L’imbroglio grec

« Faut-il pleurer ? Faut-il en rire ? Fait-elle envie ou bien pitié ? » Jean Ferrat ne parlait pas de la Grèce mais en parlant de la mère de famille trop occupée pour penser au monde qui bat de l’aile, ne parlait-il pas sans le vouloir de nous qui ne prenons jamais le temps d’analyser le spectacle pitoyable que nous offrent les Politiques de tous pays.

Pauvres Politiques qui doivent manier la carotte et le bâton sans jamais laisser prendre conscience aux peuples que ce sont les ânes que l’on fait ainsi avancer quand on ne peut leur faire comprendre le pourquoi du chemin. C’est que leur tâche est très difficile à ces pauvres Politiques, ils doivent nous faire prendre des vessies pour des lanternes et l’emprunt pour une richesse.

Reposons une nouvelle fois le problème : alors que la vie économique réelle est simplement l’échange permanent des fruits de leur travail entre les membres d’une même communauté, nous avons tous gobé l’ânerie que nous produirions chaque année une richesse à nous partager et que la richesse mondiale aurait doublé depuis l’an 2000. Le monde financier a besoin de ce mensonge car les banques qui créent l’argent pour leurs prêts disent elles-mêmes que l’argent bizarrement créé est honorablement détruit par les remboursements qui viennent de la richesse créée.

Sur le mensonge de la richesse créée disponible, mensonge nourri par les mondes financier et médiatique qui y puisent leur existence, les Politiques ont construit un accord malhonnête avec leurs peuples : « Elisez-nous et enrichissez-vous ». Tout le métier des Politiques est de faire croire que l’enrichissement est possible pour tous et que l’on peut s’enrichir sans appauvrir quelqu’un d’autre. C’est un métier difficile car il faut faire croire à quelque chose de faux et en retarder au maximum les conséquences. Pour cela les Politiques ont une arme intéressante qu’ils utilisent à outrance : la démocratie.

En démocratie l’avis du peuple est important quels que soient sa compétence et son intérêt sur le sujet. Quand le peuple pense mal, la sottise devient l’intelligence. C’est sur cette vérité démocratique que surfent les Politiques : il faut que le peuple pense mal pour que le mensonge devienne vérité. Mais comme le mensonge reste évidemment un mensonge chaque pays a sa façon personnelle d’en éluder les conséquences.

Le regroupement est la première idée car si tout le monde dit le même mensonge, le mensonge devient vérité à l’intérieur du groupe. C’est comme cela que se sont fermées sur elles-mêmes les classes politique, médiatique et financière qui sont arrivées toutes à se convaincre de bonne foi de leurs propres mensonges. Comme elles explosent si elles ouvrent les yeux, la vérité devient un sujet tabou que l’on s’auto-interdit d’aborder à l’intérieur du groupe. Le mot clé devient la confiance et chacun fait semblant d’y croire tout en n’en pensant pas moins sans jamais l’exprimer, même à soi-même chez beaucoup. Cela a semblé marcher si bien qu’on a appliqué ce principe de regroupement aux nations. Cela a donné l’Europe et l’euro qui étaient mort-nés car fondés sur deux problèmes : une reconnaissance commune de l’accord impossible « Elisez-nous et enrichissez-vous » et une incompréhension de la monnaie, énergie humaine stockée à l’intérieur d’un groupe qui a déjà prouvé son existence.

C’est après avoir constaté que la fuite en avant dans l’Europe ne résolvait rien, que certains comme Attali, Minc ou BHL ont voulu poursuivre dans la fuite en avant et dans le mondialisme et que d’autres, pays par pays, ont exploré d’autres impasses. Entre temps la banque centrale européenne a fait tourner la planche à billet pour sauver les banques et permettre au système de tourner provisoirement.

Les Allemands ont utilisé la discipline de leur peuple pour le paupériser et, pour alléger son fardeau, l’Allemagne appauvrit les autres pays par son exportation. Mais sa population vieillit, son endettement augmente comme celui des autres pays et seule la croyance en la création de richesses futures lui permet de tenir. Tout abandon de créance est vécu par les Allemands comme plus qu’une trahison, une impossibilité.

Les Grecs comme les Irlandais, les Espagnols et les Portugais ont commencé par profiter grassement d’une administration bruxelloise qui justifiait ses salaires mirobolants par des distributions fantastiques d’argent qui ne leur coutait rien. Mais comme la création mythique de richesse n’est pas venue, la troïka a étalé le remboursement contre des efforts demandés aux peuples, la fameuse politique d’austérité qui n’a pas de fond puisqu’il n’y a pas de création de richesses.

Aujourd’hui les Grecs veulent qu’on entérine le fait que leur dette est irremboursable mais veulent continuer à être alimentés en monnaie par la BCE. C’est toujours la création de richesse future qui remboursera.

La solution du retour à la drachme est évidemment la solution mais personne n’en veut. Le gouvernement grec n’en veut pas parce qu’il a besoin du financement externe de la BCE sur création de richesses futures et que le retour à la monnaie nationale mettrait les Grecs en face d’eux-mêmes, ce qu’il ne veut surtout pas. Les autres n’en veulent pas non plus car il est impossible de sortir de l’euro sans sortir volontairement de l’Europe par l’article 50 du traité de Lisbonne et tout le monde sait qu’on ne peut changer les traités sans signatures unanimes. Il n’y a pas de texte pour exclure économiquement un membre de l’Europe, il n’y a pas de texte pour exclure un membre de l’euro. Il n’y a pas de texte pour sortir volontairement de l’euro.

Nous allons donc assister à une pièce de théâtre politico-médiatique méprisable où le gouvernement grec va utiliser la menace de sortir de l’Europe en faisant éclater et l’Europe et l’euro alors que ni lui ni les autres ne veulent que cela se fasse car tous veulent continuer à pouvoir dire à leur peuple qu’il peut continuer à s’enrichir s’il vote bien.

Nous allons voir Angela Merkel être un peu courageuse et tenter de dire non. Nous allons voir François Hollande vouloir tout lâcher puisque la seule chose qui l’intéresse aujourd’hui c’est sa réélection et qu’endormir les Français est sa seule chance. Nous allons voir David Cameron se frotter les mains de regarder de loin cette foire d’empoigne.

Et nous allons voir nos politiciens étaler leur incompétence dans des logorrhées insoutenables dont le seul but sera dans tous les camps de ne jamais dire que nous consommons plus que nous ne produisons car ils n’ont aucune solution à ce problème qui est pourtant le seul important.

Le retour à la drachme nous mettra au pied de ce problème avec les Grecs en avant-garde mais ils vont tous dépenser beaucoup de notre énergie pour retarder toute prise de conscience.

Pour ceux qui trouveraient ma chute pessimiste je rappelle la solution pour la France comme pour tous les autres pays :

  • Sortie de l’Europe par l’article 50.
  • Application en interne du programme du Conseil National de la Résistance signé unanimement à la fin de la guerre.
  • Application en externe de la Charte de La Havane signée unanimement par les pays de l’ONU et que l’on nous a formatés à oublier et qui donnerait pourtant immédiatement du travail aux Français pour fabriquer chez nous dès son application les 70 milliards d’euros de déficit commercial.

Concurrence libre et non faussée

Dans la constitution européenne refusée par les Français avant d’être imposée par le Parlement sous forme de traité de Lisbonne après l’élection présidentielle de 2007, il était sans arrêt question de « la concurrence libre et non faussée ». Lors de cette même campagne présidentielle j’avais posé à François Bayrou, ardent défenseur de cette constitution, la question : « Comment voyez-vous une concurrence libre et non faussée entre la Chine et le Poitou ? ». Après une réflexion de plusieurs dizaines de secondes (très long lorsque 500 personnes attendent) François Bayrou avait répondu : « Posée comme cela, la question n’a pas de réponse ». Je voudrais pourtant apporter une réponse à la question posée comme cela; elle est d’ailleurs toute simple.

Il faut que la concurrence soit vraiment libre et que l’on ne défende pas une autarcie frileuse. Quiconque sur cette Terre pense pouvoir répondre intelligemment à nos besoins doit être autorisé à faire une offre.

Mais cette concurrence ne doit pas être faussée et quiconque n’a pas les mêmes règles fiscales et sociales que nous, doit payer à l’entrée sur le territoire, la taxe que ses concurrents français payent en respectant les règles fiscales et sociales qui leur sont imposées.

Cette évidence de bon sens est farouchement combattue par le personnel politique en place, toutes couleurs confondues, et toute la fragilité de l’Europe actuelle s’explique par la contradiction entre les Politiques et le bon sens, contradiction qui va inéluctablement entraîner un succès des nationalismes aux prochaines élections européennes et un coup d’arrêt à la construction de cette fausse Europe. Les Politiques s’y opposent parce que si la concurrence n’était pas faussée, les prix s’envoleraient et les Français comme tous les Européens devraient choisir entre le coût de la vie et leurs avantages sociaux. Fausser la concurrence par l’esclavage dans l’espace qu’est le libre-échange non régulé et fausser la perception de la réalité par l’esclavage dans le temps qu’est le prêt à intérêt sont les deux mamelles de l’Europe de la Société Protectrice des Politique (SPP). La réalité de l’Europe aujourd’hui est une juxtaposition de 28 égoïsmes qui veulent faire payer les 27 autres avec des classes politiques écartelées entre le bien-être de leurs peuples et leur réélection. Beaucoup ont malheureusement choisi.

Pourtant l’Europe est un fait géographique et pourrait devenir un fait politique très intéressant si l’on prenait enfin le problème par le bon bout. Mais pour cela il faudrait avoir l’humilité de reprendre la construction de l’Europe là où 6 classes politiques unanimes ont préféré faire rentrer l’Angleterre, le Danemark et l’Irlande le 1er janvier 1973 et jouer une Europe qui se montre plutôt qu’une Europe qui existe. Toujours l’apparence et le faire-croire pour gagner les prochaines élections !

15 août 1971, Richard Nixon déconnecte le dollar de l’or et met à bas le système rusé et impossible de Bretton Woods imaginé par Keynes en 1944. 3 janvier 1973, Georges Pompidou directeur de la banque Rothschild de 1956 à 1958 et Valéry Giscard d’Estaing, polytechnicien et énarque, font voter par un parlement totalement incompétent une loi forçant l’Etat à abandonner la maîtrise de sa monnaie et à emprunter avec intérêts aux banques ce dont il a besoin. Il n’est pas innocent que cette loi ait si vite été appelée « la loi Rothschild » et que cette très mauvaise idée ait été reprise dans le traité de Maastricht pour l’imposer à toute l’Europe. Il n’est pas innocent non plus que Jacques Attali ait conseillé au pianiste énarque Emmanuel Macron d’aller se faire former à la banque Rothschild avant de devenir le Secrétaire Général Adjoint de l’Elysée, dont on dit qu’il est l’inspirateur de la conversion au libéralisme de François Hollande. Les Politiques, pour être élus, ont trop besoin du monde financier pour ne pas renvoyer l’ascenseur. Tout est lié et le système français des grandes écoles qui a été si productif, semble réduit aujourd’hui à la flatterie subtile de nos élites pour qu’elles ne s’intéressent pas à leur peuple et qu’elles ne remettent pas en cause un système qui sépare inéluctablement les Politiques des peuples. Cette fracture entre les Politiques et les peuples transformés en troupeaux protégés, câlinés puis saignés, est la base de tous les totalitarismes avec les aides des médias qui séduisent et qui deviennent propagande et des administrations qui maîtrisent en devenant policières.

Sous couvert de défendre la paix, les Politiques ont oublié les économies d’échelle et veulent nous faire vivre un mondialisme avec des instances déjà en place, ONU, FMI, UNESCO, OMC, Banque mondiale,…

Ne voient-ils donc pas que plus grand est l’espace peuplé à diriger, plus son organisation doit s’unifier ? Ne voient-ils donc pas qu’un gouvernement mondial, tellement souhaité par certains, ne pourrait qu’unifier les civilisations et combattre la diversité qui compliquerait tout et deviendrait impossible ? Ne voient-ils donc pas que si tous les êtres humains voulaient la même viande de bœuf, le même pétrole et le même uranium, c’est la guerre qui viendrait limiter le nombre d’humains pour que la Terre puisse répondre à leurs besoins ? Ne voient-ils donc pas que la survie d’une humanité réduite à manger, à dormir, à être laïque et à bien voter, est en opposition frontale avec l’existence de peuples cherchant, chacun à sa manière, comment harmoniser au mieux, le rapport à soi-même, le rapport aux autres et le rapport à ce qui nous dépasse tous ?

Vivement la concurrence libre et non faussée. C’est notre seule chance ! Les Politiques qui s’y opposent ne pourront être que balayés si les peuples ne veulent pas l’être !