L’Histoire s’en souviendra

Il est temps de nous interroger sur le pourquoi de l’effondrement de notre civilisation avant de le déplorer ou de s’en féliciter. Il est fondé sur deux croyances imbéciles qui s’alimentent l’une l’autre : croire possible de consommer sans produire et croire que le collectif est au service de l’individuel. Toute notre folie consiste à nous intoxiquer nous-mêmes à la fausse vérité de ces deux croyances par une débauche d’argent. Cet argent donne l’apparence de permettre d’acheter aussi bien les machines que ce qu’elles utilisent, l’énergie comme les matières premières. Il permet aussi de payer sans effort tout le collectif indispensable et il flatte tous les désirs individuels en les prétendant facilement accessibles. L’énergie monétaire fait tout le travail mais nous nous aveuglons nous-mêmes en ne cherchant surtout pas à la comprendre pour ne pas affronter nos contradictions. Les gouvernants actuels, et la France en toute première ligne avec son gouvernement, ses médias et ses universitaires, assènent comme étant une vérité obligatoire, un choix non tranché pour qu’en restant inépuisable, il devienne un véritable trou noir consumant notre intelligence : la monnaie est-elle une marchandise, un signe ou une institution ? Le flou de sa définition permet d’oublier ce qu’est vraiment la monnaie, un simple véhicule d’énergie humaine tout comme l’électricité n’est qu’un simple véhicule d’énergie fossile, nucléaire ou renouvelable. L’effondrement de notre civilisation vient d’une énergie monétaire envahissante qui n’est plus le véhicule d’un travail passé reconnu utile mais celui d’un esclavage à venir dont le système a besoin et que le peuple redoute tout en le pressentant.

Cette énergie dilapidée nous fait croire que nous sommes sur le bon chemin. Elle alimente les trois veaux d’or de plus en plus voraces que notre société adore sans aucun esprit critique : la croissance, la démocratie et la formation.

C’est la dépense d’argent qui fait la croissance. On le dépense pour consommer ou pour investir, seules façons de faire du PIB que l’on présente sans vergogne et toute honte bue, comme une création de richesse alors qu’il est à l’inverse consommation de richesse, indistinctement consommation intelligente ou consommation stupide. Les puissants font croire que c’est une ressource dont les pourcentages sont à disposition alors qu’ils mettent en place, « à l’insu de leur plein gré », les esclavages devant nourrir a posteriori l’énergie monétaire déjà dépensée et chiffrée par le PIB.

C’est encore la dépense d’argent qui donne l’illusion de la démocratie. C’est en le dépensant et en faisant donc de la croissance, que les puissants achètent l’affect du peuple pour qu’il choisisse le bulletin présélectionné par les fabricants d’argent. Ils font tous croire que c’est le meilleur système tellement il les maintient automatiquement au pouvoir. Les peuples ne réagissent pour l’instant qu’en se détournant des urnes. Abraham Lincoln avait bien défini la démocratie comme le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Elle n’est malheureusement aujourd’hui que le pouvoir d’une élite autoproclamée, par l’argent et pour elle-même. La bassesse nécessaire pour rentrer dans cette « élite » s’exprime, sous nos yeux éteints, chaque jour davantage. Tout perd son nom pour ne plus exister. La France devient la république, la chose publique. Les communes, les départements, les régions comme les provinces, tout ce qui a un nom, devient indistinctement un « territoire » dans leurs bouches unanimes.

C’est toujours la dépense d’argent qui fait croire à la formation dans les espaces-temps scolaire, universitaire et maintenant tout au long de la vie. Cette formation très dépensière n’est qu’un formatage minutieux et totalement théorique d’agents économiques performants pendant qu’un autre argent, tout aussi abondant, confie la production aux machines ou aux esclavages lointains. Cette très longue formation du peuple au chômage en constatant qu’il sait de moins en moins lire, écrire, compter et réfléchir, l’amène à devenir mendiant et à réduire son activité à une demande de « moyens » pour remplacer agréablement son travail.

L’année 2020 a montré comment un pouvoir extravagant s’est cru autorisé à museler l’énergie humaine à coup de confinements, de masques et de couvre-feux, sans oublier les gestes devenus barrières, en remplaçant l’énergie humaine par une énergie monétaire fabriquée à la hâte. C’est l’incompétence de ce pouvoir, aveuglé par son autosatisfaction, qui force son peuple, sans le lui dire, à choisir entre les deux abominations d’être esclave ou esclavagiste. L’Histoire s’en souviendra.