La classe dirigeante est-elle plus incompétente que perverse ou l’inverse ?


La question peut se poser tellement la classe dirigeante, universitaire, politique, économique et médiatique qui s’homogénéise de plus en plus, ne fait que retarder les conséquences sans jamais s’attaquer aux causes qu’elle continue d’alimenter. La réalité est, comme nous l’allons voir, un mélange des deux car tout commence par l’incompétence, assez vite suivie d’une perversion devenue nécessaire pour, en même temps, déplorer et tenter de freiner les résultats des mauvais choix tout en continuant à faire les mêmes mauvais choix et même en les multipliant et en les imposant.

Contrairement à la plupart des pays, aucun parti représenté au parlement ne prône actuellement la révolution copernicienne indispensable pour ne pas voir continuer à s’effondrer notre civilisation. Depuis la deuxième guerre mondiale où le peuple a souffert de ne pas pouvoir consommer y compris dans son alimentation, les réflexions des dirigeants se sont toutes bien normalement tournées vers le pouvoir d’achat du peuple et la mise à sa disposition de ce dont il rêvait. C’était au départ une idée altruiste et généreuse qui était limitée par le fait de bon sens que pour consommer il fallait d’abord produire. Au départ ce fut un quart de siècle intelligent, appelé élastiquement « les trente glorieuses » où une génération entière a produit d’arrache-pied et consommer tout autant. L’équilibre était si bon entre production et consommation que l’on a chiffré en monnaie par le PIB la production consommée ou la consommation produite qui étaient la même chose. Bien que peu de gens y prêtent attention, l’INSEE calcule toujours le PIB aussi bien par la valorisation des biens produits qu’il appelle « valeur ajoutée », que par l’argent dépensé à les acheter qu’il appelle « la dépense » ou par l’origine de cet argent dépensé qu’il appelle « le revenu ».

 Il est étrange qu’aucun parlementaire, tous partis confondus, ne semble s’interroger sur la contradiction qu’il y a à dire que le PIB chiffre une richesse créée, tout en laissant l’INSEE écrire qu’il est chiffré indistinctement par la valeur de ce qui est vendu, par l’argent dépensé pour l’acheter et par l’origine de l’argent dépensé. L’expression « valeur ajoutée » en est probablement la cause car, si le PIB chiffre la somme de tous les achats, l’INSEE, pour ne pas les compter deux fois, retire pour chaque entreprise de ce que ses clients ont acheté, ce qu’elle a elle-même acheté à l’extérieur et qui a déjà été compté. L’INSEE aurait pu l’appeler tout aussi bien la « dépense ajoutée » mais c’eut été trop brutal. Ce chiffrage ne donne une richesse créée et vendue que si l’argent était toujours une richesse en soi, ce qui n’est plus le cas depuis que les monnaies ne sont plus liées à des richesses réelles. Ne pas en prendre conscience, c’est manquer à la fois d’humilité, de courage et de discernement, ce qui caractérise globalement la classe dirigeante actuelle.

 Cela permet aux idiots utiles et aux manipulateurs de répéter à l’envi que le PIB chiffre la création de richesse alors qu’il ne chiffre que la somme de toutes nos dépenses. Personne ne semble réaliser que les dépenses chiffraient en effet la création de richesse lorsque l’argent était toujours gagné et que sa rareté valorisait vraiment ce qui était acheté. Mais c’est de l’histoire ancienne depuis que plus de 90% des monnaies sont aujourd’hui créées par les banques commerciales en accordant des crédits sur richesse future. Il est mensonger de dire que cela a toujours été le cas. Jusque dans les années 70, les prêts étaient toujours gagés sur des richesses déjà existantes et pas sur des richesses à créer. Depuis que les banques commerciales créent de l’argent, le PIB n’a plus aucun sens puisqu’il augmente aussi vite que les banques créent l’argent dépensé et qu’elles prêtent à tout va tellement elles y trouvent leur intérêt. Les critères de Maastricht sont devenus une stupidité incroyable puisqu’ils explicitent officiellement par une incompréhension totale du PIB que plus on dépense, plus on peut dépenser et plus on peut emprunter. Qui en est conscient et qui le dit ?Cela montre l’état intellectuel (incompétence ou perversion) de l’union européenne et de notre classe dirigeante.

Cette débauche d’argent, bien agréable apparemment, se retrouve dans une dette mondiale en perpétuelle croissance d’un argent qui n’a jamais été gagné et qui n’est que la garantie officielle de l’appauvrissement des peuples à mettre en place. C’est là où la perversité prend la place de l’incompétence car si l’appauvrissement du peuple est le seul programme possible du système actuel, notre belle élite continue dans son intérêt personnel à nous faire croire qu’elle va augmenter notre niveau de vie. Est-il vraiment important de savoir si ce sont plus des imbéciles que des salauds ou l’inverse ? le résultat est le même, celui que nous vivons.

Personne n’explique sérieusement qu’il y aurait une autre issue à la crise actuelle qu’un appauvrissement général de la population ou un changement radical fondé sur l’équilibre entre la production et la consommation, ce que personne ne défend aujourd’hui. Toute la classe dirigeante s’invente un futur impossible fondé sur la croissance, c’est-à-dire l’augmentation des dépenses avec la fabrication d’argent adéquate. Donc il y a deux fois moins d’agriculteurs mais deux fois plus de fonctionnaires au ministère de l’agriculture, cela fait de la croissance et une augmentation de nos richesses. Idem pour l’éducation nationale où les fonctionnaires ministériels augmentent quand le nombre d’élèves diminue. C’est pareil partout depuis que dépenser, c’est s’enrichir pour la classe dirigeante dont on cherche vainement l’exception.

Y aura-t-il en 2027 un candidat ayant l’humilité, le courage et le discernement de proposer le retrait de l’union européenne pour pouvoir enfin protéger par des droits de douane nos agriculteurs, nos artisans et nos industriels comme le proposait l’Office International du Commerce que tout l’Occident a signé avant de le trahir avec le scandaleux Office Mondial du Commerce ? Ce candidat proposera-t-il de rembourser à l’État tout prêt dont le prêteur ne démontrerait pas qu’il n’a prêté qu’un argent réellement gagné ? Proposera-t-il de doubler ou même tripler les salaires de tout ceux qui produisent ou contribuent à la production en réduisant drastiquement l’administration non régalienne pléthorique par un arrêt quasi complet des embauches ? Proposera-t-il de considérer la natalité comme une production aussi vitale que l’alimentation. Proposera-t-il une société où personne ne peut dépenser plus qu’il ne gagne et où les personnes uniquement payées à consommer, se raréfient quelles que soient les enrobages généreux ? Cette proposition intéresserait beaucoup d’abstentionnistes mais la classe dirigeante tenterait de la faire taire par tous moyens en lui préférant l’appauvrissement du peuple tout en clamant l’augmentation de son pouvoir d’achat par la croissance. Incompétence ou perversité ? La question n’est pas simple.