Responsabilité et risque sont deux facettes d’une même réalité

En ces temps de surinformation contradictoire, écrire sur le sujet du jour devient dérisoire. Comme à chaque fois que des informations contraires sont plausibles ou même avérées, seul un changement de niveau permet d’avancer dans cette obscure clarté.

De même que la vie et la mort n’existent pas l’une sans l’autre, de même la responsabilité et le risque sont par nature liés. Si la vie et la mort s’excluent l’une l’autre pour exister, la responsabilité et le risque ne cohabitent harmonieusement que si on ne les sépare pas. Par facilité nous aimons pourtant occulter les deux difficultés qui nous bousculent trop par leur évidence : la mort fait partie de la vie et il n’existe pas de responsabilité sans risque ou de risque sans responsable.

Depuis que les Anglo-Saxons dominent le monde avec notre consentement et la complicité de certains, ils tentent, sans aucune chance de succès, d’imposer une organisation sociale fondée sur une double erreur.

La première est la prétendue démocratie qui infantilise en prétendant responsabiliser. La seconde est la fausse monnaie légale, éparpillée et accueillie avec la langue anglaise sur toute la Terre dans l’indifférence générale. Sur ces deux erreurs nous croyons nous être payé une société où les machines font le travail et où les hommes ne sont là que pour jouir, consommer et prolonger leur survie en renonçant à vivre. Consommer et renoncer à vivre pour gagner un peu de survie devient en effet une obligation imposée par une fausse élite qui n’existe que par notre faiblesse à croire possible ce pays de Cocagne dont le bonheur est absent. Nous avons complètement oublié qu’interdire la mise en danger de la survie d’autrui comme nous le faisons chaque jour davantage avec le principe de précaution, c’est interdire de vivre et forcer à se contenter du plaisir en rendant le bonheur inaccessible.

Pour en arriver à se laisser séduire par ce pays de Cocagne imaginaire, cette utopie impossible, nous nous nous sommes laissés détourner de la démocratie, nous avons utilisé l’énergie de la fausse monnaie légale et nous avons subi le matraquage irresponsable des médias.

La démocratie est l’organisation sociale où le peuple responsable assume individuellement et collectivement les risques de ses décisions. Son détournement a consisté à faire croire que l’on peut dissocier responsabilité et risque en s’appuyant alternativement, discrètement sur le « principe comptable » qui n’est que l’obligation du réel, et  bruyamment sur le « principe de précaution » qui est de sacrifier la vie de tous au profit de la survie de certains.

D’après le principe de précaution il faut infantiliser, d’après le principe comptable il faut responsabiliser. La fausse démocratie fait la danse du ventre pour tenter « en même temps » d’infantiliser et de responsabiliser. Pour cela elle abandonne le peuple pour flatter la foule en sacralisant l’injustifiable « un homme, une voix » qui oublie le trépied de la responsabilité qui est l’indépendance, la connaissance du risque et l’acceptation des conséquences. Seules les opinions fondées sur ces trois critères sont dignes d’intérêt mais ce ne sont pas du tout celles que la démocratie détournée recueille. L’affect de la foule qui n’est ni indépendante, ni consciente de son risque, ni prête à assumer les conséquences de ses actes, donne les lynchages, les pogroms et ce que les médias et les Politiques appellent la démocratie voire la République avec un R majuscule aussi révérencieux qu’inexpliqué. Nous sommes bien loin de Jean Bodin qui expliquait au XVIe siècle dans « Les six livres de la république » que monarchie, aristocratie et démocratie étaient les différentes formes de république, la chose publique en latin. Nous assistons aujourd’hui à des campagnes électorales uniquement émotionnelles nourries par la fausse monnaie. Entre deux campagnes, le peuple et ses élus se séparent. Le peuple est confronté à la réalité qu’il doit affronter, et les élus sont empêtrés entre assumer leurs promesses électorales la plupart du temps incohérentes et préparer la campagne suivante qui est leur seul chance de conserver la considération de la foule en restant totalement inutiles.

Cette tartufferie généralisée ne serait pas possible sans les médias qui prennent le pouls de la foule et veillent à ce qu’elle ne redevienne surtout pas un peuple. Elle serait aussi impossible sans la fausse monnaie légale qui permet de reporter tous les problèmes. La capacité anesthésiante de la fausse monnaie est fabuleuse et elle recule la prise de conscience en aggravant tous les problèmes, ce qui sépare encore davantage les dirigeants de leurs peuples.

La fausse monnaie légale dispense les Politiques d’affronter l’opposition entre le principe comptable et le principe de précaution. Elle leur permet de se servir de la bêtise de la foule entretenue par les médias pour se moquer du peuple et s’éloigner toujours davantage de la démocratie.

Pour ne prendre que l’exemple caricatural actuel de Macron et de ses affidés, il est sans doute difficile de faire pire. Il fait exactement le contraire de ce qu’ont fait les gouvernants pendant l’épidémie de 1957 qui a fait beaucoup de morts et dont personne ne se souvient tellement cette épidémie a été gérée normalement sans que les Poltiques ne se poussent eux-mêmes. C’est la suppression de 20.000 lits d’hôpitaux qui existaient et l’arrêt de l’entretien d’un stock de masques vraiment protecteurs qui existait aussi, le tout aux époques Sarkozy et Hollande, ce dernier conseillé par Macron, qui ont rendu impossible de se protéger intelligemment de ce nouveau coronavirus comme l’a fait la Corée du sud qui sort de l’épidémie tranquillement et sans enfermer son peuple. Il est vrai à la décharge des Politiques que ces erreurs ont été commises en suivant les injonctions de la Commission de l’Union européenne qui, ne dépendant pas du vote de la foule, peut s’accrocher au principe comptable sans comprendre que ses conseils sont incohérents puisqu’ils s’appuient aussi sur le principe de précaution qui lui est incompatible. Mais comme cette Commission n’est composée que de Politiques la plupart du temps remerciés par leurs électeurs, l’admiration de leurs nombrils leur suffit pour être sûrs de ne pas se tromper.

Macron, fabriqué en apparence par le réalisme du principe comptable, tente de survivre politiquement en s’engouffrant dans le principe de précaution qui n’avait jamais été nulle part décisionnaire devant une épidémie. Il a décidé d’enfermer le peuple et de prendre à sa charge le coût de cet enfermement. « L’État paiera », « quoi qu’il en coûte » a-t-il osé dire en semblant oublier qu’il ne peut payer qu’avec l’argent que son peuple gagne en travaillant. C’est évidemment une promesse d’ivrogne car empêcher les gens de travailler et vouloir tout résoudre avec le fruit de leur travail, démontre un dérèglement mental au moins provisoire. En fait il compte sur la fausse monnaie pour dissimuler à la foule son incompétence et il créera un impôt exceptionnel pour freiner un peu la montée de la dette. Toute sa stratégie empreinte de son humilité coutumière est de vaincre la mort avec de la fausse monnaie et de monopoliser le petit écran pour nous dire combien il est utile et efficace. Sa prétention d’adolescent attardé et content de lui devient difficilement supportable.

Ce virus couronné est venu tout de même heureusement éclairer la nullité de nos fausses élites, leur mesquinerie et leur incapacité à être ce qu’elles voudraient que nous croyions qu’elles soient. Les cloches sonnent et le peuple applaudit les Soignants qui tentent de réparer les bêtises des Politiques qui ne se rendent même pas compte qu’ils devraient au moins se faire tout petit.

La mise au pas du peuple par la fausse monnaie légale

Le premier mal contemporain est de croire à l’abondance gratuite et à l’efficacité permanente de la monnaie. Il nous vient de l’oubli que la monnaie est un vecteur d’énergie humaine préalablement et utilement dépensée. L’efficacité apparemment gratuite de la monnaie est un drame économique permanent car elle est fondée sur le rêve que quelque chose peut exister sans une cause en amont. Nous allons constater que cette efficacité faussement gratuite permet aussi, par une débauche de fausse monnaie, de réinventer l’esclavage en vantant son abolition, de démolir l’Europe en prétendant la construire, d’affaiblir la coopération au profit de la compétition, donc d’affaiblir la paix au profit de la guerre. Elle permet malheureusement aussi de rendre crédibles tous les fantasmes et arrogantes toutes les minorités. Elle donne enfin les rênes à une classe politico-médiatique complètement idéologisée, uniquement capable d’édicter des interdictions et des obligations sous couvert de sa propre morale à géométrie variable, pour se convaincre elle-même, aux frais du peuple et sans aucune chance de succès, que son idéologie la conduit sur la bonne voie. La réalité est que cette fausse élite a perdu toute idée de cohérence globale et ne se passionne que pour savoir comment tenir encore un moment. Emmanuel Macron est le porte-drapeau de la contradiction ambulante du « en même temps » qui essaie de ratisser large en partant dans tous les sens au mépris des trois essentiels qui sont et resteront la cohérence, l’harmonie et le sacré.

Tout est d’abord fondé dans l’idéologie dominante sur le fantasme de la création de richesse qui nous permet de nous croire Superman, ce qui est très agréable. Pendant que les machines produisent en continu en gaspillant les matières premières, on fabrique de la fausse monnaie pour que cette production soit achetée et donc apparemment transformée en richesse. Mais si cette richesse apparait vraie à son propriétaire tant qu’on ne lui a pas reprise ou tant que son jouet n’est pas cassé, elle est macro-économiquement aussi fausse que la monnaie qui l’a constatée. L’inflation monétaire permet de croire à ce que le système veut que nous croyions tous : les machines ne produisent pas des productions, elles produisent des richesses. Il se produit alors un double équilibre. Un équilibre du rêve dans lequel on plonge la population et où il devient évident, bien que complètement faux, qu’il suffit qu’une production soit désirée pour qu’elle devienne richesse grâce à la monnaie-dette. C’est comme cela que l’on bétonne un pays pour qu’il se croie riche. Mais pour que ce faux équilibre puisse tenir, un autre équilibre beaucoup plus discret et fondamentalement pervers se met naturellement en place comme nous levons un bras quand l’autre porte une charge lourde. L’énergie humaine nécessaire pour que la nouvelle richesse soit vraie, va être trouvée dans le retour insidieux de l’esclavage. D’abord le plus apparemment anodin, l’esclavage dans le temps avec la monnaie-dette qui n’asservit que le futur, que les générations suivantes. On a le temps, on verra plus tard ! On aura créé des richesses et la science résoudra tout ! C’est le retour de la Pythie, du temple de Delphes et des oracles. Puis comme l’esclavage dans le temps est insuffisant, on ressuscite l’esclavage dans l’espace qu’est le mondialisme. Comme c’est loin c’est un esclavage que l’on ne voit pas et qui ne dérange donc pas. Et comme c’est encore insuffisant pour que toutes les productions des machines soient considérées comme des richesses dès qu’elles sont désirées, on est obligé de réintroduire l’esclavage ici et maintenant. Cela se fait par la facilité qu’a la classe politico-médiatique réputée notre élite, à obtenir de l’argent des banques. Cela lui donne des titres de créances totalement indus sur toute la population, ce qui est techniquement une réduction discrète en esclavage. Pour faire passer la pilule de la baisse du niveau de vie, on manipule subjectivement les esprits par les médias avec « la crise » éternellement ressortie et on favorise objectivement l’immigration pour que les autochtones, par crainte du chômage, ne mettent pas de gilets jaunes. Au lieu d’utiliser l’énergie des chômeurs pour le bien commun et pour pouvoir constater leur création de richesses par une fabrication de vraie monnaie, on calme les chômeurs avec de la fausse monnaie, ce qui fait croitre un peu plus la dette mondiale que personne n’envisage sérieusement de rembourser. Cette fuite en avant permanente dans tous les esclavages fait croitre la dette, le mépris des autres civilisations, la paupérisation du peuple et l’immigration. Et comme tout excès en génère toujours un autre à son opposé, la classe politico-médiatique représentée par Jacques Chirac a décrété une journée de commémoration contre l’esclavage quand il le ressuscitait dans le même temps, apparemment sans s’en rendre compte tellement l’électoralisme était son seul métier. Pour que le retour de l’esclavage ne soit pas trop visible, la classe politico-médiatique a aussi créé des Christiane Taubira pour réduire l’esclavage aux temps anciens, aux vilains blancs et aux gentils noirs alors qu’il est malheureusement universel et intemporel.

Si la monnaie était restée ce qu’elle devrait être, aussi parcimonieuse que l’énergie humaine précédemment dépensée pour des résultats appréciés et si possible durables (l’or par exemple), la plupart des dépenses en machines, appelées pompeusement investissements, n’auraient pas été possibles. Mais comme on veut nous faire croire aux organes reproducteurs de la monnaie, les machines, payées par la fausse monnaie légale, consomment les richesses de la Terre et les payent aussi avec de la fausse monnaie. Pour clore le circuit, les acheteurs transforment la production des machines en richesses en les payant encore avec de la fausse monnaie. Les peuples commencent à réaliser sans encore l’exprimer, qu’une fausse élite vit très bien sur le mythe d’un pays de Cocagne et sur la réalité de la résurgence de l’esclavage.

Si le drame actuel de confondre une richesse avec ce que nous désirons, était resté dans l’économie, un simple krach serait suffisant et le dépôt de bilan des banques, une simple anecdote. Mais il ne faut pas oublier qu’une richesse n’est que ce qu’une civilisation trouve beau et bon, comme la justice n’est que ce qu’elle croit bien et vrai. En rendant possible la réalisation de nos désirs réputés richesses, la fausse monnaie nous fait croire que tous nos désirs sont beaux, bons et bien. Elle casse les freins de la morale et de la cohérence de la vie en commun. Tous nos désirs étant maintenant réputés beaux et bons, donc admirables, l’individualisme va triompher et la fausse monnaie va veiller à ce qu’il ne manque pas de moyens. Y résister va devenir ringard. La pente est fatale et elle grignote absolument tout.

La fausse monnaie permet d’affaiblir la coopération au profit de la compétition en considérant le désir adolescent de s’en sortir tout seul, comme une richesse, et le besoin de l’autre comme une faiblesse. Chacun doit être Superman ou Superwoman, identique à tous les autres puisque leur égal. L’égalité n’est plus le respect de la diversité de tous les autres dans leur différence, en utilisant justement les différences pour le bien commun. L’égalité devient la juxtaposition d’individus qui n’auraient besoin de personne et dont les différences doivent être gommées puisqu’ils sont réputés identiques. Il devient scandaleux de vouloir une vraie égalité dans l’interdépendance.  A-t-on encore le droit dans un monde de parité obligatoire, d’observer qu’enceinte n’a pas de masculin et que la première fonction d’un sein féminin est d’allaiter. Dans l’idéologie mondialiste actuelle imposée par le nouveau Big Brother, on peut observer que la femme joue très bien à l’homme pendant que l’homme joue très mal à la femme. Ce qui est sûr c’est qu’ensemble ils ne renouvellent plus la population et qu’ils comptent sur la fausse monnaie pour faire le travail et qu’elle ne le fait évidemment pas. Certains pourront même voir dans la montée de la violence physique chez certains hommes comme de son équivalent chez certaines femmes qu’est l’animosité, le triste résultat d’un futur auquel plus personne ne croit.

La fausse monnaie permet aussi de rendre crédibles tous les fantasmes. Par l’intermédiaire du mythe de la création de richesse, elle fait croire qu’il est possible de faire du profit sans appauvrir quelqu’un d’autre. La redistribution de la richesse produite devient une norme. Emmanuel Macron peut gagner des millions à la banque Rothschild sans que personne ne se demande qui a perdu ces millions. Il a simplement pris sa part de l’extraordinaire richesse qu’il a produite ! Et grâce à la fausse monnaie, personne n’éclate de rire.

La fausse monnaie  permet encore de rendre arrogantes toutes les minorités. Les minorités les plus voyantes, les féministes, les gays et l’islam, rentrent dans notre vie quotidienne par une « fenêtre d’Overton » entièrement payée par la fausse monnaie. Une fenêtre d’Overton est un glissement insidieux, subtil, permanent et qui coûte très cher. Elle nous fait passer de l’impensable au radical, du radical à l’acceptable, de l’acceptable au raisonnable, du raisonnable au populaire, du populaire au politique et du politique à l’obligatoire ou à l’interdit. Pour le voir autrement Daniel Hallin a imaginé une sphère au centre de laquelle se trouve le consensus et en s’éloignant du centre on traverse la controverse pour arriver à la déviance. Par son abondance la fausse monnaie renverse cette approche. Le consensus devient déviance et la déviance consensus. Divorce, IVG, homosexualité sont devenus consensus, et « en même temps » l’homme blanc, le christianisme et l’hétérosexualité descendent la pente. Ils ne sont déjà plus qu’entre le raisonnable et l’acceptable. Certains les voient déjà dans le radical et rêvent de les voir dans l’impensable.

Mais c’est tellement reposant de ne pas voir l’énergie de la monnaie. Cela évite d’avoir à distinguer quand elle est admirable parce qu’elle est vraie, ou destructrice parce qu’elle est fausse. Cela évite de se poser les questions difficiles, et l’on peut se contenter de chercher chez les autres les boucs émissaires de la chute de notre civilisation.

La monnaie est une énergie, n’en déplaise aux grincheux

La régularité et l’obstination avec lesquelles certains s’enferment dans le déni de la réalité en refusant que la monnaie soit une énergie, forcent à le démontrer par la méthode scientifique.

La méthode scientifique a été définie par Aristote au 4e siècle avant Jésus-Christ dans ses Seconds Analytiques :

« Nous estimons posséder la science d’une chose d’une manière absolue quand nous croyons que nous connaissons la cause par laquelle la chose est, que nous savons que cette cause est celle de la chose, et qu’en outre il n’est pas possible que la chose soit autre chose qu’elle n’est. »

Tout commence donc par connaître la cause de la monnaie.

Tout groupe d’êtres humains a au départ une raison de se trouver ensemble et il organise dans ce but les apports de chacun. Il rend complémentaires les différentes énergies individuelles. Cette organisation a été improprement appelée troc en supposant une simultanéité du don et de sa contrepartie alors que cette simultanéité n’a jamais été habituelle et que l’échange entre les participants passe souvent par l’organisation du groupe. Le don et sa contrepartie, sa contrevaleur, existent pourtant dès la création du groupe (couple, famille, association ou tribu) mais ils ne sont que très rarement concomitants. L’anthropologue et professeur au Collège de France Marcel Mauss a parfaitement expliqué que le don entraînait ce qu’il appelait le contredon et que le « donner-recevoir-rendre » était au service du lien social et qu’il le nourrissait. Mauss a développé que le don et le contredon était partout ce qu’il a appelé un «fait social total» à dimensions culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique et qu’il ne pouvait être réduit à l’une ou à l’autre de ses dimensions.

Mais quand la taille du groupe devient importante, la détection de ceux qui oublient de rendre devient difficile et rend obligatoire la simultanéité de la contrepartie. La cause de la monnaie est de répondre à cette nouvelle obligation de simultanéité de la contrepartie qui n’était pas obligatoire auparavant. Il n’y a pas d’exception connue sur toute la surface de la Terre. Substitut du donner-recevoir-rendre que chacun connait dans sa propre famille, la monnaie est comme lui culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique ne pouvant être réduite à l’une ou à l’autre de ses dimensions. Elle est « au service du lien social et elle le nourrit ». C’est le « fait social total »  sur lequel sont fondés tous les systèmes financiers et toutes les civilisations.

Mais pour que la contrepartie ne soit pas un leurre, il faut qu’elle véhicule avec elle le souvenir d’une réelle énergie humaine qui soit véritablement un contredon et non une simple promesse qui n’engage que celui qui y croit. C’est pourquoi toutes les civilisations ont toujours pris comme monnaie une richesse préalablement reconnue qui était forcément le résultat d’un travail humain déjà effectué, des plumes d’oiseaux très rares, du sel, du blé, du bétail, du cuivre, de l’argent ou de l’or. Même les monnaies papier ont toujours été, sans aucune exception jusqu’à l’euro, créées sur une richesse préalablement reconnue. Le système de Law l’était sur la richesse de la Louisiane, les assignats sur les biens confisqués à la noblesse et au clergé, la monnaie-papier de la Grande Catherine sur ses mines de cuivre, le dollar continental sur la livre-sterling, elle-même adossée à l’or, etc etc.

Le dernier lien entre les monnaies et une richesse préalablement reconnue a été défini par les accords de Bretton Woods en 1944. Il a lié toutes les monnaies au dollar et le dollar à l’or. Mais pendant plus de 25 ans la FED, imitant en cela et en médiocrité Law et les révolutionnaires français, a imprimé frauduleusement 5 fois plus de dollars qu’elle n’avait d’or à sa garde. Elle l’a fait pour payer le plan Marshall et les guerres de Corée et du Vietnam. Voyant fondre les réserves d’or de Fort Knox, le président Nixon a été contraint en 1971 de rompre le lien entre les monnaies et la richesse préalablement constatée qu’était l’or. Depuis cette date, et contrairement aux billets de la rue Quincampoix et aux assignats qui ont eu le bon goût de disparaitre humblement lorsqu’ils ne valaient plus rien, le dollar continue pour l’instant à être reconnu comme ayant une valeur, les Américains vivant facilement le rêve de posséder toute la richesse du monde. En Europe, pour la première fois dans toute l’histoire de l’humanité, on a, à l’extrême fin du deuxième millénaire, créé une monnaie, l’euro, qui n’est liée à aucune richesse préexistante et qui n’a comme contrepartie que d’autres monnaies qui avaient été déconnectées de toute richesse préexistante plus de 25 ans avant. Ce tour de passe-passe nous a fait oublier que la monnaie est l’étalon culturel de la richesse. C’est l’énergie du groupe, l’énergie sociale fondée sur l’énergie individuelle qu’est le travail.

Il faut maintenant pour respecter la méthode scientifique, montrer qu’il n’est pas possible que la monnaie soit autre chose. Il faut pour cela commencer par écouter ce qu’il en est dit.

L’université dit qu’au début était le troc et qu’un jour c’est devenu trop compliqué et que l’on a inventé la monnaie. Que ceux qui vivent les échanges dans leur couple, leur famille, leur groupe d’amis ou leurs associations comme du troc, creusent cette voie. Les enfants ne mangent-ils que s’ils ont rangé leur chambre ? Ne fait-on les courses que si le ménage est fait ? Faut-il inventer une monnaie familiale pour tout simplifier ? On constate à l’évidence que cette voie est fausse et indéfendable bien qu’omniprésente et assénée sans explications comme une vérité indiscutable ! Le troc n’a jamais existé où que ce soit à l’intérieur d’un groupe cohérent et il n’existe au contraire qu’entre des gens ou des groupes qui ont toutes les raisons de se méfier les uns des autres. Dans la méfiance chacun valorise avec sa propre monnaie les marchandises à échanger et si chacun pense que les deux tas ont la même valeur, l’échange peut se faire et donne au passage le vrai taux de change entre les deux monnaies. Sans cela, le taux de change est laissé aux spéculateurs comme c’est le cas actuellement.

Si on tend l’oreille pour percevoir ce qui est dit sur la monnaie, on entend aussi chez tous ceux qui n’étudient pas vraiment la monnaie, que la monnaie est une convention, une marchandise, un signe, une institution, un artefact, un contrat mais chaque fois, à la moindre demande d’explication, on retombe dans l’échange et l’idée de troc instillée consciencieusement dans les esprits par l’université. C’est un travail de longue haleine de relier dans l’esprit de nos concitoyens la monnaie et le donner-recevoir-rendre de l’énergie humaine.

Il faut bien sûr rester attentif à toute nouvelle explication qui n’aurait encore jamais été proposée et qui donnerait une autre cause à la monnaie mais dans l’attente, on peut déjà observer les dégâts que produit le déni de la réalité énergétique de la monnaie et l’oubli volontaire de ce dont cette énergie est la contrepartie.

Tout a été fait pour oublier que la monnaie n’est qu’un véhicule d’énergie humaine déjà constatée comme l’électricité n’est qu’un véhicule d’énergie fossile, éolienne ou nucléaire déjà utilisée. On parle pourtant facilement d’énergie électrique alors que la notion d’énergie monétaire est dogmatiquement écartée. Serait-elle trop dérangeante ? Il est pourtant facilement observable que, de même que l’énergie nucléaire transforme l’énergie de l’uranium en énergie calorique puis en énergie électrique, l’énergie monétaire transforme l’énergie humaine en tout ce que nous achetons et que nous transformons en richesses en les achetant. Sans nos achats, sans cette transformation, tout resterait comme la bouse de vache, production ne devenant pas richesse. Toute énergie a besoin de convertisseurs et les convertisseurs d’énergie monétaire en richesses utilisables sont les commerçants. Qu’on l’accepte ou non, la monnaie, quand elle est une vraie monnaie, est un vecteur d’énergie humaine qu’elle a stockée.

Malheureusement personne n’a jamais défini la monnaie si ce n’est en lui collant un des mots précédemment cités, tous aussi vagues les uns que les autres. On ne présente la monnaie que par ses utilisations dont les trois principales ont été données par Aristote : unité de compte, réserve de valeur et intermédiaire des échanges. C’est un peu comme si, pour définir l’électricité, on se contentait de dire que c’est ce qui éclaire, ce qui chauffe et ce qui fait bouger les TGV. Cela ferait sourire mais il n’étonne personne que l’on ne présente la monnaie que par trois de ses utilisations sans jamais la définir. N’est-ce pas cela qui est étonnant ? Chacun semble dire : si Aristote n’a pas jugé utile de définir la monnaie, qui suis-je pour vouloir la définir ? Quitte à sembler manquer d’humilité je regrette que si peu de gens soient conscients que la monnaie est un titre de créance sur n’importe quel membre du groupe qui l’utilise. Ce titre de créance est causé par l’énergie humaine qui a été préalablement utilement dépensée pour que le groupe puisse créer une monnaie en souvenir de ce bon travail. Le le groupe voit alors la monnaie comme une richesse par l’énergie humaine qu’elle véhicule. L’oubli de cette réalité empêche l’argent de remplir, par sa rareté, son rôle naturel de facteur limitant des fantasmes humains. L’oubli de la rareté du bon argent et sa prolifération néfaste s’appelait encore il y a 50 ans dans les écoles de commerce et à l’université, l’inflation, le gonflement non justifié de la masse monétaire qui enfle. Ce mot a complètement changé de sens en moins de 50 ans pour devenir la hausse des prix. Or la hausse des prix n’est que la conséquence naturelle de la vraie inflation et sa contrepartie. La vraie inflation ne dérange plus personne puisque nous  n’avons plus le mot simple qui en parlait. C’est un peu comme si on ne disait plus « J’ai mal à la tête » mais « Je prends de l’aspirine ». Cela détourne l’attention de l’essentiel. Il serait intéressant de retrouver qui a été à l’initiative de ce changement de sens dans les années 70. Le frein monétaire dû à la rareté de la monnaie est parfaitement naturel puisqu’il n’est que le souvenir de la limite naturelle de l’énergie humaine qu’est la fatigue. Son abandon a autorisé, sans en être la cause qu’il faut évidemment analyser par ailleurs, l’arrivée concomitante des libéraux-libertaires et d’un emballement économique gaspilleur des ressources naturelles de la Terre. Autrement dit, c’est parce que notre médiocrité a oublié que la bonne monnaie ne s’obtient que par une énergie humaine préalablement dépensée, et qu’elle est donc rare par définition, que nous avons ouvert la boite de Pandore de toutes les folies occidentales actuelles que les bobos de la politique et des médias encensent.

Les banques ont vécu notre médiocrité comme leur chance et elles l’ont flattée par l’invention au XXe siècle de la monnaie-dette qui est une fausse monnaie légale que les banques justifient en disant qu’elles la détruisent quand on la leur rend. Elles considèrent comme insignifiants les dégâts que cette fausse monnaie crée pendant son existence, durée d’existence qui s’allonge tous les jours avec la montée exponentielle permanente de la dette mondiale qui se chiffre déjà aujourd’hui en centaines de milliers de milliards de dollars ou d’euros. Les banques ont abandonné leur métier traditionnel de prêter sur gages à des riches, l’argent d’autres riches, ce qui avait toujours été le cas, pour se mettre à prêter à tout le monde sur richesses futures fantasmées, ce qui est imbécile, vicieux et qui sera forcément un jour criminalisé.

Pour que le fantasme puisse être vécu comme une réalité, il a fallu d’abord faire croire à la magie d’une création de richesses et à une valeur ajoutée par les entreprises en confondant volontairement production et richesse. Pourtant, si l’investisseur et le travailleur créent ensemble une production comme la vache crée des veaux, du lait et des bouses, c’est le client qui transforme la production en richesse en l’échangeant contre son argent. Il n’y a pas de création de richesses, il n’y a que des échanges entre une production que l’on espère être une richesse et de l’argent qui est une richesse déjà reconnue et qui transforme la production en richesse. Mais pour faire croire à la création de richesse, on a amplifié le mouvement de fabrication de fausse monnaie pour que toute production devienne richesse en étant achetée. Tout est devenu manipulation des esprits. On a inventé le fameux PIB (produit intérieur brut), traduction servile du Gross Domestic Product en additionnant toutes les dépenses, qu’elles soient de consommation ou d’investissement avec l’idée aussi géniale que mensongère de l’appeler produit et de faire croire partout que c’est un revenu ! Les Politiques et les médias utilisent même pour leurs projets des pourcentages de PIB qu’ils voient comme un revenu sans se rendre compte qu’ils voudraient utiliser une deuxième fois ce qui a déjà été dépensé.

On a aussi inséré dans les esprits que le profit était la part individuelle d’une corne d’abondance imaginaire d’un pays de Cocagne fantasmé. Pour cela il a fallu faire oublier que la vie n’est qu’échange et que tout profit est mathématiquement compensé par un appauvrissement quelque part, volontaire ou forcé. Tout cela est conséquence du refus de voir que la monnaie est une énergie.

Bien pire, et ce que la fausse élite médiatico-politique ne veut surtout pas voir, c’est que la réalité s’impose d’elle-même naturellement partout. Toute la fausse monnaie créée par les banques, toute cette énergie factice cherche sa source énergétique humaine. Elle réinvente l’esclavage sous toutes ses formes avec une discrétion redoutable : l’esclavage dans l’espace qu’est le mondialisme, l’esclavage dans le temps qu’est la dette, et l’esclavage ici et maintenant qui est à la fois la paupérisation des classes moyennes et l’immigration souhaitée par des responsables à courte vue. Et cette fausse élite a eu le culot de créer une journée annuelle contre l’esclavage pendant qu’elle le recréait elle-même par incompétence.

Quand proposera-t-on au peuple une cohérence dans laquelle il pourra s’épanouir ? Quand l’économie arrêtera-t-elle de se croire la science utopique de la création et de la répartition des richesses pour se reconnaître l’organisation des énergies humaines où le chômage démontre combien elle est actuellement défaillante ? Quand reconnaîtra-t-on que l’organisation des énergies humaines ne peut se faire sans parfaite maîtrise de l’énergie sociale qu’est l’argent ? Maîtriser la monnaie n’est-ce pas à la fois comprendre sa raison d’être et vérifier qu’elle n’est pas détournée de sa mission ? Des personnalités comme Valérie Bugault, Charles Gave, Jean-Marc Jancovici ou Charles Sannat, et sûrement bien d’autres de toutes générations qui cumulent, chacun dans son domaine, intelligence et bon sens, ce qui n’est malheureusement pas si fréquent, ne deviendraient-ils pas carrément efficaces s’ils avaient l’heur d’intégrer à leur réflexion le frein social terriblement puissant qu’est la monnaie quand elle est vraie et quand la fausse monnaie des banques n’accélère pas notre marche à l’abîme ?