La monnaie ? Un fait social total

Une idéologie est une construction de bon sens fondée sur une analyse fausse. Le problème de toute idéologie est qu’elle est toujours séduisante car le bon sens est séduisant, et pourtant toujours fausse par l’erreur de l’analyse de départ. Les deux mondes politique et médiatique ont besoin de séduire pour faire du nombre, qui pour les élections, qui pour les annonceurs. Ils sont très attirés par les idéologies parce qu’elles sont toutes tentantes. Ils évitent tous les deux de travailler l’analyse de départ et ils construisent des colosses aux pieds d’argile qui ne peuvent que s’effondrer. La monnaie en est sans doute l’exemple le plus ravageur.

Pierre Gueneau dans son livre Macroéconomie écrit : « Monsieur Reinesch, le président de la Banque centrale du Luxembourg, un très grand expert en économie dont la culture est impressionnante, m’a confié un jour qu’ayant reçu un prix Nobel d’économie, celui-ci lui avait avoué humblement qu’il ne savait pas ce qu’était la monnaie ». Cet aveu, apparemment surprenant, éclaire le problème fondamental de la monnaie qui est qu’elle n’a jamais été définie. Certains disent que c’est une marchandise, d’autres un symbole ou une énergie, d’autres encore une institution. Aristote en a donné trois utilités, intermédiaire d’échanges, unité de compte et réserve de valeur, mais définit-on un train et une voiture par leurs trois utilités de moyen de transport, de protecteur d’intempéries et de montreur de paysages ? Pour définir quelque chose, il faut commencer par en comprendre l’origine, comprendre le sens de son apparition, le pourquoi de son arrivée, le moment de sa naissance. Or le sens qu’on lui donne actuellement est idéologique. Il est prétendu et toujours enseigné aujourd’hui que la monnaie a été inventée pour remplacer le troc qui était devenu trop compliqué. Cette affirmation est tellement fausse que personne ne tente de l’expliquer ni même de l’étudier. Elle est assénée avec obligation de la répéter si l’on veut obtenir son diplôme. Aucun ethnologue ni aucun archéologue n’a pourtant jamais trouvé trace d’une économie de troc. Le troc, échange ponctuel et simultané de marchandises ayant la même valeur aux yeux des deux parties, peut exister entre individus. Il existe aussi entre groupes qui ne se connaissent pas mais jamais aucun groupe de personnes qui se connaissent n’ont eu entre eux une économie quotidienne de troc totalement irréaliste. La monnaie n’a donc pas remplacé le troc. Alors pourquoi a-t-on créé la monnaie ? Quel est le problème que l’apparition de la monnaie a voulu résoudre ? Depuis que l’erreur de la monnaie remplaçant le troc est quasiment publique, la curiosité naturelle cherche le problème tellement dérangeant qu’il a fallu pour s’en débarrasser, inventer la monnaie dont on n’avait pas ressenti le besoin auparavant. Pierre Gueneau, toujours dans le même livre, émet une hypothèse. Le problème insoluble aurait été la juste répartition de la production des chasseurs cueilleurs. Un « vieux sage » représentant à la fois le pouvoir et l’intelligence, aurait décidé de ne plus compter sur ses doigts, ce qui force à une mémorisation compliquée, mais sur des bûchettes ocrées qu’il aurait confectionnées et qui auraient été les ancêtres de la monnaie.

Une autre hypothèse parait plus probable. Elle part de l’observation du fonctionnement d’un groupe humain que l’anthropologue et professeur au Collège de France Marcel Mauss  a analysé en 1925 dans son livre Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques. Il observe que tout y est échange non simultané contrairement au troc. Il a parfaitement expliqué que le don entraînait ce qu’il appelait le contre-don et que le « donner-recevoir-rendre » était au service du lien social et qu’il le nourrissait. Mauss a développé que le don et le contre-don étaient ce qu’il a appelé un « fait social total » à dimensions culturelle, économique, sociale, religieuse, symbolique et juridique et qu’il ne pouvait être réduit à l’une ou à l’autre de ses dimensions. On retrouve ce fait social total dans la famille où l’autorité parentale veille à ce que chaque membre de la famille apporte bien sa pierre à ce qui devient en effet un véritable édifice.

Et c’est là sans doute que le problème s’est posé absolument partout. Quand le groupe est devenu important, l’autorité du groupe n’a plus été capable de vérifier que chacun avait bien compris que le don entraînait le contre-don et qu’il fallait savoir rendre quand on avait reçu. C’est l’arrivée discrète mais inéluctable de profiteurs et de tire-au-flanc qui a probablement dû rendre obligatoire la simultanéité du don et du contre-don, ce qui a entraîné partout l’invention de la monnaie. Si cette hypothèse est exacte, l’origine de la monnaie serait l’invention de la contrepartie simultanée. L’apport de chacun n’aurait plus été inscrit dans les mémoires mais matérialisé en monnaie.  Ce ne serait pas le remplacement du troc mais au contraire son introduction concrète par la monnaie. Quelles que soient les hypothèses, il semble bien que ce soit la limite de la mémoire humaine qui ait poussé partout à la création de la monnaie.

Mais si c’est l’hypothèse de la contrepartie simultanée qui est la bonne, elle est bouleversante car si la monnaie remplace le don et le contre-don, elle est, en suivant Mauss, un fait social total à dimensions culturelle, économique, sociale, religieuse, symbolique et juridique et elle ne peut être réduite à l’une ou à l’autre de ses dimensions. Nous pouvons observer que la monnaie rentre bien dans toutes les cases qui définissent pour Mauss le fait social total.

  • La monnaie est culturelle car elle dépend de la culture du lieu et du moment. Elle a été en or, en argent, en cuivre, en blé, en sel, en bétail ou en plume d’oiseau rare.
  • La monnaie est économique car elle a été, toujours et partout, une richesse en soi qui ne s’obtient que par un effort préalable à sa possession. En posséder est une reconnaissance de la qualité de l’effort fait.
  • La monnaie est sociale car elle lie ceux qui l’utilisent et qui y voient même par sa possession leur reconnaissance sociale.
  • La monnaie est religieuse car on la recherche et on l’aime pour sa puissance sans bien la comprendre.
  • La monnaie est symbolique car elle est le symbole et le véhicule de l’énergie qu’il a fallu dépenser pour l’obtenir.
  • La monnaie est juridique car la copier ou la contrefaire est lourdement sanctionné.

La monnaie est tout cela et donc, plus que probablement, le fait social total tel que décrit par Mauss. Et si la monnaie est un fait social total, les conséquences en sont multiples et concrètes, la première étant que l’économie n’est pas dissociable des autres aspects de la vie sociale et n’est donc pas mathématisable.

Etant culturelle, la monnaie ne peut être unique que dans une culture unique

Etant économique, la monnaie est une richesse qui ne peut l’être que par l’énergie humaine et le temps qu’il a fallu dépenser pour l’obtenir. Sa quantité est pour cela limitée.

Etant sociale, c’est l’énergie et le temps de la société qui l’ont créée et son prélèvement par le pouvoir peut être considéré comme le premier impôt, d’abord prélevé puis redistribué suivant les apports de chacun.

Etant religieuse, y toucher sans précaution et sans réflexion est malvenu, voire dangereux.

Etant symbolique, il est important de savoir ce qu’elle représente et ce que l’on respecte inconsciemment au travers d’elle. Ne serait-ce pas le travail ?

Etant juridique, les Politiques qui font les lois, doivent la comprendre avant de la réguler.

Nous pouvons donc tenter une première définition de la monnaie.

La monnaie est une richesse prélevée sur le peuple et transformée par le pouvoir en un « fait social total » qui construit une société comme le don et le contre-don construise une famille.

Elle est donc accessoirement en effet à la fois une marchandise, une énergie, un symbole et une institution qui facilite les échanges. Elle est aussi une unité de compte et une réserve de valeur. On peut rajouter un lien social et une icône. Nous verrons dans un prochain article ce que les Politiques en ont fait au XXe siècle en dissociant l’économie des autres aspects de la vie sociale au risque d’ébranler l’ensemble de l’édifice et de disperser leur énergie à tenter par différents moyens théoriques et idéologiques de l’empêcher de tomber.

Quand arrêtera-t-on de nous prendre pour des c… en nous faisant croire que le PIB chiffre la création de richesse ?

Le PIB, contrairement à son apparence, ne chiffre pas une production mais l’activité économique d’un pays en chiffrant les échanges entre de l’argent d’un côté et des biens et des services en nature de l’autre. Au départ cela donnait effectivement une idée de la richesse d’un pays en chiffrant, par l’argent dépensé, tous les achats. Si l’achat est consommé on le classera dans la consommation. S’il est conservé on le classera dans les investissements curieusement appelés FBCF (Formation brute de capital fixe) sans doute pour que chacun puisse se dire nul en économie et faire aveuglément confiance.

L’INSEE calcule le PIB de trois façons. En chiffrant au prix des ventes passées, les marchandises et les services vendus et non revendus pour ne pas les compter deux fois, en chiffrant l’argent dépensé pour les acheter, et en chiffrant l’origine de l’argent dépensé. Cela donne en effet trois façons de chiffrer la même chose.

Recopions la définition du PIB telle que l’INSEE la publie depuis le 21 janvier 2021 :

Le produit intérieur brut au prix du marché vise à mesurer la richesse créée par tous les agents, privés et publics, sur un territoire national pendant une période donnée. Agrégat clé de la comptabilité nationale, il représente le résultat final de l’activité de production des unités productrices résidentes.

Le PIB au prix du marché peut être mesuré de trois façons :

  • selon l’optique de la production, en faisant la somme des valeurs ajoutées de toutes les activités de production de biens et de services en y ajoutant les impôts moins les subventions sur les produits ;
  • selon l’optique des dépenses, en faisant la somme de toutes les dépenses finale (consacrées à la consommation ou à l’accroissement de la richesse) en y ajoutant les exportations moins les importations de biens et services ;
  • selon l’optique du revenu, en faisant la somme de tous les revenus obtenus dans le processus de production de biens et de services (revenus salariaux, excédent brut d’exploitation et revenu mixte) et en y ajoutant les impôts sur la production et les importations moins les subventions.

Si l’on néglige les trois ajouts en queue des trois calculs, on est indubitablement dans le vrai même si l’expression valeur ajoutée est ambiguë et la présentation comme mesure de la richesse créée, mensongère.

Dans le premier calcul, les entreprises ajoutent en effet de la valeur à ce qu’elles achètent mais c’est la dépense des clients qui réalise la valeur du produit final. On cherche vainement une création de richesse dans l’échange par le prix entre des marchandises en effet améliorées et l’argent des clients.

Dans le deuxième calcul, beaucoup moins commenté, l’INSEE reconnait que le PIB n’est que la somme de toutes les dépenses de consommation ou d’investissement tout en présentant les investissements comme « consacrés à l’accroissement de la richesse ». La richesse n’étant qu’un regard qualitatif, son accroissement n’a pas de sens.

Dans le troisième calcul, tout aussi peu commenté, l’INSEE fait la somme des origines de l’argent dépensé (les revenus) en additionnant les salaires, les bénéfices des entreprises (excédent brut d’exploitation) et les revenus dit mixtes que sont les revenus des professions indépendantes.

Jusque-là on a simplement trois flashes pris à trois moments différents du cycle tournant de l’argent, du cycle de la vie et des échanges économiques avec un chiffrage par l’argent du travail (3e calcul), de la production (1er calcul) et de la consommation augmentée du stockage appelé investissement (2e calcul). On a bien sûr les mêmes résultats en chiffrant la circulation monétaire à trois endroits différents quand les choses tournent normalement.

Mais à force de vouloir plaire au pouvoir en place qui veut faire croire que le PIB chiffre une création de richesse, l’INSEE a pris la décision de rendre le tout incompréhensible par trois ajouts farfelus qu’aucun économiste ne semble prendre la peine de dénoncer. Non seulement ces ajouts n’ont aucun sens, mais ils devraient tous les trois être de même valeur, ce qui n’est absolument pas le cas. De plus l’absence de virgules et la multiplicité de la conjonction « et » permettent des interprétations diverses qui embrouillent encore davantage.

Dans le, premier calcul, on rajoute sans explication aux valeurs ajoutées qui sont les dépenses des clients amputées des dépenses externes des entreprises, les impôts moins les subventions sur les produits. On ajoute une dépense à une recette de l’entreprise sans en être apparemment gêné. Dans le deuxième calcul on rajoute avec la même absence d’explications les exportations et on retire les importations en négligeant que l’on vient d’écrire que l’on fait la somme des dépenses et qu’on lui additionne à nouveau une recette (les exportations) et qu’on lui retire une dépense (les importations) ! Dans le troisième calcul, on rajoute à nouveau les impôts moins les subventions sur la production  comme dans le premier calcul mais on y ajoute cette fois sans aucune explication les impôts sur les importations.

A en croire l’INSEE, ces trois ajouts sont identiques puisqu’ils se rajoutent à trois chiffrages normalement identiques pour obtenir trois résultats qui sont pour l’INSEE trois façons de calculer le même PIB. Arriver à croire que le résultat du commerce extérieur (2e ajout) peut se chiffrer par les impôts moins les subventions sur les produits en y rajoutant (3e ajout) ou pas (1er ajout) les impôts moins les subventions sur les importations, relève de l’asile psychiatrique, du jmenfoutisme ou du brouillard volontaire pour que tout bon Français regarde ailleurs en s’acceptant inculte en économie.

L’important en compliquant tout, semble être que les Français ne comprennent pas que le PIB chiffre tout simplement la circulation monétaire circulaire normale entre travail, production et consommation qui donne la santé économique d’un pays.

La question se pose alors de comprendre pourquoi cacher une vérité aussi simple et prétendre que le PIB chiffre une création de richesse. La réponse est simple. C’est pour cacher l’énorme mensonge par omission que fait l’INSEE en utilisant la méconnaissance générale de la monnaie. Ce mensonge par omission  arrange tellement le monde politico-médiatique qui n’arrête pas d’utiliser des pourcentages de PIB, que l’on peut se demander si l’INSEE ne le fait pas sur ordre. L’INSEE fait croire dans sa troisième définition du PIB que l’origine de l’argent n’est que le travail soit individuel salarial ou libéral, soit collectif dans les entreprises. Il cache soigneusement la quatrième source d’argent qui est en fait devenue la première : l’emprunt qui a changé de nature au XXe siècle.

Depuis toujours l’emprunt qui n’était que sur gages, était réservé aux riches et n’était en aucun cas une création monétaire. Les riches empruntaient une monnaie qui était une richesse en elle-même comme l’or, en laissant en gage d’autres richesses. Aucun pauvre ne pouvait emprunter. Ce n’était qu’un échange et en aucun cas une création monétaire. L’argent était toujours gagné et il n’était jamais créé ex nihilo. L’argent lui-même était une richesse qui avait demandé du travail pour exister ou était au moins lié à une telle richesse. Le XXe siècle a fait table rase de ce bon sens en déconnectant les monnaies de toute richesse reconnue. Aujourd’hui les banques créent à partir de rien de l’argent pour le prêter et le détruire quand elles le récupèrent avec intérêts. Cette monnaie « provisoire » ne se distingue pas de la monnaie définitive créée par le travail comme l’était l’or. Les deux monnaies cohabitent dans le circuit monétaire et la monnaie provisoire pour ne pas l’appeler fausse monnaie provisoirement légale, apporte aujourd’hui une quatrième source d’argent soigneusement omise par l’INSEE dans le troisième calcul du PIB sur l’origine de l’argent alors qu’elle est devenue largement la première en étant beaucoup plus créée que détruite, qu’elle se retrouve dans la dette mondiale et qu’elle gonfle arbitrairement les deux autres définitions du PIB, la dépense qui plaît et la valeur ajoutée qui rassure.

Le groupe financier Mirabaud basé à Genève, écrit «En 2024, la dette mondiale a atteint un niveau record de 315 000 milliards de dollars, dépassant trois fois le PIB mondial. » Ce groupe laisse entendre ce que tant de gens croient, à savoir que le PIB chiffre la création de richesse et qu’il faut s’affoler car la dette est plus de trois fois la création de richesse de l’année. La réalité est bien pire. Puisque le PIB chiffre la somme des dépenses (2e calcul), la dette mondiale est trois fois supérieure à ce que le monde dépense annuellement. Faut-il aussi rappeler que les critères de Maastricht de l’Union européenne précisent  que le déficit budgétaire d’un État ne doit pas être supérieur à 3% de ce qui a été dépensé l’année précédente et que cet État ne peut emprunter plus de 60% de ce qu’il a dépensé l’année précédente. Dépensez davantage et vous pourrez faire plus de déficit et vous pourrez emprunter davantage !  On marche sur la tête. C’est tellement gros que personne n’a envie de le voir et que beaucoup aimeraient même le censurer.

Rien ne pourra pourtant se faire sans la prise de conscience du cataclysme qui se prépare et que quasiment personne n’a actuellement envie d’affronter. Ce ne peut être que la fin ou le réveil de notre civilisation quand chacun se réfugie dans l’attente ou dans les idéologies qui sont toutes du bon sens plaqué sur une mauvaise analyse.

Combien de temps allons-nous encore pouvoir vivre dans ce monde de fous ?

La France et tout l’occident se trouvent dans une situation totalement inédite où le problème n’est pas rendu public pour ne pas paniquer les populations. La solution est évidente mais ses conséquences sont tellement dérangeantes qu’il s’est créé un consensus morbide entre le peuple et ses dirigeants pour ne voir ni le problème ni la solution. Toutes les peurs sont activées pour vérifier que les peuples accepteront par avance les efforts qui leur seront demandés lorsque les décideurs y verront plus clair. Comme  si cela pouvait arriver avec ceux-là même qui ont participé à la création du problème !

Le problème n’est évidemment pas sanitaire et pas plus climatique que terroriste. La Russie, la Chine, l’Iran ou l’Islam ne sont là que pour porter le chapeau de la responsabilité de ce qui va nous arriver alors qu’eux semblent raisonner encore à peu près sainement en se regroupant dans les BRICS et en attirant tous les états qui constatent tous les jours la décrépitude de l’occident.

Mais quel est donc le problème ?

Il y a plusieurs façons de l’aborder. Toutes les entrées, internationale nationale et individuelle, se justifient les unes les autres en baignant toutes dans une incohérence générale et malheureusement assumée.

L’entrée internationale est caricaturée par le Forum économique mondial de Davos, par l’Open society de George Soros, par l’Office mondial de santé (OMS) et par des personnalités isolées comme Jacques Attali ou Alain Minc en France. Ils se voient tous très bien dirigeant un mondialisme ayant tué les différentes civilisations pour en construire une seule qui atteindrait le ciel c’est-à-dire la perfection. C’est le retour insensé du mythe de la tour de Babel. George Chisholm, psychiatre canadien très antireligieux et premier directeur général de l’OMS  de 1948 à 1953,  a défendu l’idée que l’éducation traditionnelle rendait la paix mondiale impossible. Il a souhaité en 1945, lors de son discours de remerciements pour le prix qu’il a reçu de l’US National Committee for Mental Hygiene, qu’une force de police mondiale préserve la paix en détruisant toute nation qui commence une guerre. Un mauvais plaisant a résumé sa pensée en lui inventant la citation apocryphe suivante :

« Pour parvenir à un gouvernement mondial, il est nécessaire d’éloigner de l’esprit des hommes leur individualisme, leur loyauté envers les traditions familiales, leur patriotisme national et leurs dogmes religieux. »

Les ennemis sont ciblés et ces cibles sont continuellement attaquées depuis la fin de la guerre. Chisholm indique même en 1955, après avoir passé pour 20 ans le flambeau de l’OMS au successeur qu’il avait formé à son image, qu’il faut encourager le métissage pour créer une race unique dans un monde unique sous un gouvernement unique. Le Forum économique mondial détaille ce monde unique par la voix de Klaus Schwab « Vous ne posséderez plus rien et vous serez heureux » ou celle de Yuval Harari qui y explique  que la connaissance du corps humain multiplié par la puissance de calcul, multiplié par le stockage des données permet le piratage des humains et la création d’une « classe inutile » qui va vivre beaucoup plus mal d’être inutilisable que d’être exploitée. George Soros qui a créé sa fortune le « mercredi noir » (16 septembre 1992) par sa spéculation réussie contre la livre sterling et la banque d’Angleterre, finance l’action par toutes les ONG. Elles communiquent toutes en paroles sur la défense de « l’état de droit », la lutte contre la corruption et la protection de la démocratie mais leur réalité quotidienne va en sens rigoureusement inverse car l’avis des peuples ne semblent pas les intéresser.

L’entrée nationale se fait par l’abandon progressif de la réflexion et de l’action au profit de la communication qui submerge tout pour la première fois dans l’histoire de l’humanité qui avait toujours jusqu’alors privilégié l’action dépendante de la réflexion qui la précédait. La publicité, le smartphone, internet, les médias, les chanteurs, les comédiens, tout ce qui n’est que communication tient le haut du pavé. Ils communiquent en chœur l’amour, la paix et la liberté en générant unanimement leur inverse par absence de réflexion et d’action. Les sportifs, s’ils attirent le regard du peuple, sont adulés pour que le peuple regarde en même temps la publicité qui le formate. Les Politiques, choisis pour agir et n’ayant en réalité aucune vision d’ensemble, se réfugient dans la communication de façon de plus en plus caricaturale. Leur action se limite à la justification d’interdictions et d’obligations sous formes de normes, de lois, d’ordonnances, d’arrêtés, de règlements qui doivent faire rentrer le peuple dans leur idéologie et qui freinent tout par la montée spectaculaire du coût de la vie que leur exigence génère.

L’entrée individuelle est la croyance populaire dans le progrès et dans la croissance qui expliquent tout et font croire à la pérennité du système. Le peuple n’est pas gêné de vivre en ville sans rien produire tout en consommant de plus en plus. Il en est tellement peu gêné qu’il part en week-end et en vacances, qu’il prend ses RTT et ses ponts ou même ses viaducs puisque la richesse se fabrique toute seule et qu’elle est même chiffrée par le PIB, c’est dire combien c’est une réalité indiscutable ! Cette croyance que la vie n’exige pas de donner pour recevoir, ouvre la voie aux fantasmes les plus fous qui détruisent par vagues notre civilisation, en y attirant en plus l’humanité entière.

Le lien entre ces trois entrées, celui qui autorise leurs trois incohérences et qui les rend crédibles internationalement, nationalement et individuellement, c’est l’incohérence de l’argent qui coule à flots pour faire croire au moins momentanément à la cohérence de l’ensemble. Et ça marche !  Les ONG ne font leur travail de sape et de sauvetage du personnel politiques recalé aux élections que parce qu’elles sont financées. Les politiques ne détruisent la nation que parce qu’ils croient sincèrement que le reste de l’humanité nous apportera ce que nous ne savons plus faire et que notre richesse nationale sans cesse croissante nous permettra de tout payer. Nous avons inventé, grâce à l’abondance de la monnaie, le nirvana sur terre. Nos élites se font payer grassement à faire croire à sa cohérence. Le peuple lui, se divise entre les paysans, ouvriers, artisans et commerçants qui continuent à produire et distribuer en étant méprisés et mal payés, ce qui les rend de plus en plus rares, et les consommateurs stériles de plus en plus nombreux, convaincus de la réalité de la croissance tout en ayant leur psy et leurs antidépresseurs qui créent d’après eux de la richesse puisqu’on les achète. Il faut en effet ne pas oublier que l’INSEE a enfin reconnu depuis janvier 2021 dans sa deuxième façon de calculer le PIB qu’il n’est que la somme de toutes nos dépenses et que la valeur ajoutée des entreprises n’existe que par la dépense de leurs clients. Que les politiques aient conçu les critères de Maastricht (limites des déficit et des empunts) en pourcentages de la dépense de l’année, montre le niveau d’incompétence de ces braves gens. Quand on fait croire à un peuple qu’il suffit de dépenser pour se constater plus riche, il y a forcément des petits malins qui vont créer de l’argent pour que ça semble marcher. Les banques occupent ce créneau.

Le problème crucial auquel nous sommes confrontés et la base de tous les autres, est donc simplement  toute la fausse monnaie qui laisse croire que tout est possible aux apprentis idéologues de tous bords. L’aveuglement général répète que la monnaie n’est pas une énergie et qu’elle n’est qu’un facilitateur d’échanges. L’argent peut pourtant tout réaliser mais nous n’avons pas conscience que sa force ne venait jusqu’à présent que de l’énergie humaine qu’il avait fallu dépenser pour l’obtenir. Aujourd’hui sa force vient de l’énergie humaine qu’il faudra dépenser demain pour une contrepartie déjà consommée, une forme de nouvel esclavage. C’est comme si nous nous croyions capables de faire fonctionner des machines avec une électricité qui n’arriverait que le lendemain. Nous baignons dans cette incohérence qui ne nous dérange même plus.
Le 13 septembre 2023 le FMI écrivait «La dette totale représentait 238 % du produit intérieur brut mondial l’année dernière, soit 9 points de pourcentage de plus qu’en 2019. En dollars américains, la dette s’élevait à 235 000 milliards de dollars, soit 200 milliards de dollars de plus qu’en 2021 ». La dette représente 238% des dépenses de l’année !!!

Quelle est la solution ? Elle est dans le bon sens. La solution commence par décider un retour à la cohérence d’un monde ou tout n’est qu’échange et en aucun cas création, domaine réservé des dieux. Une production n’est richesse que si elle est échangeable avec une autre richesse déjà reconnue, ce qui n’est plus le cas de l’argent depuis qu’il est déconnecté de toute richesse réelle. Les banques continuent bien à mettre à leur actif les garanties des monnaies qu’elles créent à leur passif, mais ces garanties sont de moins en moins des richesses constatées comme l’étaient l’or ou le dépôt de clients, mais des richesses futures espérées sous forme de créances.

Le pire est les cryptomonnaies, système de Ponzi qui n’est garanti que par la ruine de leurs derniers possesseurs qui auront fait la fortune de leurs prédécesseurs. On appelait cela une escroquerie dans le monde d’avant, le système en a fait notre quotidien sans que nous semblions en être dérangés.

Nous devons prendre conscience que la monnaie n’est qu’un prélèvement fait par le pouvoir sur les richesses individuelles populaires. C’est un impôt qui est par définition limité. Seule la diminution progressive de la quantité de monnaie nous permettra de revenir au réel et d’être contraints de nous affronter à nous-mêmes et de faire les choix difficiles rendus obligatoires par la diminution de la monnaie en circulation. Dire ex abrupto ce à quoi il faudra renoncer serait d’une prétention incroyable mais il est certain que les professions qui ne vivent que de la communication devront en rabattre et que l’argent limité nous forcera à discuter enfin de ce que nous serons obligés de ne plus payer, ce qui bouleversera des tas de choses. Faire ces choix est le rôle des Politiques, mais ceux en place en ont-ils le niveau ? Et nos contemporains sont-ils prêts à affronter la dureté de la réalité ou préfèrent-ils continuer à rêver, à dire en tous domaines qu’il ne leur manque que les moyens, au risque non assumé de préparer un avenir sinistre à leurs enfants quand ils en ont ?

Le système électoral vénézuélien est sans doute le meilleur au monde

Conspué par tous les médias occidentaux furieux de la réélection difficile de Maduro avec 51 % des voix, il n’y a que l’ignorance des journalistes et la malhonnêteté intellectuelle des affidés des États-Unis pour laisser croire à un bourrage d’urnes et à la falsification du scrutin. Le système électoral vénézuélien rend la fraude impossible.

L’électeur qui se rend dans son bureau de vote ne trouve pas de bulletins de vote. Il donne sa carte d’identité, appuie son pouce sur un encreur et laisse l’empreinte de son pouce sur le registre à côté de son nom. Puis il va à la machine électronique reliée à Caracas, appuie son pouce sur la machine et fait le choix du pouce anonyme. La machine envoie le vote fait par le pouce anonyme à Caracas et émet un bulletin de vote au nom du candidat choisi. L’électeur va déposer dans l’urne son bulletin mis dans une enveloppe et signe le registre à côté de son nom et de l’empreinte de son pouce. Au dépouillement fait comme partout sous les yeux de scrutateurs de tous les partis, le résultat est envoyé à Caracas qui le valide si c’est bien le même que celui comptabilisé par la machine. Si ce n’est pas le cas on recompte tout. En 2013 22 électeurs sur tout le Venezuela avaient oublié de mettre dans l’urne le bulletin que la machine avait imprimé au nom du candidat choisi par le pouce anonyme et ces 22 électeurs n’ont pas été comptabilisés.

Avec un tel système on voit mal comment il est possible de frauder. Jimmy Carter, l’ancien président des États-Unis, prix Nobel de la paix, a fondé dès qu’il n’était plus président, la Fondation Carter (Carter center) dont l’un des buts est l’observation des élections dans le monde. En 2012 il a décrit le processus électoral vénézuélien comme « le meilleur au monde » et a fermé ses bureaux de Caracas en 2015 après les attaques de l’opposition vénézuélienne financée et adoubée par l’Occident que les mensonges ne dérangent pas plus là qu’ailleurs du moment que les médias mainstream les reprennent.

Il est par ailleurs intéressant de constater qu’au Venezuela comme en Russie, les sanctions occidentales ont permis de stimuler la production locale alors que tout était trop simple avec la manne de l’exportation de pétrole. Les exportations de pétrole ayant chuté de 90 % sur injonction américaine, le Venezuela a dû relancer l’agriculture nourricière que l’exportation de pétrole permettait d’oublier en important tout, ce qui rend l’économie vénézuélienne de plus en plus saine contrairement à des pays comme la France qui ne vivent que sur les autres et sur demain, sur un espoir toujours déçu de commerce extérieur excédentaire et sur la montée de la dette. La croissance qui n’est que la dépense paiera, nous dit-on. Mais c’est à l’évidence encore un mensonge.

Réflexion sur l’énergie du lendemain

Personne ne peut être contre le progrès puisque c’est aller vers le mieux en laissant chacun définir ce mieux vers lequel nous allons. Cela n’a pas été toujours le cas puisqu’au XVIIe siècle  progresser avait encore son sens étymologique de marcher avec un but. Une armée qui progressait pouvait très bien reculer. C’est le siècle des Lumières qui a donné au progrès son sens positif actuel. La langue française a alors naturellement créé le verbe neutre évoluer pour combler le vide et exprimer ce qu’était jusqu’alors progresser, un mouvement aussi bien vers le meilleur que vers le pire.

Aujourd’hui le mot progrès est dans tous les esprits  comme le mot croissance. Ce sont des réalités d’évidence, positives et irréversibles dont on ne peut discuter que de la force et de la vitesse. Sommes-nous dans le réel ou dans un fantasme collectif ?

Ce qui est incontestable, ce sont les immenses découvertes techniques de la deuxième moitié du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, encore plus bouleversantes que les grandes découvertes géographiques du XVe et du XVIe siècles.

Mais alors que les découvertes géographiques n’avaient eu besoin que d’énergie humaine, d’armes à feu et de vent dans les voiles pour être exploitées, celles des derniers siècles qui étaient intellectuelles ont toutes nécessité beaucoup d’énergie pour en bénéficier. Aux énergies déjà connues, on a rajouté le pétrole utilisé industriellement depuis le milieu du XIXe siècle alors qu’il n’avait servi que d’éclairage dans quelques rares parties du monde. Et au début du XXe siècle on a abordé l’énergie atomique à partir de la découverte des rayons uraniques par Becquerel en 1896.

Grâce à ces énergies, la civilisation occidentale a continué comme toutes les autres à se considérer comme « la » civilisation mais elle a voulu dominer le monde en pensant sincèrement que c’était pour son bien. L’utilisation de ces énergies a en effet permis une évolution extrêmement positive du mode de vie, un vrai progrès dans son sens actuel pendant les trois premiers quarts du XXe siècle. Ce progrès a tellement été reconnu mondialement que l’élite de l’humanité quasiment entière s’est mise au costume cravate, symbole de l’occident. Certes le progrès a amené deux guerres mondiales mais l’occident a été tellement heureux de l’évolution de sa vie quotidienne qu’il n’a vu le progrès qu’au singulier, naturel et constant, avec simplement des accélérations et des ralentissements. L’occident lui a accolé le mot croissance en le mathématisant par le PIB pour s’en convaincre lui-même. Et grâce aux médias cela a marché sans que l’on réalise que c’était la consommation des énergies nouvelles, la vraie responsable du progrès. Certains comme Jean-Marc Jancovici l’ont bien vu et ont alerté sur la difficulté d’un progrès illimité fondé sur des énergies limitées. Mais quasiment personne n’a vu venir le monde financier qui prétend depuis 50 ans résoudre ce problème en inventant pour une utilisation immédiate, une nouvelle énergie totalement inconnue et par définition illimitée, celle du lendemain, celle qui sera disponible plus tard.

Personne ne prétend faire tourner ses machines avec une électricité disponible demain, dans une semaine ou dans un an. C’est pourtant ce que nous faisons  depuis 1971 avec la monnaie depuis qu’elle a été déconnectée de l’or. La véritable trouvaille du système est d’avoir fait en sorte que personne ne voit la monnaie comme une énergie afin que personne ne prenne conscience que cette énergie n’est que celle du lendemain.

Personne ne nie que l’électricité soit une énergie alors qu’elle n’est que le transport d’autres énergies diverses et variées. Mais très peu de gens réalisent que, lorsque la monnaie était de l’or, du sel ou du bétail, elle ne faisait que transporter l’énergie humaine qu’il avait fallu dépenser pour obtenir ces richesses. Chacun peut pourtant constater la force de l’énergie monétaire beaucoup plus forte que l’énergie électrique. Elle habille, elle nourrit, elle transporte, elle loge, elle chauffe. Elle peut quasiment tout faire. Seule l’énergie humaine fait aussi bien en étant moins condensée et donc moins puissante. En se bloquant soi-même à ne pas vouloir prendre conscience que la monnaie est une énergie, on ne peut aborder et combattre les effets dévastateurs de l’énergie du lendemain qui est la cause fondamentale de notre dégringolade actuelle. Depuis que les banques centrales comme commerciales  fabriquent de la monnaie dans l’unique but de la prêter pour la récupérer dans le temps (avec intérêts pour les banques commerciales) et pouvoir la détruire puisqu’elle ne véhicule à son émission aucune énergie si ce n’est l’énergie future de l’emprunteur.

L’INSEE ayant enfin reconnu dans sa deuxième façon de calculer le PIB, qu’il n’est que la somme des dépenses finales, en dépensant l’énergie du lendemain qu’est devenue la monnaie, nous faisons du PIB et nous nous convainquons que nous créons des richesses. Plus la dette mondiale monte, et elle n’arrête pas de monter, plus nous croyons tous que nous créons des richesses à nous partager. Selon le Global Dept Monitor de l’Institute of International Finance (IIF),  la dette mondiale était fin 2023 de 313.000 milliards de dollars qui font pour 7 milliards d’hommes, 45.000 euros à rembourser par personne enfants et vieillards compris. Chaque année cela augmente par la consommation effrénée de l’énergie du lendemain. Parallèlement nous diminuons année après année par le chômage et les emplois improductifs, l’énergie humaine qui devait nourrir a posteriori l’énergie du lendemain. Jean-Marc Jancovici qui avait pourtant bien défini l’argent en écrivant : « Le capital, c’est la partie de la production qui ne se consomme pas tout de suite et qui est réutilisable pour augmenter la production future», a tranquillement dit lors de sa leçon inaugurale à Sciences-Po « Du pognon, il y en a » sans réaliser que c’est l’énergie du lendemain qui tente de compenser les énergies fossiles déclinantes.

Nous appelons cela le progrès. Nous avons trois blocs politiques qui tous les trois croient à la création de richesse chiffrée par le PIB et donc se retrouvent unanimes à défendre l’euro, l’UE, l’OTAN et l’Ukraine dans un refus unanime à ouvrir les yeux tellement les ouvrir et regarder la réalité en face  les déstabiliseraient. Dominique Reynié le dit avec élégance dans le Figaro : « Le journalisme, l’université, les métiers de la communication, de la culture, le monde associatif, ont une appétence connue pour les idées de gauche, peut-être parce qu’ils dépendent beaucoup des mécanismes économiques de redistribution. Cela pèse lourd sur le fonctionnement de notre débat public ». Redistribution de la richesse imaginaire créée par l’énergie du lendemain. Il rajoute : « C’est ce monde social si particulier, métropolitain, diplômé, aux revenus supérieurs à la moyenne, souvent protégé par un statut dérogatoire, d’une manière ou d’une autre, qui détermine la norme morale ». Je rajoute que ce monde social si particulier détermine aussi la norme financière, facilement incohérente comme les critères de Maastricht, tous en pourcentage du PIB. Le PIB n’étant que la somme des dépenses finales, de consommation et d’investissement, l’UE veut faire respecter un déficit annuel inférieur à 3% de ce qui a été dépensé l’année précédente et un plafond d’emprunt de 60% de ce qui a été aussi dépensé l’année précédente. Dépensez, dépensez ! Grâce à ces dépenses l’UE vous autorisera encore plus de déficit et encore plus d’emprunt l’an prochain. Comment est-ce possible sans réactions immédiates des peuples ?

La réponse tient dans la phrase « Je ne suis pas économiste » et dans le mépris hautain de ceux qui prétendent l’être.

Beaucoup de gens de bonne foi, très satisfaits de l’augmentation de notre niveau de vie, préfèrent croire les économistes et leurs raisonnements incompréhensibles, plutôt que d’être simplement logiques et de noter les aberrations. A titre d’exemple je reprends la deuxième façon de calculer le PIB d’après l’INSEE :

Le PIB aux prix du marché peut être mesuré selon l’optique des dépenses, en faisant la somme de toutes les dépenses finales (consacrées à la consommation ou à l’accroissement de la richesse) en y ajoutant les exportations moins les importations de biens et services.

Un enfant encore dans le primaire peut constater que l’INSEE additionne à toutes les dépenses finales, les exportations qui sont des recettes. Dire « Je ne suis pas économiste » justifie-t-il de ne pas s’en inquiéter quand on veut rester logique ? Cela permet en tous cas à ceux qui se disent économistes, de ne jamais répondre et de se draper dans le profond mépris de l’être inférieur qui ose poser des questions et tenter des raisonnements. Tout ce qu’on lui dira est qu’il se répète et qu’on l’a déjà entendu affirmer ses bêtises.

Ainsi va le monde qui ne pourra pourtant éternellement vivre sur l’énergie du lendemain.

Réflexion sur le bien et le mal

Une société n’existe que par une approche commune de ce qui est bien et de ce qui est mal par les éléments qui la composent. Ses membres décident de ce qui doit être récompensé et de ce qui doit être puni. Si l’on observe les différentes civilisations, on ne peut que constater que c’était partout la religion qui définissait  le bien et le mal. Cette définition était circonscrite à la zone d’influence de la religion du lieu. Or depuis la seconde guerre mondiale, la montée en puissance du mondialisme qui veut se débarrasser des civilisations, et le succès occidental du fantasme de la laïcité qui veut exclure la religion du collectif pour la confiner dans le domaine privé, ont fait du bien et du mal des notions émotives purement individuelles qui ne génèrent au collectif que des affrontements sans que les deux raisons profondes de ces affrontements soient clairement perçues. Comme toute discussion sur ce que les religions définissaient comme le bien et le mal est de fait interdite en public, l’échange devient impossible et la violence prend la place du dialogue, ce que montrent tous les jours les politiciens qui associent de plus en plus violence et simplisme avec un niveau intellectuel déclinant. Le bien et le mal deviennent la droite et la gauche ou la gauche et la droite, chacun se situant affectivement dans ce fourre-tout indéfini en étant absolument sûr d’avoir Dieu et le bien avec lui, le mal étant toujours réputé extrémiste ou mou et toujours chez l’autre. Cela fait naturellement monter la haine que le pouvoir classe dans le mal sans se rendre compte qu’il a générée lui-même cette haine par sa définition infantile du bien par les très vagues « valeurs de la république » qui signifient l’énigmatique bon côté de ce qui est public, libre à chacun d’y mettre ce qu’il veut et de prétendre que son regard est le seul possible. Liberté, égalité et fraternité peuvent être entendues de tellement de façons différentes qu’elles ne sont comme la langue d’Esope que les meilleures et les pires des choses.

Nous vivons un moment très particulier où, les religions ayant été reléguées chez nous au placard de la laïcité, ce que les religions définissaient de tous temps comme le mal, est aujourd’hui présenté comme le bien à grand renfort d’argent qui permet dorénavant tout depuis que l’argent est déconnecté des richesses réelles et fabriqué sans limites par le pouvoir au travers des banques. La croissance, définie par l’augmentation de la dépense d’une monnaie fabriquée pour être dépensée, est officiellement classée dans le bien alors que la dette à rembourser qu’elle génère, est objectivement dans le camp du mal puisque personne n’a la solution pour la rembourser. Il n’y a aucune réflexion sur les conséquences dramatiques de la déconnection entre la monnaie et la richesse que les trois blocs politiques n’abordent même pas en ne s’affrontant que dans le domaine émotionnel pour être élus en délaissant  le rationnel dans ce qu’ils continuent à appeler la démocratie pour faire joli.

Il est très difficile de réagir car le peuple croit en la création de richesse qui remboursera les emprunts. Tout le système politico-médiatico-universitaire s’est uni pour qu’une quasi-totalité du peuple croie ce mensonge qui le laisse vivre apparemment en paix et en réalité en attente anxieuse du retour de bâton du réel. Les anxiolytiques, la création de monnaie et le manque d’enfants sont le triple résultat de l’inversion du bien et du mal.

Mais il n’est pas interdit de rêver et d’imaginer une société qui ne croirait pas à la manne imaginaire de la création de richesse appelée croissance. Elle commencerait par analyser comment produire la consommation indispensable du peuple. Elle constaterait d’abord la concentration dans les villes de plus en plus de consommateurs improductifs mus par l’émotion et plus par la raison. Elle se restructurerait en mettant en avant et en rémunérant sérieusement, en argent et en reconnaissance, d’abord ceux qui produisent, agriculteurs ouvriers artisans ou/et qui font des enfants; ensuite ceux qui sont au service de la production, médecins, vétérinaires, enseignants de l’art de produire, architectes, ingénieurs. La masse des consommateurs à qui l’on a fait croire au mensonge que les études prétendument supérieures leur assureraient une utilité reconnue et bien payée, poserait évidemment un problème majeur. La société chercherait comment rendre cette masse utile en retrouvant le bon sens de l’avantage comparatif qui explique depuis toujours sous des noms variés que chacun doit faire ce qu’il fait le mieux ou le moins mal entre produire, aider à la production et distribuer. Encore faut-il que l’on ne convainque pas l’immense majorité de la population qu’elle aide à la production alors qu’on lui fait simplement consommer la fausse monnaie bancaire en choisissant aux élections ceux qui l’organisent pour être élus.

Pour que le bon sens ait la moindre chance de succès, il faudrait que les politiques, les médias et les universitaires reconnaissent enfin que l’argent n’est qu’un prélèvement par le pouvoir sur la richesse commune (la monnaie-or n’est qu’un exemple) et qu’il est donc par définition limité. C’est ce prélèvement limité et donc cette monnaie limitée qui force à faire les choix difficiles que la fausse monnaie actuelle illimitée permet allègrement de ne pas faire en attendant tout de demain, du commerce extérieur et de la croissance.

Si l’argent était limité, comme il l’avait toujours été, au prélèvement fait par le pouvoir sur la richesse populaire pour faciliter les échanges, nous devrions répondre à tout un tas de questions rendues difficiles par le manque d’argent. Ne faudrait-il pas d’ailleurs commencer par inscrire dans la constitution l’obligation faite aux politiciens de voter des budgets équilibrés ? Les critères de Maastricht qui lient exclusivement l’autorisation d’emprunt comme les dépenses autorisées, aux dépenses précédemment faites appelées PIB sans que personne ne le comprenne vraiment, ne devraient-ils pas être définitivement rangés dans le tiroir de la bêtise politique ? Trouver intelligent de dépenser et d’emprunter davantage sur l’unique critère d’avoir déjà beaucoup dépensé, n’est-il pas d’une stupidité incroyable ?  Le fait que l’INSEE reconnaisse enfin depuis janvier 2021 dans leur deuxième calcul du PIB, que le PIB n’est que la somme des dépenses, devrait faire réfléchir.

Quelles seraient ces questions difficiles auxquelles nous devrions répondre si l’argent était limité à la richesse prélevée ?

En avantage comparatif qui, entre les hommes et les femmes, font le mieux les enfants ? Et le renouvellement de la population n’est-il pas la première obligation d’une société ? Faut-il écouter le planning familial qui refuse de répondre à la question ? Qui produit le mieux ? Où et dans quelles conditions ?

Si l’on rémunérait beaucoup plus les agriculteurs, les ouvriers et les artisans alors qu’il y aurait globalement moins d’argent, quelles sont les dépenses à arrêter et comment rendre utile, c’est-à-dire productifs, tous ceux qui en seraient privés et en particulier tant de citadins ? Les citadins ne croient-ils pas être un rouage important de la création de richesse dont ils ne percevraient que leur juste part ? Comment leur expliquer qu’il n’y a pas de création de richesse sans les traumatiser ?

Si l’on arrêtait de distribuer de la fausse monnaie à tous ceux qui viennent sur notre territoire sous des prétextes variés, ne verrions nous pas chuter drastiquement leur arrivée et même voir repartir ceux qui ne souhaiteraient pas s’assimiler ?

A qui rembourser les dettes contractées vis-à-vis des banques qui ont prêté de la fausse monnaie qu’elles fabriquent uniquement pour la prêter, la récupérer avec intérêts et la détruire, fausse monnaie qui permet  d’inverser provisoirement le bien et le mal ? Ne serait-ce pas à l’état représentant le peuple  de récupérer cet argent et de le détruire ?

Aucun des trois blocs politiques ne se pose ces questions car ils sont unanimes pour nous promettre prospérité et sécurité en attendant tout de la création de richesse et de la croissance. Pas un ne manque à l’appel du mensonge. La campagne électorale que nous venons de vivre a atteint un niveau incroyable d’émotions irraisonnées. On y a condamné le racisme entre gens qui prétendent que les races n’existent pas. On y a condamné l’antisémitisme sans savoir si l’on ne parlait que des juifs ou aussi des arabes tout aussi sémites. On peut résumer cette campagne par ce qu’ils ont tous dit, chacun le déclinant à sa manière : « Faites barrage au mal car je suis le bien ». Le drame est que cela marche chez un peuple qui ne souhaite plus réfléchir ni agir mais se contenter de se distraire et de communiquer.

Pendant que la classe politico-médiatico-universitaire s’agite pour se donner l’impression d’être utile, les questions fondamentales demeurent. Toutes celle citées et tant d’autres vont rapidement se poser cruellement. Y répondrons-nous par des réformes ou par une révolution ? Le mois de juin 2024 nous a appris que le côté réformes est mal parti.

Réflexion sur l’économie

En cette période électorale, trois blocs idéologiques s’affrontent avec comme point commun de parler économie sans y réfléchir vraiment et sans rien approfondir. Au centre sous la houlette d’Emmanuel Macron et des restes de caciques des Républicains et des Socialistes, un bloc pense qu’une bonne communication permet de se dispenser d’agir et de réfléchir. Sur ses deux côtés, deux autres blocs conscients du désastre où nous mènent l’inaction et la fausse réflexion, proposent deux idéologies contradictoires, aussi utopiques l’une que l’autre car fondées toutes les deux sur la chimère de la création de richesse qui est la négation de ce qu’est l’économie.

Impossible de comprendre l’économie sans repartir du début, décrire les évolutions et constater les dérapages.

L’économie est d’abord l’organisation de toutes les énergies humaines à l’intérieur d’un groupe, groupe qui consomme ce qu’il produit et qui peut consommer d’autant plus qu’il produit davantage et qu’il rend chacun utile. Produire échanger et consommer sont les trois bases fondamentales de l’économie, la quatrième étant l’harmonie entre les trois. L’avantage comparatif de confier à chacun ce qu’il fait le mieux ou le moins mal, est une évidence immédiatement comprise dans tous les groupes. Très tôt pour produire davantage, les sociétés ont domestiqué l’énergie calorique par le feu, l’énergie animale pour la traction, l’énergie éolienne par les moulins à vents et la marine à voile, l’énergie solaire par l’agriculture et les serres, et l’énergie hydraulique par les barrages et les moulins à eau. Ce n’est qu’au XXe siècle que l’homme a réellement domestiqué les énergies fossiles mais les lieux de production et de consommation s’étant rapidement éloignés les uns des autres, la répartition du fruit des énergies fossiles s’est faite par l’argent au moment même où les sociétés ont perdu le sens de la monnaie.

La monnaie avait toujours été un prélèvement fait par le pouvoir sur la richesse d’une société afin, comme Aristote l’avait dit, de faciliter les échanges, de quantifier la richesse et d’en être la réserve. Toujours et partout elle était le fruit d’une énergie humaine intelligemment dépensée. C’était de l’or, de l’argent, du sel ou du bétail, en tous cas une richesse prélevée sur une richesse collectivement reconnue par l’effort qu’il avait fallu faire pour l’obtenir. La monnaie était par définition limitée.

Le pouvoir a toujours tenté de tricher un peu mais les vrais dérapages ont commencé au XVIIIe siècle avec l’arrivée de la monnaie « fiduciaire » fondée sur la confiance, monnaie papier adossée à une richesse réelle et reconnue. Ce fut d’abord les billets de Law adossés aux richesses du Mississipi à l’époque du Régent, puis les roubles de la Grande Catherine adossés aux mines russes de cuivre, puis le dollar continental adossé à l’or espagnol et enfin les assignats adossés aux richesses confisquées à la noblesse et au clergé. Toutes ces monnaies ont rapidement disparu par la manie qu’a partout le pouvoir de trahir la confiance qu’on lui fait et de fabriquer infiniment plus de monnaie qu’il n’y a de richesses réelles en garantie. Ces mauvaises expériences ont fait revenir pendant près de deux siècles à l’or comme monnaie, limitée en quantité par l’énergie qu’il avait fallu D’ABORD avoir dépensé pour l’obtenir.

La stupidité incroyable de la troïka politico-médiatico-universitaire au pouvoir a été d’accepter dans la deuxième partie du XXe siècle sans rien y comprendre, le trait de génie diabolique du monde financier qui a créé par le prêt bancaire qui n’avait jamais existé que sur gage, une monnaie non différenciable de la vraie mais qui ne véhicule plus aucune énergie déjà bien dépensée mais une énergie efficace à trouver PLUS TARD. Finie la primauté de la production, bonjour les fantasmes les plus variés devenus apparemment  réalisables grâce à cette monnaie devenue illimitée. Le pouvoir s’est empêtré dans une conception aberrante de la démocratie où, le monde de la finance ayant permis au peuple de rêver sans limite, c’est la majorité des rêveurs qui définit dorénavant de nouvelles vérités et la marche à suivre pour les atteindre. Nous vivons la réalité du roman de Carlo Collodi où Pinocchio affublé du Chat et du Renard, se retrouve au pays des jouets. Le peuple qu’il représente ne peut qu’être écartelé comme Pinocchio entre d’un côté son bon sens et sa volonté de bien faire, et de l’autre le plaisir de croire aux mensonges de la troïka politico-médiatico-universitaire. L’avis du peuple perd de son intérêt tellement son environnement n’est que construction mentale irréaliste pour qu’il en perde son bon sens. On y rajoute les peurs complètement artificielles pandémique, climatique ou du méchant Poutine pour avoir un joli troupeau en quête de son berger qui lui fera traverser l’orage.

Nous sommes dans cette impasse et analyser l’incohérence de toutes les solutions proposées par tous les chats et tous les renards, devient une nécessité absolue.

Il y a d’abord le carburant de la bêtise qui permet toutes les incohérences. C’est la croyance généralisée en la création de richesse qui alimente toutes les propositions sans aucune exception. Si les entreprises produisent et font en effet pour elles-mêmes de la valeur ajoutée, cette valeur ajoutée n’existe que par la dépense des clients et il n’y a donc, macro économiquement parlant, que des valeurs échangées et en aucun cas créées quand la monnaie est une vraie richesse. Seule la création de fausse monnaie par les banques centrales et commerciales, permet depuis un demi-siècle d’acheter et donc de transformer artificiellement en richesse la production des entreprises. C’est la montée sans fin de la dette qui fait croire à la création de richesse. Comme le PIB est la somme de toutes les ventes, créer de l’argent pour pouvoir acheter davantage, fait monter naturellement le PIB, chiffrage proposé aux gogos de la création de richesse dans laquelle on pourrait prétendument puiser.

Le carburant de la bêtise étant en place et à disposition dans la quasi-totalité des esprits, tous les fantasmes peuvent s’épanouir et nous pouvons observer la multiplicité de leur étalage comme de leur justification par la création de richesse.

Les femmes ont renoncé à l’égalité qu’elles avaient avec les hommes dans leur complémentarité pour se vouloir identiques  en jouant à l’homme et en renonçant à elles-mêmes. Comme chaque fois, les mots inversent la réalité et l’abandon de l’égalité hommes-femmes est devenu officiellement l’égalité hommes-femmes avec son ministère, sa corne d’abondance, ses égéries et ses contre-vérités déguisées en vérités obligatoires.

Les producteurs, ouvriers, artisans et agriculteurs sont petit à petit remplacés par des zombies sortis des universités, poussés par leurs parents à « faire des études » et ayant appris l’oisiveté à l’université, convaincus qu’ils vont pouvoir consommer les richesses qu’ils vont créer par leur capacité à emprunter, la création magique de richesse devant s’occuper de rembourser. C’est l’argent venu de nulle part qui rend ce fantasme provisoirement crédible et une population qui ne produit plus rien si ce n’est un jus de crane malade et irréaliste. Produire ou être utile à la production en la rendant possible ou en la distribuant, n’est plus la base de l’économie. L’économie n’est devenue que discutaillerie entre bavards inutiles et incompétents sur la meilleure façon de se partager une création de richesses imaginaire. Et on continue à présenter l’économie comme une science !

Pour tenir encore un moment, le mythe du libre-échange permet de faire croire que nous consommerons ce que d’autres produiront, sans voir que tous les autres sont en train de venir chez nous pour partager notre bêtise tellement nous leur avons fait croire que c’était de l’intelligence et que nos valeurs étaient avant tout le généreux partage de notre richesse imaginaire. La préférence nationale qui s’appelait la citoyenneté est combattue par la prétendue sagesse  des faux sages imbus d’eux-mêmes du conseil constitutionnel qui défait impunément les lois et du conseil d’état qui défait impunément toute décision administrative.

Devant cette accumulation d’inversions de valeurs, que propose donc la classe indémêlable politico-médiatico-sportivo-intello-universitaire toute ravie de sa position personnelle quel qu’en soit le mérite réel ?

Il y a ceux qui sont bien au chaud dans leur intérieur personnel et qui ne veulent surtout pas en être dérangés par les extrêmes dont ils ne savent même pas que cela veut dire ceux qui sont le plus à l’extérieur. On y retrouve tous les biens lotis où qu’ils se trouvent de Fabius à Macron ou Hollande en passant par les barons Républicains ou les éléphants socialistes sans oublier Mbappé au salaire indécent parce qu’il est simplement agile de ses pieds.

Ceux qui déjà bien au chaud personnellement comme Le Pen ou Mélenchon, croient pouvoir encore améliorer leur confort en étant mieux soutenus par un peuple perdu. Ils se séparent entre ceux qui pensent privilégier l’émotion en appelant généralement cela la gauche et ceux qui pensent privilégier la raison en appelant cela généralement la droite. Comme ce qu’ils proposent sera systématiquement censuré par le pseudo état de droit du conseil constitutionnel, du conseil d’état et de la cour européenne des droits de l’homme, la nouvelle assemblée ne changera rien à rien, ils continueront tous à acheter le peuple avec de l’argent qu’ils n’ont pas jusqu’à la véritable et inéluctable explosion.

Comme l’émotion envahira la rue quel que soit le résultat des urnes, sans doute vaut-il mieux envoyer de la raison à l’assemblée. Mais tant que le peuple n’aura pas compris que l’économie se limite à produire, à échanger et à consommer, il restera dans l’angoisse d’attendre sans savoir quand, comment et par qui, la table sera renversée. Où sont donc les intellectuels ?

Réflexion sur le commerce extérieur

Le mot commerce vient du latin merces qui veut dire prix et du préfixe co qui veut dire ensemble.  Le commerce est un accord sur le prix et le commerce extérieur est un accord sur le prix entre personnes qui n’ont pas forcément la même idée de la richesse. Le prix est en effet sans doute en économie la notion la plus difficile à approcher car il quantifie une richesse qui n’est qu’une notion qualitative qui varie selon les civilisations, les lieux et les moments. Dans une même nation le prix quantifie ce que tous voient comme une même richesse, et le prix remplace à l’intérieur de la nation, l’échange des êtres qui se pratique encore dans une famille ou un groupe d’amis. En revanche dans le commerce extérieur où les deux parties ont souvent des approches différentes de la richesse, le prix n’a guère de sens et la seule solution pratique est normalement l’échange des avoirs, le troc, qui permet aux deux parties d’apprécier, chacune avec son regard, l’équivalence des deux ensembles de biens échangés, sans tenir compte de la différence de regard que chaque partie porte sur tel ou tel élément des ensembles échangés. Une partie peut en effet penser que tel élément est une richesse alors que l’autre n’y voit qu’un encombrant quand, à l’inverse, l’autre partie trouve ailleurs qu’un encombrant de l’autre est pour elle une richesse. C’est ce qu’a vécu Christophe Colomb lors de sa rencontre avec les indigènes du nouveau continent et ce qui est la base d’un commerce international judicieux.

Mais à partir de la deuxième guerre mondiale s’est engagé un combat discret mais féroce entre le bon sens et une idéologie imposée plus qu’expliquée et qui nous gouverne encore aujourd‘hui. Le bon sens a continué à mettre comme premiers essentiels le droit au travail et le devoir du travail pour tous les citoyens afin que chacun contribue du mieux possible au « bien commun », étymologie du mot république. Ce bon sens était la base économique du Conseil National de la Résistance qui avait dans son programme « une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général » avec« le droit au travail et le droit au repos ». Le droit au travail a été inscrit dans les deux constitutions françaises qui ont suivi la guerre. Il y est toujours inscrit même si, au moment où Mitterrand s’est converti au libre-échange, il a fait dire par le conseil constitutionnel dont il venait de nommer président son ami Daniel Mayer, que le droit au travail n’était pas une créance qu’avait tout citoyen sur l’État et que le devoir de l’État se limitait à faire des efforts pour le plein emploi et non de respecter la lettre de la constitution. Cette idéologie a construit parallèlement, sous les beaux-mots de libéralisme et de libre-échange, une usine à gaz incohérente qui survalorise la liberté au détriment de l’égalité et de la fraternité. La troïka politico-médiatico-universitaire qui nous gouverne, cherche à nous la faire croire cohérente en y dépensant toute son énergie.

Le bon sens met en avant le plein emploi, le droit au travail, l’utilisation productive de toutes les énergies des citoyens et ne voit un intérêt au commerce extérieur que s’il ne nuit pas au plein emploi et s’il apporte aux deux parties par l’échange, un plus fondé sur des approches différentes de la richesse. Le libéralisme au contraire voit le chômage comme une variable d’ajustement et met en avant la baisse des prix pour stimuler la consommation, rentabiliser les machines où qu’elles soient et ne favoriser l’emploi que dans les secteurs ou chaque pays aurait un « avantage comparatif ».

L’avantage comparatif est le raisonnement essentiel proposé par David Ricardo pour donner une base théorique au libre-échange prôné par Adam Smith. Ricardo compare une Angleterre et un Portugal qui produiraient tous les deux du vin et du drap de mêmes qualités, chaque fabrication demandant moins de temps au Portugal (90 heures pour une pièce de drap et 80 heures pour une barrique de vin) qu’en Angleterre (100 heures pour une pièce de drap et 120 heures pour une barrique de vin). Ricardo démontre mathématiquement que sur l’ensemble des deux pays, on produit dans un temps donné davantage de drap et de vin si le Portugal se spécialise là où il est le meilleur et si l’Angleterre se spécialise là où elle est la moins mauvaise. Le calcul est simple à faire et irréfutable tant qu’il s’appuie sans le dire sur deux hypothèses : le plein emploi dans les deux pays où il s’agit simplement d’utiliser au mieux les heures de travail, et un regard commun sur le vin et sur le drap, considérés dans les deux pays comme une richesse. En 1817 il n’était pas concevable que quelqu’un survive sans travailler et que l’alcool ne soit pas considéré comme une richesse. L’avantage comparatif de Ricardo démontre ce que le bon sens applique depuis toujours, à savoir que chacun est utile là où il est le meilleur ou le moins mauvais. Il n’y a pas de quoi en faire des gorges chaudes que certains économistes font sans voir que les deux hypothèses cachées sont aujourd’hui devenues fausses et que, sans le plein emploi et sans un regard commun sur la richesse, le raisonnement de Ricardo s’effondre. Ricardo avait raison quand l’Angleterre et le Portugal appartenaient au même monde. Le libéralisme aurait raison si le monde entier faisait sien le regard occidental. Ricardo avait aussi raison si on applique l’avantage comparatif entre un homme et une femme mais là il est devenu interdit de le dire et même d’y penser. Tant pis pour la biodiversité quand elle est humaine !

La bataille a commencé très tôt. En février 1946, le Conseil économique et social des Nations Unies convoque une « conférence internationale sur le commerce et l’emploi en vue de favoriser le développement de la production, des échanges et de la consommation des marchandises ». La conférence s’est tenue à La Havane du 21 novembre 1947 au 24 mars 1948. Il en est sorti la Charte de La Havane signée par l’ONU et 53 pays et créant l’Organisation Internationale du Commerce (OIC). La Charte de La Havane stipulait que le commerce extérieur devait d’abord ne pas nuire au plein emploi de chaque pays et que par conséquent l’import et l’export devaient obligatoirement s’équilibrer et soient un bénéfice pour tous, chaque pays ayant son regard personnel sur la richesse. Bien que signée par tout le monde y compris les États-Unis, la charte de la Havane n’a pas été ratifiée par le Sénat américain et Truman a renoncé à la lui faire ratifier en 1950 quand la guerre de Corée a éclaté. L’OIC était morte alors qu’elle était le bon sens.

Les partisans du libre-échange de 23 pays ont parallèlement mis en place à Genève hors ONU dès octobre 1947 le GATT (en anglais : Accord Général sur les Tarifs douaniers et le Commerce) qui n’a pas l’emploi dans ses buts et qui veut réduire voire supprimer les droits de douane prônés par les tenants du plein emploi. En diminuant par 8 fois les droits de douanes, cycle après cycle, round après round puisque ce sont les Anglo-Saxons qui étaient à la manœuvre, le GATT puis l’OMC créé à Genève hors ONU en 1995, ont réduit les peuples à un rôle de consommateurs de plus en plus inutiles au profit des possesseurs de machines qui doivent vendre leur production où qu’elle se fasse. On invente une activité à ces consommateurs inutiles dans l’administration, les associations ou les services à la personne, le tout payé par la montée sans fin de l’emprunt en appelant toute dépense, création de richesse. La montée mondiale de la dette fait croire que nous créons les richesses nécessaires en se convainquant par la stupidité très commode du PIB qu’en additionnant des dépenses, on crée de la richesse.

Les droits de douane sont pourtant le mécanisme qui permet d’équilibrer l’import et l’export, de protéger les emplois d’un pays en augmentant artificiellement le prix de ce qui est fabriqué moins cher à l’étranger quelle qu’en soit la raison. L’OIC leur donnait leur sens profond en mettant la priorité sur le plein emploi, le GATT avait au contraire comme seule ambition de les supprimer sans se soucier du chômage qu’il générait. L’agonie puis l’oubli voulu de l’OIC et la victoire de l’OMC nous a menés à l’impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui et que nous encensons par le libre-échange.

Le joli mot de libre-échange n’est qu’un leurre qui nous éblouit tous.

L’économiste Jacques Nikonoff écrivait déjà en octobre 2006 « Le libre-échange a été érigé en tabou. Ceux qui le combattent et qui considèrent que la nation a un rôle à jouer sont qualifiés de nationalistes ou souverainistes ; ceux qui considèrent qu’il faut respecter la souveraineté populaire sont accusés de populistes ; ceux qui considèrent que l’Etat doit réguler les marchés sont stigmatisés comme étatistes ; et ceux qui critiquent le libre-échange sont jugés protectionnistes. » Le mépris remplace en effet le raisonnement.

L’occident anglo-américain a imposé son regard par le GATT puis par l’OMC aux socialistes comme aux libéraux, et a considéré que la Terre entière devait avoir leur regard sur la richesse, le premier regard étant que le dollar était de l’or. « Dollar is gold ». Le commerce extérieur est devenu le libre-échange, un échange complètement biaisé entre des biens et une monnaie exclusive, le dollar, imposé comme réserve mondiale de richesse qu’il n’est plus depuis août 1971, date de sa déconnection de l’or.

Les Libéraux comme les Socialistes ont tous oublié la Charte de La Havane. Ils nous entraînent ensemble avec L’UE et l’OMC vers un abandon de nous-mêmes. Faire payer les autres ou nous vendre nous-mêmes. C’est la réaction à cet abandon inacceptable qui se génère heureusement partout actuellement.

En face il n’y a que du vent. Gabriel Attal, fidèle au miroir aux alouettes macroniste, tente en vain de nous convaincre par affirmations péremptoires : on a « besoin du marché unique » ou « un emploi, c’est l’UE qui le permet » !

Réflexion sur la richesse

Nous sommes parait-il l’un des pays riches, ce qui nous permet de dépenser ce qu’il faut pour rendre crédible nos idéologies, d’accueillir tous ceux qui partagent la croyance que nous avons dans notre richesse et de nous croire protégés, encore que ce dernier point commence à faiblir. Mais a-t-on réfléchi à ce qu’est la richesse ? Prospérité vient du latin prosper qui voulait dire heureux. Le bonheur ne se quantifie pas, et la richesse semble se quantifier.

Sur les trois qualités de base que sont le vrai, le bien et le beau qui ne s’approchent que qualitativement en s’exprimant avec des mots contrairement au quantitatif qui s’exprime avec des chiffres, deux détails laissent souvent perplexe. Le premier est le choix du bien et non du bon, distinction des langues latines que les Anglo-Saxons traduisent tous par un seul mot, good ou gut. Le second est qu’en les mariant deux à deux, étant des concepts qualitatifs, on ne peut obtenir que d’autres concepts qualitatifs. C’est assez simple avec le vrai et le bien qui donnent le juste qui ne se quantifie pas ; c’est encore assez simple avec le beau et le vrai qui donnent le pur qui ne se quantifie pas non plus; mais cela devient compliqué avec le mariage du bien et du beau qui donnent le riche qui semble se quantifier. La richesse serait-elle quantitative et serait-il erroné de prétendre qu’elle n’est qu’un mariage à trois entre ce qui est beau, ce qui est bien et ce qui est bon ?

D’abord quelle est la différence entre le bien et le bon que ne font pas les Anglo-Saxons ? Nous avons deux façons d’aborder ces sujets. Nous pouvons les approcher par nos cinq sens, percevoir le vrai par le toucher comme saint Thomas, le beau par la vue et l’ouïe, et le bon par le goût et l’odorat. Nous pouvons aussi les aborder directement par la pensée comme nous le faisons naturellement quand nous qualifions tout ce qui n’est pas à la portée de nos cinq sens. Pour le vrai et le beau, les deux approches, concrète et abstraite, utilisent le même mot. Mais pour le troisième, l’approche concrète par la bouche et le nez utilise le bon alors que l’approche abstraite utilise le bien sauf si elle a besoin d’un adjectif que ne possède pas le bien, auquel cas elle utilise le bon. Ce sera le bon élève, la bonne actrice ou le bon sens. Le bon reste majoritairement un synonyme de l’agréable quand le bien est plus celui de l’adéquat. Comme nous sommes dans l’approche intellectuelle et non simplement sensorielle, il parait judicieux d’utiliser le bien même s’il ne faut jamais oublier que le bon n’est pas loin.

Ensuite nous savons tous que ce qui est qualitatif est une opinion qui peut varier suivant les individus, les lieux et les moments, alors que ce qui est quantitatif se veut objectif et mesurable. La richesse est-elle une opinion ou une réalité mesurable ?

Dans l’univers tout est énergie mesurable dans un décor illimité et mesurable qui se subdivise en ce qui est réversible appelé espace et ce qui est irréversible appelé temps. Tout ce qui est mesurable et qui n’est ni une durée ni une distance, relève de l’énergie que les hommes cherchent depuis toujours à utiliser à leur profit. N’importe quel caillou peut se mesurer par ses dimensions mais aussi par l’énergie de liaison qui réunit dans un atome protons, neutrons et électrons, dans une molécule les atomes et dans le caillou les molécules. Nous commençons à savoir chiffrer cette énergie et nous rêvons de savoir un jour l’utiliser.

Ces deux détails étant dégauchis, une première constatation sur la richesse est qu’elle est le regard qu’un peuple porte sur lui-même, sur ce qu’il aime, qu’il admire et ou qu’il envie. Nous sommes dans le bien, dans le beau et dans le bon. C’est donc bien au départ un concept qualitatif qui varie suivant les civilisations. Amadou Toumani Touré, président du Mali, disait « Nous sommes riches de la famille ». Chez les Incas « La richesse était liée non pas à la possession des biens mais à l’accès à la main-d’œuvre pour la production de la communauté » donc au pouvoir. On comprend mieux pourquoi le mot riche vient du mot franc riki qui voulait dire pouvoir. L’Inca et sa famille étaient considérés comme riches car ils avaient accès à la main d’œuvre de tous. En occident tout ce que nous trouvons beau, bon ou bien et que nous achetons volontiers si nous le pouvons, est réputé richesse mais ce n’est pas elle qui se chiffre, mais l’argent dépensé à l’obtenir, ce qui change absolument tout car nous passons d’une richesse qualitative à une dépense quantitative. C’est tout le mystère du prix qui tente par la monnaie de quantifier le qualitatif. Il y arrive ponctuellement en un lieu donné et à un moment donné. Mais comme le prix ne quantifie ni une durée ni une distance, c’est donc une énergie qu’il mesure puisque, faut-il le répéter, seuls le temps, l’espace et l’énergie se mesurent. Le prix mesure l’énergie qu’il a fallu dépenser pour obtenir ce bien ou ce service, pour le produire, le distribuer et pour l’acheter.

Tout cela était vrai quand la monnaie était une richesse en soi comme l’or et quand c’était elle qui faisait passer du qualitatif de la richesse au quantitatif du prix. Il y avait certes déjà le risque de limiter la richesse à ce qui s’achète en en excluant, entre autres, la spiritualité,  la famille, la gestation ou la nation. Ce risque a été évité pendant des siècles par la religion porteuse de la richesse qualitative. Elle rajoutait Dieu à César.

Mais la deuxième moitié du XXe siècle a tout chamboulé dans notre Occident qui s’était voulu civilisateur en ne voyant le mot civilisation qu’au singulier tellement la nôtre était à l’époque cohérente. L’incohérence actuelle s’est construite simultanément sur la négligence progressive de la richesse non quantifiable (spiritualité famille gestation nation…) et sur le passage subreptice d’une monnaie richesse reconnue à une monnaie richesse à trouver grâce au passage des anciennes monnaies réelles aux nouvelles monnaie fiduciaires, puis faussement fiduciaires et enfin scripturales, toutes confondues dans leur utilisation  comme si elles étaient des monnaies réelles. La monnaie facile et l’abandon de la richesse non quantifiable s’allient actuellement pour tuer notre civilisation.

Les monnaies réelles étaient des richesses reconnues en elles-mêmes comme l’or, le sel ou le bétail. Elles véhiculaient l’énergie humaine qu’il avait fallu dépenser pour les obtenir et qui était amassée dans ce bien réel. Elles avaient été préalablement prélevées sur la richesse populaire et étaient donc par construction limitées. La valeur de ces monnaies réelles était le regard que portait un peuple sur la capitalisation dans la monnaie d’un effort qu’il connaissait bien pour le faire tous les jours.

Construire l’incohérence actuelle s’est fait par étapes. D’abord dans un souci de commodité, on a inventé la monnaie fiduciaire qui est fondé sur la confiance comme son nom l’indique. Une banque, dite centrale, émet des billets et on lui fait confiance quand elle affirme qu’elle possède l’équivalent en monnaie réelle dans ses coffres. Dans son bilan elle met la valeur de la monnaie réelle qu’elle détient à son actif et la monnaie qu’elle émet de même valeur à son passif. Jusque-là pas de problème, cela reste cohérent.

Mais c’est la monnaie scripturale qui rend le tout incohérent par l’invention de la monnaie facile et illimitée. La monnaie scripturale n’est plus liée à une richesse réelle, elle n’est créée que pour être distribuée, récupérée avec intérêts et détruite. La banque inscrit au nom de son client à son passif, la somme qu’elle crée et qu’elle met à la disposition dudit client. En même temps elle inscrit à son actif la même somme à récupérer avec intérêts sur le même client. La monnaie scripturale a été créée au bon vouloir de la banque sans aucun lien avec une monnaie réelle. Les banques le justifient en insistant sur la destruction de cette monnaie dès son remboursement avec intérêts. Elles oublient de préciser qu’à elles toutes, elles créent plus de monnaie scripturale qu’elles n’en détruisent ce qui se vérifie par la montée incessante des dettes individuelles, nationales et mondiale. Cette création totalement artificielle de monnaie scripturale est tellement agréable que les banques centrales  qui n’ont théoriquement pas le droit de prêter de l’argent, ont contourné cette interdiction par le « quantitative easing » en rachetant des créances même pourries aux États comme aux institutions financières pour pouvoir émettre et distribuer une monnaie qui est faussement fiduciaire et en réalité scripturale garantie par ces créances douteuses tout en faisant croire qu’elle est toujours une monnaie fiduciaire donc digne de confiance. A titre d’exemple au 31 décembre 2023, le bilan de la banque centrale européenne n’a à son actif que 649 milliards d’euros en or sur un actif global de 6.935 milliards d’euros. Moins de 10 % de la monnaie émise par la BCE est encore une monnaie fiduciaire garantie par une monnaie réelle, plus de 90 % est une monnaie scripturale uniquement garantie par l’énergie que les hommes devront dépenser demain pour payer les institutions qui doivent de l’argent à la banque centrale.

Quel avenir dans ces conditions pour éviter la guerre, la révolution, l’esclavage ou la soumission à la cohérence de l’islam ? Il est vraiment triste d’observer que si peu de gens se posent la question et qu’ils observent apathiques la montée simultanée et en ordre dispersé des quatre désastres. L’argent facile et le dédain des richesses non quantifiables semblent nous avoir définitivement endormis.

Raisonnements justes sur une base fausse

C’est au début du collège que l’on apprend que « plus par moins donne moins » mais on oublie vite que des raisonnements justes sur une base fausse donnent des résultats erronés. C’est ce que nous vivons aujourd’hui en économie où une multiplicité de raisonnements pour la plupart justes, se fracassent sur le fait trop mal perçu qu’ils s’appuient tous sur une base imaginaire, inexistante et donc irréaliste, fausse et pourtant partagée dans un malheureux consensus assez inexplicable.

Cette base erronée est la création collective de richesse quasiment unanimement admise, chiffrée par le PIB et donc accueillie comme une donnée solide par l’immense majorité d’entre nous.

Déjà l’idée même de chiffrer la richesse est curieuse puisque la richesse, comme la justice ou la pureté, sont des notions qualitatives et non quantitatives, ces trois notions n’étant que les assemblages, deux à deux, des trois notions qualitatives de base que sont le beau, le vrai et le bien. Le beau et le vrai donnent le pur ; le vrai et le bien donne le juste ; le bien et le beau donnent le riche.

Cherchant à faire partager nos propres regards par le plus grand nombre, nous avons mis en place des échelles de 0 à 100 pour tenter de comparer quantitativement les degrés de pureté, de richesse ou de justice. Leur accoler un pourcentage de réussite donne en effet une apparence d’objectivité au regard que nous portons sur ces notions totalement subjectives. Mais nous n’avons tout de même jamais osé faire croire que nous créions de la pureté ou de la justice, nous nous sommes toujours contentés de constater une pureté ou une justice plus ou moins réussie, plus ou moins aboutie.

Comment en sommes-nous arrivés à croire à une prétendue création de richesse, et même à nous croire capable d’utiliser cette nouvelle richesse imaginaire pour le bien commun qui se dit commonwealth en anglais et république en français ?

En français les trois regards qualitatifs de base sur le beau, le bien et le vrai se sont longtemps mélangés en tous domaines et ont donné des expressions les confondant presque : « C’est bel et bien lui », « au beau milieu du gué » ou « une bonne grippe » expriment par exemple toutes le vrai. Quant aux trois regards tout aussi qualitatifs du riche, du juste et du pur, ils se sont presque spécialisés, chacun dans son domaine de prédilection. Le riche a nourri le matériel, le juste a ensemencé le social et le pur a étoffé le spirituel. Chacun exprime à sa manière l’élément qui lui manque : la justice à qui il manque le beau, se rend dans des palais ; la pureté à qui il manque le bien peut reconnaître de purs salauds. Quant à la richesse, c’est le vrai qui est sa faiblesse et qu’elle revendique pourtant. La recherche de la réalité de la richesse motive l’homme depuis toujours car il aime posséder ce qui lui parait beau et bon.

L’étymologie du mot richesse est éclairante car, comme le mot allemand reich, il vient du mot franc riki qui veut dire pouvoir. C’est l’argent qui dirige le monde et, même s’il se déguise en démocratie, chacun peut constater qu’au niveau d’une nation, n’est élu que celui qui peut dépenser ce qu’il faut pour l’être. Les idées comptent beaucoup moins que l’épaisseur du portefeuille qui seul donne accès à toutes les formes de communication.

C’est la communication sur la richesse qui est actuellement une insulte à l’intelligence en laissant croire que ce qui est faux est simplement trop compliqué pour être compris par le commun des mortels. Pour affirmer que le faux est vrai, il suffit de le chiffrer et de veiller à ce que toutes les portes de la compréhension du chiffrage soient bien fermées. C’est merveilleusement réussi avec le PIB qui chiffre cette prétendue création de richesse. Il est donc indispensable d’ouvrir les portes de la compréhension du chiffrage pour en montrer la stupidité, pourtant faite (sur ordre ?) par les polytechniciens de l’Insee.

Le PIB chiffre simplement les achats et les ventes, tous les échanges faits entre d’un côté un bien ou un service et de l’autre de l’argent. L’Insee le calcule de trois manières : en chiffrant ce qui est vendu au prix des dernières ventes, en comptant ce qui a été dépensé pour acheter et enfin en détaillant l’origine de l’argent dépensé. Cette troisième façon de calculer qui ne rajoute absolument rien est une première application du fameux théorème probablement apocryphe de Charles Pasqua « Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien ». On a visiblement appris à Polytechnique à appliquer ce théorème.

A force d’avoir tout fait pour que personne ne comprenne plus rien à rien en incluant par exemple le commerce extérieur dans la deuxième façon de calculer le PIB mais pas dans les deux autres tout en prétendant trouver le même résultat, l’Insee a réussi à ce que la plupart des observateurs se contentent du premier calcul en l’appelant très finement « valeur ajoutée » avec son odeur de création de richesse. Ce mode de calcul additionne toutes les ventes des entreprises et en enlève  ce qu’elles ont payé en amont pour ne pas le compter deux fois. C’est en effet une valeur ajoutée par et pour l’entreprise mais comme elle est réalisée, avec toutes les valeurs ajoutées en amont, par ce que dépensent ses clients, la valeur ajoutée globale est toujours strictement égale à zéro en économie nationale.

Le PIB est et n’est que le chiffrage des productions nationales en nature transformables en monnaie. La façon la plus simple de le calculer est la seconde façon de l’Insee à savoir l’addition de toutes les dépenses sans distinguer si elles sont intelligentes ou stupides. Les investissements catastrophiques d’Anne Lauvergeon chez Areva ont fait du PIB comme les augmentations de fonctionnaires en nombre ou en rémunération, ou encore la prostitution et la consommation de drogues illicites. Le PIB chiffre aussi heureusement mais en les mélangeant avec les stupides, les dépenses intelligentes de nourriture, d’investissement utile ou simplement raisonnables.

L’Insee détaille la répartition des dépenses (présentée bien sûr comme la répartition du PIB) entre les dépenses faites par les ménages, les administrations publiques (APU) et les sociétés financières et non financières.

Source : Insee, comptes nationaux

Mais c’est la confusion entre dépense et création de richesse qui fausse absolument tout et que peu de gens acceptent de regarder en face tellement cela bouleverse tout. La dépense était une preuve de prospérité lorsque la monnaie était une richesse reconnue comme l’or ou liée à une richesse reconnue. Mais aujourd’hui où 90 % de la monnaie en circulation est une monnaie scripturale créée par les banques commerciales sous le principe « les crédits font les dépôts », les dépenses ne sont plus du tout des preuves de prospérité comme aux temps maintenant lointains où les dépôts faisaient les crédits. Aujourd’hui on crée de l’argent à partir de rien et, en le dépensant nous fabriquons mathématiquement du PIB que les médias, les politiques et les universitaires s’acharnent avec une bonne foi à vérifier, à nous présenter comme des créations de richesses. Pour les administrations publiques, ce qu’elles coûtent nous est présenté comme « une production non marchande » comme la sueur ou l’urine. Plus elles coûtent, plus elles produisent, nous affirme-t-on. Pour les ménages, admirons le contorsionnisme de ChatGPT qui reprend l’explication officielle en quoi nos dépenses sont des créations de richesses : « la consommation des ménages contribue au PIB en stimulant la demande de biens et de services dans une économie, ce qui encourage la production et la création de valeur ajoutée, et donc la croissance économique ». On se raccroche aux branches de la « valeur ajoutée » des entreprises qui est nulle en macroéconomie puisqu’uniquement créée par la valeur retranchée aux portefeuilles des clients. Pour revenir au « camembert » du PIB fait par l’Insee, les 60 % de PIB fait par les sociétés non financières, sont en réalité principalement des dépenses des ménages mais le saut permanent entre ce qui est en nature et ce qui est en monnaie dans les échanges entre les deux, seuls constitutifs du PIB, permet toutes les embrouilles.

Mais il est tellement agréable de croire qu’une nouvelle manne divine nous est donnée, surtout si nous ne croyons pas en Dieu, que tous ceux qui ont besoin du peuple pour survivre, continueront à prétendre que le PIB chiffre notre création annuelle de richesse et que leur énergie est bien utilisée à toujours mieux la répartir. Ils sont tellement nombreux à tourner en rond et à créer des normes pour tout compliquer et se croire utiles, que ceux qui sont vraiment utiles, les paysans, les ouvriers, les artisans et ceux qui sont à leur service comme les médecins, les vétérinaires, les architectes, les comptables ou les instituteurs, devront disparaître comme on le constate déjà, pour que la montée sans fin de la dette les fassent tenir un peu plus longtemps, croient-ils !