Analyse d’un scrutin

Le premier constat du premier tour des élections présidentielles du 23 avril est un très fort recul des partis dits « de gouvernement », une montée moins forte que prévue du Front National et les percées spectaculaires de deux hommes : Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.

Ce qui est intéressant ce n’est pas tant l’effondrement de ceux qui depuis 50 ans n’arrivent pas à résoudre un problème mal posé puisque nous savons que la démagogie qui leur est vitale, ne débouche évidemment jamais sur une solution. Le peuple semble commencer à en prendre conscience.

Ce qui est fascinant c’est de voir comment reviennent les fausses solutions passées, une fois repeintes et drapées dans de nouveaux linceuls. Il y éclot simultanément les idées de neuf, d’anti-système et de réformes structurelles avec celles de calme, de sérénité et d’harmonie pour résoudre un problème qui est toujours aussi mal posé.

Jean-Luc Mélenchon a fait de toute évidence la meilleure campagne, fondée sur le bon sens. Il a commencé par taper du poing sur la table de toutes ses forces puis en se ripolinant lui-même en chef d’Etat responsable et souverainiste, il a réussi grâce aux réseaux sociaux à donner l’impression d’un homme solide, responsable, compétent et dynamique, ce qui l’a rendu  extrêmement séduisant. Si la France était riche comme il le croit et si nous créions annuellement des richesses comme on l’a fait croire au peuple, c’est évidemment Mélenchon qu’il nous faudrait.

Il est plus difficile de parler de la campagne d’Emmanuel Macron puisqu’il n’est que la marionnette très propre sur elle de tous ses professeurs, qu’il les ait épousés ou non. Ses professeurs lui ont appris le théâtre, le piano, la réussite scolaire, l’apparence d’un contentement de soi qui cache le doute le plus profond derrière une solidité de façade; ils lui ont enseigné la finance, la manipulation, l’Europe de Maastricht et de Bruxelles. Ils s’appellent Brigitte, Attali, Minc, Hollande, Bayrou, Rothschild, BHL ou Juncker pour les plus connus, et en garçon vif et intelligent qu’il est, il s’est laissé construire par des vieux un personnage de jeune qui dit, « en même temps », à « celles et ceux » qu’il doit séduire, tout et son contraire. Sa seule obligation est de ne pas toucher à la ligne que ses mentors ont précédemment vendue à tous les Présidents de la République depuis 50 ans et qui les a tous conduits à la déroute actuelle. Il faut féliciter ses mentors car avec l’argent qu’ils fabriquent et les médias qu’ils contrôlent, ils ont fait une campagne époustouflante, laissant le peuple haletant comme un chien assoiffé.

Ce qui est cocasse c’est de voir comme Emmanuel Macron devient le porte drapeau de tous les vieux qui ont échoué depuis tant d’années en se disant de droite ou de gauche. On ne voit guère que Jean-Marie Le Pen parmi les chevaux de retour qui ne soutienne pas le bien nommé Emmanuel, nom donné par le prophète Isaïe au futur messie .

Il sera probablement le prochain Président de la République car comment lutter à la fois contre l’argent, les médias et l’Ancien Testament ? Mais il nous mènera encore plus sûrement que ses prédécesseurs au désastre vers lequel un problème mal posé nous entraîne inéluctablement. Ses électeurs auront été, par ingénuité et par inconscience, les acteurs de la violence vers laquelle les trois nouveaux esclavages nous entraînent. Il les affectionne pourtant discrètement en ne les dénonçant jamais et ses mentors les font monter méthodiquement.

Le premier esclavage est l’esclavage dans l’espace qu’est le mondialisme drapé dans la vertueuse globalisation qui passe par l’OMC et par la construction européenne actuelle. Le second esclavage est l’esclavage dans le temps qu’est la dette cachée sous le vertueux investissement et le rêve de la création de richesse. Le troisième esclavage, ici et maintenant, est celui que nous mettons en place sous couvert du vertueux antiracisme pour que nos femmes puissent avoir la même vie que nos hommes en important des esclaves pour fabriquer les 2,11 enfants que toute femme doit en moyenne fabriquer pour qu’une population se perpétue. L’immigration est essentielle à ce troisième esclavage et il faut continuer à interdire les statistiques ethniques. Le peuple pourrait se réveiller et ne plus se contenter de la journée contre l’esclavage qu’on lui a donné comme un os à ronger.

De l’autre côté Marine Le Pen n’a certes pas toutes les qualités et son entourage est curieusement bigarré mais elle est au moins antiesclavagiste car elle sait qu’aucun esclavage n’est durable. Contrairement à son adversaire elle ne prône ni la mondialisation qui mène aux goûts uniques que la Terre ne peut pas satisfaire pour une population mondiale uniformisée, ni la dette qui ne peut pas monter éternellement par incompréhension de ce qu’est la monnaie, ni l’immigration qui à terme remplace une population par une autre si son but n’est pas l’assimilation.

Ses adversaires n’ont aucun argument mais ils utilisent la vérité que les prix monteront un peu et qu’il faudra faire des efforts si nous voulons vraiment arrêter les esclavages, pour cacher que ce sera bien pire quand ils seront eux-mêmes contraints par la réalité de la vie à renoncer à ces esclavages. Il leur reste aussi la diabolisation gratuite, « les heures les plus sombres de notre histoire », la fin des valeurs de la République, le chaos, le désastre, bref tout ce qu’ils repoussent eux-mêmes dans le temps à force de refuser de l’affronter.

Rappelons que dans « Les 6 livres de la République » au XVIsiècle, Jean Bodin mettait la monarchie, la démocratie et l’aristocratie comme les différentes formes de la République, la chose publique (res publica en latin).

Les valeurs de la chose publique sont d’un flou dans ma tête !

 

Vœux 2015

2015 sera l’année de deux votes et si nous nous souvenons que vote vient de votum le vœu et non de vox la voix, il est temps de faire un vrai vœu, une promesse faite aux dieux selon son étymologie. Laissons aux souhaits, la gentillesse de voir chacun riche, bien portant et heureux, et envisageons d’y travailler un peu.

Je promets donc aux dieux de tout faire pour réveiller mes contemporains et les aider à se sortir du tissage de l’illusion et de la parole, étoffe qui nous sert de chrysalide et nous fait croire que nous ne sommes pas chenilles puisque nous nous rêvons papillons. C’est évidemment complexe puisque tout est fait pour fausser nos analyses et pour que nous nous croyions riches, bien portants et heureux. Décortiquer l’esbroufe est la première difficulté à surmonter pour ne pas sombrer dans les fausses solutions qui abondent et nous dispersent.

Toute étoffe a une chaîne et une trame qui se tissent pour durer. Notre folie n’y échappe pas.

Quatre illusions constituent la chaîne de ce tissu maléfique :

La première est de croire que nous avons trouvé, après l’échec de toutes les civilisations et de tous les siècles antérieurs, comment créer de la richesse : il suffit d’attendre la croissance qui augmentera le PIB qui n’est plus la somme de toutes les dépenses, sottes ou intelligentes, mais la création annuelle de richesses à nous partager équitablement. Nous avons enfin trouvé l’accès à la propriété en niant à juste titre qu’elle est le vol mais en oubliant qu’elle n’est qu’un prêt du groupe qui peut tout récupérer par ses lois de confiscation. Cette première illusion fait passer l’individu avant le groupe, ce qui est l’inverse de toute civilisation.

La deuxième illusion est de croire que la monnaie est une marchandise ou un signe en oubliant qu’elle est stockage d’énergie humaine et qu’elle ne peut croitre en quantité que par l’augmentation d’énergie humaine efficace, procréation fructueuse ou travail reconnu utile par le groupe. Créée sans cela, elle s’autodétruit par la hausse des prix et la dévaluation. Cette deuxième illusion accompagne la première comme le chat accompagne le renard pour emmener les Pinocchios que nous sommes vers l’île des plaisirs.

La troisième illusion est de croire que des années passées dans l’instruction publique à répéter à des professeurs, ce qu’ils ont envie d’entendre, donnent par diplômes interposés, des raisons d’être et une reconnaissance par le groupe. Cette troisième illusion déstabilise complètement l’individu et l’oblige, pour survivre, à devenir complice ou rebelle.

La quatrième illusion est de croire que la majorité de la foule a toujours raison et qu’il est inutile de vérifier la compétence, la liberté et l’engagement de ceux qui s’expriment pour les prendre au sérieux. Les foules ne font pas que des lynchages et des pogroms. Elles font aussi des démocraties représentatives qui ont dépensé ce qu’il fallait pour s’acheter une image de sérieux et qui fabriquent des protecteurs du système. Le rôle de ces derniers est important car, au lieu de privilégier le bon sens, et pour des raisons à étudier de près, ils s’en éloignent en multipliant les normes et les lois, tristes étais d’un système sans avenir. Cette quatrième illusion nous fait croire que nous sommes sur le bon chemin.

Mais la chaîne de l’illusion ne ferait pas un tissu solide si elle n’était tramée par la parole qui arrive à tout faire croire par une logorrhée généralisée et une technique très aboutie.

La parole dans l’action est confiée aux Politiques. Comme rien de ce qu’ils proposent ne fonctionne et qu’ils n’envisagent pas de s’être trompés, ils rivalisent de mots qui ne sont que fuite en avant vers l’européanisme et le mondialisme avec les notions de gouvernances européenne et mondiale et un syncrétisme absurde qui prend çà et là sur la Terre, des bouts d’expériences toujours isolés de leur contexte. De tous temps les pensées médiocres ont cru pouvoir s’imposer par l’universalisme et la suppression des autres pensées. De tous temps cela a abouti à des totalitarismes désastreux car les peuples filtrent tout à l’aune du bon sens.

La parole dans l’échange est confiée aux médias qui surfent sur le superficiel en ne faisant plus d’analyses de fond. Ils éloignent les profanes du temple de leurs certitudes en veillant à la purification des messages diffusés. Ils doivent être inodores, incolores et sans saveur sauf s’ils sont porteurs d’émotions. Les médias séduisent et diffusent un bonheur artificiel et des émotions dirigées. Ils réinventent l’hypnose sous une forme nouvelle assez efficace.

La parole dans la réflexion est confiée, ou plus exactement donnée, à des experts cooptés entre eux. Les Politiques et les médias les ont érigés en penseurs. On ne voit qu’eux à la télévision. Ils se disent à la fois économistes, politologues, essayistes et professeurs. Ils annoncent péremptoirement le futur en n’expliquant jamais pourquoi ils se sont toujours trompés. Inutile de les citer tellement leurs noms tombent naturellement comme des fruits mûrs. Ils ont compris que pour exister, il fallait être proche des Politiques et des médias, ce qui était beaucoup plus important que d’avoir quelque chose à dire.

Ce tissu bien construit par le hasard et la nécessité, est en nous et autour de nous. Tous les grands illusionnistes savent que tout passe lorsque la parole habille l’illusion. Les auditoires sont subjugués et on leur fait tout avaler. C’est la société de l’apparence. C’est la société que nous envisageons, toute honte bue, de laisser à nos enfants.

Puissent les dieux nous aider à sortir par nous-mêmes de cette société de l’apparence que l’on nous a appris à tant aimer ! Le premier acte est d’affiner l’analyse en ouvrant un vrai débat.

Bonne année 2015