machine a été la roue qui, encore outil dans la brouette ou la charrette à bras, était déjà machine dans le chariot à traction animale. L’intérêt indiscutable de la machine est de libérer l’homme pour qu’il puisse utiliser autrement et mieux sa propre énergie, ce qui fut fait partout dans le monde pendant des siècles, voire des millénaires.

Les premières machines utilisant une énergie ne nécessitant pas de repos furent le voilier sur mer et le moulin sur terre, qu’il soit à eau ou à vent. Ces machines étaient toutes construites par l’homme avec ses outils, et un équilibre s’est naturellement installé entre le travail nécessaire et les besoins existants, le travail freinant les besoins, les besoins stimulant le travail.

Depuis que la monnaie a remplacé le donner-recevoir-rendre que l’on connait encore dans la famille et qui n’a rien à voir avec le troc, la chaîne travail-production-vente a toujours été harmonisée par la chaîne travail-monnaie-achat, toutes deux plaçant l’homme, son travail et ses désirs au centre du dispositif économique.

Les arrivées successives de la machine à vapeur, du moteur à explosion et du moteur électrique voire électronique, ont augmenté l’efficacité des machines mais le malheur a voulu que dans le même temps, on nous fasse oublier l’origine humaine de l’énergie monétaire. La société a très curieusement confié aux entreprises la gestion des deux engrenages qui pour ne pas se bloquer tournent forcément en sens inverses. Les chaînes complémentaires travail-production-vente et travail-monnaie-achat ne peuvent s’harmoniser que dans un système global cohérent que ne peuvent maîtriser isolément les entreprises et qui relève du monde politique et de l’intérêt général. Les entreprises ont cédé petit à petit pour survivre dans un monde de concurrence à la facilité de remplacer l’énergie humaine par l’énergie monétaire qui n’en est que le substitut. Elles ont fait évoluer la chaîne travail-production-vente qui démarre par l’homme, vers la chaîne machine-production-vente qui part d’une machine achetée. Cela n’a pas posé de problème au début, tant que l’argent n’était pas déconnecté de l’homme. Malheureusement cette déconnexion s’est faite par à-coups au XXe siècle. Les entreprises ont aussi affaibli la chaîne travail-monnaie-achat en conflit d’intérêt avec leurs actionnaires qui tenaient à vendre le produit des machines dans un monde devenu compétitif car chacun se voulait riche en produisant beaucoup. Pour survivre les entreprises ont initié une immigration peu coûteuse et laissé à la collectivité le soin qui leur avait pourtant été aussi confié, de gérer la chaîne travail-monnaie-achat, de fournir la monnaie nécessaire aux achats sans lesquels il n’y a pas de ventes et donc pas de PIB.

Le XXe siècle a été, par le biais du capitalisme, le siècle des triomphes de l’apparence et de la double démesure. Apparence de la mort du travail et de la spiritualité, démesure de la fabrication d’objets par les machines et démesure de la fabrication de fausse monnaie par les banques qui ne s’en expliquent que par l’excuse affligeante qu’elles détruisent cette fausse monnaie dès qu’on la leur a rendue avec intérêts. Les machines produisent et les banques fabriquent la monnaie qui va donner l’illusion que ces productions sont des richesses. Nous ne vivons plus le double circuit naturellement équilibré, et se nourrissant mutuellement l’un l’autre, du travail-production-vente et du travail-monnaie-achat où l’homme et son travail étaient les pivots de l’économie. Nous devenons simples spectateurs du double circuit incohérent qui fabrique péniblement du PIB, le circuit machine-production-vente et le circuit banques-monnaie-achat. L’homme n’est plus bon qu’à consommer et à s’appauvrir pour rembourser les emprunts. Il doit en outre apprendre à bien voter pour confirmer sa complicité avec l’incohérence proposée et son approbation à l’enrichissement du clergé du système. On s’étonne de son hésitation et de la montée de l’abstention !

Tournent à plein dans les banques, les machines à créer la dette et tournent à plein dans les médias et dans les universités, les machines à formater les individus en leur faisant croire que les richesses futures rembourseront tout. La seule différence est que les médias le font sans gêne alors que les universités le font un peu gênées.

On a vu au XXe siècle la fausse monnaie fabriquée par les banques, remplacer la monnaie saine stockant réellement de l’énergie humaine et construire un nombre incalculable de machines pour produire tout et n’importe quoi. Le travail de l’homme n’était, parait-il, plus indispensable, ce qui a ravi les démagogues qui ont simplement oublié de se demander avec quoi les hommes, fussent-ils étrangers, allaient acheter ce que les machines produisaient. On n’avait plus besoin de travailleurs mais il fallait des consommateurs pour acheter car les banques tenaient à être remboursées pour pouvoir détruire la fausse monnaie qu’elles avaient créée pour fabriquer les machines.

Les inepties inventées pour faire croire à la génération spontanée d’argent pour pouvoir le dépenser à faire du PIB, montrent la fertilité de l’esprit humain.

On a investi les esprits en faisant croire qu’un investissement qui est une dépense, permettait de créer des richesses futures, sans appauvrir personne. Les banques ont voulu dépasser Aristote qui avait « vainement cherché sur une pièce de monnaie ses organes reproducteurs ». Elles affirment les avoir trouvés en donnant au verbe investir le sens de planter de l’argent et attendre la récolte.

On a appelé Production Intérieure Brute (PIB) la somme de toutes nos dépenses annuelles publiques (57%) et privées (43%), dépenses confondues de consommation et d’investissement en laissant aux médias et aux universités le soin de nous faire croire que la dépense était une création de richesse à nous partager. Bienheureux d’ailleurs qui nous dira si les dépenses faites par des associations subventionnées sont une dépense publique ou privée. L’important est de dépenser et de faire du PIB.

On a inventé à grand frais la publicité pour  faire croire que tout ce que les machines produisaient en continu étaient des richesses et qu’il est intelligent de le reconnaître en s’appauvrissant pour les acheter.

On a inventé le chômage rémunéré puisque les machines n’étaient plus là pour libérer l’homme et lui permettre d’être utile autrement, mais pour le remplacer. On déshabille Pierre pour habiller Paul mais il y a de moins en moins de Pierre à déshabiller et de plus en plus de Paul que l’on habille de guenilles au lieu de reconnaître leur utilité tels qu’ils sont.

On a inventé les marchés à conquérir sur toute la Terre sans jamais se préoccuper de la réalité et de l’origine de l’argent que posséderaient ces nouveaux acheteurs tout en prétendant faire de la macro-économie.

On a inventé les produits qui n’existent pas encore, les métiers qui n’existent pas encore, les solutions qui n’existent pas encore… mais qui vont bien sûr tout résoudre dans une nouvelle harmonie sans doute apportée par les cigognes ou trouvée dans les choux.

On a donné un nouveau sens à la compétition qui n’était qu’une pétition commune, pour devenir le désir de la mort de l’autre avant la sienne en oubliant la coopération et le vrai vivre ensemble.

On a changé le sens du mot inflation qui était l’enflure de la création de la fausse monnaie pour devenir la hausse des prix qui ne vient que de la nullité énergétique de la fausse monnaie qui abaisse la capacité énergétique de la vraie monnaie avec laquelle on la confond.

On a inventé les subventions, le RSA, le revenu universel voire la monnaie hélicoptère pour donner à tous de la fausse monnaie pour pouvoir acheter beaucoup trop cher les fabrications en continu des machines. Tout ça sous prétexte d’une prétendue redistribution d’une manne inexistante que les banques anticipent par leur distribution de fausse monnaie.

On a créé les partis politiques qui sous couvert de démocratie « font de la politique », c’est-à-dire qu’ayant compris qu’il fallait choisir entre plaire et conduire, ils ont choisi de plaire et ont renoncé à comprendre et à réagir car cela contrarierait leurs électeurs.

Mais le pompon nous arrive maintenant avec la fuite en avant, éternelle solution si souvent utilisée par toutes les idéologies. L’Union européenne ne marche pas, c’est parce qu’il faut plus d’union. Le socialisme ne marche pas, c’est parce qu’il faut plus de socialisme. Le libéralisme ne marche pas, c’est parce qu’il faut plus de libéralisme. Le capitalisme ne marche pas, c’est parce qu’il faut plus de capitalisme. Le mondialisme ne marche pas, c’est parce qu’il faut plus de mondialisme. Et donc si les machines et la fausse monnaie des banques ne résolvent rien c’est qu’il faut plus de machines et plus de fausse monnaie.

Comme l’argent ne coûte prétendument plus rien (ce qui au passage va faire exploser les banques et les assurances) et comme les machines produisent grâce à des « investissements » qui seront récupérés sur les « richesses futures », nous avons décidé en gaspillant les ressources de l’ensemble de la Terre, que nous construirions une chose bien plus réussie que l’homme, cet animal qui se construit presque tout seul en 9 mois par un simple moment de plaisir, qui est alimenté par n’importe quoi, qui s’auto-répare pour la majorité des incidents et qui s’auto-régule en tout tant qu’il fonctionne correctement et ce, pendant des décennies. Nous construirons des robots qui meurent sans faire d’histoire et nous allons marier l’homme et le robot grâce à l’intelligence artificielle et au transhumanisme pour que la mort soit vaincue. Tout est possible puisque les machines et la fausse monnaie des banques vont s’occuper de tout ! L’homme n’aura qu’à s’appauvrir pour payer tout ça !

Et si nous retrouvions la cohérence, de la famille, de la tribu, de l’oïkos grecque, de la domus latine, de ces villages gaulois qu’Emmanuel Macron est si triste de trouver très heureusement réfractaires à sa fuite en avant ? Et si nous nous interrogions enfin sur l’utilisation intelligente de nos compatriotes à partir de ce qu’ils savent déjà faire et non à partir de ce qu’ils devraient savoir pour faire tourner un système impossible que rigoureusement personne ne défend globalement ? Et si nous envisagions de confier la chaîne travail-argent-achat à une économie mixte qui ne soit ni purement l’État comme dans le communisme, ni purement le privé comme dans le capitalisme ? Une économie qui stimule la liberté d’entreprendre tout en veillant à ce que la coopération domine toujours la compétition. Et si nous nous nous rebellions contre le formatage des esprits qui coûte si cher en argent et en temps dans les médias, dans les universités et dans les campagnes électorales ? Et si la prochaine révolution était enfin celle des esprits ? Elle pourrait germer dans les universités, dans les médias ou même dans les partis politiques puisque Pandore nous a appris en ouvrant sa boite que l’espérance ne s’éteignait jamais.