Le funeste triple saut et l’inversion des valeurs

Retarder et même vaincre la mort et devenir immortel est depuis toujours le rêve inaccessible du genre humain. La mort étant généralement acceptée comme inéluctable, seuls les dieux ne grandissent ni ne vieillissent, leurs âges étant définitivement fixés. A ce défi les religions ont apporté des réponses, des commentaires et des onguents. Toutes proposent une vie après la mort. Certaines offrent l’immortalité de l’âme et même la résurrection des corps. D’autres proposent une nouvelle vie dans un corps d’autant plus proche ou éloigné de celui d’une vie facile, que la vie écoulée a été bonne ou mauvaise. Dans tous les cas, un regard sur la vie écoulée détermine le futur. Les religions ont toutes généré sur la base de ce regard futur inéluctable, des valeurs traditionnelles, fondées sur le réalisme et le bon sens et à peu près identiques dans toutes les religions. Ces valeurs ont été partout transcrites par le politique dans des lois créant des mariages conflictuels entre le politique et le religieux. Toute l’histoire mondiale s’est inscrite dans le déroulé de ces mariages conflictuels violents ou doucereux entre le temporel et le spirituel.

Toute l’histoire ? Non ! Comme le village d’Astérix sans cimetière qui a résisté seul à César grâce à une potion magique, l’Occident dans la seconde partie du XXe siècle a imaginé qu’il pouvait proposer une nouvelle voie avec une nouvelle immortalité rendue possible grâce à une nouvelle potion magique à laquelle tout le monde a cru pendant des décennies.

La monnaie, qui avait toujours été une richesse venant de l’énergie qu’il avait fallu dépenser pour l’obtenir, a petit à petit complètement perdu de sa valeur par un triple saut d’à peu près deux fois 28 ans. Le premier élan du triple saut en 1944 est donné par les accords de Bretton Woods qui lie les monnaies au dollar, lui-même échangeable contre de l’or (35 dollars l’once). Deuxième élan en 1971 : le dollar est déconnecté de l’or, déliant par là même toutes les monnaies de toute valeur réelle concrète. Troisième élan entre 1999 et 2002 avec l’arrivée de l’euro connecté à des monnaies qui ne sont plus reliées à quoi que ce soit. La monnaie est devenue la nouvelle potion magique qui permet la réalisation de tous les rêves puisque certains peuvent fabriquer de l’argent sans limites. Cet argent magique peut absolument tout, comme le fait l’électricité, mais n’est surtout pas reconnu comme une énergie car il faudrait s’interroger sur son origine énergétique et s’apercevoir que ce n’est que l’énergie humaine.

Comme dans tout triple saut, le troisième élan entame une période aérienne merveilleuse où la gravitation s’estompe, où le temps semble presque s’arrêter avant la reprise de contact inévitable et plus ou moins réussie avec le sol. Nous sommes avec l’euro dans cette période aérienne merveilleuse mais éminemment provisoire, dopée à l’argent magique. Il est intéressant d’en examiner ce que les uns et les autres en voient et comment va s’effectuer la reprise de contact avec la réalité.

Il faut d’abord prendre conscience que cette période aérienne extraordinaire nous a été présentée comme éternelle grâce à l’escroquerie intellectuelle de la croissance qui considère qu’une dépense est une création de richesse. En effet le PIB n’est que la somme des dépenses comme le reconnait enfin l’INSEE mais il nous est toujours présenté comme une création de richesse dans laquelle nous pouvons utiliser des pourcentages. Concomitamment et pour que l’escroquerie soit efficace, les banques créent de l’argent en continu pour que certains puissent dépenser sans compter et nous faire croire par leurs dépenses que nous nous enrichissons collectivement avec un beau PIB.

Cette période hors sol qui dure encore, a permis l’épanouissement fantasmé de multiples rêves divers et variés, conçus lors des deux premiers élans et apparemment réalisés par une débauche d’argent venant de nulle part et portée par une dette abyssale que personne ne songe sérieusement à rembourser et qui s’accroit vertigineusement chaque jour qui passe. Certains poussent la malhonnêteté à dire que la croissance nous permettra de rembourser alors que la croissance n’est malheureusement que celle de la dépense qui ne fait qu’augmenter la dette. Une nouvelle mode est d’attaquer la décroissance qui remettrait en question l’éternité du vol plané.

Tous ces rêves divers apparemment réalisés aujourd’hui sont caricaturés par le transhumanisme qui avoue franchement prôner une immortalité apportée par l’argent habillé en progrès. La potion magique a inversé les valeurs traditionnelles en valeurs hors sol. C’est l’argent qui a transformé la liberté en individualisme, l’égalité en uniformité et la fraternité en solidarité. C’est l’argent qui a fait croire à deux ou trois générations et à une partie de l’immigration que la vie était facile. C’est l’argent qui donne aux enfants, et pour longtemps, un regard totalement faux sur la vie en société. C’est aussi l’argent qui fait croire en toute bonne foi à la majorité des Français qu’il est possible de consommer du concret en ne produisant que de l’abstrait, d’abandonner le travail, à la machine, aux énergies fossiles et aux immigrés pour partir tranquille à l’université, en formation, en week-ends, en vacances, en RTT et en retraite. C’est encore l’argent qui rend possible l’abandon de l’avantage comparatif entre hommes et femmes, leur confusion et l’arrivée magique du divorce, de l’avortement et des orientations sexuelles publiquement multiples. C’est l’argent qui donne plus de droits aux animaux qu’aux fœtus humains pour lesquels la peine de mort est maintenant constitutionnelle. C’est toujours l’argent qui génère de plus en plus de fonctionnaires non régaliens payés à créer des normes pour ensuite les contrôler ou multiplier les postes pour ensuite les occuper, argent qui diminue en même temps le nombre de fonctionnaires régaliens utiles. C’est enfin l’argent qui crée par les subventions des activités idéologiques prétendument associatives, aussi multiples et variées que contradictoires et inutiles.

Le retour au réel, l’arrivée inéluctable du contact avec le sol avec la fin du triple saut, nous met tous dans des abîmes de perplexité.

Côté peuple, l’immense majorité vit dans le village d’Astérix, croit l’argent magique éternel, la croissance enrichissante et le vol plané perpétuel tout en étant conscient qu’il y a quelque part, quelque chose qui ne va pas sans savoir trop quoi. La petite minorité heureusement de plus en plus nombreuse qui est consciente de la folie ambiante, ne s’occupe que du court terme et attend de voir comment sera la société après le choc pour s’intéresser à l’avenir.

Mais c’est sur ceux qui nous gouvernent, la clique médiatico-politico-universitaire, qu’il est intéressant de porter un regard presque entomologique tellement ils sont aussi agités et perdus qu’incapables de le reconnaître. La quasi-totalité ne comprend pas ce qui se passe et pense comme le peuple que la potion magique sera toujours là. Ils ne sont pas gênés de voter des budgets où l’on dépense plus que ce que l’on gagne, ce qui devrait être interdit par la constitution. Ils ont un besoin existentiel de nier farouchement l’évidence que la croissance économique n’est que la croissance de la dépense d’un argent fabriqué pour l’occasion.

La majorité d’entre eux ne s’occupe que du regard qu’ils souhaitent que l’on porte sur eux. Ils sont beaucoup trop nombreux et pour la plupart inutiles, n’ayant pas perçu le problème réel. Ils pensent que nous sommes riches puisque nous dépensons beaucoup et qu’en confiant les rênes à des gamins inexpérimentés mais ayant le dynamisme de leur âge, le vol plané durera le temps qu’il faudra.

Une toute petite minorité a tout de même pris conscience que le contact avec le réel va être très difficile et  qu’il va falloir expliquer la baisse moyenne très forte et générale du niveau de vie alors qu’aujourd’hui certains se gavent pendant que beaucoup n’arrivent déjà pas à joindre les deux bouts. Ils savent qu’une vraie révolution cherchera les coupables de ce triple saut imaginaire qui va laisser un peuple entier dans un désarroi abominable qui nécessitera des boucs émissaires. Ils ont peur car, si leurs prédécesseurs sont aussi coupables qu’eux, c’est leur ambition et leur incurie qui les ont, comme le bélier de l’évangile, empêtré par les cornes au buisson de la réalité. Ils ont donc décidé de se servir de la potion magique encore existante pour tenter de se tirer d’affaire. Se sauver eux-mêmes en continuant à bien vivre devient leur seule vraie préoccupation.

D’abord faire peur pour détourner l’attention, en dépensant « quoi qu’il en coûte » pour que le peuple ait peur des pandémies, du réchauffement climatique anthropique ou de n’importe quoi. Surtout cacher grâce aux médias que les vrais sachants n’arrêtent pas de dire que tout est bidon, subventionner ceux qui affirment que la vérité est complotiste et multiplier les lois imposant les nouvelles valeurs hors sol. La peur doit paralyser le peuple qui doit continuer à croire à la potion magique tout en ne comprenant pas pourquoi elle agit moins. Une fois le peuple bien perdu et sa jeune génération bien engluée dans ses fantasmes sanitaire et surtout climatique, il est temps de cibler le bouc émissaire que la guerre va apporter sur un plateau. Quelle joie de pouvoir dire « Nous sommes en guerre », guerre contre n’importe quoi, un virus comme le covid, un gaz comme le CO2, un homme comme Poutine, un pays comme la Chine ! Certes la guerre fait quelques millions de morts mais elle a l’immense avantage de baisser naturellement le niveau de vie des peuples à qui l’on pourra faire croire que c’est elle et non la classe médiatico-politico-universitaire avec son triple saut ridicule qui les a mis dans cet état. La guerre fixe le mal, la faute et la responsabilité sur l’ennemi, que ce soit le CO2, le Covid ou quelque Poutine que ce soit. Haro sur le baudet ! On rejoue les animaux malades de la peste où les puissants ont tellement peur qu’on leur demande un jour des comptes.

L’absence de définition de la monnaie

Imagine-t-on se contenter de définir un train et une voiture par leurs mêmes trois utilités de moyen de transport, de protecteur des intempéries et de montreur de paysages ? C’est pourtant ce que l’on fait avec la monnaie en ne la définissant que comme moyen d’échange, unité de compte et réserve de valeur.  Demandez ce qu’est la monnaie et la réponse commencera toujours par « La monnaie sert à… ». Si vous insistez on vous répondra que la monnaie est une marchandise ou un symbole ou encore une institution sans jamais évidemment vous préciser lesquels. ChatGPT prétend même que c’est les trois. Pierre Gueneau dans son livre Macroéconomie écrit : « Monsieur Reinesch, le président de la Banque centrale du Luxembourg, un très grand expert en économie dont la culture est impressionnante, m’a confié un jour qu’ayant reçu un prix Nobel d’économie, celui-ci lui avait avoué humblement qu’il ne savait pas ce qu’était la monnaie ».

Ce vide intellectuel sidéral ne peut s’expliquer que par un autre vide tout aussi sidéral sur l’origine de la monnaie, présentée à l’université comme ayant remplacé le troc alors qu’aucun ethnologue ni aucun archéologue n’a jamais trouvé trace d’une seule économie de troc dans une société où les membres se connaissent. La question première est donc de s’interroger sur ce qu’était l’organisation sociale avant l’arrivée de la monnaie puisque ce n’était pas le troc.

Tout groupe d’êtres humains a au départ une raison d’être et organise dans ce but les apports de chacun et rend complémentaires les différentes énergies individuelles. Cette organisation a été improprement appelée troc en suggérant une simultanéité du don et de sa contrepartie alors que cette simultanéité n’a jamais été habituelle. Le don et sa contrepartie, sa contrevaleur, existent dès la création du groupe, même animal, (couple, famille, association ou tribu) mais ils ne sont quasiment jamais simultanés et en tous cas jamais chiffrés. L’anthropologue et professeur au Collège de France Marcel Mauss a parfaitement expliqué que le don entraînait ce qu’il appelait le contre-don et que le « donner-recevoir-rendre » était au service du lien social et qu’il le nourrissait. Mauss a développé que le don et le contre-don était ce qu’il a appelé un « fait social total » à dimensions culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique et qu’il ne pouvait être réduit à l’une ou à l’autre de ses dimensions. Ce fait social total, complétement méconnu quand on s’égare dans le troc, est l’échange organisé d’énergie entre tous les membres d’un même groupe humain.

Mais quand la taille du groupe devient importante et quand ce groupe n’est plus une communauté, la détection des profiteurs et des tire-au-flanc devient difficile et rend obligatoire la simultanéité de la contrepartie. L’origine de la monnaie est donc, de mon point de vue, très probablement cette invention rendue nécessaire de la contrepartie simultanée. Mais si la monnaie remplace le don et le contre-don et non le troc, et si nous suivons Mauss, la monnaie est donc à la fois culturelle, économique, sociale, religieuse, symbolique et juridique et elle ne peut être réduite à l’une ou à l’autre de ses dimensions. Elle est un fait social total. A ma connaissance, le seul autre concept qui soit à la fois culturel, économique, social, religieux, symbolique et juridique, est l’homme. Et si la monnaie a été réellement créée pour être une contrepartie simultanée de valeur reconnue, il est raisonnable de penser que sa valeur reconnue lui vient de l’énergie humaine qu’il a fallu dépenser pour l’obtenir. Elle serait donc le véhicule culturel, économique, social, religieux, symbolique et juridique d’une énergie humaine culturelle, économique, sociale, religieuse, symbolique et juridique. La monnaie serait donc aussi au service du lien social qu’elle nourrirait.

La hargne agressive avec laquelle ceux que cela dérange réagissent, montre bien que l’on touche là à quelque chose de profond, d’essentiel et malheureusement très peu étudié.

Par sa facilité d’usage la monnaie est devenue le regard que le groupe utilise pour distinguer les richesses dans l’immensité des productions, par l’échange qui en est fait contre de la monnaie. C’est parce qu’une production trouve acheteur qu’elle est reconnue comme richesse et non comme embarras ou déchet comme d’autres productions comme les fèces, l’urine ou la sueur. Toutes les fonctions de la monnaie décrites depuis l’antiquité, réserve de valeur, unité de compte et intermédiaire des échanges, découlent toutes de ce que la monnaie est l’étalon culturel de la richesse, elle-même étant un condensé de ce que le groupe juge beau et bon. La monnaie est l’énergie du groupe quand le travail est l’énergie individuelle. La monnaie est reconnaissance par le groupe de l’utilité du travail individuel qui l’a générée. Toutes les querelles autour de la monnaie viennent de la difficulté à marier la notion qualitative de richesse qui est un regard fondateur du lien social, avec la notion quantitative d’étalonnage. Mélanger l’arithmétique et la culture n’est pas chose simple. Beaucoup d’incompréhensions viennent de simplifications excessives et souvent contradictoires.

L’incompréhension du pourquoi de l’efficacité de la monnaie est quasi générale chez les intellectuels, incompréhension que le peuple n’a pas car il y voit une richesse que les intellectuels savent ne pas être toujours vraie. En effet fut un temps où les banques centrales détenaient l’or à leur actif qui justifiait les billets mis à disposition à leur passif et où les banques commerciales ne faisaient que du commerce d’argent sans le créer. Ce temps est complètement révolu.

Les banques centrales ont de moins en moins d’or à leur actif et mélangent pour le tout-venant les avoirs en or et les créances en or, les uns bien réels, les autres uniquement potentielles. Fin 2022 la BCE n’avait à son actif que 593 milliards d’euros en or réel ou potentiel, sur un actif total de 7.951 milliards. Tout le reste est composé de créances sur des États et des institutions financières qui ne savent payer qu’en ponctionnant les peuples. Ces créances qui ne seront réelles que si les peuples les paient, ont été partout gonflées par le « quantitative easing », rachat de créances plus ou moins douteuses pour pouvoir émettre des liquidités.

Quant aux banques commerciales, elles créent dorénavant l’argent qu’elles prêtent en ne le détruisant qu’après récupération avec intérêts. Les Bâle 1,2,3,4 s’égrènent dans des compromis entre ceux qui veulent limiter ce processus créateur de fausse monnaie, et les banques qui veillent chaque fois à ce qu’il reste de grands trous.

Si l’on accepte d’ouvrir les yeux, on prend conscience que tout naturellement les élites ont fabriqué une fausse monnaie qui sert aux mêmes usages que la vraie monnaie et qui n’est justifiée par les banques que par le fait qu’elle est éphémère. Mais personne ne voit les dégâts commis par cette fausse monnaie pendant son existence, les deux étant mélangées et le peuple les croyant bonnes toutes les deux. Les deux sont  moyen d’échanges et unité de compte mais la fausse monnaie n’est pas réserve de valeur contrairement à la vraie. Elle ne fait que baisser subrepticement la valeur de la vraie.

S’il était reconnu que la monnaie n’est qu’un véhicule d’énergie humaine, le peuple pourrait prendre conscience que depuis la deuxième guerre mondiale en occident, seuls les peuples continuent à payer avec de l’énergie humaine déjà bien dépensée pour obtenir la monnaie qu’ils utilisent. Toute une élite autoproclamée dépense un argent créé arbitrairement par leur banque et qui ne puisera sa force que dans une énergie humaine qu’il faudra trouver demain sans contrepartie, n’importe où et par n’importe quel moyen. Et n’oublions jamais que cette fausse monnaie éphémère est comme la vraie, culturelle, économique, sociale, religieuse, symbolique et juridique alors qu’elle en est l’inverse sur quasiment tous les plans. Que le bien et le mal se retrouvent ensemble, au même moment, au même endroit et sous la même forme, n’est pas une nouveauté. Les deux se prétendent au service du lien social qu’ils affirment nourrir. Tous les problèmes actuels trouvent en fait leur source première dans ce dilemme intellectuel. En prendre conscience serait un premier pas salutaire.

Comprendre la géostratégie occidentale actuelle passe par la compréhension de la définition cachée de la monnaie et de l’impossibilité qu’il y a à distinguer la bonne monnaie de la fausse monnaie éphémère. Les classes politiques occidentales, pour réussir à baisser nécessairement le niveau de vie moyen de leurs peuples, ont le choix entre reconnaître qu’elles ont, pour les flatter, égaré elles-mêmes leurs peuples dans des impasses , ou déclencher des guerres qui baisseront naturellement le niveau de vie des peuples sans qu’elles en apparaissent responsables.

Comprendre l’effondrement de l’Occident

En coupant le lien fondamental entre la monnaie et l’énergie humaine, l’Occident a signé son suicide et voudrait y entraîner la Terre entière.

C’est en observant le malaise général occidental que l’on appelle volontiers crise pour n’en voir qu’une partie, que nous pouvons nous interroger sur la cause de cette crise permanente, croissante et angoissante. Ne perdons pas de temps sur les réponses politiques et médiatiques de gens qui n’ont pas compris le problème et ne s’intéressent qu’à l’immédiateté de leur élection ou du nombre de gens qu’ils peuvent joindre. Remarquons que, de tous les continents sauf du nôtre, se rassemblent dans les BRICS, des pays qui ne savent pas très bien ou aller mais qui se rassemblent d’abord pour refuser notre façon de voir.

Pour comprendre, il est nécessaire de parler d’économie, cette matière que l’on appelle science pour faire croire qu’elle sait alors qu’elle tâtonne dans son obscurité souvent prétentieuse.

L’être humain lui-même, son travail, le capital et le savoir sont les quatre formes de l’énergie humaine. Le travail est l’énergie en action ; le savoir, le capital et la descendance sont les énergies en puissance, pour le long terme dans la descendance et pour le court terme dans le savoir et l’argent, l’un difficilement transmissible alors que l’autre l’est aisément.

Le but d’une économie est normalement de gaspiller le moins possible l’énergie humaine et de la stocker en savoir, en capital et en descendance. L’enfance est le moment où l’énergie se transforme en croissance et en savoir, tant par la connaissance que par l’expérience. A l’adolescence la découverte que son énergie peut se transformer aussi en argent et en enfants, fait prendre conscience avec difficulté de la responsabilité. L’adolescence commence très tôt dans certains pays, très tard dans d’autres. A l’âge adulte le but est l’harmonie entre les trois formes de l’énergie humaine, entre travail capital et savoir. Stockage et déstockage de l’énergie humaine est la vraie définition de l’économie dont le but doit être le bonheur du peuple, bonheur qu’il faut savoir appréhender dans sa complexité. Malheureusement ni sa définition ni son but ne sont enseignés à l’université qui limite l’économie à ce qui peut en être facilement chiffré, ce qui en exclut des pans entiers et la rend dogmatique, fausse et inintéressante.

Tout part donc de l’énergie humaine qui a le bon côté d’être productive et le mauvais côté d’être fatigante donc limitée. Mais par rouerie, fatigue ou vice, les dirigeants occidentaux ont trouvé l’idée apparemment géniale de supprimer la limite de l’énergie humaine en faisant oublier à leurs peuples que l’argent n’est qu’un stockage d’énergie humaine. Il semble vain de répéter inlassablement que les accords de Bretton Woods ont lié les monnaies au dollar, lui-même lié à l’or, lui-même lié à l’énergie humaine qu’il avait fallu dépenser pour l’obtenir. Vain de répéter qu’en déconnectant le dollar de l’or sans le lier à une autre richesse déjà reconnue et déjà porteuse d’énergie humaine, Nixon a déconnecté la monnaie de l’énergie humaine et du côté limité qui en était la conséquence naturelle. Vain de répéter qu’en créant l’euro lié à des monnaies qui n’étaient plus liées à rien, les Européens ont suivi les Américains dans leur folie en se croyant intelligents. Vain de constater que, comme toujours, il faut attendre les historiens pour prendre conscience des folies collectives et qu’aujourd’hui, ce sont les rares lanceurs d’alerte en tous domaines qui sont présentés comme des fous.

Le résultat est à la fois le désastre que nous commençons à vivre et le fantasme que nous nous sommes créé pour tout justifier et ne rien voir. Aucune solution ne peut pourtant s’imaginer sans dépasser ce double obstacle.

Le désastre, chacun le ressent à chaque nouvelle accumulation d’interdictions, d’obligations et de normes. Tout est fait pour déresponsabiliser en prônant la responsabilité, pour faire peur en disant protéger, pour mentir sans en avoir l’air et pour faire croire que la barre est tenue alors que les pilotes sont enfermés dans leurs fantasmes et complètement perdus.

Mais ce constat tellement banal aujourd’hui ne s’explique que par le fantasme qui construit un faux narratif qu’il faut déconstruire pour avoir accès à la vérité et au problème immense qui se pose à nous. Tant que nous croirons aux deux billevesées qui structurent notre fantasme en le rendant crédible, rien de sérieux ne pourra être entrepris puisque nous nous refusons à regarder le problème.

La première billevesée, la première idée fausse, est la croyance absurde que la monnaie n’est qu’un moyen d’échange comme un autre, et qu’elle a remplacé le troc. En prétendant remplacer quelque chose qui n’a jamais existé, cela permet de rendre crédible n’importe quoi. Si le troc a réellement existé exceptionnellement entre des gens qui ne se connaissaient pas et régulièrement entre les nations, il n’a jamais été le mode d’échange à l’intérieur d’une société. Toutes les sociétés ont été au départ structurées par le « donner-recevoir-rendre » très bien étudié par le professeur au Collège de France Marcel Mauss, et encore en place dans les familles. Sa réalité était contrôlée par le pouvoir en place. C’est quand la société est devenue trop importante et quand le pouvoir a constaté son  incapacité à vérifier que chacun rendait bien sans se contenter de recevoir, que partout, pour combattre les paresseux et les roublards, a été créée la monnaie, véhicule reconnu par le groupe d’une énergie humaine déjà dépensée. L’or, le blé, le sel, le bétail, les plumes d’oiseau rare, véhiculaient tous l’énergie qu’il avait fallu dépenser pour les obtenir, et tous étaient donc à la fois richesse et limités. Ce lien existentiel entre la monnaie et l’énergie humaine limitée a été conservé avec les monnaies papier du XVIIIe siècle, liées à des richesses reconnues, et qui ont toutes disparu quand les pouvoirs en ont imprimé plus que leur équivalent richesse ne le leur permettait. Tant que nous ne nous demandons pas quelle énergie humaine nous dépensons quand nous dépensons de l’argent, nous ne pouvons affronter nos problèmes et donc bien évidemment les résoudre. L’argent gagné et l’argent emprunté ne consomment pas la même énergie humaine quand il est dépensé. L’un est une créance en énergie humaine, l’autre est une dette en cette même énergie. Les additionner dans le PIB fausse tout.

La seconde billevesée est la pire car elle évite à Emmanuel Macron de se demander quelle énergie humaine il dépense en envoyant des milliards à l’Ukraine ou en justifiant quoi qu’il en coûte un confinement aberrant pour une panique plus que probablement organisée. Elle nous évite d’ouvrir les yeux sur nos problèmes.

Cette seconde idée creuse extrêmement partagée est la création de richesse, la fameuse croissance économique chiffrée par le PIB, qui permet d’oublier la limite de l’énergie humaine au profit d’une manne divine par définition illimitée. Il est difficile de démonter cette croyance tellement elle est ancrée et tellement nos concitoyens n’ont pas envie de regarder la réalité. Le fantasme est si plaisant ! Il nous a permis de dépenser des emprunts qui n’avaient été que sur gages depuis l’apparition de la monnaie.

Pourtant il faut se souvenir que la richesse n’est qu’un regard satisfait ou envieux sur une production. C’est un constat et, en aucun cas une réalité objective que l’on peut créer comme on crée une production. Toute richesse, hors quelques constantes comme l’or parce qu’il est inoxydable, devient un jour encombrant puis déchet, déchet qui sera à son tour richesse pour certains s’il n’est pas détruit. Ce regard constitutif du plaisir de la richesse était de tous temps éclairé par la conscience de l’énergie humaine qu’il avait fallu dépenser pour transformer une production en richesse. Cela limitait cette transformation et limitait donc la production. Aujourd’hui on fabrique à vau l’eau de l’argent pour transformer les productions en richesses. L’argent fabriqué nous fait croire que nous sommes riches et quasiment personne ne s’intéresse à l’énergie humaine qu’il va falloir trouver pour apporter à l’argent sa force déjà utilisée. Nous nous croyons un pays riche parce que nous dépensons beaucoup un argent qui ne véhicule plus aucune énergie humaine et qui va obligatoirement devoir la chercher demain. Le PIB n’est que la somme de toutes les dépenses, qu’elles soient intelligentes ou stupides. Ce fait incontournable est incompris voire nié et même combattu. L’ignorance est tellement indispensable à l’aveuglement du peuple. On aura beau nous faire croire qu’il chiffre la richesse créée, il chiffre en réalité l’énergie humaine dépensée en mélangeant allègrement celle déjà dépensée et celle à trouver demain. Il est pourtant considéré partout comme une richesse à nous partager. On a beau rappeler la phrase de Goebbels « un mensonge mille fois répété devient une vérité », ses émules qui disent que le PIB chiffre la richesse créée, en font toujours une vérité en le répétant des millions de fois. Ceux qui commencent à douter, se rassurent en disant que c’est au moins un élément de comparaison entre nations. Ce n’est même pas le cas car un pays qui a un PIB faible en dépensant parcimonieusement l’énergie que son peuple a accumulée, est infiniment plus respectable et infiniment plus solide que des pays comme les USA ou la France qui ont un PIB important et toujours croissant, en dépensant une énergie humaine qu’il faudra trouver demain par n’importe quel moyen y compris l’appauvrissement de leur peuple et la rapine à l’extérieur.

A ce sujet il faut sans doute rappeler que la vraie valeur d’une monnaie n’est pas celle donnée dans les salles de marché par ceux qui achètent aujourd’hui dans la seule idée de revendre plus cher demain. La vraie valeur d’une monnaie est donnée par ceux qui utilisent une autre monnaie. C’est le troc entre nations qui donne la vraie valeur d’une monnaie. Une balance est par définition une recherche d’équilibre et la balance commerciale est automatiquement équilibrée dans les faits. Si elle est excédentaire, c’est simplement que sa monnaie est sous-évaluée comme l’est encore l’euro allemand et si elle est déficitaire, c’est parce que sa monnaie est surévaluée comme l’est l’euro français. Normalement en dévaluant l’euro français et en réévaluant l’euro allemand, on devrait retrouver des balances commerciales équilibrées. On constaterait que tout serait plus cher pour les Français et moins cher pour les Allemands puisque la même monnaie véhicule beaucoup moins d’énergie humaine en France qu’en Allemagne. Chaque peuple serait simplement devant le résultat des Politiques qu’il a élus. Mais la ruse géniale du quatrième reich allemand que l’on appelle curieusement union européenne, a été d’imposer à ses états satellites comme la France, avec l’accord de leurs dirigeants incultes et de leurs peuples inconscients, une monnaie commune mais surtout pas unique, ce qui défie le bon sens et que quasiment personne ne comprend. Nous avons apparemment le même euro qui vaut la même chose, c’est notre monnaie commune. Mais ce que très peu de gens savent, c’est que cette monnaie commune n’est pas une monnaie unique et que l’euro allemand porte la lettre X alors que l’euro français porte la lettre U. Les euros allemand et français ne véhiculent pas la même quantité d’énergie humaine, tout en affirmant l’inverse… et en exigeant l’inverse. Le résultat est naturellement que par une infinité de moyens peu perceptibles comme la baisse des salaires par la hausse des prix ou par la diminution des biens, on pompe l’énergie humaine des Français pour nourrir l’euro français qui est obligé de retrouver la force de l’euro allemand. On a réinventé le servage au profit de l’Allemagne sans le dire et en veillant à ce que personne n’en parle et surtout à ce que le peuple ne comprenne rien. La seule bonne nouvelle est que le refus volontaire du gaz russe va faire s’effondrer la balance commerciale allemande et tout rentrera dans l’ordre de l’effondrement général de l’Occident.

Sauf si le peuple français retrouve en lui la responsabilité, le courage et le discernement d’ouvrir les yeux sur son propre aveuglement. Et s’il se trouve de jeunes individualités qui brandissent l’étendard de la vérité.


Comprendre ce qui se passe et ce qui va se passer (4)

Quatrième article : Alors que faire ?

Dans un monde où les États-Unis veulent imposer leur dollar comme une réserve de valeur qu’il n’est plus et où les BRICS, de plus en plus nombreux, cherchent, chacun de son côté, leur cohérence perdue, la France, creuset unique de cultures variées qui jusqu’à présent contribuaient toutes à la culture française, peut-elle rejoindre l’esprit des BRICS et proposer, par l’exemple, une cohérence française ?

Imaginer une cohérence, c’est d’abord prendre conscience d’une incohérence et savoir comment en sortir car, sans cette première étape,  nous rejoindrions nos politiques, nos hauts-fonctionnaires et nos médias qui, depuis un demi-siècle, se dissimulent l’évidence que notre problème est d’abord et avant tout, notre propre aveuglement. Nous nous sommes inventés une fausse réalité pour ne pas voir la vraie. Qui a jamais résolu un problème sans en comprendre l’énoncé ?

Notre fausse réalité est fondée sur  les deux pieds d’argile terriblement fragiles de notre société : la croyance que la richesse se quantifie alors qu’elle n’est qu’un équilibre instable, et l’incompréhension de la force de l’argent. Ces deux faiblesses se sécurisent et se renforcent l’une l’autre. Tous nos problèmes n’en sont que les conséquences que l’on ne peut affronter sans commencer par en comprendre l’origine.

La richesse n’étant qu’un regard, c’est une notion purement qualitative qui ne se crée pas plus qu’elle ne peut être quantifiée, exactement comme ses sœurs, la justice et la pureté. Ce sont des notions qualitatives que nous apprécions et que nous aimons constater. Ce sont les mariages deux à deux du beau, du bien et du vrai. Quantifier la richesse, la justice ou la pureté c’est leur donner une apparence d’objectivité et nous le faisons sans vergogne avec la richesse grâce à l’argent dont nous ne comprenons pas l’origine de la force.

Il est stupéfiant de constater que personne n’a jamais défini l’argent en se contentant de l’approcher par les trois utilités que lui voyait Aristote, le moyen d’échange, l’unité de compte et la réserve de valeur. Une voiture pourrait-elle être sérieusement définie par ses trois utilités de moyen de transport, de protectrice de la pluie et de découvreuse de paysages ? Évidemment non et pourtant nous acceptons l’inacceptable en tolérant que certains pontifient en disant que l’argent est une marchandise ou un symbole ou une institution sans jamais creuser leur propre verbiage. L’argent a une force que personne ne nie mais peu s’interrogent sur l’origine de cette force puisque, selon la phrase apocryphe de Lavoisier, simple condensé de sa pensée, « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ». En fait il suffit de voir ce qu’ont été les monnaies sur toute la Terre pour constater qu’elles ont toujours été les véhicules d’un stockage de l’énergie humaine bien utilisée pour les obtenir. Cela a été vrai pour l’or, l’argent ou le cuivre comme pour le sel, les grains de blé, les pièces de bétail ou les plumes d’oiseau rare. Cela a encore été vrai pour les monnaies-papier, toujours liées au départ à une richesse précédemment reconnue avant d’être dévalorisées par l’appétit des dirigeants à en fabriquer toujours davantage pour réaliser leurs rêves. Chaque fois c’est l’arrêt de la fonction de réserve de valeur qui a fait disparaitre les monnaies. Elles ne véhiculaient plus aucune énergie humaine et perdaient leur définition non formulée.

Or nous vivons une période aberrante où les monnaies ne sont plus des réserves de valeur mais où elles continuent à transformer les productions en richesses.  Nous entassons de la monnaie qui permet d’acheter les productions et d’en faire des richesses. Cela crée artificiellement la valeur ajoutée des entreprises. Toutes les banques fabriquent de l’argent par la double écriture et cet argent, en se dépensant, crée du PIB présenté comme une création de richesse. L’INSEE l’avoue benoitement, mais personne ne va le voir. L’INSEE dit à la fois que le PIB mesure la richesse créée et qu’il est mesuré en additionnant toutes les dépenses. Cette incohérence générale, confortée par tous ceux qui se contentent de dire qu’ils ne comprennent rien à l’économie, empêche d’aborder tous les équilibres instables qui structurent aujourd’hui  notre société et qui ne tiennent que par un apport massif et permanent d’énergie monétaire venant de nulle part et créée par les banques.  Cette inflation au sens propre d’augmentation de la masse monétaire, fait évidemment flamber les prix, surtout des trois articles que ceux qui ont accès à l’argent affectionnent, les œuvres d’art, les actions en bourse et l’immobilier. La bulle des prix immobiliers est telle que les Français, faute de se loger correctement, ne font pas assez d’enfants.

Mais comme rien ne vient de nulle part et que l’énergie humaine nourricière de l’énergie monétaire, n’est plus véhiculée par la monnaie comme cela a toujours et partout été le cas jusqu’au 15 août 1971, cette énergie humaine doit être trouvée demain sans contrepartie puisque la contrepartie a déjà été employée. C’est une résurrection à peine dissimulée de l’esclavage. L’invention de la monnaie-dette avec la nouvelle définition de la monnaie qui serait « une dette vis-à-vis de l’émetteur », réintroduit l’esclavage avec ruse et finesse. Refuser de le comprendre comme c’est le cas majoritairement actuellement c’est deux choses : laisser croître tous les équilibres instables agréables ou apeurants comme, entre autres, le réchauffement climatique anthropique, les pandémies exagérées, les confinements imbéciles, le féminisme et le masculinisme, les lgbt, l’immigration incontrôlée, le transhumanisme, les théories du genre, le wokisme, les observateurs et commentateurs de tout, etc etc…, tous soutenus et nourris par une débauche d’argent inexistant et une montée infinie de la dette.

Impossible au peuple de réagir tant qu’il se croit riche parce que nous dépensons beaucoup, tout en constatant qu’individuellement, c’est de plus en plus dur. Il se désintéresse de la vie publique et ne vote même plus en s’inventant une vie collective fantasmée. Mais, beaucoup plus grave, la nécessité écrite par la monnaie-dette du retour d’un esclavage à trouver impérativement pour donner sa force à une monnaie déjà utilisée, fait que ce désintérêt des Français est en fait un choix inconscient de laisser la guerre nous dire si nos enfants seront esclaves ou esclavagistes. La baisse de notre niveau de vie et les guerres lointaines ne suffiront pas longtemps à retarder le retour de l’esclavage chez nous. Nous restons dominés et aveuglés par notre hybris à nous prendre pour des dieux créateurs et à jouir d’une corne d’abondance imaginaire.

Tant que nous sommes dans ce pays de cocagne, cet eldorado fictif qui appelle et importe l’esclavage, il est impossible de se poser les bonnes questions et bien sûr d’y répondre, ce qui est l’art perdu de la politique qui est d’utiliser au mieux l’énergie humaine d’un peuple et de dépenser au moins mal l’argent précieux et limité qu’elle a généré.

Les bonnes questions arrivent naturellement dès que l’on est conscient que l’argent est limité par l’énergie humaine qui l’a généré et qu’il faut drastiquement limiter nos dépenses à l’énergie humaine stockée dans la monnaie. Faire l’inverse de ce que nos dirigeants et nous-mêmes faisons actuellement, est en fait la seule façon d’endiguer la chute de notre civilisation et la disparition de notre culture.

Une fois le problème bien posé, le bon sens apporte souvent naturellement la réponse. Il faut d’abord sortir des prisons qui nous enferment dans le mensonge comme l’Union européenne, l’euro ou l’OTAN. Mettre ensuite dans la constitution, l’interdiction du déficit budgétaire et du déficit commercial pour avoir conscience des choix difficiles à faire. Il faut simplifier ce qui peut l’être et analyser toutes les dettes actuelles à l’aune de la réalité de l’argent prêté. Tout argent créé uniquement pour être prêté sera remboursé directement à la collectivité car on voit mal pourquoi le créateur de cet argent aurait droit à un intérêt puisqu’il dit détruire dès son remboursement l’argent qu’il a créé et prêté. Le risque de non remboursement  est déjà payé par le coût de la police et de la justice.

L’arrêt de la corne mythique d’abondance force toute société à utiliser au mieux l’énergie de chacun. Le chômage est une aberration politique et notre constitution précise bien que le travail est un droit autant qu’un devoir même si le conseil constitutionnel a scandaleusement et lâchement édulcoré ce droit constitutionnel pour des motifs peu avouables. Utiliser au mieux l’énergie de chacun c’est renoncer à ce que l’argent rende l’homme enceint puis sans doute allaitant, la femme à sa recherche et les enfants, soit inexistants soit à la garderie, à l’école où en vadrouille. L’homme et la femme doivent trouver leur égalité dans leur complémentarité et non dans leur fausse identité très coûteuse d’un monde où la corne d’abondance fait tout croire possible.

Ce qui est évidemment très triste c’est de voir et d’entendre notre fausse élite diffuser à la jeunesse ses fausses analyses comme nos chers gouvernants ou comme Jean-Marc Jancovici qui analyse pourtant généralement très bien l’énergie mais qui dit dans sa leçon inaugurale à Sciences-Po le 30 août 2019 : « Du pognon il y en a ». Il est un bon exemple de notre intelligence aveuglée.

C’est l’argent qui fait la loi

Michel Onfray a dit sur une chaîne d’information « C’est l’argent qui fait la loi » sans creuser la force de sa phrase qui véhicule le drame de notre société : c’est le faux argent qui crée la fausse loi. La majorité des Français commence à prendre conscience de la fausseté de la loi devenue cancéreuse par sa prolifération, émotive et incontrôlée ; le législateur remplace la qualité par la quantité. Mais cette majorité n’a pas encore réalisé que ce cancer législatif ne fait que tenter de réparer les dégâts que crée la fausse monnaie, soit en les justifiant soit en tentant de les limiter, et en creusant partout un ravin entre les décideurs enfermés dans leurs théories, et leurs peuples confrontés quotidiennement au réel. Le face à face Chevènement Zemmour sur Cnews illustre parfaitement ce ravin.

La loi est une définition et une reconnaissance du beau, du bien et du vrai, par et dans le groupe qui la crée et qui s’y soumet au travers d’obligations et d’interdictions. Le fait que le volume de tous les codes ait été multiplié par au moins 4 depuis 50 ans, rendant totalement mensonger l’adage « nul n’est censé ignorer la loi », doit interroger.

Jusqu’à récemment le beau, le bien et le vrai avaient toujours été définis par la religion qui mettait à l’intérieur des individus toutes ces définitions. Elles n’avaient pas besoin d’être écrites pour être connues et respectées ; elles étaient de toute éternité et elles venaient de Dieu. Il n’était écrit que le mode d’emploi collectif de toutes ces vérités intimes. Ainsi se sont créées toutes les civilisations, chacune avec sa religion. Toutes les religions sans exception génèrent le doute dans une toute petite élite intellectuelle et le dogme ou « la foi du charbonnier » dans le peuple. Partout ceux qui doutaient l’exprimaient peu et laissaient le peuple croire à une vérité éternelle non écrite et indiscutable car ils approuvaient cette vérité sans avoir à la formuler. Partout cette vérité se réputait universelle (catholique en grec), voulait que l’on s’y soumette (islam en arabe) et ses adeptes se partageaient partout entre une majorité qui voulait simplement vivre sa vérité, et deux minorités qui voulaient soit propager cette vérité soit éliminer la concurrence.

En occident sont nées assez récemment une folie et une technique.

La folie, avec une très mauvaise compréhension de Darwin et son instrumentalisation, a été de réduire le mystère à la création des bactéries pour ne pas en être trop dérangé, et de faire semblant de croire que seuls le hasard et la nécessité ont, des milliards de fois toutes indépendantes, fabriqué des machines autonomes, autoreproductrices et autoréparatrices que l’on a appelé animales ou humaines. Cette négation d’une puissance créatrice supérieure, quel que soit le nom qu’on lui donne, n’apparait même plus chez beaucoup comme un signe d’aliénation.

La technique est celle de communication par fil, par ondes, par terre, par mer ou par air. Cette technique s’est tellement développée qu’elle en a fait oublier ses buts qui sont l’action et la réflexion, et ses nourritures qui sont aussi l’action et la réflexion. La communication lorsqu’elle est déconnectée de l’action et de la réflexion, n’est plus que délirante.

Aliénation et délire sont devenus les mamelles de nos vies, notre nouvelle religion sans origine et nous avons tenté de l’imposer aux autres civilisations qui se sont toutes fracturées entre la soumission, la révolte et la résistance.

Nous avons appelé cette religion la République dont le vide a cru pouvoir être rempli par sa répétition comme un mantra dans les bouches qui se montrent et par une avalanche législative ininterrompue pour tenter de lui donner un corps qu’elle ne peut pas avoir. Rien ne peut se construire sur l’aliénation et le délire si ce n’est une tentative éternellement stérile et toujours en chantier par de nouvelles obligations, de nouvelles interdictions et de nouvelles destructions de barrières naturelles.

Mais pour pouvoir continuer à tout fonder sur l’aliénation et le délire, nous avons besoin d’une énergie qui n’est plus la nôtre laissée au chômage, au jogging et aux salles de sport. Ce sera l’énergie monétaire qui de tous temps n’avait été que notre propre énergie accumulée dans la monnaie. En mettant la charrue avant les bœufs nous avons cru pouvoir décider que l’énergie monétaire viendrait de notre énergie future et serait donc par définition illimitée.

La boucle est bouclée et l’aliénation et le délire vont évidemment pouvoir s’accomplir puisque l’énergie monétaire qui les autorise est sans limites. L’énergie monétaire autorise notre aliénation et notre délire. Oui, sur ce point, Michel Omfray a raison, l’argent fait la loi.

Pour l’application concrète, il n’y a qu’à ouvrir les yeux.

Comment réagir ? En prenant conscience car il n’y a jamais de solution à un problème mal posé.

 

Au pied du mur

L’expression du XVIe siècle, « estre à pied de mur »  ou « se trouver au pied du mur sans échelle », exprime l’impossibilité de se sortir d’une situation fâcheuse sans agir, en continuant à reculer devant un problème par peur de prendre ses responsabilités et de choisir l’action adéquate.

C’est exactement ce que notre planète la Terre est en train de vivre avec deux réactions cohérentes conflictuelles et une multitude de réactions incohérentes qui non seulement brouillent les pistes et les esprits, mais empêchent de se positionner clairement dans le combat à outrance entre les peuples et leurs élites.

Chacun sent bien que ne peut durer un monde où le travail humain n’est plus considéré et où seule la consommation humaine est désirée. La montée sans fin de l’endettement et la magie puérile de l’innovation sont les deux seules solutions publiquement envisagées, avec des discours mensongers aussi divers que fumeux sur le remboursement de la dette pour l’oublier le plus longtemps possible.

La première réaction cohérente est celle des élites non décérébrées par les universités devenues des garderies d’adolescents vifs et perdus dans leurs corps d’adultes. Elle est formatée et dogmatique, la réalité doit se plier au dogme ; le dogme étant que nous créons des richesses et que les deux seuls problèmes sont la justesse et la justice de leur répartition. La monnaie doit couler à flots puisque c’est elle qui reconnait la richesse et l’élite va utiliser la monnaie hélicoptère, le revenu universel, les subventions et toutes les aides sociales pour bien répartir vu par elle, ce qu’elle veut croire exister. Pour faire rentrer la réalité dans son dogme, les obligations et les interdictions se multiplient, ce qui facilite la circulation d’argent par amendes, taxes et condamnations. Cette réaction n’est cohérente que par l’unification de la Terre par le dogme de machines qui produisent, de peuples qui consomment, votent, s’amusent et obéissent et d’une élite qui compte sur le dogme pour tout résoudre dans un « great reset » ou un nouvel ordre mondial où elle se voit évidemment aux commandes, violence légale à disposition. Cette réaction est en marche et très active au FMI, à l’ONU, à l’OMC, à l’OMS, à l’UE et évidemment à Davos dont le thème de janvier 2021 est le « great reset ».

La seconde réaction cohérente est celle des peuples qui savent que richesse ne rime qu’avec travail et qui supportent de moins en moins bien, de devoir travailler de plus en plus pour vivre de moins en moins bien tout en voyant de plus en plus de profiteurs vivre de mieux en mieux en travaillant de moins en moins. Cette réaction cherche à se formuler car elle est majoritaire comme l’a montré l’appui populaire très nettement majoritaire aux Gilets jaunes à leurs débuts. Mais les vrais Gilets jaunes craignent comme la peste les porte-paroles autoproclamés qui bien souvent n’ont comme seul but, soit d’intégrer l’élite, soit d’en faire déjà partie et de chercher un électorat. C’est uniquement par la formulation du lien de bon sens entre le travail, la richesse et l’argent que cette majorité populaire fera émerger ceux qui l’exprimeront le mieux en y croyant vraiment. Là se situe le vrai combat du moment.

Ce combat est non seulement freiné par les Politiques, les médias et les intellectuels, très asservis à la finance et au dogme de la richesse créée par la dépense qu’ils appellent keynésianisme ou PIB , mais aussi par tous les petits marquis qui pullulent et dont l’égo surdimensionné sert de colonne vertébrale. Pour eux tout est simple et ils ne se divisent qu’entre ceux qui ont la solution et ceux qui ont le coupable; les pires étant ceux qui ont le coupable et dont la solution est d’acheter leurs livres.

Ce combat est encore freiné par le rouleau compresseur qui a mis dans les esprits que l’on pouvait s’enrichir sans appauvrir personne et qui a fait oublier qu’un enrichissement honorable ne peut se faire que par des appauvrissements volontaires d’autres personnes. Combien de milliardaires admirés ou simplement subis ne se sont enrichis que sur des appauvrissements forcés, cachés sous le dogme de la création de richesse ? Les peuples qui voient la réalité de leur appauvrissement ont du mal à en formuler le principe et sont malheureusement très tentés de se contenter d’une réaction violente.

Le principe « On ne débloque une situation qu’en se remettant en cause soi-même » est vrai toujours et partout. Les peuples gagneront contre leurs élites lorsqu’ils auront trouvé la bonne formulation du lien de bon sens perdu entre le travail, la richesse et l’argent. Ils redécouvriront alors, chacun chez soi, avec le pouvoir que leur donne la démocratie, leurs cohérences et leurs harmonies en redécouvrant ce qu’ils ont toujours été avant que de fausses élites ne trouvent avantage à tenter de faire d’eux une seule bouillie à leur image.

 

Le trépied mensonger de l’incohérence du pouvoir économique

Star trek, Matrix, Men in black, Star wars, Game of Thrones ou Harry Potter, les Anglo-Saxons et leurs obligés européens nous ont entraînés dans des mondes de science-fiction qui sont tous plaisants par la gratuité des énergies utilisées. En nous y projetant nous avons la très agréable sensation de nous sentir des dieux; mieux que des dieux, des hommes qui terrassent les dieux !

Ce ne serait qu’un agréable divertissement si parallèlement les mêmes Anglo-Saxons n’avaient pas inventé, diffusé puis imposé la notion d’investissement, l’idée d’une énergie gratuite appelée monnaie qui permet de rendre apparemment crédibles et atteignables tous nos fantasmes. Ils nous ont appris à geindre qu’il ne nous manque que les moyens. Seule la montée sans fin de la dette nous fait croire réaliste le regard que nous portons sur nous-mêmes. Seul l’aveuglement paresseux des intellectuels autorise notre apathie.

C’est toujours à la fin d’un système que l’on voit que ses failles sont béantes. Le XVIIIe siècle nous a fait croire avec Montesquieu que le pouvoir pouvait se diviser entre ceux qui font les lois, ceux qui les appliquent et ceux qui sanctionnent leur non-respect. Il n’a pas remarqué que ces trois sous-pouvoirs qu’il rêvait indépendants, dépendaient en fait tous les trois de l’air du temps et n’ont jamais été nulle part indépendants. Ils ne sont d’ailleurs jamais identiques et varient aussi bien dans le temps que dans l’espace. Dans la réalité c’est LE pouvoir qui nomme toujours et partout les parlementaires, les gouvernants et les juges. La façon dont il le fait évolue et il le fait ouvertement ou  plus subtilement voire insidieusement selon les lieux et les époques, mais toujours et partout le pouvoir a été unique.

Jusqu’à très récemment le pouvoir était politique, conquis et conservé par la force, ne s’occupant généralement que de son bon plaisir et plus rarement de son devoir, toujours vu par lui-même. Louis XIV, Robespierre, Napoléon, Hitler ou Staline nommaient de fait les parlementaires, les ministres et les magistrats mais leur personnalisation les a abattus de leur vivant ou après leur mort.

L’arrivée des médias, l’anonymat de l’argent, sa circulation sans frein scandaleusement imposée par Bruxelles et les paradis fiscaux ont donné par bêtise le pouvoir à la finance qui aujourd’hui croit gérer le monde. Le pouvoir économique, comme ses prédécesseurs, choisit son législatif, son exécutif et son judiciaire dont quelques exemplaires, façon village gaulois d’Astérix, cherchent encore à se croire indépendants et pour certains, rarissimes, le sont vraiment. La majorité ressemble à notre Président, serviteur zélé du vrai pouvoir qui le récompense largement.

Ceci n’aurait pas une vraie importance si le pouvoir économique était cohérent car aucun pouvoir n’a jamais été admirable.

Les intellectuels, ceux que le pouvoir laisse s’exprimer, soit le défendent soit ne fulminent que contre les intérêts matériels de ce pouvoir économique qui s’en moque éperdument. Le pouvoir en réponse, se contente d’amuser le peuple et de flatter ses émotions pour qu’il ne se réveille pas. Quasiment personne ne dénonce l’incohérence de ce pouvoir économique qui tue les peuples pour survivre encore un moment.

Ce véritable génocide est fondé sur des mensonges soigneusement insérés à grand frais dans les têtes par l’éducation nationale, les médias et les intellectuels en cour.

L’argent n’est pas une énergie, l’argent est gratuit, l’argent peut tout. Ce trépied mensonger de l’incohérence est appelé intelligence par le libéralisme, l’université et une majorité d’intellectuels. Chacun ressent pourtant sans jamais l’exprimer que cette intelligence collective est idiote et ne pousse qu’à se replier sur soi. Le résultat est un individualisme forcené puisque la collectivité a donné le pouvoir à l’incohérence. Comment lui faire confiance en quoi que ce soit ?

Nous pouvons reprocher à juste titre aux gouvernants de ne penser qu’à eux, aux parlementaires de ne penser qu’à eux, aux magistrats de ne penser qu’à eux, à nos concitoyens de ne penser qu’à eux. Mais peut-on arrêter un fleuve dont on ne tarit pas la source ? La réponse est évidemment négative et rien ne pourra bouger avant que nous ne tombions tous d’accord sur le fait que :

L’argent est une énergie, l’argent n’est pas gratuit et c’est parce que l’argent peut tout que sa source doit être claire mais avec un débit dont la limite est connue, comprise et acceptée. Nous en sommes pour l’instant très loin et nous avons donné le pouvoir à ceux qui ont intérêt à ce que nous n’en prenions pas conscience. Cette prise de conscience (la science commune) est pourtant le passage obligé de notre redressement.

Nous vivons actuellement une course contre la montre entre d’une part les frémissements de bon sens qui soulèvent les peuples avec un constat général d’une attente anxieuse, et d’autre part la guerre qui viendra remettre comme d’habitude les pendules à l’heure avec son cortège de malheurs.

Que de gens qui se croient celui que le peuple attend ! Mais où sont donc ceux qui veulent d’abord comprendre sans tout caricaturer  ?

Aveuglement ou bêtise ?

Lorsque Contrepoints diffuse ce matin un article D’où vient l’argent ? Du chiffre d’affaires des entreprises, point, J’ai souhaité réagir devant une telle ineptie. Etant banni de ce site qui n’aime pas la contradiction, tout en se proclamant défenseur de la liberté d’expression, je profite de son autorisation de partager cet article quand on l’aime, pour le partager à ma modeste manière.

J’aime cet article car il est l’expression de la bêtise à l’état pur. Tout s’y trouve. L’argent vient du chiffre d’affaires des entreprises mais il ne vient pas à l’idée de l’auteur qu’il n’y a pas de chiffre d’affaires des entreprises sans que des clients viennent abandonner leur argent et fabriquer ce chiffre d’affaires qui sans eux n’existerait pas. Toutes les courbes sont en pourcentage du PIB que l’auteur continue à voir comme une richesse à se partager alors que c’est la somme de toutes nos dépenses.

A la réflexion, je retire le mot bêtise qui est disgracieux et je dois reconnaître que la bonne foi se montre volontiers en public quand elle a sa béquille de l’aveuglement. Je crains très fort que l’auteur soit de bonne foi ! C’est dire la profondeur de notre problème.

Bonne chance à cet auteur comme à Contrepoints qui semble fier de le publier.

Vue d’ensemble

D’où vient l’argent que nous dépensons ? Les sources sont multiples: de nos salaires, de nos retraites, de nos traitements, de nos honoraires, de nos héritages, de nos emprunts, de nos émoluments, de nos commissions, de nos appointements, de nos pourboires, de nos rémunérations, de nos rétributions, etc… Mais sur un plan plus général il vient de l’entreprise, de la banque, de l’État ou de la générosité qu’elle soit familiale ou associative.

Qui crée cet argent ? Pas l’État puisqu’il ne bat plus monnaie depuis des lustres et que Maastricht le lui interdit. Pas la générosité qui ne fait que transférer de l’argent existant. Pas l’entreprise qui ne fait que répartir l’argent de ses clients entre ses fournisseurs, ses salariés, ses actionnaires et la collectivité. Pas non plus les banques qui, contrairement à ce que l’on croit et à ce que j’ai pu dire moi-même en restant ponctuel, ne font qu’avancer l’argent. Toutes les banques ayant un bilan équilibré absolument obligatoire, toute création d’argent est simultanément compensée par une créance sur quelqu’un. Cette créance est sur l’emprunteur dans les banques commerciales et elle est sur les peuples dans les banques centrales.

Mais alors d’où vient-il cet argent ? Il vient exclusivement du futur et cela explique pourquoi tout le monde est coincé. Nous vivons dans un monde où tout incite à la dépense, de la publicité à la mendicité de plus en plus publique voire télévisuelle. Les prétendus intellectuels ne cherchent pas à savoir d’où peut bien venir cette énergie monétaire qui nous fait manger, nous déplacer, nous soigner, survivre et même vivre. Ils ne débattent que pour savoir si la monnaie est une marchandise, un signe ou une institution.

Alors chacun dans son coin veut faire payer les autres. Les banques par l’intérêt et les entreprises par la hausse des prix veulent faire payer leurs clients. Les Français veulent faire payer l’État par les subventions, et les entreprises par des augmentations de salaires. L’État veut faire payer tout le monde par la montée sans fin de la fiscalité directe et indirecte. Chacun voudrait qu’un autre fasse payer un troisième.

Les Politiques, qui ne sont que l’expression de notre propre médiocrité ajoutée à la leur, attendent tout de la croissance qui n’est que l’augmentation de la dépense. Ils ne la voient d’ailleurs qu’avec les changements dont ils rêvent et qu’ils appellent soit les réformes soit le changement de l’espace de jeu. Ceux qui se croient les plus intelligents veulent faire payer les autres peuples par le commerce extérieur bénéficiaire, en espérant que les autres peuples soient assez bêtes pour ne pas faire pareil.

Tant que nous n’aurons pas une réflexion sereine sur la richesse et la monnaie, nous continuerons à faire monter la haine puisque personne ne veut voir que nous nous reprochons tous mutuellement de nous accaparer une richesse qui n’existe pas. Nous dépensons tous, et certains scandaleusement plus que d’autres, un argent qui n’existe qu’en faisant monter l’emprunt,la dette, l’incompréhension et la violence.

Le capitalisme en soins palliatifs

 

Personne ne semble avoir envie d’analyser le dogme essentiel de notre économie qui ne supporte pas les hérétiques tellement il a pénétré les cerveaux. Ce dogme baigné de bonnes intentions est :

Nous nous en sortirons par la croissance créatrice de richesses.

 De là toutes les querelles affligeantes entre ceux qui savent tous ce qu’il faut faire pour que la croissance revienne et qui s’extasient en cercle devant son frétillement à 0,1%.

Ce dogme est lui-même fondé sur la croyance que la recherche du profit est le moteur de l’humanité alors que les deux moteurs de l’humanité sont la recherche du pouvoir et celle de la gloire, la recherche du profit n’en étant que le carburant dans le système capitaliste.

Le capitalisme fait croire à une création de richesses alors que cette richesse est mythique car elle n’est qu’un regard qui change suivant les individus et les groupes, suivant le lieu et le moment. Cette lubie de création de richesses ne tient que grâce à des profiteurs et à des jaloux.

Les profiteurs sont ceux qui dépensent à flots de l’argent que leurs banques croient qu’ils possèdent, les jaloux se divisent en jaloux imitateurs que sont les libéraux et en jaloux destructeurs que sont les anticapitalistes.

Les profiteurs sont les serviteurs du système que l’on trouve à tous les carrefours stratégiques, politiques, financiers, médiatiques et publicitaires. Ils dépensent beaucoup d’argent et génèrent autour d’eux, aux mêmes carrefours et dans toute la société, les jaloux admiratifs et les jaloux vengeurs. Ils sont salariés surpayés, héritiers ou flagorneurs. Ils ont le pouvoir et la gloire qui leur permettent de vivre fabuleusement bien parce qu’ils ont réussi à faire croire que nous créons annuellement des richesses dont ils s’octroient une modeste part. Ils ont réussi à faire croire à leurs fortunes en générant des jaloux. Ils ont réussi à faire croire qu’en travaillant normalement un individu pouvait donner à ses enfants plus qu’il n’a reçu de ses parents et que l’enrichissement par le travail était possible sans appauvrissement d’autres personnes. Ils ont fait de leurs victimes leurs complices

Les jaloux admiratifs et imitateurs sont les libéraux qui se divisent eux-mêmes entre ceux qui élucubrent des théories et ceux qui travaillent comme des bêtes pour changer de catégorie. Une infime minorité y arrive en vendant sa start-up ou en gagnant au loto.

Les jaloux vengeurs et destructeurs sont les anticapitalistes qui montrent du doigt la richesse des profiteurs en exigeant une nouvelle répartition : « 1% des humains possèdent 99% des richesses de LA planète » ! Un ami m’a écrit : « l’immense majorité ne tire pas de son travail une part équitable tandis que les fonds de pensions, les banques, les compagnies d’assurances et autres « machins » financiers accumulent des fortunes colossales ». Il m’écrit ce que les profiteurs veulent qu’il croit pour que cela tienne, à savoir que l’on crée des richesses et que le seul problème est de savoir comment se les partager. Lui vit mal matériellement, eux vivent bien matériellement mais cela n’est possible que parce qu’ils savent qu’ils ne sont pas riches et que cet ami croit qu’ils le sont. Leur richesse n’est qu’illusoire. Ce sont des actions en bourse valorisés par eux-mêmes ou leurs semblables à des prix qui sont ce qu’ils échangent entre eux. Ce sont des propriétés qui leur seront reprises quand elles ne seront pas détruites. Les riches familles égyptiennes ou romaines ont-elles eu des héritiers ?

Tous alimentent le dogme et les jaloux rendent le système presque réel en l’admirant ou en l’abhorrant.

La réalité est que l’économie qui est l’action dans la maison, dans l’oïkos, est un échange du travail des êtres de la maison. Normalement tout est don et contre-don ce qui apparaît à un observateur inattentif comme du troc alors que le troc qui n’a jamais existé aurait remplacé la confiance par la simultanéité. Dans le contre-don il y a reconnaissance que le don de l’autre est richesse aux yeux du donneur et du groupe. Mais la notion d’enrichissement sans appauvrissement volontaire de l’autre n’existe pas car tout n’est qu’échange non simultané de travail.

La monnaie a remplacé partout le contre-don lorsque les groupes sont devenus trop nombreux pour que la confiance suffise à l’harmonie. La monnaie était donc un support objectif d’énergie humaine concrétisant le contre-don en étant un symbole concret, recherché, rare, pérenne, transportable et divisible. Mais la monnaie nous a fait oublier qu’il n’y a pas d’enrichissement sans appauvrissement d’un autre. Nous avons théorisé le don et le contre-don en production, dépense et revenu sans souvent comprendre que la production était ce qui était vendu, le revenu était la source de la monnaie utilisée pour acheter et la dépense le constat de leur échange. En appelant cet échange PIB on a fait croire que c’était une ressource alors que ce n’est que le constat d’un échange de deux valeurs.

L’idée est venue, puisque la monnaie remplace le travail du contre-don, de multiplier la monnaie pour éviter le travail. Depuis toujours on pillait, on mettait à sac et on réduisait en esclavage pour avoir de la monnaie et éviter le travail et l’idée de travailler sur la monnaie existe aussi depuis toujours par le billonnage, ce trafic illégal ou caché de monnaies défectueuses. Mais c’est depuis que les monnaies ont été déconnectées de toute référence objective (15 août 1971) que les freins ont sautés.

C’est l’art du capitalisme d’avoir inventé la création de richesses alors que seul l’appauvrissement en monnaie de quelqu’un reconnait une production en tant que richesse. Cette reconnaissance par l’échange ne génère aucune création de richesse pour le groupe.

Mais l’illusion fait vivre…

On a inventé l’investissement, la rentabilité, le profit et on a remplacé le travail par la dette. Rien que pour la dette publique, la France était ruinée après les guerres de Louis XIV et avait une dette publique insupportable à l’époque de 1,5 milliard de livres (12 milliards d’euros) qui a amené le système de Law et la ruine de tant de Français. Aujourd’hui nous en sommes à une dette publique française de 2.000 milliards d’euros et la dette publique mondiale continue de monter de plusieurs milliards d’euros par jour.

On fait tout pour faire payer les autres par l’exportation ou par le bidouillage des monnaies et cela nous retombe généralement sur le nez car nous ne sommes pas les meilleurs en bidouillage.

La FED et la BCE fabriquent sans arrêt, qui des dollars, qui des euros, des monnaies qui ne valent objectivement plus rien. Mais tant que le boulanger et son client croiront ensemble qu’un euro est aussi intéressant qu’une baguette de pain, le système tiendra. Mais dès que la confiance dans le système malhonnête disparaîtra, le papier monnaie ne sera plus que du papier comme les billets de Law en 1720, les assignats de la révolution ou les emprunts russes. C’est parce que certains le savent qu’à Davos on parlait suppression totale de la monnaie. Comme si, une fois de plus on voulait simplement casser le thermomètre.