Ne nous trompons pas de déluge

Dans toutes les civilisations, il y a le mythe du déluge à un moment où l’homme paie sa faute par sa propre disparition voulue par son créateur. Dans le mythe, la submersion est généralement liquide par des pluies diluviennes ou des torrents dévastateurs. Et il y a toujours un heureux élu comme Noé ou Gilgamesh qui est mystérieusement averti pour construire un hangar flottant, y préserver l’essentiel et redonner une chance à l’humanité, une fois l’inondation résorbée et la Terre nettoyée.

Mais l’eau n’est que symbolique dans le mythe et bien d’autre déluges peuvent détruire une civilisation. Tout ce qui est excessif est diluvien et dévastateur. Nous le vivons actuellement tous les jours, « au quotidien » pour parler novlangue puisque « chaque jour » est devenu trop simple. Nous sommes inondés de produits chinois, écrasés de fonctionnaires non régaliens, immergés d’immigration, saturés d’experts et de commentateurs, noyés dans la multiplication anormale des normes, des interdictions et des obligations, submergés par des informations péremptoires, contradictoires et invérifiables, engloutis par toutes les minorités qui ne veulent pas reconnaitre la loi de la majorité et par la nuée d’étudiants ignares et conscients de l’être. Il n’y a pas un déluge mais une prolifération de déluges, tous mortels, chacun d’entre nous relevant surtout celui dont il souffre le plus et reprochant à ses congénères de ne pas prendre suffisamment conscience de ce déluge-là. On aurait même, parait-il, un déluge d’hommes blancs hétérosexuels qui empêcheraient certaines minorités de vivre à leur guise.

Personne ne semble voir que tous ces déluges qui nous détruisent, n’existent que par un autre déluge dont tout le monde profite et qui non seulement autorise mais génère tous les autres, c’est le déluge monétaire qui ne vient pas de Dieu mais d’une élite autoproclamée qui a vu combien nous nous asservissions nous-mêmes facilement pour avoir de l’argent. On atteint des sommets avec le ridicule actuel des milliards « débloqués » comme s’ils existaient, pour répondre à une attente universelle de « moyens ». Chacun en demande pour satisfaire sa lutte personnelle contre le déluge qui l’obsède. Très peu réalisent qu’on ne les satisfait qu’en alimentant un autre déluge qui générera à son tour une demande de moyens à débloquer d’urgence. Notre société devient la société de la mendicité puisqu’avoir de l’argent ne dépend plus du travail fourni et du regard collectif sur ce travail, mais du rapport que l’on a à ceux qui fabrique l’argent.

Du temps où la monnaie était de l’or, les « moyens » étaient normalement limités au travail déjà utilement effectué sauf dans les deux cas où un déluge d’or a tué l’économie : le pèlerinage à La Mecque de Mansa Moussa au XIVe siècle et l’Espagne du XVIe siècle avec le pillage des Amériques.

Depuis la déconnection des monnaies de l’or en 1971, nous en fabriquons à l’envi pour que chacun puisse se protéger de son petit déluge personnel sans s’apercevoir qu’il alimente tous les autres. Le summum du ridicule est atteint aujourd’hui avec le dernier déluge mondial totalement fabriqué de la peur pour des raisons qu’il faudra bien un jour connaître. Le déluge monétaire qui doit lutter contre le déluge de la peur, alimente avec un tout petit effet retard tous les autres déluges mortifères qui forcent à ne plus penser qu’à l’arche qui nous sauvera personnellement en laissant crever tous les autres. Belle façon de nier le droit du groupe au profit d’un droit de l’individu qui ne peut pourtant pas exister sans le groupe !

Nous sommes tous complices de cette infamie.

Soit nous le sommes dans un déluge d’inconscience, en pensant que tout nous est dû puisque nous sommes un pays riche. Riche de quoi ? De notre suffisance ? D’une corne d’abondance qui n’existe pas ?

Soit nous le sommes dans un déluge de procrastinations, en résolvant tout par la fabrication monétaire qui génère les esclavages en croyant « investir », ce verbe qui veut faire croire, avec malheureusement un certain succès, que l’argent pousse en le plantant comme un chou.

Soit nous le sommes dans un déluge de vanité, en niant que l’énergie monétaire est une énergie, ce qui est bien commode car dans ce cas il n’y aurait pas la nécessité d’une source à cette énergie et elle pourrait être une simple vague institution qui apporterait son énergie à partir de rien.

Soit nous le sommes dans un déluge de crédulité, en croyant que la dette, n’étant plus remboursable, ne sera tout simplement pas remboursée et que cela se fera sans troubles graves.

Soit nous le sommes dans un déluge d’individualisme, en étant conscient du désastre imminent mais laissant les groupes se défaire, qu’ils soient civilisations, nations, familles ou simplement indispensabilité de l’homme pour la femme et de la femme pour l’homme. Où est le temps où l’on parlait de sa moitié pour son conjoint ?

Devant ce déluge de déluges, seuls deux avenirs se dessinent.

Celui qui se prépare avec le « grand renouveau », « great reset » pour les anglomanes, l’ONU, le FMI, l’OCDE, l’UE et Davos. C’est celui des puissants, fondé sur la fuite en avant, l’énergie monétaire gratuite, et les fantasmes de la robotique, de l’intelligence artificielle, du transhumanisme et de la communication, ni filtrée par l’action ni épurée par la réflexion. Il est l’inverse d’un changement de paradigme tout en faisant croire qu’il l’est puisque c’est encore et toujours l’énergie monétaire qui fait tout, en ne voyant pas que sa source devient automatiquement l’esclavage car il n’y a pas d’énergie sans source. Cet avenir a besoin d’une main de fer mondiale dans un faux gant de velours pour faire accepter par toutes les civilisations de mourir pour donner une chance de vivre à des fantasmes irréalistes. Cet avenir est visualisable et audible en regardant et en écoutant Jacques Attali qui en est à lui tout seul la caricature émouvante et si contente d’elle-même.

Il est heureusement un autre avenir qui ne dépend que des peuples et que chaque civilisation peut à tout moment se choisir en laissant les autres regarder leurs problèmes avec leur propre regard. Cet autre avenir est fondé sur la capacité des peuples à réagir intelligemment dès qu’ils sont en face d’un problème non biaisé. Dès l’instant où l’on prend conscience que l’énergie monétaire ne prend sa source que dans le travail bien fait et dans l’esclavage, et dès l’instant où l’esclavage est perçu comme non durable, la conclusion coule de source. La quantité de monnaie doit être limitée à l’évaluation qu’un peuple se fait de sa propre richesse ; elle augmente s’il pense sincèrement l’avoir augmentée, elle diminue s’il voit sa richesse diminuer. La quantité de monnaie étant limitée par la réalité du regard d’un peuple sur lui-même, sa rareté génère automatiquement une obligation d’économies et un désir d’augmenter les richesses pour que de l’argent soit créé. Finies les subventions, les assistanats publics, les fonctionnaires inutiles, l’argent claqué pour la tranquillité du pouvoir incompétent, l’argent limité fait disparaitre tous les faux problèmes. Fini le faux libre échange qui n’est plus un échange mais une tentative mathématique de réduire en esclavage les autres peuples par des balances commerciales excédentaires, d’accepter cet esclavage par une balance commerciale déficitaire. L’argent limité fait repartir chez eux tous les immigrés qui ne souhaitent pas s’assimiler. Il fait disparaitre tous ces médias qui n’existent que par des subventions bien qu’appartenant à des milliardaires, et qui ont renoncé à informer pour s’occuper de plaire au plus grand nombre, abandonnant la raison pour l’émotion et rejoignant en malhonnêteté intellectuelle les pogroms et les lynchages. L’argent limité force chacun à se demander comment être utile au groupe et il force l’État à remplir enfin son rôle de créer l’argent correspondant aux nouvelles richesses créées par son peuple et à l’en remercier en le lui donnant. La femme qui porte un enfant puis l’éduque pendant ses premières années enrichit la collectivité, elle doit en être rémunérée. La personne qui se rend utile à une autre personne reçoit d’elle une rémunération mais celle qui se rend utile au groupe, l’enrichit et doit en être rémunérée par l’État. L’État doit trouver l’organisation lui permettant de rendre utile au groupe toute personne qui n’est pas déjà rendue utile par une entreprise. Il n’y a pas un seul déluge qui ne s’arrête automatiquement si un peuple réduit sa quantité de monnaie à la réalité de son propre regard sur ce qu’il croit être sa véritable richesse. Ce deuxième avenir, opposé au premier préparé par les puissants, est confié aux peuples, à chaque peuple et certains l’appellent même de son mot grec de démocratie.

Le combat entre l’aristocratie et la démocratie voit pour l’instant les batailles victorieuses de l’aristocratie car les peuples n’ont pas encore compris l’abomination de la fausse corne d’abondance qui les réduit en esclavage au bénéfice d’une oligarchie qui n’étant plus composée des meilleurs, n’est plus une aristocratie dans son sens étymologique.

La vraie révolution est intellectuelle et commence par une prise de conscience des peuples. L’argent est actuellement déversé pour freiner la prise de conscience qu’il y a déjà beaucoup trop d’argent.

Les pieds d’argile de l’offre politique

Se scandaliser des effets ou prétendre les soigner sans jamais en analyser la cause est le triste spectacle auquel nous sommes forcés d’assister depuis un demi-siècle. Le jeu pervers et stupide qui consiste à s’échanger simplement les rôles de soigneurs et de contestataires en les habillant de droite et de gauche, et en multipliant les types de contestations pour ratisser large, fait que les soigneurs incapables deviennent de plus en plus dictatoriaux, et les contestataires, de plus en plus agressifs. L’important pour eux est d’être soigneur, pas de soigner vraiment puisque personne ne s’intéresse à la cause de tous ces effets désastreux.

Dans le Livre de Daniel, la Bible raconte comment Daniel explique à Nabuchodonosor le rêve que celui-ci avait fait et se refusait à décrire à ses sages. A son grand étonnement Daniel raconte d’abord au roi le rêve qu’il avait fait :

 « Ô roi, tu regardais, et tu voyais une grande statue ; cette statue était immense, et d’une splendeur extraordinaire ; elle était debout devant toi, et son aspect était terrible. La tête de cette statue était d’or pur ; sa poitrine et ses bras étaient d’argent ; son ventre et ses cuisses étaient d’airain ; ses jambes, de fer ; ses pieds, en partie de fer et en partie d’argile. Tu regardais, lorsqu’une pierre se détacha sans le secours d’aucune main, frappa les pieds de fer et d’argile de la statue, et les mit en pièces. Alors le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or, furent brisés ensemble, et devinrent comme la balle qui s’échappe d’une aire en été ; le vent les emporta, et nulle trace n’en fut retrouvée. Mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre. »

Si Daniel interprétait le rêve de Nabuchodonosor comme une prémonition de sa chute et de la décadence qui s’ensuivit, nous pouvons reprendre ce rêve pour observer l’offre politique contemporaine. La tête d’or pur est l’organisation parfaite de la société, la république idéale, qu’elle soit monarchie, oligarchie ou démocratie comme l’étudiait Jean Bodin au XVIe siècle. L’argent, l’airain et le fer sont ce que nos dirigeants en ont fait successivement en l’affaiblissant petit à petit jusqu’au ridicule que nous voyons aujourd’hui et que le vice-amiral (2S) Claude Gaucherand nous rappelle avec regard d’aigle et plume acérée :

Voilà une nation toute entière soumise – c’est le mot ! – à un régime de mesures toutes plus incohérentes les unes que les autres et même carrément débiles comme l’autorisation que chacun se donne de sortir et que l’on doit présenter en cas de contrôle sous peine d’amende voire de prison en cas de récidive. Ouvrir les stations de ski mais sans restaurants, sans bars, sans skis ! Ouvrir les supermarchés et le métro mais limiter à 30 les fidèles dans une cathédrale. Disposer d’un scientifique de renommée internationale mais être le seul pays à interdire l’usage de ce qu’il préconise et pour enfoncer le clou, le faire poursuivre en Justice et traduire devant le conseil de l’ordre des médecins !

Nous sommes aujourd’hui aux pieds du colosse. Seuls, le fer de la main du pouvoir avec sa litanie sans fin d’obligations/interdictions et l’argile de la monnaie sortie d’une corne d’abondance imaginaire, permettent de durer en attente de la pierre qui se détache « sans le secours d’aucune main ».

Pendant que le pouvoir s’agite à durcir le fer de sa main et à accumuler une argile qu’il se croit capable de créer pour que sa république malade tienne encore un moment, tous les réfractaires ne font qu’attendre la pierre qui va venir toute seule, en rêvant chacun dans son coin à un nouveau colosse dont les pieds seraient encore de fer et d’argile, de lois et d’argent. Cette médiocrité générale de l’offre politique n’a pas le courage d’analyser calmement la première cause de tous nos maux : la faiblesse argileuse d’une énergie monétaire qui n’est plus nourrie d’énergie humaine. Elle n’a donc plus, ni la force de son énergie infiniment diluée ni le frein de toutes les dépenses que lui donnait sa limitation. Elle ne nous donne plus que l’illusion de soutenir un colosse déliquescent.

Personne ne sait d’où viendra la pierre qui abattra tout et fera une grande montagne, pas plus que nous ne savons quand elle frappera. Nous nous partageons d’ailleurs entre ceux qui voient encore une beauté à ce colosse en le croyant éternel, et tous ceux qui savent qu’il va être détruit, chacun pensant avoir dans sa main la pierre qui deviendra montagne. Le drame actuel c’est que chacun a une pierre qui n’est qu’en argile et qui ne pourra jamais devenir montagne puisqu’elle éclatera avec l’argile des pieds du colosse.

Les plus dangereux sont ceux qui veulent solidifier la coulée d’argile par le fer de la loi et construire sur ces pieds leurs fantasmes colossaux. C’est le « great reset », ennemi fondamental des peuples et des civilisations dans les années à venir. Il faut l’observer avec calme et détermination pour le détruire le moment venu.

Pendant que les médias amusent le peuple pour qu’il ne bouge pas et pendant que le pouvoir distribue de l’argile à tout va pour gagner du temps et faire tenir l’ochlocratie et son colosse bidon, un certain nombre de gens ont pris conscience du problème à l’ONU, à Davos, au FMI, à l’UE, à la Banque Mondiale, à l’OCDE…entre autres et sans oublier Soros. Dans tous ces lieux inutiles et couteux où l’admiration de soi-même est la règle, des milliers de têtes mal faites préparent le « great reset » et leur solution par la fuite en avant dans le mondialisme conçu comme la mondialisation de leurs petites personnes. Finis les États, les nations, les civilisations, la notion même de pluriel, chaque individu sera soit un dieu qui aura accès à l’argile apparemment solide, soit un inutile qu’il faudra nourrir, loger, distraire, endormir et surtout aveugler pour qu’il ne réalise pas sa mise en esclavage.

L’incompréhension de ce qu’est l’argent, du pape à Macron et de l’ONU à la Nouvelle Zélande, des professeurs d’économie aux moutons à qui ils enseignent, fait que le pape n’a plus besoin du travail pour nourrir et loger l’humanité, que Macron croit que son fantasme de souveraineté européenne va tout résoudre, que l’ONU bénit avec le FMI et l’UE, le « great reset » de Davos, que la Nouvelle Zélande veut emprisonner tous les réfractaires, que les professeurs d’économie continuent à dire que la monnaie a remplacé le troc pendant que leurs élèves se croient intelligents parce qu’ils ont assisté aux cours et qu’ils savent répéter.

Le drame, c’est que beaucoup sont sans doute en partie de bonne foi dans leur délire. Le refus par ignorance, lâcheté ou perversion que l’énergie monétaire n’existe que par l’énergie humaine qui la nourrit, fait que personne ne semble réaliser qu’en économie, tout commence par rendre utile chaque membre du groupe, ce que chaque marin apprend le premier jour. L’organisation communiste qui consiste à ce que l’État s‘en occupe seul, et l’organisation capitaliste qui laisse au privé le soin de s’en occuper seul, ont fait leur temps.

 La pierre qui deviendra montagne après avoir abattu le colosse de carnaval, sera celle qui aura compris et proposé un nouveau paradigme fondé sur deux pieds :

Rendre utile tous les citoyens par une harmonie du public et du privé avec comme seul but un chômage inexistant. Le public rend utile ceux que le privé n’a pas utilisé. Il est une voiture-balai efficace, non pour acheter sa tranquillité en distribuant de l’argent mais pour rendre utile ceux qui ne le sont pas encore, et en créant l’argent constatant la richesse créée par eux.

Limiter la monnaie à l’énergie humaine déjà utilement dépensée, de façon à éviter que l’énergie monétaire dont la source ne serait pas le travail humain bien fait, et serait donc objectivement une fausse monnaie, ne serve à financer l’irréfléchi demandé par toutes les minorités et les quémandeurs de moyens, tout en faisant automatiquement réapparaitre l’esclavage. Chacun peut constater la réapparition actuelle des esclavages puisque nous faisons avec la monnaie dette, les subventions, les minima sociaux et le revenu universel, l’inverse exact de ce qu’il faudrait faire.

Un changement de paradigme peut être une solution mais il peut être aussi une fuite en avant. Le drame actuel est que le « great reset » est une fuite en avant. Ses propositions sont fondées sur un monde de machines, de robots, de recherche médicale, de transhumanisme, d’intelligence artificielle, de communication parfaite façon 5 puis 6G, tous terriblement consommateurs d’argent au service de dieux autosélectionnés, pendant que ceux qui n’en seront pas, seront les inutiles que seul l’esclavage valorisera un peu. Heureusement le « great reset » se dégonflera comme la baudruche qu’il est, dans les pays qui sauront limiter leur monnaie. Malheureusement, parmi les réfractaires qui s’expriment, très peu réalisent que l’énergie monétaire n’est énergique que parce qu’elle se nourrit de l’énergie humaine, que ce soit par le travail volontaire ou par l’esclavage. Actuellement le « great reset » est en marche, il distribue sa monnaie de Monopoly pour dissimuler ses erreurs, il fait semblant d’inventer la monnaie digitale qui existe déjà, pour pouvoir, par les blockchains, fabriquer de l’argent de façon illimitée. Plus grave, la pantalonnade orchestrée de pandémie mondiale lui est doublement utile. Par le confinement, le « great reset » démolit l’économie malade d’avoir écouté les siens et fait place nette en offrant un virus en bouc émissaire. Et « en même temps » il teste, avec malheureusement un certain succès, l’acceptation par les peuples de leur propre esclavage.

2021 va être passionnant.