Le protectionnisme s’oppose-t-il vraiment au libre échange ?

La doxa libérale a réussi le coup fantastique de faire croire que le protectionnisme s’oppose au libre-échange et qu’à la limite il est synonyme d’autarcie, ce qui est évidemment impossible si la communication n’est pas bridée comme en Corée du Nord. Or aucune personne honnête et réaliste n’a évidemment envie de brider la communication à l’époque d’internet.

Ce qui ne va pourtant pas dans ce que les libéraux appellent le libre-échange c’est tout simplement que ce n’est pas un échange ou plus exactement qu’un des termes de l’échange est de la monnaie dont on a oublié qu’elle ne devrait être qu’un véhicule d’énergie humaine alors qu’elle ne l’est plus. On la fabrique aujourd’hui à qui mieux mieux partout et à tout instant, ce qui rend l’échange parfaitement malhonnête en permettant à une toute petite minorité d’échanger ensuite à son tour la monnaie perçue contre des biens ou des services palpables. L’observation que la monnaie est en fait de la fausse monnaie en n’étant alimentée par aucun travail humain, fait qu’il n’y a aucun véritable échange mais qu’il y a en revanche une véritable escroquerie. Le libre- échange n’est en réalité que la libre-escroquerie qui s’habille pour être présentable. C’est ainsi que le Régent a remboursé les dettes faramineuses laissée par Louis XIV grâce au système de Law. C’est ainsi qu’à la révolution française, grâce aux assignats, la bourgeoisie a récupéré sans grands frais les biens détenus jusqu’alors par la noblesse et le clergé. C’est ainsi qu’aujourd’hui et depuis le 15 août 1971, depuis que nous avons à nouveau un papier-monnaie sans aucun lien avec le travail humain, un petit groupe s’enrichit sur l’appauvrissement des peuples en s’habillant du libéralisme et du libre-échange.

Nous devons retrouver le bon sens et de vrais échanges libres en distinguant l’échange des êtres, de l’échange des avoirs. L’échange des êtres se fait à l’intérieur des groupes qui sont cohérents par le but qu’ils se sont donné. Je les appelle des oïkos et ils sont une famille, un village, une tribu ou une équipe quelle soit militaire, sportive, ouvrière ou laborieuse dès l’instant où il y a un but commun. L’échange des avoirs, c’est-à-dire le troc, se fait lui avec les autres oïkos avec lesquels il n’y a a priori aucune cohérence,et aucun but réellement commun. Nous avons complètement oublié que la racine grecque de l’économie est oïkos nomos, « la coutume du groupe cohérent ». Cette coutume a toujours été de n’échanger des marchandises avec des étrangers que contre d’autres marchandises. C’est ce que le bon sens de l’ONU primitif avait fait en réunissant en 1947 à La Havane tout ses membres pour créer l’OIC par la complètement oubliée Charte de La Havane. Cette Charte rendait obligatoire l’évidence de l’équilibre des paiements entre des oïkos différents, des nations  différentes. L’OMC de Genève foule aux pieds cette évidence sous les applaudissements de tous les imbéciles. L’euro doit monter pour équilibrer la balance commerciale allemande mais il doit baisser pour équilibrer la nôtre et celles de beaucoup d’autres pays européens. Le résultat, qu’on le veuille ou non, est que l’Allemagne est en train de réussir provisoirement ce qu’Hitler avait raté : asservir l’Europe.

Sur cette confusion permanente institutionnalisée entre l’échange des avoirs et l’échange des êtres, vient se greffer l’incompréhension de ce qu’est la monnaie, simple véhicule de l’énergie humaine d’un groupe humain donné. De ce bourbier intellectuel sort l’Union européenne qui impose la libre circulation des monnaies transformant le libre-échange en libre-escroquerie puisque l’on paye en assignats l’énergie des autres, celle qu’ils ont comme les Arabes ou celle qu’ils sont comme les Chinois. Les deux s’empressent pour transformer les assignats reçus en immeubles parisiens ou en vignobles bordelais avec la bénédiction de nos dirigeants qui croient avoir tout compris en remportant des élections qui ne sont plus que le résultat des humeurs de la foule façon pogrom ou lynchage.

Les peuples occidentaux ont envie de croire aux rêves qui les arrangent. Ils en mourront si personne ne les réveille. A bon entendeur ….

Le protectionnisme, repli sur soi ou cordon sanitaire indispensable ?

Il est de bon ton chez les intellectuels médiatisables de se gausser du protectionnisme en le comparant à l’autarcie et à la Corée du Nord. L’avenir est à la mondialisation et même le front national se croit obligé de parler de « protectionnisme intelligent » tellement l’idée simple de se protéger n’a plus droit de cité en elle-même depuis que ce qu’il y aurait à protéger est devenu si flou.

Grâce à la mondialisation des échanges et de la communication, l’Occident a mis dans la tête des gens que le commerce international était la modernité alors que le nivellement des goûts sur toute la Terre au moment même où le nombre d’humains explose dramatiquement, nous entraîne inéluctablement vers la guerre car la Terre ne pourra fournir. Tant que certains aimaient les insectes et d’autres le bœuf, tant que chacun priait son Dieu, on reconnaissait différentes civilisations, différentes cultures qui inspiraient les voyages, l’étonnement, l’enrichissement, le respect, le partage et …. le repos chez soi. Depuis que l’OMC a décidé que sortir de la pauvreté c’était vivre comme un occidental et que la laïcité était la verticale commune, il faut faire disparaître les autres civilisations ou les mettre dans des réserves avant de s’entre-tuer pour savoir qui aura le droit de survivre.

La République s’étant abandonnée à la fausse démocratie où une caste achète l’affect du peuple avec de l’argent qu’elle n’a pas, il y a une quasi unanimité à essayer de faire croire au peuple qu’il peut alléger son travail en faisant payer le passé par l’impôt, le futur par la dette et les autres peuples par une balance commerciale excédentaire.

Une première difficulté est de savoir qui sont les autres quand on ne sait plus qui l’on est soi-même; d’où les souverainistes, les régionalistes, les européistes et les mondialistes … plus tous ceux qui ne se posent même plus la question de savoir qui ils sont.

Une seconde difficulté est que l’idée de « faire payer les autres », une fois mondialisée, se retourne évidemment en « payer pour les autres » avec ses corollaires, la concurrence et l’austérité.

Mais le pire est de voir ce qui se passe quand le système fonctionne et le lait nous en donne un exemple remarquable. Entendu sur RTL le 30 août :

C’est en Nouvelle-Zélande que s’est constituée la laiterie du monde. Ce pays est à l’origine de 27% des produits laitiers vendus sur le marché international. Il est le premier exportateur mondial de lait en poudre, de beurre et de fromage, devant l’Europe. La Nouvelle-Zélande collecte 22 milliards de litres de lait par an. Elle possède 6,5 millions de vaches (il y en a plus que d’habitants).

La plus grosse partie de la production locale est le fait d’une seule entreprise, Fonterra. Cette coopérative regroupe 10.000 éleveurs et réalise à elle seule le quart des exportations totales du pays. La dépendance de l’économie néo-zélandaise à l’égard de « l’or blanc » est telle que, lorsque le secteur souffre, la monnaie du pays est dévaluée.

Comme elle est le plus gros acteur mondial, la Nouvelle-Zélande – et plus précisément Fonterra – fait les prix mondiaux. Ceux-ci pèsent sur les cours européens, puisque l’Europe a démantelé tout récemment son système propre de fixation de la production et des prix. Les laiteries normandes ou bretonnes dépendent donc en partie de ce qu’il se passe à 19.000 kilomètres de chez nous.

Si l’on rajoute que les prix s’effondrent à cause d’une forte surproduction mondiale générée par des investissements colossaux faits en Nouvelle-Zélande pour satisfaire une demande chinoise qui n’arrive pas, on en arrive à la conclusion que les éleveurs neo-zélandais n’arrivent pas à rembourser leurs dettes parce qu’ils ont trop investi et que les éleveurs français n’arrivent pas à survivre parce que Lactalis applique la règle du système et achète au cours mondial.

Comment peut-on être à ce point aveugle pour se contenter de clouer au pilori le petit-fils Besnier au lieu de vanter le protectionnisme en laissant aux imbéciles prétentieux le soin d’y voir un repli sur soi ?

Mais le monde politico-médiatique n’est-il pas dangereusement contaminé par l’imbécilité prétentieuse ?

Concurrence libre et non faussée

Dans la constitution européenne refusée par les Français avant d’être imposée par le Parlement sous forme de traité de Lisbonne après l’élection présidentielle de 2007, il était sans arrêt question de « la concurrence libre et non faussée ». Lors de cette même campagne présidentielle j’avais posé à François Bayrou, ardent défenseur de cette constitution, la question : « Comment voyez-vous une concurrence libre et non faussée entre la Chine et le Poitou ? ». Après une réflexion de plusieurs dizaines de secondes (très long lorsque 500 personnes attendent) François Bayrou avait répondu : « Posée comme cela, la question n’a pas de réponse ». Je voudrais pourtant apporter une réponse à la question posée comme cela; elle est d’ailleurs toute simple.

Il faut que la concurrence soit vraiment libre et que l’on ne défende pas une autarcie frileuse. Quiconque sur cette Terre pense pouvoir répondre intelligemment à nos besoins doit être autorisé à faire une offre.

Mais cette concurrence ne doit pas être faussée et quiconque n’a pas les mêmes règles fiscales et sociales que nous, doit payer à l’entrée sur le territoire, la taxe que ses concurrents français payent en respectant les règles fiscales et sociales qui leur sont imposées.

Cette évidence de bon sens est farouchement combattue par le personnel politique en place, toutes couleurs confondues, et toute la fragilité de l’Europe actuelle s’explique par la contradiction entre les Politiques et le bon sens, contradiction qui va inéluctablement entraîner un succès des nationalismes aux prochaines élections européennes et un coup d’arrêt à la construction de cette fausse Europe. Les Politiques s’y opposent parce que si la concurrence n’était pas faussée, les prix s’envoleraient et les Français comme tous les Européens devraient choisir entre le coût de la vie et leurs avantages sociaux. Fausser la concurrence par l’esclavage dans l’espace qu’est le libre-échange non régulé et fausser la perception de la réalité par l’esclavage dans le temps qu’est le prêt à intérêt sont les deux mamelles de l’Europe de la Société Protectrice des Politique (SPP). La réalité de l’Europe aujourd’hui est une juxtaposition de 28 égoïsmes qui veulent faire payer les 27 autres avec des classes politiques écartelées entre le bien-être de leurs peuples et leur réélection. Beaucoup ont malheureusement choisi.

Pourtant l’Europe est un fait géographique et pourrait devenir un fait politique très intéressant si l’on prenait enfin le problème par le bon bout. Mais pour cela il faudrait avoir l’humilité de reprendre la construction de l’Europe là où 6 classes politiques unanimes ont préféré faire rentrer l’Angleterre, le Danemark et l’Irlande le 1er janvier 1973 et jouer une Europe qui se montre plutôt qu’une Europe qui existe. Toujours l’apparence et le faire-croire pour gagner les prochaines élections !

15 août 1971, Richard Nixon déconnecte le dollar de l’or et met à bas le système rusé et impossible de Bretton Woods imaginé par Keynes en 1944. 3 janvier 1973, Georges Pompidou directeur de la banque Rothschild de 1956 à 1958 et Valéry Giscard d’Estaing, polytechnicien et énarque, font voter par un parlement totalement incompétent une loi forçant l’Etat à abandonner la maîtrise de sa monnaie et à emprunter avec intérêts aux banques ce dont il a besoin. Il n’est pas innocent que cette loi ait si vite été appelée « la loi Rothschild » et que cette très mauvaise idée ait été reprise dans le traité de Maastricht pour l’imposer à toute l’Europe. Il n’est pas innocent non plus que Jacques Attali ait conseillé au pianiste énarque Emmanuel Macron d’aller se faire former à la banque Rothschild avant de devenir le Secrétaire Général Adjoint de l’Elysée, dont on dit qu’il est l’inspirateur de la conversion au libéralisme de François Hollande. Les Politiques, pour être élus, ont trop besoin du monde financier pour ne pas renvoyer l’ascenseur. Tout est lié et le système français des grandes écoles qui a été si productif, semble réduit aujourd’hui à la flatterie subtile de nos élites pour qu’elles ne s’intéressent pas à leur peuple et qu’elles ne remettent pas en cause un système qui sépare inéluctablement les Politiques des peuples. Cette fracture entre les Politiques et les peuples transformés en troupeaux protégés, câlinés puis saignés, est la base de tous les totalitarismes avec les aides des médias qui séduisent et qui deviennent propagande et des administrations qui maîtrisent en devenant policières.

Sous couvert de défendre la paix, les Politiques ont oublié les économies d’échelle et veulent nous faire vivre un mondialisme avec des instances déjà en place, ONU, FMI, UNESCO, OMC, Banque mondiale,…

Ne voient-ils donc pas que plus grand est l’espace peuplé à diriger, plus son organisation doit s’unifier ? Ne voient-ils donc pas qu’un gouvernement mondial, tellement souhaité par certains, ne pourrait qu’unifier les civilisations et combattre la diversité qui compliquerait tout et deviendrait impossible ? Ne voient-ils donc pas que si tous les êtres humains voulaient la même viande de bœuf, le même pétrole et le même uranium, c’est la guerre qui viendrait limiter le nombre d’humains pour que la Terre puisse répondre à leurs besoins ? Ne voient-ils donc pas que la survie d’une humanité réduite à manger, à dormir, à être laïque et à bien voter, est en opposition frontale avec l’existence de peuples cherchant, chacun à sa manière, comment harmoniser au mieux, le rapport à soi-même, le rapport aux autres et le rapport à ce qui nous dépasse tous ?

Vivement la concurrence libre et non faussée. C’est notre seule chance ! Les Politiques qui s’y opposent ne pourront être que balayés si les peuples ne veulent pas l’être !

La prospérité vient-elle du travail ou de l’échange ?

L’incompréhension générale de ce qu’est la monnaie et la croyance que l’on crée objectivement de la richesse sont les deux pieds très enracinés du blocage économique que les commentateurs politiques et médiatiques ont réussi à nous faire appeler la crise.

Si l’on ne se contente pas de rejeter la responsabilité de la crise sur l’extérieur en attendant béatement l’embellie alors que le drame ne fait que commencer, il faut tout d’abord ne pas confondre la monnaie collective qui se chiffre et qui est pérenne, avec la richesse qui n’est qu’un regard individuel qui ne se chiffre pas et qui peut changer.

Si tout était normal la monnaie serait limitée et se chiffrerait par la quantité d’énergie humaine reconnue comme stockée par le groupe. La richesse serait le regard inchiffrable du groupe et de ses membres sur l’alliage du beau et du bien qui est le riche.

Si tout était normal nous retrouverions le don de soi et l’accueil des autres, l’échange des êtres, à l’intérieur d’un lien social qui serait un but commun.

La vie, et en particulier la vie humaine, est échange d’énergie. La vie sociale est échange d’énergie humaine.

L’échange d’énergie humaine peut se faire par voie directe (travail, amour, sport, discussion, guerre,…) ou par voie de l’énergie stockée qu’est la monnaie.

Pour qu’il y ait échange il faut que chacun ait l’impression de s’enrichir à chaque échange, la richesse n’étant qu’un regard. L’échange qui se fait librement est un double contentement et donc un double enrichissement.

Tout échange est une photo de deux regards différents sur les mêmes biens ou les mêmes services en un lieu et un temps donnés L’un voit une richesse là où l’autre voit un encombrement, voire un déchet et réciproquement. C’est l’équilibre entre ces deux regards qui génère l’échange. Si l’énergie stockée qu’est l’argent est un élément de l’échange, ce n’est jamais un déchet et l’échange ne se fait que si l’acheteur considère que la quantité d’argent à échanger devient, à ses yeux, un encombrement par rapport à la richesse qu’est, à ses yeux, ce qu’il va recevoir en échange de son argent.

Tous ces regards sont instantanés et si, au moment de l’échange, chacun a subjectivement l’impression de s’enrichir, la réalité du groupe est que l’échange est objectivement neutre. Il n’y a pas de création objective de richesse qu’un autre regard verra d’ailleurs comme un encombrement ou même comme un déchet. La richesse est instantanée parce qu’un regard peut évoluer et est d’abord individuel.

Le groupe ne s’enrichit nullement de cet échange et pourtant, si l’un des termes de l’échange est l’argent, cela va curieusement faire du PIB, de la croissance et sera malhonnêtement présenté comme un enrichissement que certains vont croire pouvoir se partager.

L’erreur fondamentale du libéralisme si on l’approuve ou du capitalisme si on le désapprouve, est de confondre l’échange avec la prospérité. Si ça tourne c’est que ça va. Nous sommes dans la société de l’apparence qui ne peut être que dans l’immédiateté car l’apparence ne peut durer. .

Pour que le peuple vote bien, on s’interdit de traiter les causes qui mettrait le dit peuple face à ses contradictions avec des chances de le voir choisir. On va se contenter de donner l’illusion de traiter les conséquences que chacun perçoit. On va dire se préoccuper de la dette, du chômage et de la balance commerciale déficitaire en appelant ça la relance ou la reprise économique.

Pour ne pas mettre le peuple en face de lui-même, ce qui serait évidemment anti-électoral au possible, on va faire l’inverse ce qu’il faudrait faire.

Au lieu de faire travailler le peuple par un protectionnisme intelligent pour qu’il ait l’argent nécessaire aux achats de ce qu’il produit, on va importer de quoi vendre et prêter de quoi acheter puisque l’activité est l’apparence de la prospérité. Comme il faut bien payer nos importations on va vendre notre technologie façon vente d’armes à l’ennemi (passible de mort en temps de guerre). On ne vend plus un avion ou un train sans abandonner à l’étranger notre savoir-faire en misant tout sur ce que notre intelligence supérieure trouvera demain.

On pense résoudre le chômage en faisant payer par l’Etat de mille façons différentes, la non-occupation du peuple.

Quant à rembourser la dette, personne n’y pense sérieusement et il s’agit surtout de continuer à pouvoir s’appuyer sur un monde financier dont on a tant besoin pour tenir la communication et le vote du peuple. On se contentera d’envisager de freiner l’augmentation de la dette !

Il est tellement reposant de ne pas regarder le fond des problèmes. Mais en cette période de solstice d’hiver où la lumière va être de plus en plus présente, ne pourrions-nous pas la laisser nous éclairer un peu ?

Tout va très bien Madame la Marquise…

En cette fin d’année 2012 réjouissons-nous d’avoir des dirigeants, toutes tendances confondues qui « réforment pour redresser » en évitant soigneusement l’horreur absolue qu’est le protectionnisme qui nous ferait inéluctablement retourner « aux heures les plus sombres de notre Histoire ». Leur quasi-unanimité fait plaisir à voir et force à la réflexion. Et si le libre-échange était la solution ? Et si c’étaient eux les bons médecins ? Ils sont tous d’accord !

Tournons-nous vers la science médicale.

On peut ouvrir grand les fenêtres de la chambre d’un malade par grand froid pour vérifier que seuls les plus robustes s’en sortent. On peut aussi fermer les fenêtres et s’intéresser à la santé du malade en examinant l’air qu’il respire, la nourriture qu’il mange et tout ce qu’il boit, pour chercher ensuite à comprendre ce qui le rend malade et faire ce qu’il faut pour le guérir.

Ce qui est incompréhensible c’est d’ouvrir les fenêtres en faisant rentrer le vent glacial tout en se lamentant sur la dégradation de la santé de ce pauvre malade ! Pour arriver à cette contradiction aberrante il faut cumuler la faiblesse du malade qui se laisse faire, la crédulité de son entourage qui croit bien faire et la folie du praticien qui par bêtise, suffisance ou cynisme, fait croire que ce n’est pas contradictoire et que c’est même indispensable.

Quand le malade se sent de plus en plus faible et qu’il ne peut même plus se lever pour fermer la fenêtre, il se replie sur lui-même, remonte sa couverture, cherche à se convaincre que le praticien sait ce qu’il fait ou que l’été va arriver tout en se préparant à l’inéluctable. Il ne cherche même plus à convaincre son entourage de ne plus suivre aveuglément les conseils du praticien. Il n’a plus la force de les réveiller. Il a pourtant essayé mais on lui a envoyé les infirmiers. Sa peur se transforme en haine, haine de soi ou haine des autres, puis en désir de violence contre lui ou contre l’entourage. Il est en attente permanente de sa propre déflagration.

L’entourage lui, est inquiet. On lui a fait croire que fermer la fenêtre, c’était être agressif vis-à-vis des voisins, et que la vie en commun avec eux était bénéfique, moderne, inscrite à la fois dans le beau, le bien, le vrai, le juste, le pur et le riche. On lui a expliqué que la science ordonnait d’ouvrir les fenêtres et que les fermer s’appelait le protectionnisme et avait généré Adolf Hitler. Comme il comprend mal la logorrhée mais s’en laisse impressionner, l’entourage laisse faire le praticien tout en constatant que les voisins sont plus en train de creuser des tranchées que d’ouvrir les bras. Il se dit qu’il n’y connait rien alors que le praticien est compétent, choisi par la famille et assez crédible quand il explique l’accroissement du nombre de morts par une épidémie qu’on n’avait pas connu depuis 1929. Au fond de lui-même l’entourage n’y croit pas mais les medias le font tellement saliver sur les prochains combats entre les marrons et les gris, sur le sensationnel et le spectaculaire, qu’il fait semblant d’y croire en s’évadant dans le prochain tirage du loto et dans les vies intimes volées aux étoiles tombées du ciel. Et tant pis pour le malade. C’est vrai qu’avec une telle épidémie, on n’y pouvait pas grand-chose ! De profundis.

Mais tout cela ne pourrait exister sans le praticien, sans celui que l’on a caricaturé, un sac de riz sur l’épaule et qui a tout appris à l’Ecole Nationale d’Anesthésie. Il a appris à se faire aimer, à se faire admirer, à se faire choisir et à se faire retenir. On lui a dit qu’il avait été distingué parce qu’il savait déjà tout et qu’on allait donc simplement lui apprendre à le faire savoir. Bien sûr « plaire ou conduire, il faut choisir » mais comme il savait déjà naturellement conduire, il suffisait de lui apprendre à plaire. Il lui fallait rapidement séduire les medias pour avoir la fidélité des familles. La maladie devait être ce dont il devait parler mais en pensant clientèle. Il ne devait jamais oublier de se constituer sa clientèle familiale en se souvenant que pour les Latins famulus comme cliens voulaient dire serviteur et qu’une clientela était à Rome un ensemble de personnes soumises ou dépendantes. On lui a aussi appris que pour retenir durablement sa clientèle il fallait agir sur trois niveaux.

Le premier niveau est de fragiliser la clientèle en la séparant de sa raison pour ne la motiver que par ses besoins et ses sentiments. Tout pour le cœur et le ventre, rien pour le cerveau. Pour cela une instruction que l’on métamorphose discrètement en éducation tout en veillant à négliger toujours l’expérience et le discernement qui risqueraient d’harmoniser les patients. Faire croire qu’une accumulation de connaissances suffit à fabriquer des hommes debout est essentiel à la survie du système. Il faut retarder au maximum la confrontation au réel et garder le plus longtemps possible la future clientèle dans cette chrysalide du formatage. Il ne doit pas y avoir de service national et un accompagnement de flatteries pédolâtres est conseillé pour la réussite de cet amollissement obligatoire.

Le deuxième niveau est de se rendre indispensable par la création d’une science qui affirme qu’ouvrir les fenêtres des chambres de malades surtout quand il gèle, mène à la guérison toujours annoncée et jamais advenue. Tout le monde croit cette science car elle est fondée sur deux principes éternels : celui des médecins de Molière et celui des habits neufs de l’empereur d’Andersen. Le premier affirme :  « Ossanbabdus, nequer, potarinum, quipsa, milus. Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette ». Le second rappelle que seuls les sots ne comprennent pas. Les deux principes, une fois aussi intimement liés qu’un politique et une journaliste, font que tout le monde croit cette science dite « économique » sans doute parce qu’elle permet d’économiser le discernement.

Le troisième niveau est la pérennisation du système par le développement de la séduction et de la maîtrise déjà initiées aux niveaux précédents.

Pour la maîtrise, le corps des infirmiers est là pour inverser ce que tout parent apprend dès leur plus jeune âge à ses enfants : « Dépêche-toi ! » et « Fais attention ! ». Les infirmiers sont recrutés pour que soient punis ceux qui s’obstinent à ne pas comprendre que la vitesse est un défaut. Ils sont là aussi pour rendre inutile l’attention et la vigilance puisque du matériel est scellé (garde-fous plots, chaînes) pour qu’il soit physiquement impossible de faire ce que les praticiens ont décrété dangereux. On ressort le lit à barreaux pour une clientèle adulte déjà inscrite comme futurs malades récalcitrants.

Pour la séduction il ne faut pas lésiner car il faut accepter de payer très cher ceux qui sont capables de faire croire que cela va aller mieux quand tout va de plus en plus mal et qui surtout, sont capables d’expliquer quand cela va encore plus mal, que nous voyons enfin le bout du tunnel. Ils savent convaincre que le PIB, la croissance et la valeur ajoutée sont des richesses quand ce ne sont en fait que des dépenses. Ces illusionnistes du bonheur sont irremplaçables car ils arrivent à faire croire à la clientèle que c’est elle qui décide par un jeu très amusant que les praticiens appellent la démocratie. Ce jeu consiste à dépenser ce qu’il faut pour convaincre la clientèle malade de plébisciter les praticiens entre 8 heures et 20 heures un jour précis, choisi plusieurs mois à l’avance, où la clientèle devra donner son avis. Peu importe les moyens à y mettre. La difficulté est de viser juste et que l’attirance sentimentale et la satisfaction des besoins dépassent très précisément ce jour-là le rejet que la raison imposerait si on la laissait se construire et s’exprimer. Il faut évidemment être très riche pour jouer à ce jeu qui est, de fait, toujours réservé aux mêmes praticiens et à ceux qu’ils cooptent. Il faut être très riche pour augmenter le nombre des infirmiers et augmenter les rémunérations des hommes de média. Or les praticiens se voient pauvres et ne peuvent sans déplaire demander trop directement beaucoup d’argent à leur clientèle. Les hommes de média ont donc expliqué à la clientèle qu’il était important pour elle que le niveau de vie des praticiens soit assuré et que la collectivité devait s’en charger. La collectivité paye donc les praticiens pour qu’ils paient les medias qui vont expliquer que les praticiens ont tout compris.

Mais ce n’est pas suffisant et le « faire croire » est hors de prix. Les praticiens ont donc décidé de protéger coûte que coûte le système financier créateur d’argent qui seul peut donner l’argent inexistant qui permettra de faire les dépenses de plus en plus importantes mais de plus en plus indispensables à la non explosion du système. On utilisera sans vergogne les trois niveaux pour que personne ne réalise que tout sera payé au bout du compte par la dévaluation et la hausse des prix c’est à dire par les épargnants et par les consommateurs. Les praticiens bénissent cet impôt privé qui leur assure leur avenir. Les seuls à ne pas y croire sont les hommes du système financier eux-mêmes qui savent que tout ne tient que par le double esclavage dans l’espace par le libre-échange et dans le temps par le prêt à intérêt et les échéances de fin de mois à perte de vue. Ils savent le pourcentage énorme d’actifs irrécupérables non provisionnés et ils ont tellement peur de la proximité de leur propre explosion qu’ils ne se prêtent même plus entre eux. Les praticiens ont compensé le double esclavage par une journée annuelle de condamnation sans appel de l’esclavage des gentils noirs par les vilains blancs. Ils retardent l’explosion des banques en offrant en garantie la fortune de leur clientèle. Mais personne n’y croit plus…sauf ceux que nous payons à nous y faire croire.

Tout va très bien, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien. Pourtant, il faut, il faut que l’on vous dise, on déplore un tout petit rien : un incident, une bêtise…

Un emplâtre sur une jambe de bois

A force de faire semblant, on sombre dans le ridicule le plus abouti. Le rapport Gallois prône une augmentation de la TVA et la baisse des charges sociales des entreprises. Partant de ce rapport le gouvernement Ayrault dans son « pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi » tourne déjà le dos aux promesses électorales de François Hollande et veut augmenter la TVA et réduire de 20 milliards d’euros la fiscalité sur les entreprises sans baisser les charges sociales pour ne pas augmenter, plus que de sa raison personnelle, le trou déjà béant de la sécurité sociale. Les écologistes s’étranglent, l’autre bord approuve et s’amuse de voir Jean-Marc Ayrault appliquer le programme de Sarkozy.

Les uns comme les autres ne font qu’augmenter l’impôt en réussissant à faire croire qu’ils le diminuent en le ressortant sous d’autres formes. Les charges sociales sont un impôt comme la TVA, la CSG et les radars sur les routes. Tout cela parce qu’on s’entête à croire que la croissance enrichit et que les deux seules questions sont « Comment la stimuler, la faire revenir, l’implorer et la retenir ? » et « Comment se partager équitablement cette manne laïque dans le désert des idées ? ».

Toute la classe dirigeante se perd en discussions profondes sur le meilleur remède entre le cautère, l’emplâtre ou le cataplasme, sans réaliser que le problème est la jambe de bois et non pas les simagrées d’illusionniste que chacun invente pour faire espérer que la jambe va prendre vie.

Le crédit d’impôt est un cautère, l’augmentation de la TVA est un emplâtre, la diminution des charges sociales est un des multiples cataplasmes qui tous, ne sont qu’augmentation ou diminution des prélèvements pour faire tomber la manne et donner l’illusion que la jambe de bois est vivante.

Hélas, trois fois hélas ! le dogme de l’église économique qui nous gouverne est faux. La croissance s’achète, pardon ! se finance, parce qu’elle n’est que dépense.

Lorsque l’INSEE écrit dans ses définitions que le PIB est un produit et donc que sa croissance enrichit, il utilise un tour de passe passe qu’il faut décortiquer.

Tout part de l’observation que si un client achète un kilo de tomates à un marchand, le marchand s’appauvrit en tomates et s’enrichit en argent pendant que le client s’appauvrit en argent mais s’enrichit en tomates. Le PIB étant la mesure, plus ou moins exacte, de l’argent en circulation, cette mesure peut se faire, comme le dit l’INSEE, en additionnant toutes les dépenses ou en additionnant à un moment donné tout ce qu’il y a dans les différentes mains, en additionnant les distributions. Mais comment faire croire que de l’argent circulant est une production que nous allons pouvoir nous partager ? Les économistes ont trouvé le truc : il n’y a qu’à parler en tomates. En achetant des tomates, je m’enrichis en tomates et bien que ce soit une dépense, je vais dire que ma femme s’est enrichie en soins dentaires, et mes amis se sont enrichis en voiture japonaise ou en téléviseur chinois. Nous avons fait de la croissance en nous enrichissant de tout cela et l’INSEE va pouvoir dire que le PIB est une production puisque nous avons produit des tomates, des soins dentaires, des voitures et des téléviseurs. Le génie de l’INSEE va être d’appeler « valeur en volume », la tomate et le téléviseur que j’ai maintenant entre les mains et de les chiffrer en euros « à prix courants » comme ils disent. Génial non ? Il va suffire maintenant de savoir qui paye mais cela s’appelle financer la croissance. Ne riez pas ! C’est ça le PIB que l’INSEE va additionner aux importations pour avoir nos ressources. On comprend mieux que ça coince forcément et que la crise était écrite depuis longtemps.

On va donc payer des milliers de fonctionnaires pour ne pas se contenter d’additionner simplement toutes nos dépenses ou toute la monnaie mise en circulation pour calculer le PIB, mais pour chiffrer les objets et les services que les acheteurs payent. C’est  pratiquement « mission impossible » car comment chiffrer ce qu’apporte un prêtre ou un fonctionnaire mais cela donne de l’emploi à des gens que l’on rémunère et, plus ils mettent de temps à chiffrer tout ça, plus cela coûte cher et plus cela fait de la croissance. L’INSEE va appeler cette « production », la « valeur ajoutée », « à prix courants et en volume ». Personne ne comprend mais on peut enfin dire que le PIB est un produit et que nous allons l’augmenter par la croissance et nous le distribuer ! On parle en volume et on additionne des tomates, des diagnostics, des voitures, des prières, des livres et des efficacités de fonctionnaires. Pour faire bonne mesure puisque l’on parle volume, on va faire de la croissance avec nos importations puisque cela va nous permettre de consommer, pendant que les Allemands font de la croissance avec leurs exportations. Mais si les Allemands s’enrichissent des euros qu’ils perçoivent, nous, nous nous enrichissons des produits asiatiques que nous achetons ! L’INSEE met en ressources les importations et le PIB. Il met en emplois nos dépenses et notre exportation.

Tout cela pour ne pas à avoir à dire au peuple que, s’il y a des inégalités honteuses dans la distribution de notre monnaie, nous vivons en moyenne au-dessus de nos moyens. La réelle pauvreté de certains est trop compensée par l’opulence scandaleuse de certains et par la vie trop dépensière de la majorité. A force d’attendre la manne laïque, nous avons oublié que seul le travail produit réellement des richesses et qu’à force de nous partager une pseudo richesse qui n’est que de l’argent emprunté nous rêvons d’un monde qui n’existe pas et auquel nous voulons tout de même croire. Mais qui veut réellement affronter ce problème ? Pas nous ! Nous sommes complices de nos dirigeants car nous n’avons pas envie de nous réveiller. Pas les Politiques ! Ils n’ont pas non plus envie de nous réveiller puisque nous devons bien voter le jour où nous sommes devant une urne et ils savent que le réveil sera douloureux. Et pour cela ils ont besoin de beaucoup d’argent et sauveront donc en premier le système financier qui les fait vivre. Pas les grandes entreprises ! Elles n’existent que par l’agitation économique et par la réduction de la durée de vie de ce qu’elles font produire. Pas les médias ! Ils ne vivent que par le financement des précédents.

Alors les impôts ne peuvent que monter car il faut payer, en décalage et tout est dans ce mot, la vie trop facile qu’en moyenne nous avons. En plus des impôts classiques on a inventé la dévaluation pour faire payer les épargnants et la hausse des prix pour faire payer les consommateurs. Aujourd’hui la classe dirigeante fait s’épanouir un nouvel impôt, la compétitivité qui est un mot inventé en 1960. Il faut fournir plus et d’une manière ou d’une autre travailler plus pour gagner moins; mais surtout ne pas le dire et combattre becs et ongles le protectionnisme qui nous mettrait en face de nous-mêmes et de nos contradictions. Il est pourtant totalement nécessaire  que nous réalisions la supercherie dans laquelle nous vivons mais c’est tellement difficile à accepter que nous préférons inconsciemment laisser venir, par lâcheté, le protectionnisme par sa voie royale : la guerre.

 

Les économistes sont des jean-foutre

Ce qui est stupéfiant, c’est le côté révérencieux que tout le monde semble avoir vis-à-vis de la prétendue science économique qui habille des banalités affligeantes avec de la mathématique et dont les professeurs assènent des contre-vérités auxquelles il ne peuvent pas croire eux-mêmes. Ils ne donnent leurs diplômes qu’aux étudiants suffisamment fragiles pour répéter, sans vraiment comprendre, tout ce qu’on leur a embecqué.

Le PIB est présenté par l’INSEE sur son site de la façon suivante le 1er octobre 2012 (la colorisation m’est personnelle)  :

Produit Intérieur Brut (PIB) et grands agrégats économiques
Les comptes de la Nation – Base 2005
Date de mise à jour : 15 mai 2012
Le produit intérieur brut (PIB) est le principal agrégat mesurant l’activité économique. Il correspond à la somme des valeurs ajoutées nouvellement créées par les unités productrices résidentes une année donnée, évaluées au prix du marché.
Il donne une mesure des richesses nouvelles créées chaque année par le système productif et permet des comparaisons internationales.
Le produit intérieur brut est publié à prix courants et en volume aux prix de l’année précédente chaînés. Son évolution en volume (c’est-à-dire hors effet de prix) mesure la croissance économique.
Les grands agrégats économiques associés au PIB sont le revenu national brut (RNB), la capacité ou le besoin de financement de la nation, les grandes composantes de l’équilibre entre les éléments de l’offre (PIB, importations) et de la demande (consommation, investissement, exportations), la ventilation des facteurs de production (emploi, stock de capital) par secteurs institutionnels (entreprises, ménages, administrations publiques considérés comme producteurs de richesses) et la valeur ajoutée qu’ils génèrent.

Sur cette base de création de richesse, tous les raisonnements tendent à faire venir cette croissance, cette augmentation du PIB que nous allons nous partager. C’est beau comme l’antique et on se laisserait presque prendre à cet hameçon séduisant si le même INSEE dans ses définitions ne nous apprenait pas, toujours au 1er octobre 2012, que :

Produit intérieur brut aux prix du marché / PIB
Définition
Agrégat représentant le résultat final de l’activité de production des unités productrices résidentes.
Il peut se définir de trois manières :

– le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d’activité, augmentée des impôts moins les subventions sur les produits (lesquels ne sont pas affectés aux secteurs et aux branches d’activité) ;

– le PIB est égal à la somme des emplois finals intérieurs de biens et de services (consommation finale effective, formation brute de capital fixe, variations de stocks), plus les exportations, moins les importations ;

– le PIB est égal à la somme des emplois des comptes d’exploitation des secteurs institutionnels : rémunération des salariés, impôts sur la production et les importations moins les subventions, excédent brut d’exploitation et revenu mixte.

Il faut d’abord nettoyer ces définitions d’un charabia destiné à ne pas être dérangé par tous ceux qui ne font pas partie de l’Eglise économique. On dit «Formation brute de capital fixe» et «Emplois finals intérieurs de biens et de services» car «Investissements» et «Dépenses» risqueraient d’être compris par les gens simples. En fait l’INSEE rappelle discrètement dans ses définitions que le PIB est soit tout ce qui est produit, soit tout ce qui est dépensé, soit tout ce qui est distribué. Mais il doit avoir comme mission de ne donner qu’un éclairage valorisant, celui de la production. Dire qu’il suffit de dépenser pour faire de la croissance fragiliserait ceux qui voulaient aller la chercher avec les dents ou ceux qui veulent l’intégrer à un pacte européen.

Pour bien comprendre la « production » dont parle le PIB, imaginons un SEL (Système d’Echange Local) d’une centaine de personne qui crée une monnaie qu’il appelle piastre, il en fabrique une certaine quantité qu’il va distribuer à ses adhérents qui vont s’acheter les uns aux autres les biens et les services dont ils ont besoin. Imaginons même que nous soyons au mois d’août et qu’aucun autre habitant que les membres du SEL ne soit présent et que l’euro ne soit pas utilisé. Les piastres tournent et tout ce qui est produit dans le SEL est évidemment égal à tout ce qui est dépensé dans le SEL et est aussi évidemment égal à tout ce qui a été distribué aux membres du SEL si l’on a fabriqué juste ce qu’il fallait de piastres. Nous avons les trois définitions du PIB de l’INSEE et nous voyons même que l’INSEE oublie la 4ème définition de ce même PIB qui est l’argent circulant. Le PIB est en effet la quantité d’argent en circulation que l’on peut voir comme l’argent créé pour le groupe multiplié par sa vitesse de circulation, comme la production effectuée par le groupe traduite en argent, comme l’argent dépensé par le groupe et enfin comme l’argent circulant entre les membres du groupe. Ces quatre regards ont évidemment le même chiffrage et personnellement j’opte pour le calcul du PIB le plus simple : additionner toutes les dépenses publiques et privées.

Le plus simple n’est plus en effet de calculer l’argent créé depuis que les banques ont créé tellement d’argent virtuel par la double écriture que personne ne peut avoir une idée chiffrée de l’argent créé. Le plus simple n’est évidemment pas non plus de faire ce que fait l’INSEE sur ordre, à savoir l’éclairage production, car étant incapable de chiffrer ce que peut produire l’admin istration, l’INSEE utilise l’éclairage dépense pour trouver la production : l’administration rapporte ce qu’elle coute. Plus elle coûte plus on fait de croissance. Mais les politiques n’aiment pas qu’on leur rappelle que pour faire de la croissance il suffit de dépenser davantage.

Le PIB n’est donc qu’une quantité de monnaie en circulation qui n’a rien à voir avec une production réelle. La croissance du PIB a pourtant deux gros intérêts pour les politiques : elle constate l’emploi donné en dépensant et elle enrichit l’Etat qui pompe sur tout mouvement qu’il ne fait pas lui-même. Décembre 1999 a donné beaucoup de travail pour nettoyer les côtes du pétrole de l’Erika et pour réparer les dégâts des deux tempêtes qui ont traversé la France. Cela a terriblement enrichi l’Etat qui grâce à la TVA s’est constitué une « cagnotte » dont il était un peu gêné. Keynes proposait que la moitié de la population creuse des trous que la seconde moitié reboucherait. Quelle croissance ! Sur la TVA et sur les charges sociales des boucheurs déboucheurs, l’Etat ferait fortune. Le seul problème, et c’est celui de la croissance, c’est de savoir qui la paye. Qui a payé la fabuleuse croissance de décembre 1999 dont nous nous serions bien passés ? Il était piquant de voir Nicolas Sarkozy critiquer François Hollande et ses centaine de milliers de fonctionnaires supplémentaires alors qu’embaucher des fonctionnaires augmente le PIB puisque, rappelons-le, pour l’INSEE l’administration rapporte ce qu’elle coute. C’est moins intéressant pour l’Etat car il n’y a pas de TVA mais l’emploi et la croissance s’y retrouvent.

Les politiques et les « économistes » n’osent pas demander qui paye la croissance. Ils disent « Il faut la financer » et pour tenir dans ce monde aberrant ils ont besoin de partenaires qui sont le système bancaire international qui tient le rôle d’usurier en prêtant l’argent qui fait croire que nous sommes riches et que la croissance crée des richesses comme a le culot de l’écrire l’INSEE. Jean-Luc Mélenchon disait lors de sa campagne que la France n’avait jamais été aussi riche de toute son histoire. En réalité elle n’est riche que de ses dettes et elle s’est vendue au système financier mondial pour permettre à la SPP (Société Protectrice des Politiques) de sauver la classe politique droite et gauche confondues. Ils veulent tous la croissance et donc qu’il faut dépenser plus. Mais ils disent tous qu’il faut rembourser les prêts et donc qu’il faut dépenser moins.

Ils continuent tout de même à se différencier pour pouvoir se combattre et apporter au peuple ces jeux du cirque qu’il affectionne. Ceux qui se disent de gauche prétendent qu’il faut dépenser plus pour dépenser moins (consommation moteur de la croissance) pendant que ceux qui se disent de droite affirment qu’il faut dépenser moins pour dépenser plus (investissement moteur prudent de la croissance). Il n’y a que François Bayrou à vouloir faire les deux.

Ils veulent tous revenir à l’intelligence suprême de Maastricht qui est de ne dépenser que 103 % du PIB sachant que Guy Abeille haut fonctionnaire à la direction du budget avoue dans le Parisien du 28 septembre 2012 avoir sorti à l’époque de son chapeau ces 3% « chiffre né sur un coin de table » à la demande de Mitterrand qui voulait « une règle facile qui sonne économiste ». Il dit avoir choisi un pourcentage du PIB parce qu’en « économie tout le monde se réfère au PIB ». Bonjour Panurge ! Dès que l’on comprend que le PIB est la dépense, on comprend que nous nous sommes engagés, droite et gauche confondues, à ne pas dépenser plus de 103 % de… ce que nous dépensons.

Ce système aberrant est pourtant farouchement défendu par la classe politique car il permet de faire croire au peuple que le fait de vivre mieux que nos grands-parents est dans l’ordre naturel des choses. Ils sont tous farouchement opposés au protectionnisme qui nous mettrait en face de nous-mêmes et de nos contradictions. Je regrette déjà le conditionnel de ma phrase car c’est un futur inéluctable. Le protectionnisme nous mettra en face de nous-mêmes et de nos contradictions. Soit en douceur et avec intelligence, soit en un instant par la guerre.

Au royaume des aveugles les borgnes sont rois

La complicité objective des peuples et de leurs dirigeants, cachée sous le beau mot de démocratie, est en Occident le frein essentiel à toute solution douce de ce que le monde médiatico-politique appelle la crise. Faut-il pour autant condamner les aveugles ou reprocher aux borgnes d’être des cyclopes ? Non mais tenter de leur ouvrir les yeux n’est pas défendu.

D’un côté, les peuples occidentaux sont ravis de croire que le progrès et la croissance leur font vivre un confort que très peu de leurs aînés connaissaient. Ils n’en profitaient d’ailleurs que par héritage ou par un travail efficace, rude et acharné. Aujourd’hui les peuples occidentaux sont prêts à envisager des pauses dans l’augmentation permanente de leur confort mais font semblant de croire qu’un retour à la dureté réelle de la vie est impossible. Un chauffeur de taxi tunisien disait avec grand bon sens : « Chez nous si on ne travaille pas, on ne mange pas. Ici qu’on travaille ou qu’on travaille pas, on mange. Alors on vient tous ici ». Mais cette croyance n’est que superficielle et chacun sait bien que tout cela est provisoire et fait peur. Cette peur se transforme en haine de soi ce qui fait la fortune des psys, ou/et en haine des autres ce qui fait monter la violence lentement mais sûrement.

De l’autre côté, les classes dirigeantes se servent du côté assez inique du confort par héritage pour faire croire qu’elles vont l’offrir à tous sans que la pénibilité du travail soit une nécessité. Pour cela, avec l’appui intéressé de la fausse science économique, elles utilisent l’énergie sociale qu’est l’argent pour assouvir les désirs du peuple. Plaire ou conduire, il faut choisir, et les Politiques ont choisi. Ils cherchent à plaire en berçant le peuple par la survie assurée et le plaisir anesthésiant, « Panem et circences » comme l’écrivait le trop méconnu Juvénal qui décrivait la société romaine décadente et si proche de la nôtre.

Certains Politiques sont de bonne foi et croient réellement qu’en changeant le temps avec la recherche et l’innovation, qu’en changeant l’espace avec l’Europe et le mondialisme, qu’en changeant les hommes avec la formation, Dieu nous récompensera en nous envoyant la Croissance qui nous donnera enfin l’argent que nous empruntons en attendant Godot. Ils réalisent mal que toutes les idéologies (fascisme, communisme, capitalisme) sont expansionnistes et se veulent universelles comme maheureusement certaines religions comme le catholicisme, certain protestantisme et l’islam. Les idéologies restent les spécialistes du faire-croire et au bout du compte elles échouent systématiquement, et à convaincre, et à imposer.

D’autres Politiques sont cyniques et savent très bien que cela ne mène nulle part mais hésitent entre le « Je suis leur chef, il faut bien que je les suive » du maréchal de Saxe et le « Après moi le déluge » de Louis XV. Ils se recentrent sur leur cœur de métier qui est l’élection. Ils sont attentifs à toujours dire ce qui plait à leur électorat.

Tous, honnêtes hommes de fond ou de forme, utilisent la boite de Pandore ouverte en août 71 qui a déconnecté les monnaies de toute valeur objective et a rendu surpuissants tous ceux qui traînaient dans leurs circuits. Plus personne ne sort de la phrase imbécile « au début était le troc et un jour c’est devenu trop compliqué et on a inventé la monnaie » et ils créent sans arrêt par des moyens de plus en plus sophistiqués l’argent dont ils ont besoin pour acheter leur peuple.

La crise est la confrontation entre leur rêve impossible et la réalité. Nous sommes dans la période difficile où tous les efforts sont demandés aux peuples pour faire durer encore un peu le faire-croire.

Les axes de réflexion pour minimiser les risques de guerre sont tous rejetés par le peuple qui sans le savoir prépare sa propre tombe. Il faut tout de même que ceux que la vraie politique intéresse les regardent en face.

Il faut :

1) Donner une définition compréhensible de l’entité géographique et humaine à laquelle nous appartenons en se souvenant de « La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf ». Du village à l’Europe quelle est l’entité primordiale ? Ne serait-ce pas la France ?

2) Reconnaître des définitions communes du Beau, du Bien et du Vrai comme constitutives d’un groupe. L’approche commune de leurs trois mariages deux à deux, le Riche, le Juste et le Pur, est le lien social d’un groupe vivant. L’harmonisation fiscale et sociale en est naturellement l’une des conséquences et si elle n’existe pas, n’est-ce pas la preuve de la fictivité du groupe ?

3) Protéger cette entité pour que ses membres aient tous le travail auquel ils ont droit mais soient mis en face d’eux-mêmes et qu’ils puissent affronter puis résoudre leurs contradictions que révèlera la hausse des prix inhérente au protectionnisme.

4) Renoncer à la fausse démocratie du « un homme, une voix » qui ne donne le pouvoir qu’à l’argent pour travailler les deux axes possibles de la vraie démocratie à inventer : le permis de voter et le tirage au sort.

5) Renoncer au laminage intellectuel de la prétendue Education Nationale qui limite l’éducation à l’accumulation de connaissances en se faisant concurrencer par internet, pour ajouter à nouveau les compléments indispensables de l’expérience et de l’apprentissage du discernement.

Il reste pour éviter la guerre à répondre à la question : faut-il convaincre le peuple pour convaincre ses dirigeants ou faut-il convaincre les dirigeants pour convaincre le peuple ? Et qu’en pensent les médias ?

L’incantation et le mépris

L’un des aspects les plus surprenants de notre élite actuelle, tous Sarkozy et Hollande confondus, est la contradiction dans laquelle elle s’empêtre chaque jour davantage à propos de l’emploi. Le dernier exemple en est la délocalisation des centres d’appels au Maroc décidée par le socialiste Huchon de la région Ile de France mais condamnée par le ministre socialiste Montebourg qui défend « le protectionnisme, position de toutes les grandes nations ». François Hollande, lui, ne veut pas faire de « surenchère protectionniste » et confirme que « les règles ont été respectées ». Il est malheureusement vrai que nous avons légiféré pour accepter les règles aberrantes de l’OMC et que l’article 6 du code des marchés publics interdit de privilégier une provenance : « Les spécifications techniques ne peuvent pas faire mention d’une provenance ou origine déterminée ».

Nous nous sommes interdit de privilégier la France ou l’Europe !!!

Quant au ministre du travail, ancien ministre des finances, Michel Sapin, il se demande, sans bien sûr y répondre, comment « sans rentrer dans une sorte de protectionnisme imbécile » faire produire en France « les entreprises qui travaillent à la suite des marchés publics » ! Pour garder de l’emploi en France, est-ce vraiment imbécile de privilégier la provenance de France ?

Pour préserver nos avantages dans ces temps volontairement imbéciles, et bien qu’ils aient été acquis à des périodes où nous produisions nous-mêmes ce que nous consommions, nous sommes obligés de réinventer l’esclavage sous une double forme : esclavage dans l’espace en faisant travailler au loin, des hommes, des femmes et des enfants en ne nous intéressant ni à leurs salaires, ni à leur protection sociale, ni à leur culture ; esclavage dans le temps en accueillant la servitude volontaire des échéances bancaires totalement aléatoires sur 15 ans pour avoir l’apparence de la possession immédiate de ce dont nous rêvons. Pour ne surtout pas le voir, nous réduisons stupidement l’esclavage à la traite des noirs et créons même une journée nationale annuelle pour fêter son abolition !

Mais le clergé capitaliste est beaucoup plus rusé que ses prédécesseurs fasciste et communiste et il a compris qu’il fallait plaire et tout habiller de bons sentiments. On peut réinventer l’esclavage à la condition de se convaincre soi-même que l’esclavage est immonde et que nous y sommes tous fondamentalement opposés. Nous en convaincre et nous le répéter inlassablement à la méthode Coué.

Cela permet de ne pas se poser la question essentielle : « Pourquoi vivons-nous au-dessus de nos moyens ? ». Là encore nous allons décréter que nous sommes un pays riche « qui n’a jamais été aussi riche » comme dit Mélenchon et nous allons aussi générer des fortunes individuelles indécentes car elles permettent à notre élite actuelle de ne pas nous dire que nous vivons en moyenne au-dessus de nos moyens. Plaire ou conduire, il faut choisir et ils ont décidé de plaire ce qui nous conduit dans le mur.

La seule façon de réagir est le protectionnisme qui fera bondir les prix mais qui nous mettra en face de nous-mêmes, en face de notre propre réalité, celle que notre élite actuelle veut tellement nous cacher pour garder le pouvoir.
Au lieu de nous mettre en face de nous-mêmes et de compter sur notre intelligence pour surmonter nos contradictions, ceux qui continuent à se croire notre aristocratie (gouvernement par l’élite en grec) préfèrent mépriser avec dédain le protectionnisme indispensable et se lancer dans des incantations dérisoires pour que Dieu nous envoie enfin la croissance.