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Samsung vient de publier son bénéfice pour les 3 premiers mois de 2017 de 9.900 milliards de wons soit 8,2 milliards d’euros.

Pour ceux qui croient à la création de richesses, c’est une nouvelle qui intéresse les porteurs d’actions qui utilisent ces informations pour imaginer à quel prix ils pourront revendre leurs actions demain et surtout après demain sur la croyance à la durabilité de ces résultats. Ce sont leurs regards qui définissent les cours de bourse et l’apparence de leurs richesses qui font tellement jaser. Pour ceux qui croient à la création de richesse c’est une nouvelle qui va intéresser tous ceux qui veulent une partie du magot. Les salariés, le fisc, les sportifs en quête de sponsor vont tous venir imposer ou mendier leur part.

Mais pour nous qui savons que la richesse ne se crée pas, nous nous demandons, dans ce monde où la richesse feint de se chiffrer, quels sont les millions d’individus qui se sont appauvris en trois mois de 8.200.000.000 €.

Ce qui est vrai pour Samsung l’est évidemment aussi pour toutes les entreprises du CAC 40 qui fanfaronnent sur leurs milliards de bénéfices, et personne n’y voit rien à redire puisque personne n’a envie de voir qu’ils s’enrichissent exclusivement sur notre appauvrissement dès l’instant où la notion de richesse s’est mondialisée et qu’elle s’approche partout de la même manière.

Mais comme cet appauvrissement ne doit pas être ressenti par ces braves électeurs qui risqueraient de le prendre très mal, le système le fait très habilement glisser dans le temps en appauvrissant nos prédécesseurs par la montée de l’impôt et nos successeurs par la dette qui n’arrête pas de s’envoler. Rappelons que le FMI nous a informé début octobre 2016 que la dette mondiale était de 152.000 milliards de dollars pour 6 milliards d’hommes sur la Terre.

Rien que pour la dette publique française l’Institut de Recherche Economiques et Fiscales (IREF) écrivait en novembre 2014 :

460 millions d’euros, c’est l’augmentation quotidienne de la dette publique française

La dette publique française s’élevait au 30 juin 2014, à 2.023,7 milliards d’euros, c’est 83 milliards de plus qu’au 30 décembre 2013.

Autrement dit, la dette française a cru de 460 millions d’euros par jour au premier semestre, c’est l’équivalent, quotidiennement, de l’achat de 20.000 voitures , de plus de 50.000 robes Haute Couture d’Oscar de la Renta, ou encore près de 75 ans de location d’une suite au Ritz.

Au premier semestre 2014, la dette publique dépasse donc 30.700€ par français, poids qui augmente d’environ 1.300€ par an et par tête, ce qui représente plus qu’un mois de salaire au SMIC.

Ce qui est vraiment grave c’est que cet institut, comme tous les autres observateurs subventionnés, détaille les conséquences en continuant à tempérer discrètement l’acuité du drame par la soi-disant création de richesse, le fameux PIB qui n’est en réalité que la somme de nos dépenses, faut-il une fois de plus le seriner ? :

Le montant total des emprunts de la France est quasiment égal à l’ensemble des richesses produites dans l’année. Quant à la charge de la dette, les intérêts, c’est le deuxième poste budgétaire, qui devrait atteindre 44,3 milliards d’euros en 2015, financé par de nouveaux emprunts. Environ un tiers des nouveaux emprunts sert à financer les intérêts de la dette, et on ne parle que de paiement d’intérêts, pas du remboursement du capital.

Le paragraphe de l’IREF aurait du commencer par « Le montant total des emprunts de la France est quasiment égal à ce que la France dépense en un an ». On ne voit pas très bien comment le système pourrait ne pas exploser mais il est sûr que pour retarder son explosion, les impôts continueront à monter, la dette également et de puissants intellectuels continueront à chercher par une manipulation des monnaies auxquelles personne ne comprend plus rien, à faire payer les autres par une balance commerciale excédentaire alors que nous continuerons en plus à payer pour les autres par notre balance commerciale déficitaire.

Certains en arrivent même à souhaiter que la guerre vienne vite arrêter la spirale infernale qui a été mise dans nos esprits : « Empruntons pour pouvoir dépenser et faire ainsi du PIB qui remboursera les emprunts ».

Faut-il à ce point renoncer à l’intelligence ? C’est notre côté rêveur qui détient la clé de l’énigme. Faut-il continuer à hésiter entre la fuite en avant mondialiste d’un Fillon ou d’un Macron et la « reductio ad hitlerum » d’une gauche aussi déboussolée qu’éparpillée ou faut-il nous réveiller enfin et affronter sereinement notre réalité ? Aujourd’hui aucun candidat ne propose de solution réaliste mais certains en sont moins éloignés que d’autres.

 

La mondialisation de l’aveuglement

Quand un problème est mal posé, il n’y a pas de solutions. Cette vérité simple voit la gauche s’entredéchirer.

Il y a ceux qui rejoigne le MEDEF et la mondialisation avec Macron, Hollande, Vals et El Khomri pour rappeler sans le dire que l’humanité est passée de 1 milliard en 1800 à 7 milliards aujourd’hui et qu’un homme ne vaut donc plus rien ou plutôt ne vaut que le prix d’un Chinois qui parait déjà trop cher puisqu’on a trouvé encore moins cher d’abord au Vietnam et maintenant en Ethiopie. C’est le camp des « réalistes » qui gouvernent la France sans discontinuité depuis que Mitterrand a remplacé Mauroy par Fabius en 1984. Ce camp inclut la droite et le centre qui n’ont que les querelles de personnes pour se faire remarquer. L’ineffable Dominique Reynié des Républicains a d’ailleurs mis sur le net une pétition en faveur de la loi El Khomri qui a été immédiatement signée par le président du MEDEF, Pierre Gattaz et par son prédécesseur Laurence Parisot. Les réalistes ont fait oublier l’O.I.C. et la coopération entre Etats pour créer l’O.M.C. et la compétition entre Etats, tout en priant partout pour que la manne divine qu’ils appellent croissance retombe enfin pour donner la prospérité qu’ils continuent sans vergogne à promettre pour être élus. En attendant ils accompagnent la baisse générale du niveau de vie par des moyens aussi divers que sophistiqués que chacun peut observer. Le résultat est depuis 1984 la montée du chômage, de la dette et du déficit du commerce extérieur, la montée de la dette tentant de remplacer l’esclavage dans l’espace qu’est la mondialisation par l’esclavage dans le temps qu’est la dette et que les Français commencent à entrapercevoir. ,Il n’est pas sûr qu’ils l’acceptent.

Il y a ceux qui ont bien compris que les « réalistes » entraînaient la France vers un nivellement mondial par le bas réduisant les civilisations à des amusettes pour touristes mais ceux-là se convainquent eux-mêmes que, comme le dit Mélenchon « La France n’a jamais été aussi riche » et peut donc distribuer sa richesse au peuple tout en se protégeant. Ceux-là se contentent d’être souverainistes  et sont rejoints par Dupont-Aignan et Florian Philippot

Il y a encore ceux qui comme Martine Aubry, Daniel Cohn-Bendit ou Axel Kahn veulent la mondialisation et trouvent dans l’idéologie la force d’améliorer la vie de tous les habitants de la Terre. Ils ont signé une tribune dans Le Monde du 23 février 2016 :

 » La gauche doit porter en la matière de grandes réformes sources de compétitivité pour les entreprises et de progrès social pour les salariés, telles que la sécurité sociale professionnelle, qui permettent à chacun au XXIe siècle de rebondir en cas de difficultés, sans passer par la case chômage, et de progresser tout au long de sa vie professionnelle ».

Avec eux le problème est résolu par la gauche idéologique qui combine sans vergogne la compétitivité avec le Bengla Desh et le progrès social pour tous. Qui paye ?

Le drame est que tous les dirigeants de la Terre ont été déformés dans les universités françaises, américaines ou anglaises et qu’ils attendent tous la croissance comme le messie. Ils l’appellent tous développement économique alors qu’elle n’est qu’augmentation des dépenses. A titre d’exemple Sri Mulyani Indrawati, venant d’Indonésie, a été formatée dans l’université américaine de l’Illinois puis a travaillé à Atlanta en Georgie à l’US Agency for International Development (USAID) avant de devenir ministre des finances d’Indonésie et enfin directrice générale de la Banque mondiale. Dans une interview au Figaro du 27 février 2016 elle dit :

« Plus que jamais l’objectif prioritaire doit être la réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie dans des pays touchés par les conflits ou dans des pays fragiles. L’objectif doit être de redonner de l’espoir aux populations. Beaucoup s’enfuient de chez eux parce qu’ils ne voient pas d’autre option. La croissance économique doit par conséquent aussi être inclusive et se soucier d’abord des 40% de la population la plus pauvre. La lutte contre les inégalités devrait être partout une priorité. Plus que jamais les questions de gouvernance, de réforme des institutions et de lutte contre la corruption doivent être traitées pour créer des sociétés justes qui permettent aux populations de réaliser leur potentiel ».

Comment peut on voir ce qu’il faut faire si l’on croit partout que la dette peut remplacer le travail, que la croissance paiera la dette et que les populations pourront réaliser leur potentiel c’est-à-dire vivre au pays de Cocagne ? De qui les politiques de toute la Terre se moquent-ils ? Ne sont-ils pas en train de tuer notre civilisation ?

Faire-croire, gigantisme et immédiateté structurent notre aveuglement

Une des questions les plus intéressantes aujourd’hui est de comprendre comment toutes les intelligences mondiales qui ont accès aux médias en sont réduites à prier pour que la croissance revienne, « aller la chercher là où elle se trouve », « l’accueillir quand elle reviendra », « aller la chercher avec les dents » ou autres fadaises médiatiquement relayées avec l’éternelle ritournelle, droites et gauches confondues : « Sans croissance rien n’est possible ». Mais que fait donc Dieu ?

Je ne crois pas qu’il faille accuser les dirigeants de sottise ou de turpitude. Ils sont simplement coincés dans un système impossible dont personne ne peut sortir sans un bouleversement qui fait peur. Pour reporter l’inéluctable affrontement à la réalité, on fait croire avec la propagande efficace des medias que l’avis majoritaire de la foule est le discernement. On fait croire que l’accumulation des connaissances, et surtout leur spécialisation, donne accès à l’autonomie. Et on fait croire que les richesses à se partager n’arrêtent pas de s’accumuler par la croissance qui serait la montée normalement permanente d’un mystérieux PIB qui est une dépense à financer et non un produit à se partager.

Pour arriver à faire croire simultanément à toutes ces sornettes, nous avons fait sauter le bon sens des économies d’échelle par le gigantisme et nous faisons croire au concret de ces balivernes par l’immédiateté.

Le gigantisme a fait sauter les deux filtres de l’expérience et du discernement. Comme il n’est pas à taille humaine, personne n’en a l’expérience et l’histoire ne nous en apprend rien ; et comme nos sens sont limités dans l’espace nous n’en avons pas la perception personnelle qui nous permettrait d’utiliser notre discernement. La perception est sous traitée aux médias et le discernement aux experts, ces deux entités ne cherchant qu’à être reconnues. C’est la base du gigantisme de toutes les idéologies qui sans lui ne pourraient prospérer. Il est aussi le support discret de l’esclavagisme actuel dans l’espace qui nous permet de ne pas voir ce qui est loin quand les médias ne nous l’apportent pas dans notre salon. Le mondialisme et la globalisation sont le gigantisme actuel.

L’immédiateté est portée par la constatation indéniable que sur un plan matériel nous vivons mieux que nos grands-parents. La vie apparemment plus facile nous empêche de voir que le prix en est notre propre esclavage dans le temps que constitue le prêt à intérêt condamné par toutes les sagesses mais base du système financier actuel. Nous savons tous que tout se complique chaque jour davantage, que les mots de productivité et d’austérité sont les seules planches de salut dérisoires qu’ont trouvé nos dirigeants pour rester en place un peu plus longtemps mais il est tellement agréable de ne pas ouvrir les yeux et de rester pour l’instant bien au chaud dans un présent qui ne peut pas durer. Nous préférons tous attendre en rêvant que la tempête nous épargnera.

Là encore la guerre est le seul moyen efficace hors l’intelligence pour casser ces deux mauvais jouets. Quelle génération sera la première à vraiment préférer l’intelligence ?