Le dogme de la croissance est-il vraiment incontestable ?

A-t-on réfléchi sérieusement à sa véracité ?

La croissance nous est présentée en permanence par les médias, les politiques et les universitaires comme une création de richesse, une vérité d’évidence permanente que chacun constate par l’augmentation du niveau de vie et qui est même chiffrée par le PIB. On nous présente un PIB mondial annuel de plus de 100.000 milliards de dollars, c’est-à-dire plus de 12.000 euros par terrien et par an. La répartition de cette nouvelle richesse affichée, alimente les discussions véhémentes, éternelles et maintenant stériles entre ceux qui se disent de gauche et souhaitent une meilleure répartition, et ceux qui se disent de droite et veulent privilégier ceux qui l’ont produite. Que l’Insee ait enfin reconnu depuis janvier 2021 que le PIB se calcule par la somme des dépenses finales, ne dérange pas grand monde. Ceux qui réfléchissent le plus, s’accrochent à la somme des valeurs ajoutées, autre façon de calculer le PIB. Mais ils négligent le fait que la création de richesse réalisée en effet par l’entreprise pour elle-même, n’existe que par l’appauvrissement du client sans lequel une production ne serait qu’encombrant puis déchet. C’est en effet par l’échange avec une richesse reconnue comme l’argent, qu’une production devient richesse. La richesse n’est définitivement que subjective, qu’un regard dépendant de la civilisation, de l’individu, du lieu et du moment. La sueur est un exemple de production qui n’est pas richesse car non échangeable. L’enfant qui dessine produit une richesse tant qu’elle s’échange avec l’expression physique de l’amour qu’on lui porte mais cette richesse devient déchet dès que cet amour s’exprime différemment.

Il y a pourtant au niveau collectif création de richesse puisque l’argent dépensé perdure et que la production achetée a été reconnue comme une nouvelle richesse chiffrée par son prix. L’argent en circulant estampille comme nouvelle richesse toute production vendue, ce qui explique que l’Insee calcule le PIB, création de richesse, par la somme de toutes les dépenses.

Mais il y a quatre difficultés dans ce chiffrage de la richesse créée par la dépense comme le fait l’Insee. Les trois premières sont la production non marchande, les services et la dépense illégale.

L’Insee définit ainsi la production non marchande :

La production non marchande est constituée de biens et de services individuels ou collectifs produits par les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) ou par les administrations publiques.

Ce qui est moins dit, c’est que la production non marchande est chiffrée par ce qu’elle coûte puisque, n’étant pas vendue, elle ne peut être chiffrée par le regard du bénéficiaire. C’est le cas des routes ou des égouts qui sont en effet des richesses mais c’est aussi le cas de l’ensemble de l’administration  et des associations considérées comme des services qui sont supposés rapporter à la collectivité ce qu’ils coûtent. Nous nous enrichissons donc, d’après l’Insee, chaque fois que nous subventionnons une association, que nous recrutons un fonctionnaire ou que nous l’augmentons. L’état des routes montre bien que l’on fait plus de production non marchande en embauchant des fonctionnaires qu’en réparant des routes.

La répartition française en 2023 a été :

Type de production Valeur ajoutée (en milliards €) Pourcentage
Production marchande 2 178,5 77,2 %
Production non marchande 644 22,8 %
Total 2 822,5 100 %
     

La deuxième difficulté vient des services qui, marchands ou non marchands, sont par définition consommés dès leur production et ne sont donc pas des richesses pérennes. Ils ne sont richesses que s’ils contribuent à l’augmentation de la richesse par d’autres, ce qui est le cas des services à la production. En revanche les services à la personne contribuent au confort qui est loin d’être toujours une aide à la production.

Vient enfin le trafic de stupéfiants et la prostitution qui sont des productions marchandes que l’Union Européenne oblige à comptabiliser dans le PIB. En bon petit soldat européen l’Insee comptabilise comme elle le peut, le trafic de stupéfiant dans le PIB depuis 2018 mais en bon gaulois réfractaire, il refuse d’intégrer la prostitution, celle-ci étant considérée comme souvent contrainte, ce qui pour l’Insee n’est pas le cas des consommateurs addicts aux stupéfiants.

Ces trois premières difficultés sont croissantes par une diffusion nationale du trafic de stupéfiants et par l’augmentation permanente de fonctionnaires et des associations subventionnées pour des services de plus en plus majoritairement à la personne et de moins en moins à la production.

Mais tout cela n’était pas trop grave quand l’argent était limité en quantité par le fait qu’il était garanti par une richesse reconnue comme l’or et que sa rareté en réduisait le gaspillage, même si elle ne l’empêchait pas. Richard Nixon, en ne dévaluant pas le dollar en 1971 comme il aurait dû le faire, et en le déconnectant de toute richesse reconnue ainsi que toutes les monnaies qui lui étaient liées par les accords de Bretton Woods, a fait un strike en faisant tomber d’un coup toutes les quilles qui soutenaient un équilibre déjà fragile. C’est la quatrième difficulté qui elle, est aujourd’hui majeure car sans bornes.

Le résultat est en effet catastrophique. Pendant que les peuples et leurs élus continuent depuis 54 ans à croire que la monnaie vaut quelque chose et qu’elle transforme réellement en nouvelles richesses les productions, les banques commerciales fabriquent de la monnaie quasiment en continu suivant un système à bien comprendre (cliquer pour en voir le détail), système qui fait baisser la valeur réelle de la monnaie et qui fait monter sans fin les prix, les emprunts et la dette mondiale, tant des États que des entreprises et des particuliers. Qui comprend que la plus grosse partie de cette dette mondiale est une dette d’un argent qui n’a été créé ex nihilo que pour être récupéré avec intérêts et en bonne monnaie par le travail des emprunteurs ?

Cette fabrication permanente de fausse monnaie légale fait rentrer les peuples et leurs élus dans un monde imaginaire où des machines payées par le futur, produisent en continu des encombrants transformés en richesses par une monnaie surabondante créée par la dette. Cette  fausse richesse, créée par un travail à trouver demain par on ne sait qui, incite les peuples à se croire riches, à moins travailler, à se croire des intellectuels en allant quasiment tous à l’université qui est ravie d’être prise au sérieux alors qu’elle le mérite de moins en moins, à créer une immigration massive pour faire le travail que ces nouveaux pseudo intellectuels méprisent.  Il ne leur reste qu’à se déchirer dans des combats affligeants entre la droite qui veut conserver cette richesse et la gauche qui veut la distribuer alors qu’elle n’existe pas.

Sans prise de conscience populaire de ce nouvel environnement complètement imaginaire, aucun problème ne peut être sereinement et efficacement abordé. Avoir confié quasiment tous nos problèmes à l’Union Européenne composés principalement de fonctionnaires incompétents, corrompus par les lobbies, bourrés de certitudes et glacés de solitude, laisse nos élus sans vrai pouvoir, les limite à discuter sur la moins mauvaise façon de détruire notre héritage moral, mais c’est surtout une erreur que l’Histoire ne nous pardonnera pas.

3 réflexions sur « 

Le dogme de la croissance est-il vraiment incontestable ?

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 »

  1. L’or, ce spectre qui hante le système monétaire
    Article écrit en 2016
    Depuis un siècle, les élites s’emploient à éradiquer l’or monétaire, aussi bien sur le plan physique qu’idéologique.
    Cela a débuté en 1914, avec l’entrée du Royaume-Uni dans la Première Guerre mondiale. La Banque d’Angleterre a souhaité suspendre la convertibilité des billets de banque en or. Keynes a sagement déconseillé aux banques de le faire. Si l’or était limité, le crédit, lui, était élastique.
    En maintenant cette convertibilité, le Royaume-Uni pouvait maintenir son crédit et financer l’effort de guerre. C’est ce qu’il s’est produit. La banque JP Morgan a accordé des crédits colossaux au Royaume-Uni et aucun à l’Allemagne. Ce financement a été crucial pour le Royaume-Uni, et a soutenu le pays jusqu’à ce que les Etats-Unis renoncent à leur neutralité et fassent pencher la balance des forces militaire en défaveur de l’Allemagne.
    Bien qu’officiellement la livre sterling soit convertible en or, la Banque d’Angleterre a réussi à en décourager la conversion effective.
    Les souverains or (gold sovereigns) ont été retirés de la circulation et transformés en barres d’or de 400 onces. Ce type de barres a restreint la détention d’or aux personnes fortunées et confiné ce dernier aux chambres fortes. Aux Etats-Unis, on a également assisté à une disparition similaire de l’or en tant que monnaie en circulation.
    Des dates marquantes
    En 1933, le président américain Franklin Roosevelt a pris un décret présidentiel prohibant la détention d’or. Légalement, Roosevelt s’est appuyé sur le Trading with Enemy Act (« Loi sur le commerce avec l’ennemi », littéralement) de 1917 pour passer ce décret. Considérant que les Etats-Unis n’étaient pas en guerre en 1933, on suppose que l’ennemi en question était le peuple américain.
    En 1971, le président Richard Nixon a mis fin à la possibilité de convertir des dollars en or dont bénéficiait les partenaires commerciaux des Etats-Unis. Selon Nixon, cette fermeture du guichet de l’or devait être temporaire. Quarante-cinq ans plus tard, ce guichet demeure fermé.
    En 1973, les pays du G7 et le FMI ont démonétisé l’or. Les membres du FMI n’étaient plus tenus de détenir des réserves d’or. Désormais, l’or n’était plus qu’une matière première parmi tant d’autres. Selon l’élite monétaire, l’or était mort et enterré.
    Pourtant, comme le fantôme de Banquo dans Macbeth, la pièce de Shakespeare, l’or s’accroche à son siège, à la table du système monétaire. Les Etats-Unis détiennent 8 133 tonnes d’or. Les membres de la Zone euro et la BCE en détiennent 10 788 tonnes. La Chine a indiqué qu’elle en détenait 1 788 tonnes, mais ses réserves seraient plus proches des 4 000 tonnes, si l’on se base sur des données fiables émanant de Hong Kong et du secteur minier chinois.
    La Russie détient 1 447 tonnes et en achète 200 par an. Le Mexique, le Kazakhstan et le Vietnam, entre autres, ont augmenté leurs réserves d’or, dernièrement. (Dommage que le Royaume-Uni ait vendu plus de la moitié de ses réserves d’or en bradant les prix, entre 1999 et 2002).
    Les banques centrales, après s’être comportées pendant des dizaines d’années en vendeurs nets (elles vendaient plus d’or qu’elles n’en achetaient) sont devenues en 2010 des acheteurs nets : elles achètent désormais plus d’or qu’elles n’en vendent. La foire d’empoigne autour de l’or s’est amorcée.
    Qu’est-ce qui motive ce nouvel engouement pour l’or ?
    Dans certains cas, les banques centrales se constituent une protection contre l’inflation du dollar. La Chine possède des réserves représentant 3 200 milliards de dollars, dont plus de la moitié libellées en dollars : essentiellement en bons du Trésor américain.
    Le billet vert n’a pas de plus grand ami que la Chine car la richesse de cette dernière s’exprime en dollars. Malgré tout, l’inflation menace. La Chine ne peut se débarrasser de ses bons du trésor ; le marché des obligations du trésor est profond, mais pas à ce point.
    Si les ventes de bons du trésor réalisées par la Chine venaient à menacer les intérêts américains, le président des Etats-Unis pourrait geler les comptes chinois en passant un seul coup de téléphone.
    Les Chinois le savent bien. Ils sont coincés avec leurs dollars. Ils craignent à juste titre que les Etats-Unis usent de l’inflation pour se sortir de leur dette colossale de 19 000 milliards de dollars.
    Pour la Chine, la solution est donc d’acheter de l’or. En cas d’inflation du dollar, les bons du trésor détenus par la Chine seront dévalués, mais les cours de l’or en dollar flamberont. Une importante réserve d’or constitue une diversification prudente. Quant à la Russie, ses motifs sont géopolitiques. L’or représente l’arme type du 21ème siècle, en matière de guerre financière.
    Les Etats-Unis contrôlent les systèmes de paiement en dollars et, avec l’aide de leurs alliés européens, peuvent exclure certains adversaires du système de paiement international Swift. L’or est immunisé contre de telles attaques. L’or physique, sous votre garde, ne peut être ni piraté, ni « gommé », ni gelé. Les mouvements d’or offrent à la Russie une solution simple afin de régler ses comptes sans aucune interférence des Etats-Unis.
    Faites ce que les autorités font, pas ce qu’elles disent
    Les pays achètent également de l’or en anticipant un effondrement du système monétaire international. Le système s’est déjà effondré à trois reprises au cours du siècle dernier. A chaque fois, les principales puissances financières se sont réunies pour établir de nouvelles règles.
    Cela s’est produit à Gêne en 1922, à Bretton Woods en 1944 et à la Smithsonian Institution en 1971. Le système monétaire international dispose d’une durée de vie d’environ 30 ans.
    Or il s’est écoulé 30 ans, depuis l’Accord du Louvre (évolution de l’Accord du Smithsonian). Cela ne signifie pas que le système monétaire va s’effondrer demain, mais personne ne devrait être surpris si cela se produisait. La prochaine fois que les puissances financières se réuniront pour réformer le système, personne ne voudra de ce « privilège exorbitant » du dollar.
    Le yuan chinois et le rouble russe ne sont pas de véritables devises de réserve. La monnaie mondiale du FMI, les droits de tirage spéciaux (DTS), ainsi que l’or, représentent les seules références réalistes, dans la perspective d’un nouveau système.
    Certains détracteurs affirment qu’il n’y a pas assez d’or pour soutenir le système financier. C’est absurde. Il y a toujours assez d’or, c’est simplement une question de cours.
    En se basant sur les masses monétaires M1 de la Chine, de la Zone euro et des Etats-Unis, adossées à 40% à l’or, le cours implicite non déflationniste de l’or est de 10 000 $ l’once.
    Moyennant ce cours, un système monétaire stable, adossé à l’or serait soutenable. S’agissant des élites monétaires, observez ce qu’elles font et non ce qu’elles déclarent.
    Alors que les élites dénigrent l’or dès qu’elles en ont l’occasion, elles en achètent et l’amassent, se préparant à ce jour où ce sera l’or qui déterminera la place de chacun autour de la table des réformes du système.
    Il est plus que temps de revendiquer votre place en allouant un compartiment de votre portefeuille à l’or physique.

    • Merci pour ces informations. Pourriez vous me conseiller un ouvrage qui raconte ces épisodes de refondation du système monétaire après l’effondrement du précédent ?

  2. La sagesse des peuples…..la dette
    Parmi les plus grands actes de civilisation il existe une méthode radicale, l’effacement de la dette de l’Egypte des pharaons à Solon le Grec. Le Code d’Hammourabi parlait des « jubilés » où l’on effaçait la dette….à condition de ne pas reprendre les mauvaises habitudes!
    Sur la pierre de Rosette il est également fait mention d’une dette due par le peuple égyptien que le pharaon Ptolémée a effacée .
    « Pour que le fort n’opprime pas le faible, pour faire justice à l’orphelin et à la veuve, à Babylone, la ville dont Anu et Enlil ont élevé le faîte, dans l’Esagil, le temple dont les fondements sont aussi stables que les cieux et la terre, pour porter les jugements concernant le pays, pour prendre les décisions concernant le pays, pour faire justice à l’opprimé, j’ai écrit mes paroles précieuses sur ma stèle et je l’ai dressée devant ma statue de « Roi de justice ». »

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