Les essentiels perdus

Que ce soit en Belgique, en France ou presque partout en occident, les dirigeants politiques sont perdus. Formés à la démagogie des campagnes électorales et à la discrète recherche de fonds pour les financer, dans un monde dogmatiquement scindé entre droite et gauche et où, être les deux à la fois devient aujourd’hui le nec plus ultra, aucune réflexion de fond ne les encombre, ils « font de la politique ».

Et cela ne marche plus. Les peuples les rejettent et cherchent l’homme providentiel tout en se contentant d’hommes au coups de menton mussolinien façon Trump ou Macron, car les peuples ont été totalement désorientés par des médias qui ont pris le pouvoir au nom de leurs actionnaires. Les voix médiatiques indépendantes comme Zemmour ou Polony en sont écartées et la morale est confiée au Conseil Constitutionnel, au Conseil d’État, au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et au Comité Consultatif National d’Ethique, groupuscules nommés par le pouvoir en place qui leur donne une puissance considérée de plus en plus comme sagesse divine et donc non contrôlable par le peuple. « En même temps » le Président de la République considère qu’il n’est « pas digne d’étaler certains débats sur la place publique » quand le Chef d’État-Major des Armées dit sa vérité aux députés à l’Assemblée Nationale.

Que Macron et Trump échouent est d’une telle évidence que l’annoncer est sans risque car les essentiels sont perdus. Macron et Trump sont les derniers avatars du système dans les deux pays phares de l’Occident, l’Angleterre, l’Allemagne, le Japon et la Corée du sud n’en étant que les meilleurs techniciens. Si la constitution américaine empêche le totalitarisme, la constitution française le permet et la tentation s’en fera évidemment jour. Espérons que la sagesse et l’humilité l’emporteront !

Mais quels sont ces essentiels perdus dont nous vivons l’absence par ses innombrables retombées ? Ne faut-il pas mettre provisoirement de côté ces retombées dont tout le monde parle mais qui ne sont que le petit bout de la lorgnette et l’écume des vagues, pour nous concentrer sur ces essentiels perdus dans chacune des 3 bases d’une société, l’économique, l’éducatif et le politique ?

Mais il faut bien évidemment d’abord prendre conscience de ce qu’est une société.

Une société est un groupe d’êtres humains qui, pour pouvoir vivre quotidiennement en groupe, répute comme étant objectifs pour tous ses membres les subjectivités du beau, du bien et du vrai, c’est-à-dire de la richesse, de la clarté et de la justice si l’on fait la symbiose deux à deux de ces trois approches de groupe, objectives pour ce groupe mais subjectives pour tous les autres.

L’homme a besoin de référents considérés comme objectifs à l’intérieur de son groupe même s’ils sont objectivement totalement subjectifs. C’est la transcendance qui rend objectives pour le groupe ses subjectivités et l’absence de transcendance conduit à la survalorisation d’éléments matériels objectifs comme la production, le diplôme ou la monnaie qui ne valent pourtant que par le regard qu’on leur accorde.

Une société n’a pourtant pas besoin de la fausse objectivité de la production, du diplôme ou de la monnaie pour considérer comme objectives chez elle les notions parfaitement subjectives de travail, de richesse, de famille, de patrie. S’enrichir de ce que d’autres peuples ont objectivé chez eux s’appelait voyager et n’existe quasiment plus.

Les universalismes ont de toute éternité tenté d’imposer leurs visions du beau, du bien et du vrai à toute l’humanité. En occident, du colonialisme au mondialisme, du capitalisme au communisme, du catholicisme au libéralisme, tous les universalismes ont voulu s’imposer à tous pour ne pas avoir à retrouver leurs essentiels perdus et retirer la poutre de leur œil. Toujours sous le masque de la fraternité humaine qui veut enlever la paille des yeux de leurs voisins, ils tentent de vampiriser les autres peuples pour ne pas voir la poutre de leur œil C’est en oubliant toute humilité dans cette fuite en avant et ce besoin de transformer les autres pour ne pas se transformer soi-même, que tous les universalismes s’effondrent soit vaincus par la force ou le déferlement de la multitude, soit décomposés de l’intérieur par cette incapacité à se remettre en cause en reconnaissant avoir perdu sa transcendance.

Nous remettre en cause c’est retrouver nos cohérences qui ne sont pas universelles mais qui nous ont construits, générations après générations. C’est moins regarder ce que font les autres en n’en prenant que ce qui nous arrange et nous regarder davantage nous-mêmes dans la globalité de notre problème.

Nous avons oublié que l’économie est la capacité à échanger intelligemment l’énergie de chacun avec d’autres dans l’intérêt de tous, pour perdre notre temps à nous disputer pour savoir si c’est le problème du privé comme le dit le capitalisme ou celui du public comme le disait le communisme. Les deux camps ne font plus que regretter que cette énergie soit de moins en moins utilisée et se contentent, pour ne pas affronter le problème et le voir soi-disant résolu, d’observer la montée des trois esclavages que sont la mondialisation, la dette et l’immigration.

Nous avons oublié que l’éducation est l’harmonieux mélange de connaissances, d’expériences et de discernement. En transformant l’instruction publique en éducation nationale, nous avons délibérément méprisé l’expérience et le discernement alors que toutes les civilisations avaient jusqu’à présent réservé l’instruction à un petit nombre, jugé à la puberté sur son expérience et son discernement. Tout ce qui était expérience comme le service national a été supprimé par les politiques pour fabriquer de plus en plus lentement des maillons d’une chaîne qui n’existe pas. Ces maillons orphelins sont abandonnés à leur « initiative personnelle » comme le leur conseillent Jacques Attali et consorts.

Nous avons oublié que la politique est l’art d’harmoniser un peuple, que la république, la chose publique en latin, peut être confiée à un seul en monarchie, à un groupe en aristocratie ou au peuple lui-même en démocratie comme Jean Bodin l’a parfaitement expliqué au XVIe siècle dans Les six livres de la République. La démocratie est une merveilleuse utopie qui n’a encore jamais existé nulle part contrairement à ce qui nous est seriné mais qui peut être travaillée par le tirage au sort ou le permis de voter. Aujourd’hui la politique est un fromage qui se résume a faire le beau avec nos voisins en oppressant le peuple par la compétition avec lui-même au lieu de le faire coopérer, d’abord en interne, ensuite éventuellement avec d’autres peuples. La compétition se moque de la mort de l’autre alors que la coopération a besoin de son énergie.

Mais nous avons aussi oublié que si la politique est l’art d’harmoniser un peuple, elle ne doit pas se contenter de veiller à son bon fonctionnement en faisant confiance aux individus qu’elle assiste par ses magistrats que l’on appelle parlementaires ou fonctionnaires. Elle doit aussi veiller à la transcendance, c’est-à-dire au dépassement de soi dans la découverte des autres qui était confié à l’Eglise. Or l’Eglise a quasiment déserté ce champ pour se contenter de la redistribution des richesses soi-disant créées. Et ce champ manque terriblement. Nous oublions que le premier devoir d’une femme est de faire les enfants nécessaires au renouvellement de la population quand le premier devoir d’un homme est d’être en tous domaines son complément. Le manque de transcendance détruit toutes les collectivités, de la famille à la nation. Nous faisons de la compétitivité une qualité alors que c’est la coopération et la collaboration, qui permettent la vie en commun. Nous en arrivons même à mettre l’homme et la femme en compétition aussi bien par la parité que par l’orientation sexuelle qui oublie, ce que les Grecs savaient déjà fort bien, que les pulsions homosexuelles sont un passage normal de l’adolescence qui normalement ne dure pas. Si l’évolution ne se fait pas ou se fait mal, cela vaut compassion et empathie mais ni excès d’honneur ni indignité.

L’heure est grave car tout est dans le paraître et dans les techniques de report des problèmes alors que les solutions sont dans l’humilité, le courage et le discernement.

Fermons nous-mêmes la chaîne

Il n’est que de regarder la publicité pour constater combien nous sommes chouchoutés voire emmaillotés pour nous apprendre à bien dépenser notre argent. Mais le vide est sidéral dès que se pose la question de comment le gagner, à part quelques livres bas de gamme dont les auteurs tentent de nous grappiller quelques sous.

Si pour la dépense on fait semblant de nous prendre pour des gens responsables et raisonnables, pour le gain on nous laisse nous reposer sur « l’autre ». « L’autre » évolue dans le temps. Des parents jusqu’à la caisse de retraite nous passons par l’employeur public ou privé, voire par la collectivité elle-même, pour laisser à « l’autre » la responsabilité de nous donner de quoi dépenser. Nous payons d’ailleurs le minimum vital plus cher que dans d’autres pays comme l’Allemagne, en l’achetant de plus en plus à l’étranger pour que l’impact énorme de la publicité et du soi-disant gratuit ne se fasse pas trop sentir.

Certains se demandent ce que veut dire le « système » dont tout le monde parle sans jamais le définir clairement. Le système, c’est prendre à la fois (en même temps!) le peuple pour responsable dans sa dépense, et irresponsable dans son gain tout en le lui reprochant car il faut bien un bouc émissaire. Le système, c’est fabriquer de plus en plus d’emplois inutiles de conseillers, d’experts et d’observateurs en tous genres dont le seul but est de le faire tenir encore un moment, lui, le système, avec leur complicité souvent involontaire car motivés pour beaucoup par le simple besoin de survivre. Mais ils rendent tous le problème de plus en plus insoluble puisque personne ne produit plus rien dans des villes qui ne savent que dépenser et dire ce qu’il faudrait faire.

De braves âmes façon Attali qui ont parfaitement compris le système pour elles-mêmes, nous proposent de nous débrouiller grâce à notre initiative personnelle entre le marché qui nous dit mensongèrement que nous ne sommes rien tellement nous sommes nombreux et la démocratie qui nous dit mensongèrement que nous sommes tout tellement nous sommes intelligents. Elles nous poussent à tenter l’aventure de la création d’entreprise alors que tout ce qu’elles ont soi-disant créé elles-mêmes a toujours été créé par d’autres. Le résultat est cette myriade d’entreprises sans avenir dont le seul but est par flagornerie de nous faire dépenser davantage notre argent. A nous de demander à « l’autre » de nous en donner « les moyens ».

Le système a oublié que l’économie est une chaîne fermée où nous ne pouvons profiter de l’énergie des autres que parce qu’ils peuvent profiter de la nôtre. L’économie est par définition une coopération alors que le capitalisme en a fait une compétition sans enjeu où l’on nous serine que la compétitivité est une qualité alors qu’elle n’est que pousse-au-crime vers la fraude, la haine de l’autre tout en comptant sur lui, et la désespérance. Le système n’arrête pas de chercher plus ou moins inconsciemment comment refermer la chaîne ailleurs ou à un autre moment. On ne peut expliquer autrement le mondialisme, la dette et l’immigration. C’est chaque fois compter encore et toujours sur « l’autre » pour le gain. Le mondialisme va, en vendant nos emplois, chercher des marchés qui doivent, on ne sait comment, nous faire mieux vivre. La dette, en vendant nos enfants, reporte à plus tard tous les problèmes que nous sommes incapables d’affronter. L’immigration, en vendant notre culture, fait reposer le travail et le renouvellement de la population sur des arrivants peu exigeants qui acceptent de travailler et qui n’ont pas encore compris que nous avions déjà vendus leurs enfants comme les nôtres.

Pendant ce temps (en même temps!) nos élites papillonnent en vivant elles-mêmes fort bien. Elles s’intéressent à la parité, summum de l’individualisme et de la compétition, en laissant aux animaux et aux peuples stupides la coopération toute bête entre le mâle et la femelle. Même la procréation doit dorénavant parait-il pouvoir se faire en solitaire. Nos élites attendent la croissance qui va créer des richesses et enfin fermer cette chaîne à laquelle elles ne veulent rien comprendre. Elles s’écoutent et se retranscrivent mutuellement dans un jargon incompréhensible qui rappelle la médecine du prétendu siècle des Lumières. Faut-il rappeler qu’entre les médecins de Molière du XVIIe siècle et Semmelweis au XIXe siècle qui a sauvé des milliers de femmes en disant simplement à ses confrères médecins de se laver les mains, il s’est passé un siècle et demi de perte de bon sens et de gain de suffisance. Semmelweis a été accusé par sa corporation d’obscurantisme et de mysticisme. Quand après Semmelweis, Pasteur qui n’était, heureusement pour lui, ni médecin ni pharmacien a sorti la médecine de son ignorance crasse et arrogante, l’économie et la politique ont pris le relais de l’ignorance et s’y complaisent depuis près de deux siècles en flattant le peuple qui adore la flatterie et les idoles. La médecine pendant ce temps (en même temps!) s’est servi de l’innovation prônée par les économistes pour faire faire à l’humanité un bond quantitatif incroyable dont on se contente de se préoccuper de la survie alimentaire. La médecine a remplacé la religion dans la gestion de la peur de la mort mais elle coûte beaucoup plus cher, n’assume pas son nouveau rôle et ne réussit pas à s’intégrer dans la chaîne. Elle ne se demande jamais qui s’appauvrit pour l’enrichir.

S’asseoir et réfléchir, est-ce si compliqué ?

L’Union européenne s’est construite sur la fuite en avant commune de ses élites qui veulent continuer à fermer la chaîne par le mondialisme, la dette et l’immigration. Elle n’a comme avenir que l’explosion et la violence car ses élites sont tellement enfermées dans leurs prés carrés que le bon sens n’aura jamais l’unanimité requise. Elles vont se repeindre aux couleurs du temps en espérant tout de l’innovation comme la France vient de le faire. Elles vont continuer à s’entre-déchirer entre souverainistes et européanistes sur le meilleur espace pour régler le problème en continuant à faire monter le chômage, l’immigration et la dette pour ne pas avoir à dire à leurs peuples qu’ils se sont trompés toute leur vie, que le temps des weekends, des 5 semaines de congés payés, des RTT et des arrêts maladie est terminé et qu’il nous faut refermer la chaîne tous seuls en nous remettant à produire et en payant le prix auquel nous sommes capables de produire avec notre façon de vivre. La fuite en avant doit devenir l’ennemi, les agriculteurs doivent cesser de stériliser la terre pour un productivisme éphémère que le système a rendu inhérent à leur survie, chacun doit se demander l’échange qu’il a avec la société, ce qu’il lui donne et ce qu’il en reçoit. Le rôle d’un gouvernement, quelle que soit l’organisation de son peuple, est de veiller à ce que personne ne soit exclu de cet échange. Tout le reste est accessoire mais les gouvernements s’occupent pourtant de tout sauf de cet essentiel qu’ils ne font que pleurer.

Fermer la chaîne nous-mêmes c’est commencer par accepter qu’un gain d’argent est TOUJOURS une perte d’argent de quelqu’un d’autre et que vouloir la fermer par une création de richesse est TOUJOURS transporter nos fantasmes loin dans le temps ou dans l’espace pour continuer à croire à ce qui n’existe pas. Fermer la chaîne nous-mêmes c’est produire chez nous avec notre armée de chômeurs, chaque fois que cela est possible, tout ce dont nous avons besoin. Nous constaterons alors que nos prix ne sont pas compétitifs à cause de tous nos avantages acquis et qu’il faudra enfin choisir entre la coopération oubliée et la compétition sans avenir.

Que nos élites croient au fantasme de la création de richesse est le problème de fond actuel qui les fait ne pas travailler et nous emmener vers la grande violence et la guerre qui nous forcera dans l’instant à fermer la chaîne nous-mêmes et sans eux. Les communistes ont eu un mal fou à reconnaître qu’ils s’étaient trompés pendant plus d’un demi-siècle, les capitalistes ont le même mal fou à reconnaître qu’ils se trompent depuis encore plus longtemps avec une explosion vers le n’importe quoi depuis les années 70.

Ce sont les fondamentaux de bon sens qui ont été perdus. Les peuples attendent que des partis politiques en prennent conscience et ce n’est pour l’instant apparemment en gestation dans aucun d’entre eux.

Feuilletez et faites feuilleter le Petit lexique économique et social. Il évolue souvent et chaque mot est daté de sa dernière modification. Critiquez-le, commentez-le, proposez des mots qui ne s’y trouvent pas. N’hésitez pas à en contester la pertinence ou l’impertinence.

Les pieds d’argile du colosse

Il pourrait être désespérant de constater dans toutes les campagnes électorales combien le seul sujet est de prendre le pouvoir, de vanter les réformes qui changeront tout et qui ne changent rien, de combattre les dérives qui réapparaissent à chaque nouvelle livraison de personnel politique. D’où nous vient donc cette ridiculisation de la politique qui n’est plus qu’un jeu dont il est écrit d’avance que le peuple est perdant et l’oligarchie gagnante ?

Certes le principe imbécile d’ « un homme, une voix » sans aucune vérification de la liberté du votant, ni de sa compréhension de la question posée, ni de l’intérêt qu’il y porte, donne le pouvoir aux médias et aux fabricants d’argent qui se font eux, de ce pouvoir, une vie facile et déconnectée de la vie réelle du peuple.

Certes l’autre principe imbécile de prendre la partie pour le tout et l’instruction pour  l’éducation, donne des générations de têtes apparemment bien pleines mais tellement mal faites qu’elles savent seulement se coucher, se révolter ou fuir, en tous cas se réfugier dans la négation du groupe dont elles ont pourtant un besoin vital.

Mais la base de notre désastre intellectuel, et la source qui rend malheureusement actifs ces deux principes destructeurs, est cette nouvelle religion totalement majoritaire qui croit que la richesse est quantifiable et que l’on peut s’enrichir sans appauvrir quelqu’un d’autre. Cela donne un clivage agressif très surprenant entre deux erreurs qui s’accusent mutuellement, l’erreur de trouver normal de s’enrichir et l’erreur de trouver anormal de ne pas en profiter soi-même.

Elle est très commode cette religion. Elle permet de faire croire qu’il est normal en travaillant normalement, en jouissant tout aussi normalement des plaisirs de la vie, de laisser à ses enfants plus que ce que l’on a reçu de ses parents, en étant tous libres, égaux et fraternels. C’est ce qu’on nommera plus tard l’Attaligate dont le chemin est balisé, nous serine ce monsieur avec talent, par la démocratie, les marchés et l’initiative personnelle. Mais comme pour les marchés, l’homme n’est rien alors que pour la démocratie, il est tout, le conseil pontifiant d’Attali se résume en « Débrouille-toi entre moins l’infini et plus l’infini ».

Cette religion remplace progressivement dans tout l’Occident le christianisme qui  se réduit dramatiquement lui-même à une volonté de partage équitable des richesses produites et qui se meurt de son abandon de la gestion de la difficulté humaine primordiale : donner un sens à une vie où normalement l’on travaille et où l’on ne s’enrichit pas.

Nous en arrivons à choisir comme président un homme qui s’est enrichi à millions dans une banque internationale sans même nous demander qui a été appauvri d’autant et où se situe l’honnêteté de l’échange. Le mythe de la création de richesse est tellement inséré dans nos esprits que nous sommes convaincus qu’il a simplement pris une grosse part de la richesse créée. Il serait même dans nos têtes tellement dans le vrai, le bien et le beau, que nous allons lui donner une majorité à l’Assemblée Nationale pour qu’il puisse nous montrer comment faire avant que nous lui montrions nous-mêmes que la roche tarpéienne est proche du Capitole.

Comme toutes les religions, elle a son clergé qui se donne l’impression d’exister en inventant depuis deux siècles tout un salmigondis autour de la monnaie. Ce clergé méprise l’évidence que la monnaie n’est qu’un véhicule pratique de l’énergie humaine pour en faire un générateur divin de richesses avec des formules pseudo mathématiques d’idées qui s’additionneraient à d’autres pour en égaler encore d’autres que personne ne comprend sans oser le dire. Ce clergé de plus en plus nombreux, aussi inutile que coûteux, nous refait le coup du conte d’Andersen  Les habits neufs de l’empereur où il a fallu qu’un enfant dise que le roi était nu puisque tout le monde faisait semblant d’admirer son costume que parait-il seuls les imbéciles ne pouvaient pas voir. Je suis l’imbécile qui ne voit pas la création de richesse.

Tant que les intellectuels d’Occident continueront à croire que l’on peut créer de la richesse, ils continueront à chercher des solutions miracles dans la manipulation des monnaies avec des techniques dignes des médecins de Molière, dans la manipulation du peuple en le laissant croire à l’eldorado et en l’endormant par médias interposés et dans la manipulation de la jeunesse qui cherche désespérément son avenir avec une énergie qu’elle dépense à attendre. Le mondialisme, la dette et l’immigration continueront à nous dissimuler notre triste réalité et la violence continuera à monter aussi régulièrement que le nombre de commentateurs qui n’auront toujours pas grand chose à dire mais qui pourront disserter sur l’effondrement du colosse.

 

Faut-il vraiment continuer à réintroduire l’esclavage ?

Cet article demande au lecteur un peu de collaboration. Il faut dans un premier temps prendre les 40 minutes nécessaires pour écouter et regarder la vidéo « Le jour où la France est mourue » pour constater que l’Union Européenne ne peut être la solution à nos problèmes. Il serait intéressant d’ailleurs que les quelques malheureux qui croient encore à cette fausse Europe, acceptent d’engager le dialogue sur ce qui est très clairement expliqué dans cette vidéo..

La vidéo nous amène à comprendre que le souverainisme est en l’état le seul cadre possible de notre renaissance, même si les Français ont été majoritairement convaincus par les médias de voter pour le cadre européen avec l’élection d’Emmanuel Macron. La roche tarpéienne étant proche du Capitole, notre Président sera malheureusement pour les raisons qui suivent, le bouc émissaire de son propre désastre, vu la splendeur de son ascension.

Il faut en effet aborder dans un second temps la vraie difficulté que personne n’aborde et qui rend aussi stériles les souverainismes que les européanismes et le mondialisme, difficulté qui mine notre société quel qu’en soit le cadre.

La démagogie de l’ensemble de notre personnel politique en quête de postes plus que de pouvoir par absence de vraies réflexions comme de solutions viables, nous fait croire à la fable que nous pouvons moins travailler grâce aux trois esclavages que nous mettons en place dans un silence aussi contagieux qu’hypocrite. Nous le faisons avec leur concours, souverainistes comme européanistes, en fêtant chaque 10 mai l’abolition de l’esclavage, et en jurant nos grand dieux que « Pas ça ! pas nous ! ».

Pour ne pas avoir à travailler nous ratissons large puisque nous créons un esclavage pour ailleurs, un esclavage pour plus tard et un esclavage pour ici et maintenant. Chaque esclavage se dissimule sous un but louable, se construit sur une grave erreur de jugement et se drape dans un étendard qui brandit sans vergogne l’inverse de là où il nous entraîne.

Le premier esclavage est le mondialisme déguisé en construction européenne sous l’étendard de la paix qui nous rapproche en fait de la guerre.

L’article 32 du TFUE (traité de fonctionnement de l’union européenne) explique clairement que le but n’est pas de protéger l’Europe mais de se diriger vers un commerce planétaire.  : « La Commission s’inspire de la nécessité de promouvoir les échanges commerciaux entre les États membres et les pays tiers« .

Cette fausse nécessité, fondée sur une interprétation erronée de l’avantage comparatif de Ricardo et additionnée à la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, entraîne automatiquement la délocalisation de tout ce qui emploie une main d’oeuvre peu qualifiée en ne laissant en Occident que ce que les machines fabriquent et un chômage qui ne peut que croître et faire baisser le pouvoir d’achat.

Le salaire moyen européen stagne en effet en baissant en Europe de l’ouest puisqu’il augmente en Europe de l’est proche de l’Ukraine qui a des salaires moyens inférieurs à la Chine.  Qui peut sérieusement croire qu’avec l’obligation de l’Union européenne du libre échange mondial animé par l’OMC, les salaires ne s’uniformiseront pas par la perte de pouvoir d’achat des Occidentaux ? Et comme la mondialisation de l’information crée les mêmes désirs sur toute la Terre alors que cette même Terre ne peut pas fournir la même chose à tant de milliards d’hommes, la guerre pour savoir qui sera la minorité satisfaite est forcément au bout du chemin. Ce premier esclavage nous fait perdre le gout de l’harmonie, du bon sens et du réalisme. Il ouvre la porte aux deux autres esclavages.

Pour justifier le premier esclavage nous avons inventé la notion de « création de richesse » qui nous fait croire qu’une manne annuelle tombe sur la Terre et qu’elle réduit la pauvreté que nous avons définie nous-mêmes comme l’incapacité à dépenser. Nous avons appelé cette manne, le PIB mondial et son augmentation, la croissance. Cette manne n’existant évidemment pas, nos économistes la calculent tout de même en additionnant toutes nos dépenses publiques et privées et ils réussissent le tour de force de nous faire croire, malheureusement souvent de bonne foi, que plus nous dépensons, plus nous sommes riches.

Un garçon intelligent comme Nicolas Bouzou, économiste « reconnu », en arrive à écrire le 10 mai 2017 dans L’Opinion :

 » L’Asie représentait moins de 10% du PIB mondial en 1980, et plus de 30% aujourd’hui. Le PIB par habitant y a été multiplié par plus de 20 en 30 ans et sa courbe continue de suivre une trajectoire exponentielle. Enfin, cette zone épargne et investit environ 40% de son PIB, ce qui signifie que sa croissance est loin d’être terminée ».

En arriver à la sottise de croire que l’on peut épargner et investir un pourcentage de ce que l’on dépense, ne peut s’expliquer que par la superstition bien ancrée dans les universités (et dans les grandes écoles) que le PIB est un produit dont on peut se servir alors qu’il n’est que la somme de toutes nos dépenses.

Depuis que l’économie se prétend être une science, la vie n’est plus échange d’énergie humaine mais investissements, plantations de monnaie qui vont faire des petits. Enterré Aristote qui avait vainement cherché sur une pièce de monnaie ses organes reproducteurs, ridiculisé Lanza del Vasto qui avait écrit que le but du travail était de faire des hommes, les économistes réinventent la manne par la création annuelle de richesse, dogmatiquement définie sans rire par ce que nous dépensons. Comme nous avons en même temps oublié que la monnaie n’est qu’un véhicule d’énergie humaine, nous essayons de payer cette manne en augmentant continuellement l’impôt, et comme c’est évidemment insuffisant, nous empruntons, à des organismes qui nous prêtent avec intérêt de l’argent qu’ils créent, autant que nous le leur demandons, pour le plus grand malheur des générations suivantes qui n’ont pas encore assez compris leur problème pour se révolter.

Et se met en place par l’emprunt généralisé un deuxième esclavage potentiel, un « esclavage pour dette », bien connu dans tant de civilisations, esclavage dissimulé provisoirement par la mythique création de richesse et qui, sous l’étendard brandi d’une prospérité à venir nous entraîne en fait inéluctablement vers la misère.

Nos Politiques nous poussent par flagornerie à croire possible cette vie où les efforts sont fournis par les autres, par le mondialisme quand ils sont loin, par l’impôt quand on se souvient du travail passé ou par la dette quand on veut faire payer le futur. Mais tout cela ne suffit pas et pour croire possible une vie de vacances, de week-ends, de jours fériés, de RTT et d’arrêts maladie pour claquage au ski, nous avons besoin de femmes qui mettent au monde chacune en moyenne les 2,11 enfants nécessaires au renouvellement de la population et d’hommes qui viennent faire le travail que nous ne daignons pas faire et nous mettons en place par l’immigration le troisième esclavage pour faire faire à d’autres, ce que nous n’avons pas envie de faire nous mêmes.

Comme les deux premiers, le troisième esclavage est maquillé. C’est sous l’étendard trompeur de la négation des races et de l’amour des autres que nous faisons semblant d’accueillir les malheureux migrants politiques ou économiques et nous n’aimons pas constater que cela débouche inéluctablement sur une haine réciproque. Ces esclaves prendront un jour  le pouvoir pour nous punir de leur avoir fait croire par nos médias que le pays de Cocagne existait chez nous.

Ces trois esclavages que la guerre arrêtera d’un coup, sont là pour retarder une vraie prise de conscience par la jeunesse en lui faisant croire qu’elle peut perdre des années dans des écoles et des universités qui lui donneront de quoi dominer le monde ou faire pousser ces  richesses qu’on lui a fait miroiter. Nous la formatons à croire que son énergie peut se dépenser en salle de sport et que nous allons vers une société sans travail où hommes et femmes paritairement stupides oublieraient d’être intelligemment complémentaires et n’auraient plus à travailler. On nous raconte que les machines et les robots feront presque tout en oubliant qu’ils valent très cher et qu’ils ne peuvent être construits que par une énergie, la monnaie, qui est au départ une énergie humaine de plus en plus inemployée et donc absente parce que perdue…..et donc inefficace.

L’intelligence et la guerre ont engagé sous nos yeux un combat singulier à outrance dont la jeunesse est l’arbitre. Les pouvoirs en place ont choisi inconsciemment la guerre en la retardant le temps de leur départ. Le champ d’action est immense si chacun réussit à sortir de sa coquille et à se regrouper.

Un sans-faute sur la forme

Cette première demi journée du Président Macron est un sans-faute sur la forme et montre à l’évidence l’intelligence du bonhomme. Dans son discours inaugural, ses buts sont louables, ses coups de patte discrets et il est convaincu que c’est avec l’aide de l’Union Européenne qu’il y arrivera.

C’est en entendant qu’il lisait actuellement l’histoire, année après année, de la  IVe République en regardant plus précisément l’année 1958 que m’est venue l’idée qu’il pourrait, une fois en place, imiter De Gaulle et faire l’inverse de ce pourquoi il a été élu. Du « Je vous ai compris » sur le forum d’Alger aux accords d’Evian scellant l’indépendance de l’Algérie, De Gaulle a pris conscience de ce qu’il a pensé être une impossibilité, l’Algérie française, et de ce qu’il a décidé être une nécessité, l’indépendance de la France. Pourquoi Macron ne pourrait-il pas prendre conscience de l’impossibilité de sortir de la crise actuelle dans le cadre européen et de la nécessité de retrouver, d’abord en France, les harmonies perdues dans les domaines éducatif, économique politique et religieux ?

Les Lumières et les Amériques mènent le monde depuis un peu plus de deux siècles, les Lumières posant les questions et les Amériques apportant la réponse unique et toujours identique, la fuite en avant dans l’espace, sans respect des populations autochtones et de leurs civilisations. Cela a commencé par la ruée vers l’Ouest puis par la colonisation presque universelle qui a réussi aux Amériques, en Australie et en Nouvelle Zélande au prix de quelques génocides et qui a échoué en Afrique après avoir brisé ses civilisations et l’avoir laissée dans son état pitoyable actuel. L’Union Européenne est l’avant dernier avatar de l’erreur stratégique de croire que l’on résout plus facilement un problème en allant chercher la réponse à l’extérieur. Le dernier avatar est de croire que nous devrons trouver dans le siècle à venir d’autres planètes pour nous accueillir. On ne va plus chercher des terres à l’extérieur sauf éventuellement sur Mars, mais on va chercher chez les autres, des marchés et des solutions aux  problèmes que nous ne savons pas résoudre chez nous.

Par tradition la philosophie propose au contraire de chercher les réponses en soi, d’intégrer le travail et l’effort sur soi comme une richesse et de beaucoup se méfier du besoin de tuer l’autre pour exister en ayant peur de la souffrance. Il est intéressant de remarquer que dans les églises catholiques américaines, il n’y a plus de chemin de croix. Les douceurs doivent tout envahir et le Coca Cola en être l’océan. A force de refuser sur les murs le principe du calvaire débouchant sur une résurrection, le calvaire rentre dans les vies sans aucune issue positive. C’est l’éternel querelle entre la compétition et la coopération, entre l’OMC et l’OIC, entre le croc-en-jambe et le respect,entre l’esclavage et l’effort personnel. Aujourd’hui quiconque parle d’équilibrer notre commerce extérieur autrement que par une similarité de vie entre la France et le Bengla Desh se fait traiter de partisan du repli sur soi, de l’autarcie et de la Corée du Nord.

Macron pourrait parfaitement prendre conscience du cul-de sac qu’est actuellement l’Union Européenne car les seules nations qui y réussissent provisoirement comme l’Allemagne ne réussissent que parce qu’elles font payer les autres peuples par un excédent commercial important ( plus de 250 milliards d’euros en 2016 pour l’Allemagne) et les faibles de leurs propres peuples par une misère quasiment programmée avec des immigrés pour tenir cet emploi. Tout cela n’est évidemment que provisoire car pour sucer le sang des autres, il faut encore qu’il leur en reste et le IVe Reich fondé sur la création de richesses qu’il a imposé dans toute l’Union Européenne et dans quasiment toutes les têtes, ne peut pas finir mieux que les trois premiers qui n’ont pas duré longtemps.

C’est par le choix de son Premier Ministre, par le ton de la campagne de ses candidats et surtout par sa capacité à se remettre en cause et à prendre de la hauteur après qu’il se soit confronté à la puissance allemande que je saurai si j’ai eu tort ou raison de ne pas voter pour lui. D’ici là aidons tous les candidats qui ont déjà compris que c’est en France et non dans l’U.E. qu’une solution non violente pourra naître.

L’électoralisme souligne les limites de la démocratie

La pantalonnade à laquelle nous sommes invités à participer comme s’il s’agissait d’une campagne électorale sérieuse nous pousse bien évidemment à ne plus savoir du tout ni où nous en sommes, ni où nous allons, ni avec qui nous souhaitons le faire.

Chaque candidat a sa lubie, façon lanterne magique d’Aladin qui résoudrait le problème sans le poser. Qui le revenu universel, qui le souverainisme, qui l’européanisme, qui la chasse aux riches, qui l’austérité nécessaire, qui les jolies phrases sorties d’une belle gueule qui doivent satisfaire tout le monde. Comme personne ne veut affronter le problème, les solutions sont toutes des leurres et, pour les moins stupides, une simple antichambre du couloir complexe des solutions.

Tant que l’on nous fera croire que nous créons des richesses à nous partager, tant que nous le goberons en réinventant tous les esclavages pouvant être dissimulés, tant que nos dirigeants potentiels auront comme premier souci de nous plaire au lieu de nous réveiller, tant que la monnaie pourra être créée comme n’importe quelle marchandise, tant que nous ne supporterons d’affronter un problème que si sa solution est évidemment fournie avec le problème, nous continuerons à nous enfoncer et à être complices de notre propre disparition.

La démocratie reste une utopie merveilleuse qui n’a encore jamais vu le jour où que ce soit et surtout pas dans la Grèce ancienne où seuls les producteurs d’huile ou de blé pouvaient voter. Si l’avis majoritaire des gens responsables est évidemment le bon, la responsabilité reste fondée sur la liberté, la compétence et l’intérêt porté au sujet traité. Si le sujet n’intéresse pas, si l’on n’y comprend rien ou si l’on n’est pas profondément libre de ses choix, l’avis individuel n’a aucun intérêt collectif et « un homme une voix » reste une des débilités les plus profondes de notre époque dont il n’est même pas permis d’en critiquer la bêtise.

Quand les Politiques comprendront-ils enfin que l’abstention devient de plus en plus le vote intelligent tant que le vote blanc est méprisé et qu’aucune politique cohérente n’est proposée ? Nous n’avons le droit de choisir qu’entre des candidats qui ne jouent que sur notre affect et nos sentiments sans même envisager que certains d’entre nous aimeraient utiliser leur raison. Les médias qui ne cherchent qu’un auditoire pour les publicités qui les font survivre, sont les kapos de cette extermination mentale qui ne nous dérange même plus.

C’est grâce à des campagnes comme celle que nous vivons que nous pouvons réaliser que nous n’avons pas encore touché le fond.

La monnaie, véhicule d’énergie humaine

C’est sous ce titre que l’association Démocraties m’a demandé d’ouvrir la première table ronde d’un colloque d’une journée qu’elle organisait le 27 février 2017 dans la salle Colbert de l’Assemblée Nationale sur « L’argent et ses dérives ». Voici mon intervention:

Tout groupe d’êtres humains a au départ une raison d’être et organise dans ce but les apports de chacun en rendant complémentaires les différentes énergies individuelles. Tout groupe se crée dans la coopération entre ses différents membres et il ne se crée jamais dans la compétition interne. Cette organisation a été improprement appelée troc en supposant une simultanéité du don et de sa contrepartie alors que cette simultanéité a toujours été loin d’être systématique. Le don et sa contrepartie, sa contrevaleur, le contredon, existent dès la création du groupe (couple, association ou tribu) mais ils ne sont que très rarement simultanés. L’anthropologue et professeur au Collège de France Marcel Mauss a parfaitement expliqué que le don entraînait le contredon et que le « donner-recevoir-rendre » était au service du lien social et qu’il le nourrissait. Mauss a développé que le don et le contredon était ce qu’il a appelé un « fait social total » à dimensions culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique et qu’il ne pouvait être réduit à l’une ou à l’autre de ses dimensions.

Mais quand la taille du groupe devient importante, la détection des profiteurs et des tire-au-flanc devient difficile et rend obligatoire la simultanéité de la contrepartie. L’origine de la monnaie est cette invention de la contrepartie simultanée. La monnaie est donc le nouveau « fait social total » qui remplace le don et le contredon. Elle est aussi culturelle, économique, sociale, religieuse, symbolique et juridique en ne pouvant être réduite à l’une ou l’autre de ses dimensions.

Le fait que la monnaie remplace le don comme le contredon entraîne plusieurs conséquences entièrement oubliées de nos jours. La monnaie est fondée sur deux pieds qui sont à la fois son origine et son emploi. Comme l’électricité qui véhicule une énergie fossile, atomique, solaire, éolienne ou gravitationnelle jusqu’aux lieux d’utilisation de ces énergies, la monnaie véhicule l’énergie humaine vers ses utilisations futures. La monnaie est dette vis-à-vis du donneur et créance sur le contredonneur La monnaie est à la fois une créance et une dette. Les banques l’ont parfaitement compris en créant l’argent par la double écriture d’une dette inscrite à leur passif et d’une créance de même montant inscrite à leur actif. Elles irriguent l’économie en honorant leurs dettes mais sont incapables d’encaisser leurs créances sans tout fonder sur la création de richesses futures, ce qui est la base erronée du capitalisme.

La monnaie servant deux fois dans les échanges d’énergie, une fois pour payer le don et une fois pour acheter le contredon, la somme des échanges énergie-monnaie calculée dans le PIB est  le double de la quantité de monnaie nécessaire au fonctionnement du groupe. On constate par exemple dans la zone euro que le PIB y est de l’ordre de 10.000 milliards d’euros et qu’il est bien globalement le double de la monnaie en circulation (M1), 5.000 milliards d’euros.

L’oubli que la monnaie est un bipède transportant de l’énergie humaine vers son utilisation a entraîné dans la vague mercantile anglo-saxonne du XXe siècle un regard erroné sur la monnaie qui n’est devenu qu’une marchandise, donc unijambiste. La monnaie n’a plus été considérée comme un vecteur ni comme un véhicule d’énergie. Si l’on devait garder la comparaison avec l’électricité, nous nous trouverions dans le cas de figure où le peuple aurait par démagogie accès gratuit à l’électricité sans qu’aucune énergie ne l’alimente. Il se passerait ce qui se passe actuellement pour la monnaie : on fait payer le passé par l’impôt, le futur par la dette et on essaie de faire payer les autres, comme le font les Allemands, par une balance commerciale excédentaire.

Malheureusement notre balance commerciale étant déficitaire depuis la création de l’OMC en 1995, c’est nous qui payons en plus pour les autres en voyant monter encore davantage, et nos impôts et notre dette.

La monnaie, marchandise sans origine créée à tout-va, nous fait croire que nous sommes riches alors que nos productions ne sont de plus en plus majoritairement que des embarras voire des déchets, ce que la science économique n’a jamais souhaité étudier.

C’était la rareté de la monnaie qui était limitée à l’énergie humaine déjà dépensée qui avait toujours permis de différencier une richesse d’un encombrant ou d’un déchet dans l’abondance des productions. Mais nous avons oublié simultanément l’origine de la monnaie et la définition de la richesse. Ce double égarement nous empêche de comprendre ce qui se passe. Essayons de dépasser cette difficulté.

Tout groupe se constitue autour d’une approche commune du beau, du bien et du vrai qui, comme l’a écrit Montaigne dans le chapitre II, XII de ses Essais avant d’être paraphrasé par Pascal, sont trois notions totalement subjectives :

« Les lois de notre pays, cette mer flottante des opinions d’un peuple », (…) « Quelle bonté est-ce, que je voyais hier en crédit, et demain ne l’être plus : et que le trajet d’une rivière fait crime ? », (…) « Quelle vérité est-ce que ces montagnes bornent, mensonge au monde qui se tient au delà ? », (…) « Les mariages entre les proches sont capitalement défendus entre nous, ils sont ailleurs en honneur », « (…) Le meurtre des enfants, meurtre des pères, communication de femmes, trafic de voleries, licence à toutes sortes de voluptés : il n’est rien en somme si extrême, qui ne se trouve reçu par l’usage de quelque nation ».

De même sont totalement subjectives et évidemment inchiffrables, les trois symbioses que créent les rapprochements deux à deux entre le beau, le bien et le vrai.

Le bien et le vrai donnent le juste, le vrai et le beau donnent le clair et le beau et le bien donnent le riche. Le juste n’est pas forcément beau, le riche n’est pas forcément vrai (une riche idée est une bonne idée et une belle idée) et le clair peut être un clair salaud (symbiose du beau et du vrai salaud).

C’est sur une approche commune de la justice, de la clarté et de la richesse que se constituent les civilisations. Ces notions ne sont pas les mêmes en Papouasie, chez les Dogons, chez les Gujaratis, chez Daesh et chez nous. Autrefois le voyage consistait à aller observer respectueusement d’autres harmonies que les nôtres entre le beau, le bien et le vrai. Ils formaient parait-il la jeunesse alors qu’aujourd’hui ils ne font que faire retrouver notre propre harmonie tellement chancelante chez nous, une fois plaquée chez les autres par une élite locale que nous avons formatée dans nos universités et qui détruit l’harmonie de son propre peuple. Aujourd’hui nos élites cherchent à inventer un nouveau colonialisme où l’on imposerait à toute l’humanité notre notion du beau, du bien et du vrai, où chaque homme aurait les mêmes goûts et la même approche de la justice, de la clarté et de la richesse. Ces élites ont oublié que la Terre ne pouvant fournir les mêmes choses à de plus en plus de milliards d’hommes, ils inscrivent la guerre comme l’issue inéluctable de leur aveuglement.

Pour défendre le système et pour que l’argent créé et déjà dépensé soit une créance réelle sur quelque chose, nous avons inventé l’idée de création de richesse et nous avons fait prospérer des verbes comme investir, développer ou rentabiliser qui ne sont là que pour nous faire croire que notre monnaie peut faire des petits. Aristote avait pourtant prévenu qu’il « avait vainement cherché sur une pièce de monnaie ses organes reproducteurs ». Nous n’avons pas encore osé chiffrer la justice et la pureté mais nous avons décidé de chiffrer la richesse bien que ce soit évidemment impossible. On ne peut rendre objectif par le chiffrage une richesse qui est subjective par définition.

Pour réussir l’impossible nous avons décidé de chiffrer notre richesse par notre dépense en appelant produit (PIB) ce que nous dépensions. Plus nous dépensons, plus nous nous réputons riches, plus nous augmentons nos dépenses plus nous sommes fiers de faire de la croissance. Ayant oublié que l’origine de l’argent est de l’énergie humaine dépensée, c’est-à-dire du travail utile au groupe et déjà effectué, nous créons artificiellement de la monnaie pour pouvoir croire nous-mêmes que nos productions sont des richesses et que les productions de demain rembourseront l’argent « investi » afin de le « rentabiliser » et de « développer » l’économie. Il est vrai que nos dépenses enrichissent l’Etat par la TVA. Le mois de décembre 1999 qui a vu un Erika souiller 400 kms de côtes et deux tempêtes ravager la France, a nécessité d’énormes dépenses de nettoyage et de réparation donc une importante rentrée de TVA appelée alors « cagnotte ». Le tout a généré un PIB fantastique, une rentrée de TVA miraculeuse mais c’est le peuple qui a payé toute cette dépense !

Personne n’a envie de voir que nous payons très cher des machines, voire des robots pour pouvoir nous passer de main d’œuvre et essayer de faire payer les autres par nos exportations tout en payant dans le même temps notre peuple à survivre sans travail. Personne n’aime voir que, par la publicité qui tient le sport et les médias, nous dépensons à nouveau des sommes folles pour tenter de transformer en richesses les encombrants que nos machines produisent continuellement. Pour que ces encombrants soient achetés, certains rêvent même d’un revenu universel ou d’une monnaie aspergée par hélicoptère pour que le peuple achète les encombrants. L’oubli de l’énergie humaine comme origine de la monnaie a fait sauter tous les freins à la création de monnaie et nous a amené à oublier le bon sens.

Il y a encore 50 ans étaient imprimés sur tous les billets de banque que la fabrication de fausse monnaie entraînait les travaux forcés à perpétuité car, en l’ayant pourtant déjà oublié, il restait la notion informelle qu’il n’y avait pas d’argent sans sa source, l’énergie humaine dépensée utilement. Aujourd’hui les Etats fabriquent de l’argent par leurs budgets déficitaires, les entreprises créent de l’argent par les délais de paiement qu’elles accordent, les particuliers créent de l’argent par les cartes de crédit à débit différé et les banques ne survivent que par la création d’argent par la double écriture. Tout doit être théoriquement remboursé par les richesses futures que nous devons créer comme si c’était une marchandise alors que la richesse n’est qu’une façon de regarder. Pour ce faire, tout est fondé sur la concurrence et la compétitivité où il faut que l’autre meure le premier.

Peut-on encore suggérer que dans un monde harmonieux c’est la coopération entre les êtres en prenant le risque de l’autre qui est la seule harmonie possible ?

Le droit au travail est inscrit dans le préambule de nos deux dernières constitutions mais quel Politique va expliquer qu’il n’est pas bon de chercher à être compétitifs avec les Chinois, les Ethiopiens ou les Bengalis ? Il faut savoir s’enrichir de leurs connaissances, apprendre de leurs expériences mais il faut renoncer à leur imposer un bien universel, un beau universel et un vrai universel dont nous serions détenteurs.

Pour cela il faut faire reprendre conscience aux Français que nous vivons collectivement au-dessus de nos moyens par les deux esclavages qui nous permettent de vivre provisoirement agréablement : l’esclavage dans l’espace en faisant travailler comme des bêtes, des hommes, des femmes et des enfants qui sont suffisamment loin pour que nous ne les voyions pas et l’esclavage dans le temps qu’est la dette de plus en plus irremboursable que nous laissons à nos enfants.

Mais plaire ou conduire, il faut choisir, et ce choix devient pour tout Politique, un nouveau travail d’Hercule. Prendre conscience de la réalité en est le premier pas.

Quel frein au délire ?

La campagne présidentielle nous entraîne dans des assauts délirants de démagogie et de télé-évangélisme. Certains pour ne pas ouvrir les yeux diront que cela a toujours été le cas. Ce n’est pas exact car il y a toujours eu des freins au délire.

Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel grâce à la gravitation qui les en empêche et qui par ailleurs permet aussi à la pluie de retourner à la mer après avoir abreuvé les plantes, les animaux et les hommes. L’homme a tenté d’apprivoiser la gravitation et y a souvent réussi par ses barrages ou son aviation. Mais il a aussi souvent abandonné au sacré la gravitation qu’il n’arrivait pas à maîtriser comme les avalanches, les éboulements, les météorites ou les inondations.

Chez l’homme c’est la combinaison de l’expérience et de la connaissance, du cycle de l’entraîneur et de celui du professeur qui a toujours été le frein à son propre délire.

Le professeur explique comment la connaissance va générer la décision et comment l’action va créer le besoin de recherche de nouvelles connaissances et donc une écoute tolérante. Il fait la part belle à la connaissance. Ce cycle se constate à l’université ou dans les séminaires d’entreprise.

L’entraîneur cherche l’efficacité et c’est en exprimant l’expérience qu’il augmente l’efficacité. Il fait la part belle à l’expérience. Ce cycle se constate aujourd’hui dans le sport, le coaching, le service national ou l’effectuation pour faire très neuf avec un très vieux mot.

Nous avons méprisé le cycle de l’entraîneur au profit de celui du professeur en allant jusqu’à les opposer et considérer que le cycle de l’entraîneur n’était utile qu’à la marge. Or cette opposition n’est qu’apparente car les deux cycles se complètent et surtout se tempèrent. Ils sont tous les deux le contrepouvoir de l’autre.

La difficulté actuelle est que nous avons perdu les contrepouvoirs intellectuels. Chacun s’envole dans ses rêves sans automaticité de réveil.

En éducation nous mettons les deux contrepouvoirs dans la même Education Nationale, ce qui est impossible. Le primaire devient petit à petit dominé par le cycle de l’entraîneur pour apprendre aux enfants à vivre en société mais abandonne donc le cycle du professeur. Il donne des adolescents très branchés copains mais très faibles en calcul, en lecture et en écriture pour ne pas parler de l’orthographe. Le secondaire et le supérieur reprennent le cycle du professeur mais comme les bases existent mal, les étages se montent mal et l’on baisse sans arrêt le niveau de la prétendue réussite qui ne débouche plus sur une reconnaissance sociale. En même temps le contrepouvoir du cycle de l’entraîneur a disparu et l’expérience n’est bien souvent plus un filtre des connaissances du professeur.

Le summum du ridicule est atteint en économie ou chaque professeur diffuse une logorrhée que les étudiants sont priés de répéter pour se croire savants. La rareté de la monnaie était le frein des envolées lyriques des professeurs d’université. Mais depuis que l’on fait semblant de croire que la monnaie a remplacé le troc et que l’échange est création objective de richesses, tous les fantasmes sont autorisés et les médias diffusent à l’envi les idées les plus farfelues, toutes « nobélisées ».

Nous avons oublié, même si Daesh nous le rappelle avec violence, qu’un groupe n’existe que par une approche commune du beau, du bien et du vrai avec une volonté chez certains d’imposer leur vision à l’ensemble de l’humanité en la voulant universelle. Les religions et les philosophies sont objectives et servent de références à l’intérieur de leur groupe, mais ont souvent du mal à reconnaître qu’elles sont objectivement subjectives et que d’autres civilisations peuvent avoir d’autres approches sans avoir tort pour autant.

L’idée du voyage était depuis des siècles d’aller découvrir d’autres harmonies sur d’autres notions du beau, du bien et du vrai. Le capitalisme et le mondialisme du XXsiècle en ont fait le plaisir de retrouver au loin le même chez soi sans les voisins ou, comme nouveaux voisins, tous ceux qui ne supportent pas les leurs. Il est temps de retrouver Montaigne dans le chapitre II, XII de ses Essais :

« Les lois de notre pays, cette mer flottante des opinions d’un peuple », ( ) « Quelle bonté est-ce, que je voyais hier en crédit, et demain ne l’être plus : et que le trajet d’une rivière fait crime ? », ( ) « Quelle vérité est-ce que ces montagnes bornent, mensonge au monde qui se tient au delà ? », ( ) « Les mariages entre les proches sont capitalement défendus entre nous, ils sont ailleurs en honneur », « ( ) Le meurtre des enfants, meurtre des pères, communication de femmes, trafic de voleries, licence à toutes sortes de voluptés : il n’est rien en somme si extrême, qui ne se trouve reçu par l’usage de quelque nation ». 

Montaigne souligne la précarité du beau, du bien et du vrai. Il voit déjà dans la loi l’expression flottante du juste, symbiose du bien et du vrai comme le pur est la symbiose du vrai et du beau, et le riche celle du beau et du bien. Au féminin cela donne la justice, la pureté et la richesse, trois entités morales essentielles à tout peuple qui cherche à les constater chez lui. Malheureusement la justice, la richesse et la pureté se travaillent mais ne se créent  pas et elles se chiffrent évidemment encore moins.

La monnaie est aujourd’hui totalement incomprise. Elle est vécue comme un stock alors qu’elle n’est qu’un flux qui devrait limiter par sa rareté son utilisation à la quantité d’énergie humaine dépensée pour la créer. Elle devrait être, ce qu’elle a toujours été, le frein de la construction permanente de la tour de Babel, symbole de la folie humaine.

Elle ne l’est provisoirement plus car nous avons décidé que la richesse se chiffrait, qu’elle se chiffrait par la dépense, le fameux PIB, et qu’il suffisait de dépenser davantage (la croissance) pour s’enrichir, ce qui pose quelques problèmes concrets que nous appelons la crise.

La monnaie n’étant plus un frein, les délires s’emballent, du transhumanisme au revenu universel, du faux gratuit à la fuite en avant dans l’innovation permanente.

Mais la nature ayant horreur du vide deux freins pointent leurs nez pour contrecarrer la folie actuelle, la guerre et le populisme. La guerre est admirablement fardée, le populisme ne sait pas très bien où il habite. C’est pour moi l’enjeu en France de la campagne présidentielle actuelle.

Les normes ont remplacé les règles

Dans une société vivante les individus dépensent leur énergie; ils s’entraident les uns les autres et se retrouvent ensemble pour gérer ce qui les dépasse, le volcan, la tempête, l’inondation et les questions sans réponses auxquelles ils apportent des réponses collectives qu’ils appellent religion et qui les apaisent parce que tout le monde y croit ou fait semblant d’y croire. Les règles sont les lignes à suivre pour avancer vers le but de sa société et vers son propre but. Ces lignes sont droites par la simple utilisation du mot règle et elles libèrent l’énergie individuelle à la seule condition que cette énergie ne s’oppose ni au groupe ni au sacré qui le soude.

Le matérialisme du XXe siècle a tout désacralisé sans se rendre compte qu’il dissolvait par là-même le lien spirituel du groupe, celui qui permettait de prendre le risque de l’autre en s’acceptant incomplet. Chacun a été invité à se croire accompli, à se vouloir complet et à n’avoir besoin des autres que matériellement. Cette utopie non réfléchie fait se décomposer tous les groupes, du couple à la famille puis à la société commerciale ou à l’association loi de 1901. Chaque individu est invité à se prendre pour un petit dieu mais comme il reste un animal social, il cherche à se regrouper avec d’autres petits dieux qui ont les mêmes certitudes que lui. C’est la base des communautarismes qui nous rongent de l’intérieur car nous ne les remarquons que chez les autres. Communautarisme islamique certes mais aussi communautarisme politique, communautarisme médiatique, financier, communautarisme professionnel et même communautarisme amical.

Les règles qui formaient un cadre libérateur sur lequel on pouvait s’appuyer pour avancer ont été remplacées par les normes qui forment un cadre apparemment tout aussi sécurisant mais en fait oppressant où celui qui est hors du cadre est le mal, ce qui empêche de voir le mal en soi-même. La règle menait au bien, la norme définit les limites du bien et voue aux Gémonies tout ce qui lui est extérieur. C’est, venant d’outre Atlantique, le règne de la judiciarisation de tout, c’est le prêt-à-penser que les lois Pleven du 1er juillet 1972 et Gayssot du 13 juillet 1990 ont rendu obligatoire et qu’il est devenu délictueux de discuter. La liberté d’expression n’est plus en France qu’une très belle coquille vide. N’a le droit de s’exprimer que ce qui est dans la norme, que ce qui est décrété normal par décision politique.

Ce phénomène a pris une ampleur démesurée à partir de la deuxième moitié du XXe siècle où l’on a figé le mal à Berlin en 1940 comme les Eglises l’avaient précédemment figé en enfer. Comme tout bon curé menaçait de l’enfer les enfants de tous âges, tout « bon » journaliste accuse de vouloir retourner « aux heures les plus sombres de notre histoire » quiconque à l’audace de penser que le travail, la famille et la patrie sont trois règles fondamentales.  On est passé de la « reductio ad Hitlerum » des années 50 à la « loi » de Godwin qui énonce que toute discussion qui s’éternise fait forcément entrer le nazisme comme mal de référence et repoussoir nécessaire..

C’est la norme étouffante qui crée la radicalisation et qui introduit la violence et l’élimination physique du mal. Et l’on se dirige sans le vouloir vers ce que l’on voulait fuir.

La règle était une ligne de conduite, la norme est un enfermement dans un cadre qui a le droit d’être mensonger puisqu’il n’est pas discutable.

Les intellectuels n’aiment pas plier le genou

Un intellectuel ne devrait-il pas en permanence gérer son grand écart entre les deux nécessités de construire et de douter de ses bases ?

Pour ma part je n’ai plus que deux certitudes pour lesquelles je soigne mes contradicteurs en ne les écoutant que pour les faire changer d’avis. La première est que responsabilité et risque sont les deux facettes d’une même réalité. La seconde est qu’on ne débloque une situation qu’en se remettant en cause soi-même. Pour tout le reste ce ne sont pour moi que des convictions sur lesquelles je construis certes aussi ma vie mais en m’enrichissant de ce que pensent mes contradicteurs.

Le monde aujourd’hui est fondé sur une nouvelle religion matérialiste qui dit que l’homme crée des richesses alors qu’il ne fait que constater que les œuvres de la nature ou des autres hommes sont des richesses quand il s’appauvrit en énergie pour les obtenir.

L’homme a commencé par constater les richesses de la nature par la dépense de son énergie physique au travers de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Sans dépense d’énergie humaine ces richesses naturelles se reproduisaient puis disparaissaient en se décomposant. Puis l’homme s’est mis à produire en agriculteur, en constructeur et en fabricant mais en vérifiant naturellement sans arrêt que sa production était richesse aux yeux des autres et non rebut par le fait que le don qu’il faisait de sa production était appréciée par les contre-dons que lui rendaient tous les autres. La dérive a commencé quand des intellectuels ont appelé sottement cela, le troc.

Lorsque le contre-don a été remplacé par l’argent pour être simultané, rien n’a fondamentalement changé parce que la monnaie était le substitut social de l’énergie humaine, garantie socialement, religieusement et politiquement mais limitée en quantité par le travail humain utile du groupe.

Par flagornerie les intellectuels ont fait croire aux puissants puis aux peuples que la monnaie n’était plus le substitut social de l’énergie humaine mais une marchandise qui pouvait devenir manne divine. L’homme ne constatait plus la richesse par la dépense de son énergie mais il la créait par la fabrication de la monnaie. Nous vivons aujourd’hui dans cette vanité sans avenir que la guerre fera exploser si notre intelligence continue à renoncer à le faire. Cette vanité nous empêche de réaliser que contrairement à la nature qui fait disparaître ses productions non reconnues comme richesses, nous sommes de plus en plus incapables de nous débarrasser de nos déchets et de nos surproductions.

Nous rêvons d’un pays de Cocagne où des robots et des machines produiraient et où les hommes recevraient l’argent pour acheter ces productions. On appelle économie en Occident ce double regard sur la production et la consommation où l’homme ne serait nécessaire que pour consommer. Cette fadaise ne tient que par les mensonges politico-médiatiques qui nous martèlent que nous sommes un pays riche et que la croissance annuelle de cette soi-disant richesse s’appelle le PIB alors que le PIB n’est que le constat chiffré d’une énergie déjà dépensée. Cette énergie dépensée est de moins en moins notre énergie actuelle mais de plus en plus celle du passé aspirée par l’impôt, celle du futur créée par la dette et celles des autres hommes que nous voudrions pomper par une balance commerciale excédentaire.

Aujourd’hui ce sont les autres qui pompent notre énergie par notre balance commerciale déficitaire, l’augmentation des impôts atteint ses limites et c’est donc la dette qui explose. Le FMI vient de dire que la dette mondiale atteignait désormais 152.000 milliards de dollars tout en continuant à comparer cette dette au PIB mondial qu’il continue scandaleusement à présenter comme une création annuelle de richesse. Le FMI s’alarme que la dette mondiale soit de 225% de la création annuelle de richesse alors qu’elle est de 225% de ce que nous avons dépensé en une année. Avec quoi pourrions-nous rembourser la dette ?

Mesdames et Messieurs les intellectuels, continuons-nous à faire le lit de la guerre en regardant ailleurs et en ne nous interrogeant que sur ce qui la déclenchera ou nous mettons-nous enfin au travail ?