Renouer avec la prospérité

Un « journaliste économique  » d’Europe 1 expliquait récemment que pour renouer avec la prospérité il fallait accepter la rigueur.

Le discours politico-médiatique est en crise car il vit mal son écartèlement.

Une fois que l’on a compris d’abord que la croissance n’est que la dépense, ensuite que l’argent n’a plus rien à voir avec de l’énergie humaine stockée et enfin que l’oligarchie au pouvoir, toutes fausses nuances confondues, a besoin de beaucoup d’argent pour acheter notre affect et déguiser finement la ploutocratie en démocratie pour garder le pouvoir, nous ne pouvons que constater l’impossibilité dans laquelle le discours politico-médiatique est obligé de s’enfermer et les contradictions qui s’affichent de plus en plus au grand jour.

D’un côté on attend la croissance. Notre président va même en Côte d’Or pour tenter de redorer sa cote. Il faut dépenser !  Peu importe que la dépense soit intelligente ou stupide, peu importe que ce soit avec de l’argent laborieusement gagné ou avec de l’argent volé, emprunté ou fictif, peu importe que ce que l’on paye soit utile ou nocif, il faut dépenser pour faire de la croissance. « Importons et consommons » disent ceux qui se croient de gauche tout en disant que nous, méchants occidentaux, nous consommons trop. « Investissons et exportons » disent ceux qui se croient de droite et qui n’arrêtent pas de déprécier les actifs qu’ils ont acheté beaucoup trop cher. Tout le système repose sur la croyance en une valorisation d’actifs qui permet l’emprunt pour dépenser mais qui ne tient que si le système continue. L’INSEE additionne « en volume » le PIB et les importations et additionne en monnaie le PIB et les exportations !

De l’autre côté l’idéologie du mondialisme nous oblige à approuver les instances supranationales (la Commission de Bruxelles, la Banque Centrale Européenne, rue du Kaiser à Francfort, le FMI, l’OCDE, l’OMC) qui toutes nous disent de dépenser moins en coûtant elles-mêmes très cher.

Augmenter la dépense publique pour faire de la croissance. Diminuer la dépense publique pour plaire au marché et continuer à pouvoir emprunter un argent qui n’existe pas mais qui rapporte gros aux fabricants de rêves. Il faut faire les deux il faut augmenter et diminuer à la fois.

Cela donne le jeu sympathique parlementaire entre ceux qui disent qu’il faut dépenser plus (accepter le déficit budgétaire) pour pouvoir enfin dépenser moins ( freiner l’augmentation de la dette !!!!! ) et ceux qui disent qu’il faut dépenser moins (accepter la rigueur) pour pouvoir enfin dépenser plus ( renouer avec la prospérité ).

Se moquent-ils de nous ou d’eux-mêmes ? C’est la seule question qui nous sépare encore d’une prise de conscience intelligente ou du désastre.

Chez les policiers et chez les politiques y aurait-il des mal polis?

Polis en grec, c’est la cité, c’est le groupe. La politique, c’est la bonne marche du groupe. Le politique l’imagine, le policier la met en pratique et veille à son application. Le citoyen poli s’y soumet, l’impoli et le malpoli s’y refusent et la police les polira. Le polisson s’y soustraira.

Mais tout part du politique qui imagine la bonne marche du groupe et qui a donc une vision de l’avenir du groupe et de la façon d’y arriver. Mais lorsque l’on regarde les politiques occidentaux, on cherche vainement leurs visions. Nous les entendons plus parler des difficultés à mettre les chaloupes à la mer que de la destination de notre paquebot. Il se battent pour être sur la passerelle mais ils passent leur temps à réparer les avaries et l’on peut légitimement se demander s’ils n’ont pas perdu leurs cartes maritimes. On leur a appris qu’ils étaient les meilleurs, la nouvelle aristocratie au sens étymologique du terme. Et si « On » s’était trompé ? Et si cette fausse aristocratie ne s’intéressait qu’à son propre avenir en se moquant éperdument de l’avenir de leurs peuples qui ne serviraient qu’à les maintenir au pouvoir ?

Ne devrions nous pas exiger de chaque politique qu’il dévoile sa vision de l’avenir, son apocalypse puisque apocalypse en grec veut dire « soulever le voile » ?

Depuis qu’il devient difficile de trouver un politique sans sa journaliste, ne devrions-nous pas aussi demander aux médias qu’ils cessent de nous distribuer ce subtil mélange de bonne humeur et de préparation au désastre qu’ils savent si bien cuisiner ? Ils pourraient demander aux politiques, non pas comment ils comptent nous plaire mais où ils pensent nous emmener.

Et accessoirement nous dire qui nous sommes, quel est notre groupe à l’intérieur duquel nous devons nous polir pour former une cité, une Polis.

Nous pourrons entamer alors le triple effort de nous reconnaitre, de nous protéger, et enfin de nous meuler les uns aux autres.

Vaste programme !