La propriété

De Proudhon qui disait que « La propriété c’est le vol » à Bastiat qui soutenait dans Propriété et loi que « L’homme naît propriétaire parce qu’il naît avec des besoins (et) avec des facultés dont l’exercice est indispensable à la satisfaction de ces besoins. Les facultés ne sont que le prolongement de la personne; la propriété n’est que le prolongement des facultés » en passant par Montaigne et Pascal qui voyaient la propriété comme un droit coutumier, propriété est un mot que nous utilisons beaucoup sans qu’il soit forcément très clair dans nos têtes. Entre le vol, le prolongement de nos facultés, et un droit coutumier, qu’est-ce que la propriété ?

En fait la propriété est un accord entre l’individu et le groupe. Le groupe reconnait que tel objet, telle terre, telle maison, telle idée, voire même telle personne, appartient à tel individu. C’est cette reconnaissance établie par un titre ou par l’usage (possession vaut titre pour la plupart des objets) qui génère la propriété qui n’existe donc que par sa reconnaissance par le groupe. Du droit romain nous vient aussi un triple niveau de propriété, l’usus qui en autorise l’usage, le fructus qui en donne le fruit et l’abusus qui permet de s’en séparer, l’usufruit étant la somme des deux premiers à l’exclusion du troisième. On ne peut ni céder ni détruire si l’on ne détient pas l’abusus.

La direction du groupe est un problème crucial car c’est elle qui définit les lois de reconnaissance de la propriété, les lois de nationalisations ou de privatisations, les lois de confiscation ou celles de ponction sur la possession des biens et sur leur transmission que ce soit par vente ou par héritage. C’est aussi la direction du groupe qui définit dans le groupe l’usus, le fructus et l’abusus. C’est dire si le mode de détermination de la direction du groupe est déterminant pour connaître la solidité de la propriété.

Habituellement le groupe se confie à des représentants qu’il choisit le moins mal qu’il peut ou à son dieu qui sacralise un roi, un empereur ou un calife. Il peut aussi tout mélanger comme actuellement en Occident où des potentats d’inspiration non divine s’accrochent à leur siège sacralisé, sous prétexte que le peuple leur a fait confiance un certain jour, il y a un certain temps sur des promesses fallacieuses. Le groupe peut enfin être gouverné par la force même si la force se dissimule sous une apparence d’écoute du peuple comme dans une grande partie du monde actuellement.

On voit combien la propriété dépend intimement de la direction du groupe auquel le propriétaire est supposé appartenir. C’est dire combien il serait irresponsable à quiconque voudrait être propriétaire de son bien, de ne pas s’intéresser de près à deux questions fondamentales :

1) A quel groupe est-ce que j’appartiens ? Mon peuple est-il régional, national, continental ou mondial ? Mon groupe ne doit-il pas être suffisamment grand pour avoir une monnaie et suffisamment petit pour que le bon sens y reste un filtre efficace ?

2) Qui dirige le groupe auquel j’appartiens et pourquoi ? Acheter l’affect du peuple par des campagnes électorales extrêmement coûteuses avec de l’argent d’origine aussi variée que douteuse, est-il vraiment le nec plus ultra ?

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