Faut-il vraiment continuer à réintroduire l’esclavage ?

Cet article demande au lecteur un peu de collaboration. Il faut dans un premier temps prendre les 40 minutes nécessaires pour écouter et regarder la vidéo « Le jour où la France est mourue » pour constater que l’Union Européenne ne peut être la solution à nos problèmes. Il serait intéressant d’ailleurs que les quelques malheureux qui croient encore à cette fausse Europe, acceptent d’engager le dialogue sur ce qui est très clairement expliqué dans cette vidéo..

La vidéo nous amène à comprendre que le souverainisme est en l’état le seul cadre possible de notre renaissance, même si les Français ont été majoritairement convaincus par les médias de voter pour le cadre européen avec l’élection d’Emmanuel Macron. La roche tarpéienne étant proche du Capitole, notre Président sera malheureusement pour les raisons qui suivent, le bouc émissaire de son propre désastre, vu la splendeur de son ascension.

Il faut en effet aborder dans un second temps la vraie difficulté que personne n’aborde et qui rend aussi stériles les souverainismes que les européanismes et le mondialisme, difficulté qui mine notre société quel qu’en soit le cadre.

La démagogie de l’ensemble de notre personnel politique en quête de postes plus que de pouvoir par absence de vraies réflexions comme de solutions viables, nous fait croire à la fable que nous pouvons moins travailler grâce aux trois esclavages que nous mettons en place dans un silence aussi contagieux qu’hypocrite. Nous le faisons avec leur concours, souverainistes comme européanistes, en fêtant chaque 10 mai l’abolition de l’esclavage, et en jurant nos grand dieux que « Pas ça ! pas nous ! ».

Pour ne pas avoir à travailler nous ratissons large puisque nous créons un esclavage pour ailleurs, un esclavage pour plus tard et un esclavage pour ici et maintenant. Chaque esclavage se dissimule sous un but louable, se construit sur une grave erreur de jugement et se drape dans un étendard qui brandit sans vergogne l’inverse de là où il nous entraîne.

Le premier esclavage est le mondialisme déguisé en construction européenne sous l’étendard de la paix qui nous rapproche en fait de la guerre.

L’article 32 du TFUE (traité de fonctionnement de l’union européenne) explique clairement que le but n’est pas de protéger l’Europe mais de se diriger vers un commerce planétaire.  : « La Commission s’inspire de la nécessité de promouvoir les échanges commerciaux entre les États membres et les pays tiers« .

Cette fausse nécessité, fondée sur une interprétation erronée de l’avantage comparatif de Ricardo et additionnée à la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, entraîne automatiquement la délocalisation de tout ce qui emploie une main d’oeuvre peu qualifiée en ne laissant en Occident que ce que les machines fabriquent et un chômage qui ne peut que croître et faire baisser le pouvoir d’achat.

Le salaire moyen européen stagne en effet en baissant en Europe de l’ouest puisqu’il augmente en Europe de l’est proche de l’Ukraine qui a des salaires moyens inférieurs à la Chine.  Qui peut sérieusement croire qu’avec l’obligation de l’Union européenne du libre échange mondial animé par l’OMC, les salaires ne s’uniformiseront pas par la perte de pouvoir d’achat des Occidentaux ? Et comme la mondialisation de l’information crée les mêmes désirs sur toute la Terre alors que cette même Terre ne peut pas fournir la même chose à tant de milliards d’hommes, la guerre pour savoir qui sera la minorité satisfaite est forcément au bout du chemin. Ce premier esclavage nous fait perdre le gout de l’harmonie, du bon sens et du réalisme. Il ouvre la porte aux deux autres esclavages.

Pour justifier le premier esclavage nous avons inventé la notion de « création de richesse » qui nous fait croire qu’une manne annuelle tombe sur la Terre et qu’elle réduit la pauvreté que nous avons définie nous-mêmes comme l’incapacité à dépenser. Nous avons appelé cette manne, le PIB mondial et son augmentation, la croissance. Cette manne n’existant évidemment pas, nos économistes la calculent tout de même en additionnant toutes nos dépenses publiques et privées et ils réussissent le tour de force de nous faire croire, malheureusement souvent de bonne foi, que plus nous dépensons, plus nous sommes riches.

Un garçon intelligent comme Nicolas Bouzou, économiste « reconnu », en arrive à écrire le 10 mai 2017 dans L’Opinion :

 » L’Asie représentait moins de 10% du PIB mondial en 1980, et plus de 30% aujourd’hui. Le PIB par habitant y a été multiplié par plus de 20 en 30 ans et sa courbe continue de suivre une trajectoire exponentielle. Enfin, cette zone épargne et investit environ 40% de son PIB, ce qui signifie que sa croissance est loin d’être terminée ».

En arriver à la sottise de croire que l’on peut épargner et investir un pourcentage de ce que l’on dépense, ne peut s’expliquer que par la superstition bien ancrée dans les universités (et dans les grandes écoles) que le PIB est un produit dont on peut se servir alors qu’il n’est que la somme de toutes nos dépenses.

Depuis que l’économie se prétend être une science, la vie n’est plus échange d’énergie humaine mais investissements, plantations de monnaie qui vont faire des petits. Enterré Aristote qui avait vainement cherché sur une pièce de monnaie ses organes reproducteurs, ridiculisé Lanza del Vasto qui avait écrit que le but du travail était de faire des hommes, les économistes réinventent la manne par la création annuelle de richesse, dogmatiquement définie sans rire par ce que nous dépensons. Comme nous avons en même temps oublié que la monnaie n’est qu’un véhicule d’énergie humaine, nous essayons de payer cette manne en augmentant continuellement l’impôt, et comme c’est évidemment insuffisant, nous empruntons, à des organismes qui nous prêtent avec intérêt de l’argent qu’ils créent, autant que nous le leur demandons, pour le plus grand malheur des générations suivantes qui n’ont pas encore assez compris leur problème pour se révolter.

Et se met en place par l’emprunt généralisé un deuxième esclavage potentiel, un « esclavage pour dette », bien connu dans tant de civilisations, esclavage dissimulé provisoirement par la mythique création de richesse et qui, sous l’étendard brandi d’une prospérité à venir nous entraîne en fait inéluctablement vers la misère.

Nos Politiques nous poussent par flagornerie à croire possible cette vie où les efforts sont fournis par les autres, par le mondialisme quand ils sont loin, par l’impôt quand on se souvient du travail passé ou par la dette quand on veut faire payer le futur. Mais tout cela ne suffit pas et pour croire possible une vie de vacances, de week-ends, de jours fériés, de RTT et d’arrêts maladie pour claquage au ski, nous avons besoin de femmes qui mettent au monde chacune en moyenne les 2,11 enfants nécessaires au renouvellement de la population et d’hommes qui viennent faire le travail que nous ne daignons pas faire et nous mettons en place par l’immigration le troisième esclavage pour faire faire à d’autres, ce que nous n’avons pas envie de faire nous mêmes.

Comme les deux premiers, le troisième esclavage est maquillé. C’est sous l’étendard trompeur de la négation des races et de l’amour des autres que nous faisons semblant d’accueillir les malheureux migrants politiques ou économiques et nous n’aimons pas constater que cela débouche inéluctablement sur une haine réciproque. Ces esclaves prendront un jour  le pouvoir pour nous punir de leur avoir fait croire par nos médias que le pays de Cocagne existait chez nous.

Ces trois esclavages que la guerre arrêtera d’un coup, sont là pour retarder une vraie prise de conscience par la jeunesse en lui faisant croire qu’elle peut perdre des années dans des écoles et des universités qui lui donneront de quoi dominer le monde ou faire pousser ces  richesses qu’on lui a fait miroiter. Nous la formatons à croire que son énergie peut se dépenser en salle de sport et que nous allons vers une société sans travail où hommes et femmes paritairement stupides oublieraient d’être intelligemment complémentaires et n’auraient plus à travailler. On nous raconte que les machines et les robots feront presque tout en oubliant qu’ils valent très cher et qu’ils ne peuvent être construits que par une énergie, la monnaie, qui est au départ une énergie humaine de plus en plus inemployée et donc absente parce que perdue…..et donc inefficace.

L’intelligence et la guerre ont engagé sous nos yeux un combat singulier à outrance dont la jeunesse est l’arbitre. Les pouvoirs en place ont choisi inconsciemment la guerre en la retardant le temps de leur départ. Le champ d’action est immense si chacun réussit à sortir de sa coquille et à se regrouper.

Demandez le programme

Samsung vient de publier son bénéfice pour les 3 premiers mois de 2017 de 9.900 milliards de wons soit 8,2 milliards d’euros.

Pour ceux qui croient à la création de richesses, c’est une nouvelle qui intéresse les porteurs d’actions qui utilisent ces informations pour imaginer à quel prix ils pourront revendre leurs actions demain et surtout après demain sur la croyance à la durabilité de ces résultats. Ce sont leurs regards qui définissent les cours de bourse et l’apparence de leurs richesses qui font tellement jaser. Pour ceux qui croient à la création de richesse c’est une nouvelle qui va intéresser tous ceux qui veulent une partie du magot. Les salariés, le fisc, les sportifs en quête de sponsor vont tous venir imposer ou mendier leur part.

Mais pour nous qui savons que la richesse ne se crée pas, nous nous demandons, dans ce monde où la richesse feint de se chiffrer, quels sont les millions d’individus qui se sont appauvris en trois mois de 8.200.000.000 €.

Ce qui est vrai pour Samsung l’est évidemment aussi pour toutes les entreprises du CAC 40 qui fanfaronnent sur leurs milliards de bénéfices, et personne n’y voit rien à redire puisque personne n’a envie de voir qu’ils s’enrichissent exclusivement sur notre appauvrissement dès l’instant où la notion de richesse s’est mondialisée et qu’elle s’approche partout de la même manière.

Mais comme cet appauvrissement ne doit pas être ressenti par ces braves électeurs qui risqueraient de le prendre très mal, le système le fait très habilement glisser dans le temps en appauvrissant nos prédécesseurs par la montée de l’impôt et nos successeurs par la dette qui n’arrête pas de s’envoler. Rappelons que le FMI nous a informé début octobre 2016 que la dette mondiale était de 152.000 milliards de dollars pour 6 milliards d’hommes sur la Terre.

Rien que pour la dette publique française l’Institut de Recherche Economiques et Fiscales (IREF) écrivait en novembre 2014 :

460 millions d’euros, c’est l’augmentation quotidienne de la dette publique française

La dette publique française s’élevait au 30 juin 2014, à 2.023,7 milliards d’euros, c’est 83 milliards de plus qu’au 30 décembre 2013.

Autrement dit, la dette française a cru de 460 millions d’euros par jour au premier semestre, c’est l’équivalent, quotidiennement, de l’achat de 20.000 voitures , de plus de 50.000 robes Haute Couture d’Oscar de la Renta, ou encore près de 75 ans de location d’une suite au Ritz.

Au premier semestre 2014, la dette publique dépasse donc 30.700€ par français, poids qui augmente d’environ 1.300€ par an et par tête, ce qui représente plus qu’un mois de salaire au SMIC.

Ce qui est vraiment grave c’est que cet institut, comme tous les autres observateurs subventionnés, détaille les conséquences en continuant à tempérer discrètement l’acuité du drame par la soi-disant création de richesse, le fameux PIB qui n’est en réalité que la somme de nos dépenses, faut-il une fois de plus le seriner ? :

Le montant total des emprunts de la France est quasiment égal à l’ensemble des richesses produites dans l’année. Quant à la charge de la dette, les intérêts, c’est le deuxième poste budgétaire, qui devrait atteindre 44,3 milliards d’euros en 2015, financé par de nouveaux emprunts. Environ un tiers des nouveaux emprunts sert à financer les intérêts de la dette, et on ne parle que de paiement d’intérêts, pas du remboursement du capital.

Le paragraphe de l’IREF aurait du commencer par « Le montant total des emprunts de la France est quasiment égal à ce que la France dépense en un an ». On ne voit pas très bien comment le système pourrait ne pas exploser mais il est sûr que pour retarder son explosion, les impôts continueront à monter, la dette également et de puissants intellectuels continueront à chercher par une manipulation des monnaies auxquelles personne ne comprend plus rien, à faire payer les autres par une balance commerciale excédentaire alors que nous continuerons en plus à payer pour les autres par notre balance commerciale déficitaire.

Certains en arrivent même à souhaiter que la guerre vienne vite arrêter la spirale infernale qui a été mise dans nos esprits : « Empruntons pour pouvoir dépenser et faire ainsi du PIB qui remboursera les emprunts ».

Faut-il à ce point renoncer à l’intelligence ? C’est notre côté rêveur qui détient la clé de l’énigme. Faut-il continuer à hésiter entre la fuite en avant mondialiste d’un Fillon ou d’un Macron et la « reductio ad hitlerum » d’une gauche aussi déboussolée qu’éparpillée ou faut-il nous réveiller enfin et affronter sereinement notre réalité ? Aujourd’hui aucun candidat ne propose de solution réaliste mais certains en sont moins éloignés que d’autres.

 

Peut-on résoudre un problème mal posé ?

Chacun attend la relance de l’économie et le redémarrage de la croissance comme d’autres attendent le Messie. Peu de gens réfléchissent aux deux blocages qui sont la confusion entre production et richesse et l’oubli du fait que la monnaie est une créance-dette.

Le temps perdu en faux débats

Depuis les années 70, depuis la fin de ce que l’on nous a dit être les trente glorieuses, les politiques se déchirent pour savoir s’il faut relancer l’économie par l’offre ou par la demande. Cette question est l’un des faux débats dont l’Occident se repaît depuis qu’il a renoncé à regarder en face son problème. Faut-il être de droite ou de gauche ? Libre-échangiste ou protectionniste ? Libéral ou social ? Souverainiste ou mondialiste ? Dirigiste ou démocrate ? A qui faut-il donner la priorité entre l’ordre et la justice ? A chaque fois la bonne réponse est qu’il faut combiner les deux et que c’est justement l’harmonisation des deux qui est la voie de la réussite par le moyen de la difficulté vaincue. Mais la facilité ambiante qui sous-traite à la guerre le soin de nous remettre les yeux en face des trous, nous impose scandaleusement d’être unijambistes, borgnes et manchots.

C’est sans doute en économie que cette amputation est la plus dramatique car elle nous a conduit à l’impasse dans laquelle nous sommes. La monnaie est devenue impotente car on a décidé qu’elle était une marchandise comme une autre et donc qu’elle n’avait qu’un pied alors qu’elle en a deux, qu’elle était un stock alors qu’elle est un flux.

Une production n’est richesse que si elle trouve acheteur

C’est par la comparaison avec l’électricité que l’on réalise le mieux l’étendue du problème. Nous avons tendance à croire que l’électricité est une énergie alors qu’elle ne fait que capter et transporter les énergies renouvelables, fossiles ou atomiques. Sans l’origine de l’énergie, que ce soit une énergie renouvelable, fossile, atomique ou simplement la gravitation, il n’y a pas d’électricité, mais sans sa consommation, pas d’électricité non plus puisque nous ne savons pas réellement la stocker. Nous sommes obligés pour ne pas perdre l’électricité produite de la vendre en urgence même à perte à un pays étranger qui en a l’usage ou de la consommer en en sauvant 70% par la technique du STEP, du pompage-turbinage qui remonte l’eau dans les barrages. L’électricité n’est pas une énergie mais une circulation entre une production d’énergie et sa consommation. L’électricité est sur deux pieds et pas sur un seul. La collectivité est maîtresse de cette circulation d’énergie et a le pouvoir d’en choisir les bénéficiaires. Elle contrôle à la fois la captation de l’énergie et ses utilisateurs, ce qui lui donne le pouvoir. Mais s’il est aisé de comprendre que sans source d’énergie il n’y a pas d’électricité, il est moins connu mais tout aussi vrai que sans consommateurs, il n’y a pas non plus d’électricité. L’électricité est l’exemple probablement le plus clair qu’une production n’est richesse que si elle trouve son utilisateur. Les dépenses faramineuses en publicité et en commercial pour trouver des acheteurs arrivent de plus en plus difficilement à convaincre que certaines productions sont encore des richesses alors qu’elles ne sont que des embarras.

La monnaie est un vecteur d’énergie humaine

Il en est de même pour la monnaie qui marche aussi sur deux pieds. Rappelons qu’au début n’a jamais été le troc, échange des avoirs, mais le don et le contre-don, échange des êtres, comme l’a si bien montré l’anthropologue et professeur au Collège de France Marcel Mauss. Il a même souligné que le « donner-recevoir-rendre » nourrissait le lien social et était un « fait social total » à dimensions culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique. Lorsque la monnaie a remplacé le contre-don pour vérifier sa réalité en le rendant simultané, elle a gardé les dimensions culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique qu’avait le contre-don mais nous l’avons complètement oublié. La monnaie est, comme l’électricité, un transporteur d’énergie mais l’énergie qu’elle transporte est de l’énergie humaine. La monnaie est, de ce fait, un fait social total. Elle n’existe que parce qu’il y a à son origine une énergie humaine et à son extrémité une décision humaine de consommation. Jean Rémy dans son interview sur TVlibertés parle même avec talent de « vecteur » pour bien montrer que la monnaie marche sur deux pieds comme l’électricité avec une origine et une destination. La monnaie véhicule l’énergie humaine du donneur envers qui elle a une dette, vers le lieu et le moment de son échange avec l’énergie du contre-donneur sur lequel elle a une créance. Même les banques qui créent la monnaie ont conscience qu’elle est une créance-dette puisqu’elles écrivent simultanément le même montant à leur actif comme créance sur monsieur Dupont et à leur passif comme dette vis-à-vis du même monsieur Dupont.

Donner tort à ceux qui disaient « Il faut une bonne guerre »

C’est parce que nous avons oublié ces vérités de base que nous ne comprenons plus l’économie. D’un côté nous confondons production et richesse et de l’autre nous rêvons à la monnaie hélicoptère ou au revenu universel. Comme aucune solution ne marche et ne peut marcher quand le problème est mal posé, nous avons besoin de trouver des boucs émissaires responsables de tous nos maux. Ces pelés, ces galeux, sont toujours ceux d’en face dans les faux débats que nous affectionnons tant.

Faut-il vraiment se résigner au fait que seule la guerre est assez puissante pour nous remettre les yeux en face des trous ?

 

Les intellectuels n’aiment pas plier le genou

Un intellectuel ne devrait-il pas en permanence gérer son grand écart entre les deux nécessités de construire et de douter de ses bases ?

Pour ma part je n’ai plus que deux certitudes pour lesquelles je soigne mes contradicteurs en ne les écoutant que pour les faire changer d’avis. La première est que responsabilité et risque sont les deux facettes d’une même réalité. La seconde est qu’on ne débloque une situation qu’en se remettant en cause soi-même. Pour tout le reste ce ne sont pour moi que des convictions sur lesquelles je construis certes aussi ma vie mais en m’enrichissant de ce que pensent mes contradicteurs.

Le monde aujourd’hui est fondé sur une nouvelle religion matérialiste qui dit que l’homme crée des richesses alors qu’il ne fait que constater que les œuvres de la nature ou des autres hommes sont des richesses quand il s’appauvrit en énergie pour les obtenir.

L’homme a commencé par constater les richesses de la nature par la dépense de son énergie physique au travers de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Sans dépense d’énergie humaine ces richesses naturelles se reproduisaient puis disparaissaient en se décomposant. Puis l’homme s’est mis à produire en agriculteur, en constructeur et en fabricant mais en vérifiant naturellement sans arrêt que sa production était richesse aux yeux des autres et non rebut par le fait que le don qu’il faisait de sa production était appréciée par les contre-dons que lui rendaient tous les autres. La dérive a commencé quand des intellectuels ont appelé sottement cela, le troc.

Lorsque le contre-don a été remplacé par l’argent pour être simultané, rien n’a fondamentalement changé parce que la monnaie était le substitut social de l’énergie humaine, garantie socialement, religieusement et politiquement mais limitée en quantité par le travail humain utile du groupe.

Par flagornerie les intellectuels ont fait croire aux puissants puis aux peuples que la monnaie n’était plus le substitut social de l’énergie humaine mais une marchandise qui pouvait devenir manne divine. L’homme ne constatait plus la richesse par la dépense de son énergie mais il la créait par la fabrication de la monnaie. Nous vivons aujourd’hui dans cette vanité sans avenir que la guerre fera exploser si notre intelligence continue à renoncer à le faire. Cette vanité nous empêche de réaliser que contrairement à la nature qui fait disparaître ses productions non reconnues comme richesses, nous sommes de plus en plus incapables de nous débarrasser de nos déchets et de nos surproductions.

Nous rêvons d’un pays de Cocagne où des robots et des machines produiraient et où les hommes recevraient l’argent pour acheter ces productions. On appelle économie en Occident ce double regard sur la production et la consommation où l’homme ne serait nécessaire que pour consommer. Cette fadaise ne tient que par les mensonges politico-médiatiques qui nous martèlent que nous sommes un pays riche et que la croissance annuelle de cette soi-disant richesse s’appelle le PIB alors que le PIB n’est que le constat chiffré d’une énergie déjà dépensée. Cette énergie dépensée est de moins en moins notre énergie actuelle mais de plus en plus celle du passé aspirée par l’impôt, celle du futur créée par la dette et celles des autres hommes que nous voudrions pomper par une balance commerciale excédentaire.

Aujourd’hui ce sont les autres qui pompent notre énergie par notre balance commerciale déficitaire, l’augmentation des impôts atteint ses limites et c’est donc la dette qui explose. Le FMI vient de dire que la dette mondiale atteignait désormais 152.000 milliards de dollars tout en continuant à comparer cette dette au PIB mondial qu’il continue scandaleusement à présenter comme une création annuelle de richesse. Le FMI s’alarme que la dette mondiale soit de 225% de la création annuelle de richesse alors qu’elle est de 225% de ce que nous avons dépensé en une année. Avec quoi pourrions-nous rembourser la dette ?

Mesdames et Messieurs les intellectuels, continuons-nous à faire le lit de la guerre en regardant ailleurs et en ne nous interrogeant que sur ce qui la déclenchera ou nous mettons-nous enfin au travail ?

L’économie virtuelle

Dans ce monde où personne ne veut voir que nous consommons nettement plus que ce que nous produisons, y a-t-il une autre solution que la guerre pour arrêter le système qui permet de trouver cela naturel ?

Cette question simple qui est inconsciemment en chacun d’entre nous est tellement difficile, complexe et désagréable que nous procrastinons tous en en reportant chaque jour l’étude au lendemain.

C’est sans doute en trois temps qu’il faut aborder le problème. D’abord comprendre la simplicité de l’économie réelle, ensuite analyser l’économie virtuelle et enfin observer comment l’éducation et la politique se sont mis au service du virtuel par paresse et veulerie.

L’économie, l’action dans la maison en grec, est très simple. La monnaie est l’énergie collective utilisable pour n’importe quoi à l’intérieur du groupe qui l’utilise, et le travail est la seule énergie individuelle connue. L’économie c’est l’échange entre de la monnaie et un bien ou un service créé par le travail. C’est aussi l’étude de cet échange. Chaque individu essaie de séduire par son travail un possesseur de monnaie pour échanger avec lui les énergies et transformer le fruit de son travail dont il ne sait pas très bien si ce fruit est richesse, embarras ou déchet, contre de la monnaie qui est une richesse objective sûre et stable. La monnaie est le seul bien qu’il est unanimement scandaleux de brûler. Tous les autres biens sans exception peuvent être des encombrements ou des déchets pour certaines personnes ou dans certains lieux ou à certains moments. Quel que soit le bien on trouvera toujours quelque part, quelqu’un qui aura envie à un moment donné de le détruire. Mais personne ne brûle des billets de banque. Les deux seules exceptions connues, Gainsbourg et Nicholson, sont deux beaux exemples du côté asocial des médias.

Le possesseur de monnaie s’appellera patron ou client. Les individus se regrouperont ou pas pour fabriquer des biens ou des services mais, seuls ou en groupe, ils seront toujours dans la séduction du possesseur de monnaie, à l’écoute de ce qu’ils doivent modifier pour mieux répondre à son attente. Dans l’économie réelle l’achat de l’affect du possesseur de monnaie par la publicité n’a pas encore fait ses ravages coûteux et on en reste à la remise en cause permanente de celui qui travaille pour être plus utile au groupe, plus reconnu par lui. L’économie réelle est toujours dans le don de soi et dans l’accueil de l’autre comme cela se passait avant l’introduction de la monnaie. L’économie réelle ne crée des biens et des services que pour vérifier qu’elle n’a pas perdu son temps et qu’elle peut échanger sa création subjective contre de l’argent objectif. Le prix est la mesure juste qui permet à la monnaie de circuler sans se dévaloriser. Sa multiplication intempestive s’appelle l’inflation, la masse monétaire qui enfle et qui génère la hausse des prix.

L’économie réelle sait qu’il faut des impôts et des fonctionnaires et que la difficulté est d’arriver à ce que tout fonctionne en limitant les deux, un bon fonctionnement avec peu d’impôts et peu de fonctionnaires. Dans l’économie réelle les fonctionnaires séduisent leur employeur, l’Etat, qui va chercher par l’impôt de quoi les payer et qui rend compte de sa gestion. Sa gestion consiste avant tout à garantir la valeur de la monnaie, cette énergie collectivement stockée et qui ne doit pas être gaspillée mais utilisée pour stimuler le travail de tout le peuple. Si la monnaie se dévalue, c’est qu’il y a inflation et l’Etat doit alerter son peuple sur ce qui ne va pas.

Toutes les civilisations ont vécu cette simplicité et dans celles qui avaient l’or pour monnaie, aucune n’a jamais dit que l’or ne valait plus rien. L’or ne s’est jamais dévalué.

Mais depuis deux siècles l’Occident a inventé l’économie virtuelle qui a elle-même inventé la création de richesse par un moyen simple, stupide mais qui a très bien marché : compter les échanges, les additionner et dire que c’est un produit, une création de richesses. Ça n’a aucun sens mais en le répétant des millions de fois cela a marché dans un monde qui ne filtre plus l’échange. Normalement l’échange est filtré par l’action qui montre l’impossibilité d’un fantasme et par la réflexion qui montre la déraison de la stupidité, les deux empêchant l’échange de n’être que du délire.

Mais la réflexion est abandonnée à ceux qui passent à la télé pour vendre leurs livres et y sont « suffisants et insuffisants » dans leurs péroraisons mais bien propres sur eux. Quant à l’action elle est sous-traitée à d’autres parties de la Terre  qui sont encore en économie réelle et qui ne rechignent pas au travail. Sans ce double filtre nous nous sommes laissés convaincre que le PIB est une création annuelle de richesses, une manne divine à nous distribuer.

Le plus fort est que nous nous sommes tous enrichis de cette manne divine grâce à l’emprunt fondé lui-même sur la création de richesses futures. Comme c’est totalement virtuel, l’appauvrissement indispensable au remboursement des emprunts devient une guerre sans merci entre les Etats, les entreprises et les citoyens qu’ils soient clients ou contribuables. Tous les coups sont permis dans tous les sens et cela ne fait que commencer.Cet échange de coups vicieux va devenir notre activité principale et l’économie virtuelle se frottera les mains de cette nouvelle richesse.

Pendant ce temps, au lieu de prendre conscience du rapprochement inévitable de la guerre qui fait éclater en 5 minutes la bulle de l’économie virtuelle, nous perdons notre temps en discussions oiseuses et byzantines pleines de name-dropping sur la « valeur travail » en ayant oublié et ce qu’est la valeur et ce qu’est le travail. Ou nous devisons sur l’étalon or comme si le rattachement à une matière non dévaluée résolvait quelque problème de fond que ce soit.

Qui ne s’engage pas fermement aujourd’hui dans l’éclatement de la bulle des créations de richesses de l’économie virtuelle, fait le choix de la seule autre solution, la guerre qui sera d’abord civile avant d’être mondiale. La guerre dans son abominable côté concret, casse les reins en un instant à tout ce qui est virtuel. Allez emprunter sur richesses futures en temps de guerre !

Mais nos institutions politique et éducative ou plutôt ceux qui s’en sont arrogés les rênes sans donner l’impression de bien comprendre, ont fait le choix de se servir de l’économie virtuelle au lieu de la faire éclater. L’effondrement de leur popularité montre que le bon sens reste au peuple.

Bien voir, bien comprendre, bien agir

« La vertu du regard éloigné » (Lévy-Strauss)

Il faut sans doute, une bonne fois pour toutes, comprendre la complicité objective qui lie les peuples et leurs dirigeants dans la fuite en avant drapée dans le mot démocratie qui n’est qu’un achat fort coûteux par les puissants de l’affect des peuples. Les peuples ne comprennent évidemment rien à la comédie générale qui leur est proposée, ils en pressentent la duperie mais jouissent pour la plupart en occident d’une vie facile à laquelle ils n’ont guère envie de renoncer.

Cette complicité empêche de voir la simplicité du problème et le coût abominable des multiples paravents que nous mettons nous-mêmes en place pour ne pas nous laisser pour l’instant déranger par la réalité. Car si la réalité du problème est simple, la réalité de la solution est vertigineuse et apeure tout le monde.

Les paravents sont éducatifs quand on fait croire que l’accumulation de connaissance génère le discernement. Ils sont politiques quand on arrive à faire croire que l’avis majoritaire de la foule définit l’intelligence. Ils sont économiques quand on prétend qu’il existe des cycles et que tout repart toujours, alors que seule la guerre est cyclique quand elle devient la seule capable de remettre les yeux en face des trous.

L’un des pires paravents économiques est la fausse croyance que nous créons des richesses à nous partager et que le PIB mesure une production alors qu’il ne mesure qu’une activité sans différencier l’activité saine de l’agitation malsaine. Les diatribes actuelles entre d’un côté les pays comme l’Angleterre ou l’Espagne qui mettent la prostitution et la drogue dans le PIB et qui sont soutenus en France par le sénateur Philippe Marini, président de la commission des finances, et de l’autre l’INSEE qui continue à vouloir faire croire que le PIB est une production et qu’on ne peut y intégrer « l’immoral », ces diatribes montrent bien l’étendue du faux débat. Tout le monde sait que le PIB et la croissance ne mesurent que l’activité et qu’ils ne se soucient ni de l’origine de ce qui est vendu, ni de l’origine des fonds qui ont permis l’achat. La prostitution comme la drogue, les accidents de voiture ou les marées noires font évidemment techniquement de la croissance. Ce qui est stupide ce n’est pas de faire le lien entre la croissance et l’emploi mais de faire croire que la croissance enrichit et permet l’emploi alors qu’elle se paye et que l’unanimité est totale pour ne pas se demander qui paye.

Nous ne pouvons consommer que ce que notre travail nous rapporte s’il est reconnu utile par le groupe. Ce que nous produisons n’est richesse que si c’est acheté par quelqu’un qui en a envie et qui a de quoi l’acheter. Si personne n’en a envie ou si le client potentiel n’a pas de quoi payer, la production n’est plus richesse mais encombrement ou déchet. Cette évidence simple est très dérangeante car elle limite notre consommation et nous force à nous bousculer. Elle est totalement anti électorale car elle évalue notre consommation à l’aune de notre utilité réelle. Et comment évaluer notre utilité réelle dans un groupe dont nous ne savons plus ni la taille, ni le lien, ni même s’il existe encore ?

Alors pour ne surtout pas regarder la réalité en face et continuer à flatter l’électeur qui ne peut payer sa consommation, on tente de faire payer les autres et de faire payer le futur.

Faire payer les autres, c’est la balance commerciale excédentaire. Chacun la veut dans ce mondialisme qui vante la liberté des renards dans les poulaillers. Chacun se croit renard et beaucoup se retrouvent poules. C’est notre cas où à force de vouloir faire payer les autres, nous payons en plus pour les autres. Nous devons retrouver le bon sens que la dernière guerre nous avait réintroduit par le Conseil National de la Résistance et par la charte de La Havane que l’ONU avait préparée mais que les USA n’ont pas ratifiée après l’avoir pourtant signée. La Charte de La Havane confirmait qu’on ne fait pas payer les autres et que les balances commerciales ne peuvent être ni excédentaires ni déficitaires.

Faire payer le futur c’est l’emprunt. Il est pourtant par définition irremboursable puisqu’il n’y a création de richesse que si elle est consommée et qu’elle ne peut donc servir une deuxième fois à rembourser un emprunt. La démonstration mathématique que la somme de toutes les valeurs ajoutées de toutes les entreprises n’est égale qu’à la somme de toutes les consommations, est prudemment mise sous le boisseau pour ne pas déranger. Un emprunt remboursé est forcément un appauvrissement créé quelque part. Si l’on n’arrive pas à faire provisoirement payer les autres comme le fait l’Allemagne, l’appauvrissement s’accumule dans les entreprises avec les conséquences que l’on constate et que les puissants appellent la crise.

La guerre remet les yeux en face des trous et quand elle se termine, le bon sens reprend provisoirement le dessus. Ne pourrions-nous pas, pour remettre les yeux en face des trous, donner sa chance à notre intelligence et éviter les drames de la guerre ?

Concurrence libre et non faussée

Dans la constitution européenne refusée par les Français avant d’être imposée par le Parlement sous forme de traité de Lisbonne après l’élection présidentielle de 2007, il était sans arrêt question de « la concurrence libre et non faussée ». Lors de cette même campagne présidentielle j’avais posé à François Bayrou, ardent défenseur de cette constitution, la question : « Comment voyez-vous une concurrence libre et non faussée entre la Chine et le Poitou ? ». Après une réflexion de plusieurs dizaines de secondes (très long lorsque 500 personnes attendent) François Bayrou avait répondu : « Posée comme cela, la question n’a pas de réponse ». Je voudrais pourtant apporter une réponse à la question posée comme cela; elle est d’ailleurs toute simple.

Il faut que la concurrence soit vraiment libre et que l’on ne défende pas une autarcie frileuse. Quiconque sur cette Terre pense pouvoir répondre intelligemment à nos besoins doit être autorisé à faire une offre.

Mais cette concurrence ne doit pas être faussée et quiconque n’a pas les mêmes règles fiscales et sociales que nous, doit payer à l’entrée sur le territoire, la taxe que ses concurrents français payent en respectant les règles fiscales et sociales qui leur sont imposées.

Cette évidence de bon sens est farouchement combattue par le personnel politique en place, toutes couleurs confondues, et toute la fragilité de l’Europe actuelle s’explique par la contradiction entre les Politiques et le bon sens, contradiction qui va inéluctablement entraîner un succès des nationalismes aux prochaines élections européennes et un coup d’arrêt à la construction de cette fausse Europe. Les Politiques s’y opposent parce que si la concurrence n’était pas faussée, les prix s’envoleraient et les Français comme tous les Européens devraient choisir entre le coût de la vie et leurs avantages sociaux. Fausser la concurrence par l’esclavage dans l’espace qu’est le libre-échange non régulé et fausser la perception de la réalité par l’esclavage dans le temps qu’est le prêt à intérêt sont les deux mamelles de l’Europe de la Société Protectrice des Politique (SPP). La réalité de l’Europe aujourd’hui est une juxtaposition de 28 égoïsmes qui veulent faire payer les 27 autres avec des classes politiques écartelées entre le bien-être de leurs peuples et leur réélection. Beaucoup ont malheureusement choisi.

Pourtant l’Europe est un fait géographique et pourrait devenir un fait politique très intéressant si l’on prenait enfin le problème par le bon bout. Mais pour cela il faudrait avoir l’humilité de reprendre la construction de l’Europe là où 6 classes politiques unanimes ont préféré faire rentrer l’Angleterre, le Danemark et l’Irlande le 1er janvier 1973 et jouer une Europe qui se montre plutôt qu’une Europe qui existe. Toujours l’apparence et le faire-croire pour gagner les prochaines élections !

15 août 1971, Richard Nixon déconnecte le dollar de l’or et met à bas le système rusé et impossible de Bretton Woods imaginé par Keynes en 1944. 3 janvier 1973, Georges Pompidou directeur de la banque Rothschild de 1956 à 1958 et Valéry Giscard d’Estaing, polytechnicien et énarque, font voter par un parlement totalement incompétent une loi forçant l’Etat à abandonner la maîtrise de sa monnaie et à emprunter avec intérêts aux banques ce dont il a besoin. Il n’est pas innocent que cette loi ait si vite été appelée « la loi Rothschild » et que cette très mauvaise idée ait été reprise dans le traité de Maastricht pour l’imposer à toute l’Europe. Il n’est pas innocent non plus que Jacques Attali ait conseillé au pianiste énarque Emmanuel Macron d’aller se faire former à la banque Rothschild avant de devenir le Secrétaire Général Adjoint de l’Elysée, dont on dit qu’il est l’inspirateur de la conversion au libéralisme de François Hollande. Les Politiques, pour être élus, ont trop besoin du monde financier pour ne pas renvoyer l’ascenseur. Tout est lié et le système français des grandes écoles qui a été si productif, semble réduit aujourd’hui à la flatterie subtile de nos élites pour qu’elles ne s’intéressent pas à leur peuple et qu’elles ne remettent pas en cause un système qui sépare inéluctablement les Politiques des peuples. Cette fracture entre les Politiques et les peuples transformés en troupeaux protégés, câlinés puis saignés, est la base de tous les totalitarismes avec les aides des médias qui séduisent et qui deviennent propagande et des administrations qui maîtrisent en devenant policières.

Sous couvert de défendre la paix, les Politiques ont oublié les économies d’échelle et veulent nous faire vivre un mondialisme avec des instances déjà en place, ONU, FMI, UNESCO, OMC, Banque mondiale,…

Ne voient-ils donc pas que plus grand est l’espace peuplé à diriger, plus son organisation doit s’unifier ? Ne voient-ils donc pas qu’un gouvernement mondial, tellement souhaité par certains, ne pourrait qu’unifier les civilisations et combattre la diversité qui compliquerait tout et deviendrait impossible ? Ne voient-ils donc pas que si tous les êtres humains voulaient la même viande de bœuf, le même pétrole et le même uranium, c’est la guerre qui viendrait limiter le nombre d’humains pour que la Terre puisse répondre à leurs besoins ? Ne voient-ils donc pas que la survie d’une humanité réduite à manger, à dormir, à être laïque et à bien voter, est en opposition frontale avec l’existence de peuples cherchant, chacun à sa manière, comment harmoniser au mieux, le rapport à soi-même, le rapport aux autres et le rapport à ce qui nous dépasse tous ?

Vivement la concurrence libre et non faussée. C’est notre seule chance ! Les Politiques qui s’y opposent ne pourront être que balayés si les peuples ne veulent pas l’être !

Faire-croire, gigantisme et immédiateté structurent notre aveuglement

Une des questions les plus intéressantes aujourd’hui est de comprendre comment toutes les intelligences mondiales qui ont accès aux médias en sont réduites à prier pour que la croissance revienne, « aller la chercher là où elle se trouve », « l’accueillir quand elle reviendra », « aller la chercher avec les dents » ou autres fadaises médiatiquement relayées avec l’éternelle ritournelle, droites et gauches confondues : « Sans croissance rien n’est possible ». Mais que fait donc Dieu ?

Je ne crois pas qu’il faille accuser les dirigeants de sottise ou de turpitude. Ils sont simplement coincés dans un système impossible dont personne ne peut sortir sans un bouleversement qui fait peur. Pour reporter l’inéluctable affrontement à la réalité, on fait croire avec la propagande efficace des medias que l’avis majoritaire de la foule est le discernement. On fait croire que l’accumulation des connaissances, et surtout leur spécialisation, donne accès à l’autonomie. Et on fait croire que les richesses à se partager n’arrêtent pas de s’accumuler par la croissance qui serait la montée normalement permanente d’un mystérieux PIB qui est une dépense à financer et non un produit à se partager.

Pour arriver à faire croire simultanément à toutes ces sornettes, nous avons fait sauter le bon sens des économies d’échelle par le gigantisme et nous faisons croire au concret de ces balivernes par l’immédiateté.

Le gigantisme a fait sauter les deux filtres de l’expérience et du discernement. Comme il n’est pas à taille humaine, personne n’en a l’expérience et l’histoire ne nous en apprend rien ; et comme nos sens sont limités dans l’espace nous n’en avons pas la perception personnelle qui nous permettrait d’utiliser notre discernement. La perception est sous traitée aux médias et le discernement aux experts, ces deux entités ne cherchant qu’à être reconnues. C’est la base du gigantisme de toutes les idéologies qui sans lui ne pourraient prospérer. Il est aussi le support discret de l’esclavagisme actuel dans l’espace qui nous permet de ne pas voir ce qui est loin quand les médias ne nous l’apportent pas dans notre salon. Le mondialisme et la globalisation sont le gigantisme actuel.

L’immédiateté est portée par la constatation indéniable que sur un plan matériel nous vivons mieux que nos grands-parents. La vie apparemment plus facile nous empêche de voir que le prix en est notre propre esclavage dans le temps que constitue le prêt à intérêt condamné par toutes les sagesses mais base du système financier actuel. Nous savons tous que tout se complique chaque jour davantage, que les mots de productivité et d’austérité sont les seules planches de salut dérisoires qu’ont trouvé nos dirigeants pour rester en place un peu plus longtemps mais il est tellement agréable de ne pas ouvrir les yeux et de rester pour l’instant bien au chaud dans un présent qui ne peut pas durer. Nous préférons tous attendre en rêvant que la tempête nous épargnera.

Là encore la guerre est le seul moyen efficace hors l’intelligence pour casser ces deux mauvais jouets. Quelle génération sera la première à vraiment préférer l’intelligence ?

Un emplâtre sur une jambe de bois

A force de faire semblant, on sombre dans le ridicule le plus abouti. Le rapport Gallois prône une augmentation de la TVA et la baisse des charges sociales des entreprises. Partant de ce rapport le gouvernement Ayrault dans son « pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi » tourne déjà le dos aux promesses électorales de François Hollande et veut augmenter la TVA et réduire de 20 milliards d’euros la fiscalité sur les entreprises sans baisser les charges sociales pour ne pas augmenter, plus que de sa raison personnelle, le trou déjà béant de la sécurité sociale. Les écologistes s’étranglent, l’autre bord approuve et s’amuse de voir Jean-Marc Ayrault appliquer le programme de Sarkozy.

Les uns comme les autres ne font qu’augmenter l’impôt en réussissant à faire croire qu’ils le diminuent en le ressortant sous d’autres formes. Les charges sociales sont un impôt comme la TVA, la CSG et les radars sur les routes. Tout cela parce qu’on s’entête à croire que la croissance enrichit et que les deux seules questions sont « Comment la stimuler, la faire revenir, l’implorer et la retenir ? » et « Comment se partager équitablement cette manne laïque dans le désert des idées ? ».

Toute la classe dirigeante se perd en discussions profondes sur le meilleur remède entre le cautère, l’emplâtre ou le cataplasme, sans réaliser que le problème est la jambe de bois et non pas les simagrées d’illusionniste que chacun invente pour faire espérer que la jambe va prendre vie.

Le crédit d’impôt est un cautère, l’augmentation de la TVA est un emplâtre, la diminution des charges sociales est un des multiples cataplasmes qui tous, ne sont qu’augmentation ou diminution des prélèvements pour faire tomber la manne et donner l’illusion que la jambe de bois est vivante.

Hélas, trois fois hélas ! le dogme de l’église économique qui nous gouverne est faux. La croissance s’achète, pardon ! se finance, parce qu’elle n’est que dépense.

Lorsque l’INSEE écrit dans ses définitions que le PIB est un produit et donc que sa croissance enrichit, il utilise un tour de passe passe qu’il faut décortiquer.

Tout part de l’observation que si un client achète un kilo de tomates à un marchand, le marchand s’appauvrit en tomates et s’enrichit en argent pendant que le client s’appauvrit en argent mais s’enrichit en tomates. Le PIB étant la mesure, plus ou moins exacte, de l’argent en circulation, cette mesure peut se faire, comme le dit l’INSEE, en additionnant toutes les dépenses ou en additionnant à un moment donné tout ce qu’il y a dans les différentes mains, en additionnant les distributions. Mais comment faire croire que de l’argent circulant est une production que nous allons pouvoir nous partager ? Les économistes ont trouvé le truc : il n’y a qu’à parler en tomates. En achetant des tomates, je m’enrichis en tomates et bien que ce soit une dépense, je vais dire que ma femme s’est enrichie en soins dentaires, et mes amis se sont enrichis en voiture japonaise ou en téléviseur chinois. Nous avons fait de la croissance en nous enrichissant de tout cela et l’INSEE va pouvoir dire que le PIB est une production puisque nous avons produit des tomates, des soins dentaires, des voitures et des téléviseurs. Le génie de l’INSEE va être d’appeler « valeur en volume », la tomate et le téléviseur que j’ai maintenant entre les mains et de les chiffrer en euros « à prix courants » comme ils disent. Génial non ? Il va suffire maintenant de savoir qui paye mais cela s’appelle financer la croissance. Ne riez pas ! C’est ça le PIB que l’INSEE va additionner aux importations pour avoir nos ressources. On comprend mieux que ça coince forcément et que la crise était écrite depuis longtemps.

On va donc payer des milliers de fonctionnaires pour ne pas se contenter d’additionner simplement toutes nos dépenses ou toute la monnaie mise en circulation pour calculer le PIB, mais pour chiffrer les objets et les services que les acheteurs payent. C’est  pratiquement « mission impossible » car comment chiffrer ce qu’apporte un prêtre ou un fonctionnaire mais cela donne de l’emploi à des gens que l’on rémunère et, plus ils mettent de temps à chiffrer tout ça, plus cela coûte cher et plus cela fait de la croissance. L’INSEE va appeler cette « production », la « valeur ajoutée », « à prix courants et en volume ». Personne ne comprend mais on peut enfin dire que le PIB est un produit et que nous allons l’augmenter par la croissance et nous le distribuer ! On parle en volume et on additionne des tomates, des diagnostics, des voitures, des prières, des livres et des efficacités de fonctionnaires. Pour faire bonne mesure puisque l’on parle volume, on va faire de la croissance avec nos importations puisque cela va nous permettre de consommer, pendant que les Allemands font de la croissance avec leurs exportations. Mais si les Allemands s’enrichissent des euros qu’ils perçoivent, nous, nous nous enrichissons des produits asiatiques que nous achetons ! L’INSEE met en ressources les importations et le PIB. Il met en emplois nos dépenses et notre exportation.

Tout cela pour ne pas à avoir à dire au peuple que, s’il y a des inégalités honteuses dans la distribution de notre monnaie, nous vivons en moyenne au-dessus de nos moyens. La réelle pauvreté de certains est trop compensée par l’opulence scandaleuse de certains et par la vie trop dépensière de la majorité. A force d’attendre la manne laïque, nous avons oublié que seul le travail produit réellement des richesses et qu’à force de nous partager une pseudo richesse qui n’est que de l’argent emprunté nous rêvons d’un monde qui n’existe pas et auquel nous voulons tout de même croire. Mais qui veut réellement affronter ce problème ? Pas nous ! Nous sommes complices de nos dirigeants car nous n’avons pas envie de nous réveiller. Pas les Politiques ! Ils n’ont pas non plus envie de nous réveiller puisque nous devons bien voter le jour où nous sommes devant une urne et ils savent que le réveil sera douloureux. Et pour cela ils ont besoin de beaucoup d’argent et sauveront donc en premier le système financier qui les fait vivre. Pas les grandes entreprises ! Elles n’existent que par l’agitation économique et par la réduction de la durée de vie de ce qu’elles font produire. Pas les médias ! Ils ne vivent que par le financement des précédents.

Alors les impôts ne peuvent que monter car il faut payer, en décalage et tout est dans ce mot, la vie trop facile qu’en moyenne nous avons. En plus des impôts classiques on a inventé la dévaluation pour faire payer les épargnants et la hausse des prix pour faire payer les consommateurs. Aujourd’hui la classe dirigeante fait s’épanouir un nouvel impôt, la compétitivité qui est un mot inventé en 1960. Il faut fournir plus et d’une manière ou d’une autre travailler plus pour gagner moins; mais surtout ne pas le dire et combattre becs et ongles le protectionnisme qui nous mettrait en face de nous-mêmes et de nos contradictions. Il est pourtant totalement nécessaire  que nous réalisions la supercherie dans laquelle nous vivons mais c’est tellement difficile à accepter que nous préférons inconsciemment laisser venir, par lâcheté, le protectionnisme par sa voie royale : la guerre.