Pourquoi les banques vont-elles mal ?

La caricature habituelle du banquier avec son gros cigare, son haut-de-forme et les poches de sa redingote bourrées d’argent est en complète contradiction avec les annonces de plus en plus fréquentes de faillites de banques et de sauvetages indispensables des autres.

Il ne s’agit que de la contradiction entre le rêve et la réalité et les banques sont au milieu de ce qui devient un cauchemar. Le rêve c’est la création de richesses, l’investissement qui va créer ces richesses, et la réalité c’est qu’une richesse ne se reconnait que par l’échange avec une autre richesse précédemment reconnue et que, contrairement à une production, elle ne se crée pas.

Les banques créent la monnaie mais sont bien conscientes que la richesse ne se crée pas et elles ne mettent à disposition de la monnaie qui est une richesse reconnue, que par la création simultanée d’une créance et d’une dette. C’est la double écriture au même nom à leur actif comme à leur passif. A leur passif elle mettent une somme à la disposition de M. et Mme Tartempion ou de la société Trucmuche, et à leur actif elles inscrivent une créance du même montant sur les mêmes personnes. Les bénéficiaires utilisent généralement tout de suite l’argent mis à leur disposition mais pensent ne rembourser que petit à petit cet emprunt qu’on leur a souvent présenté comme un « investissement » qui allait générer de quoi rembourser par la sacro-sainte création de richesses.

Certes les banques dites d’affaires échappent à cela car elles ne vivent que de commissions payées par les grandes entreprises qui, elles, baignent à mille pour cent dans ce jeu si charmant de la création de richesses. Les grandes entreprises payent des fortunes aux banques d’affaires pour que leurs dirigeants puissent continuer à rêver, les dites banques payant des millions d’euros aux amis de ces dirigeants qui organisent en interne ces transactions avant de se mettre en marche vers le pouvoir.

Les banques commerciales, elles, sont coincées car elles vendent elles-mêmes à leurs clients la notion d’investissement qui ne soit pas un enterrement tout en sachant qu’il n’y a pas de création de richesse mais un échange. C’est pourquoi elles demandent en garantie, des richesses préalablement reconnues comme une hypothèque immobilière ou une caution de quelqu’un de solvable. Les banques cherchent à juste titre à sécuriser leur avoir sur des richesses déjà existantes plutôt que sur d’hypothétiques richesses futures qui sont pourtant généralement la raison du prêt.

Les banques centrales font exactement la même chose car en créant la monnaie qu’elles distribuent, elles créent en même temps une créance de même montant qu’elles mettent à leur actif sans être du tout certaines de les encaisser plus tard.

C’est tout le drame des banques. Elles ont déjà distribué de l’argent inexistant qu’elles ont créé par l’inscription de créances à leur actif, créances qu’elles ont de plus en plus de mal à recouvrer puisque fondées sur le rêve de l’investissement qui crée des richesses. En langage bancaire ce sont des NPL, des non performing loans qui font chuter à la pelle les banques ibériques et italiennes et qui feront chuter  les banques allemandes qui accumulent des créances en euros italiens, espagnols ou portugais sur ces banques malades, leurs clients transférant en euros allemands tous leurs euros du sud de l’Europe. Encore faut-il savoir que l’euro est une monnaie commune mais pas une monnaie unique, que les euros de chaque pays ne sont des créances que sur la banque centrale de ce pays et que tous les gestionnaires veulent n’être créanciers que de la Bundesbank. Savoir aussi que L’Union européenne impose d’autoriser sans limitation les échanges de tous les euros les uns avec les autres.

Personne n’ose reconnaître que la création de richesses est un mythe biblique ou évangélique et chacun ne fait que repousser l’échéance pour ne pas être aux commandes le jour du déluge. Les techniques de repoussage sont de plus en plus sophistiquées et rendent toutes, le problème encore plus compliqué.

Pour beaucoup, ce n’est pas si grave, les peuples paieront de leur sang !

Feuilletez et faites feuilleter le Petit lexique économique et social. Il évolue souvent et chaque mot est daté de sa dernière modification. Critiquez-le, commentez-le, proposez des mots qui ne s’y trouvent pas. N’hésitez pas à en contester la pertinence ou l’impertinence.

Fermons nous-mêmes la chaîne

Il n’est que de regarder la publicité pour constater combien nous sommes chouchoutés voire emmaillotés pour nous apprendre à bien dépenser notre argent. Mais le vide est sidéral dès que se pose la question de comment le gagner, à part quelques livres bas de gamme dont les auteurs tentent de nous grappiller quelques sous.

Si pour la dépense on fait semblant de nous prendre pour des gens responsables et raisonnables, pour le gain on nous laisse nous reposer sur « l’autre ». « L’autre » évolue dans le temps. Des parents jusqu’à la caisse de retraite nous passons par l’employeur public ou privé, voire par la collectivité elle-même, pour laisser à « l’autre » la responsabilité de nous donner de quoi dépenser. Nous payons d’ailleurs le minimum vital plus cher que dans d’autres pays comme l’Allemagne, en l’achetant de plus en plus à l’étranger pour que l’impact énorme de la publicité et du soi-disant gratuit ne se fasse pas trop sentir.

Certains se demandent ce que veut dire le « système » dont tout le monde parle sans jamais le définir clairement. Le système, c’est prendre à la fois (en même temps!) le peuple pour responsable dans sa dépense, et irresponsable dans son gain tout en le lui reprochant car il faut bien un bouc émissaire. Le système, c’est fabriquer de plus en plus d’emplois inutiles de conseillers, d’experts et d’observateurs en tous genres dont le seul but est de le faire tenir encore un moment, lui, le système, avec leur complicité souvent involontaire car motivés pour beaucoup par le simple besoin de survivre. Mais ils rendent tous le problème de plus en plus insoluble puisque personne ne produit plus rien dans des villes qui ne savent que dépenser et dire ce qu’il faudrait faire.

De braves âmes façon Attali qui ont parfaitement compris le système pour elles-mêmes, nous proposent de nous débrouiller grâce à notre initiative personnelle entre le marché qui nous dit mensongèrement que nous ne sommes rien tellement nous sommes nombreux et la démocratie qui nous dit mensongèrement que nous sommes tout tellement nous sommes intelligents. Elles nous poussent à tenter l’aventure de la création d’entreprise alors que tout ce qu’elles ont soi-disant créé elles-mêmes a toujours été créé par d’autres. Le résultat est cette myriade d’entreprises sans avenir dont le seul but est par flagornerie de nous faire dépenser davantage notre argent. A nous de demander à « l’autre » de nous en donner « les moyens ».

Le système a oublié que l’économie est une chaîne fermée où nous ne pouvons profiter de l’énergie des autres que parce qu’ils peuvent profiter de la nôtre. L’économie est par définition une coopération alors que le capitalisme en a fait une compétition sans enjeu où l’on nous serine que la compétitivité est une qualité alors qu’elle n’est que pousse-au-crime vers la fraude, la haine de l’autre tout en comptant sur lui, et la désespérance. Le système n’arrête pas de chercher plus ou moins inconsciemment comment refermer la chaîne ailleurs ou à un autre moment. On ne peut expliquer autrement le mondialisme, la dette et l’immigration. C’est chaque fois compter encore et toujours sur « l’autre » pour le gain. Le mondialisme va, en vendant nos emplois, chercher des marchés qui doivent, on ne sait comment, nous faire mieux vivre. La dette, en vendant nos enfants, reporte à plus tard tous les problèmes que nous sommes incapables d’affronter. L’immigration, en vendant notre culture, fait reposer le travail et le renouvellement de la population sur des arrivants peu exigeants qui acceptent de travailler et qui n’ont pas encore compris que nous avions déjà vendus leurs enfants comme les nôtres.

Pendant ce temps (en même temps!) nos élites papillonnent en vivant elles-mêmes fort bien. Elles s’intéressent à la parité, summum de l’individualisme et de la compétition, en laissant aux animaux et aux peuples stupides la coopération toute bête entre le mâle et la femelle. Même la procréation doit dorénavant parait-il pouvoir se faire en solitaire. Nos élites attendent la croissance qui va créer des richesses et enfin fermer cette chaîne à laquelle elles ne veulent rien comprendre. Elles s’écoutent et se retranscrivent mutuellement dans un jargon incompréhensible qui rappelle la médecine du prétendu siècle des Lumières. Faut-il rappeler qu’entre les médecins de Molière du XVIIe siècle et Semmelweis au XIXe siècle qui a sauvé des milliers de femmes en disant simplement à ses confrères médecins de se laver les mains, il s’est passé un siècle et demi de perte de bon sens et de gain de suffisance. Semmelweis a été accusé par sa corporation d’obscurantisme et de mysticisme. Quand après Semmelweis, Pasteur qui n’était, heureusement pour lui, ni médecin ni pharmacien a sorti la médecine de son ignorance crasse et arrogante, l’économie et la politique ont pris le relais de l’ignorance et s’y complaisent depuis près de deux siècles en flattant le peuple qui adore la flatterie et les idoles. La médecine pendant ce temps (en même temps!) s’est servi de l’innovation prônée par les économistes pour faire faire à l’humanité un bond quantitatif incroyable dont on se contente de se préoccuper de la survie alimentaire. La médecine a remplacé la religion dans la gestion de la peur de la mort mais elle coûte beaucoup plus cher, n’assume pas son nouveau rôle et ne réussit pas à s’intégrer dans la chaîne. Elle ne se demande jamais qui s’appauvrit pour l’enrichir.

S’asseoir et réfléchir, est-ce si compliqué ?

L’Union européenne s’est construite sur la fuite en avant commune de ses élites qui veulent continuer à fermer la chaîne par le mondialisme, la dette et l’immigration. Elle n’a comme avenir que l’explosion et la violence car ses élites sont tellement enfermées dans leurs prés carrés que le bon sens n’aura jamais l’unanimité requise. Elles vont se repeindre aux couleurs du temps en espérant tout de l’innovation comme la France vient de le faire. Elles vont continuer à s’entre-déchirer entre souverainistes et européanistes sur le meilleur espace pour régler le problème en continuant à faire monter le chômage, l’immigration et la dette pour ne pas avoir à dire à leurs peuples qu’ils se sont trompés toute leur vie, que le temps des weekends, des 5 semaines de congés payés, des RTT et des arrêts maladie est terminé et qu’il nous faut refermer la chaîne tous seuls en nous remettant à produire et en payant le prix auquel nous sommes capables de produire avec notre façon de vivre. La fuite en avant doit devenir l’ennemi, les agriculteurs doivent cesser de stériliser la terre pour un productivisme éphémère que le système a rendu inhérent à leur survie, chacun doit se demander l’échange qu’il a avec la société, ce qu’il lui donne et ce qu’il en reçoit. Le rôle d’un gouvernement, quelle que soit l’organisation de son peuple, est de veiller à ce que personne ne soit exclu de cet échange. Tout le reste est accessoire mais les gouvernements s’occupent pourtant de tout sauf de cet essentiel qu’ils ne font que pleurer.

Fermer la chaîne nous-mêmes c’est commencer par accepter qu’un gain d’argent est TOUJOURS une perte d’argent de quelqu’un d’autre et que vouloir la fermer par une création de richesse est TOUJOURS transporter nos fantasmes loin dans le temps ou dans l’espace pour continuer à croire à ce qui n’existe pas. Fermer la chaîne nous-mêmes c’est produire chez nous avec notre armée de chômeurs, chaque fois que cela est possible, tout ce dont nous avons besoin. Nous constaterons alors que nos prix ne sont pas compétitifs à cause de tous nos avantages acquis et qu’il faudra enfin choisir entre la coopération oubliée et la compétition sans avenir.

Que nos élites croient au fantasme de la création de richesse est le problème de fond actuel qui les fait ne pas travailler et nous emmener vers la grande violence et la guerre qui nous forcera dans l’instant à fermer la chaîne nous-mêmes et sans eux. Les communistes ont eu un mal fou à reconnaître qu’ils s’étaient trompés pendant plus d’un demi-siècle, les capitalistes ont le même mal fou à reconnaître qu’ils se trompent depuis encore plus longtemps avec une explosion vers le n’importe quoi depuis les années 70.

Ce sont les fondamentaux de bon sens qui ont été perdus. Les peuples attendent que des partis politiques en prennent conscience et ce n’est pour l’instant apparemment en gestation dans aucun d’entre eux.

Feuilletez et faites feuilleter le Petit lexique économique et social. Il évolue souvent et chaque mot est daté de sa dernière modification. Critiquez-le, commentez-le, proposez des mots qui ne s’y trouvent pas. N’hésitez pas à en contester la pertinence ou l’impertinence.