De la Terre à la planète

Les médias, propriété de la finance, ont rayé la Terre de leur vocabulaire en la remplaçant par la planète, en lui faisant perdre sa majuscule et en passant subrepticement du respect des réalités au plaisir de l’illusion. Les civilisations se réduisent à une seule appelée péremptoirement la civilisation et le mondialisme enfante un nouveau colonialisme fabriquant un monde de villes clonées les unes sur les autres, dominantes, improductives et consommatrices, ne vivant que sur la dette que l’on relativise scandaleusement en la présentant toujours en pourcentage du PIB, lui-même présenté tout aussi scandaleusement comme une ressource annuelle alors qu’il n’est qu’une dépense annuelle.

Tout remboursement de dette n’est qu’appauvrissement de quelqu’un ou montée d’une nouvelle dette. Comme l’électoralisme interdit d’accepter l’idée de s’appauvrir pour enrichir les nouveaux aristocrates auto-proclamés, la dette ne peut donc que monter. Elle ne sera évidemment jamais remboursée puisqu’aucune richesse n’est créée mais les intérêts à payer grimpent régulièrement pour faire payer aux peuples le bien-être de certains.

Quelqu’un verrait-il une autre issue que la violence à cette imbécillité suicidaire si bien huilée que les politiques de tous bords ne veulent pas l’affronter tellement elle leur fait peur ?

Tant que l’on acceptera de croire à la création de richesse qui donne un soupçon d’apparence au remboursement de la dette sans asservissement général, nous ne ferons que nous rapprocher par une lâcheté criminelle, d’une explosion qui tuera nos enfants.

Ce billet se veut très court pour permettre un échange qui, s’il ne se fait pas, posera la question de l’intérêt de ce site et de son maintien.

22 réflexions sur « De la Terre à la planète »

  1. La question de l’intérêt de ce site et de son maintien?

    L’intérêt de ce site? Celui de remettre à l’endroit ce que l’on nous a appris à voir à l’envers et plus encore ce combat essentiel consistant à vouloir remettre la philosophie au centre de la politique, de l’économie et de l’éducation.

    Comme l’ écrit Edouard Peisson, ultimes phrases de son livre testament « Grampus »
    – Maintenant qui suis-je?
    – Tu as le visage meurtri, couturé d’un Stjin qui sa vie durant s’est battu avec Grampus.
    – Qui a gagné?
    – Tu n’as pas été vaincu puisque tu continues à te battre

    Voilà pourquoi il vous faut maintenir ce site… dont je fais suivre les articles à mes correspondants.

    • Je vous remercie d’entamer le dialogue.

      Ma lassitude vient du fait que je suis un peu suivi et beaucoup ignoré mais quasiment jamais combattu. Or seul le combat permet de comparer les arguments.

      J’essaie de simplifier les questions mais je ne récolte jamais que félicitations ou silence sans que jamais la confusion entre production et richesse, l’idée désastreuse de création de richesse, ne soit défendue autrement que par une soi-disant évidence ou un haussement d’épaules.

      Tant que nous croirons à la création de richesses ex nihilo nous n’aurons même plus besoin de chercher à donner un sens à nos vies. Or la vie n’est qu’échange, c’est le « donner recevoir rendre » de Marcel Mauss qui réduit la compétition à une pétition commune.

  2. Comme « l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse » chacun est submergé par les enclumes médiatisées, d’un débordement de rivière à l’autre bout du monde, à Trump qui se voit dans Sart Wars ! Pendant ce temps, les réseaux s’irriguent d’informations retransmises chaque jour… Alors ne pas passer au 20h de TF1 est un signe de refus du bon sens qui ne doit pas déranger.
    Aussi, merci infiniment Marc de continuer à travailler sous tous les axes possibles ces sujets fondamentaux. Comme l’avait dit Confucius, en répondant à un de ses apprentis qui lui demandait ; « Maître, si vous aviez tous les pouvoirs, quelle serait votre première décision ? » Il répondit: « je donnerais leur vrai sens aux mots ! » Et il précise même : “Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté.”
    Nous sommes très nombreux (le chiffre doit rester confidentielle afin de ne pas « déranger ») à lire tes articles et à nous les passer. Et puis la campagne des européennes de mai 2019 arrive, ce sera un espace d’échange sur ces sujets fondamentaux pour aller chercher les abstentionnistes et les non inscrits !

    • Comme toujours ton commentaire est très gentil mais ce qui m’aiderait vraiment ce serait d’aller glaner les arguments des libéraux comme des socialistes qui ne s’affrontent que sur l’utilisation des richesses créées.

      Non pas leurs arguments très bien rodés sur leur combat totalement stérile, mais leurs arguments sur la création de richesse. « Sans croissance on ne peut rien faire » a été répété à l’envi aussi bien à droite qu’à gauche pendant des décennies. La parole de Mélenchon serait intéressante s’il ne fondait tout sur la folie que la France n’a jamais été aussi riche. Celle du Front National pourrait être entendue s’il n’affirmait pas pouvoir rembourser la dette. Quant au marais qui les sépare artificiellement, il n’est que parcours d’ambitions personnelles totalement aveugles et impuissantes mais admirablement médiatisées.

      Qui peut formuler les arguments, insidieusement rentrés dans les esprits, que la croissance qui n’est techniquement qu’augmentation des dépenses, peut être à elle seule source de plénitude et de bonheur ?

  3. « Ma lassitude vient du fait que je suis un peu suivi et beaucoup ignoré mais quasiment jamais combattu. Or seul le combat permet de comparer les arguments ».

    J’aurai quelque mal à vous combattre puisque soit je suis en accord avec vous soit (sur la question de la monnaie par exemple) je n’ai pas la compétence pour opposer des argument mais vous vous trompez pourtant sur un point. En effet vous êtes combattu à chaque instant par les économistes, les « experts », les politiques et les bien-pensants, qu’ils vous connaissent ou pas, en nous vendant à nous ex-citoyens devenus consommateurs, la doxa du développement, de la dette, du PIB, etc… Les idées, en l’occurrence les vôtres, c’est comme les semis, on les répand avec l’espoir ou même avec la certitude que certaines d’entre elles vont germer, croître et finalement être prises en considération.
    Un proche de JL M m’a fait un commentaire sur votre dernier article: « très juste »

    Pour votre éventuelle information, le « donner recevoir rendre » de Marcel Mauss  » est repris par l’église catholique depuis plusieurs années ce que je sais parce que, amateur de belle architecture – je n’ai pas de religion – je ne rate jamais une occasion d’entrer dans un lieu de culte et d’y voir l’affiche reprenant la trilogie de Mauss.

    • Heu, écrire:
      le « donner recevoir rendre » de Marcel Mauss » est repris par l’église catholique depuis plusieurs années

      n’a que deux millénaires de retard, c’est ce sur quoi toute la théologie de la Trinité est basée.

      Cela étant, si Mauss peut aider à faire passer cette idée de « transmission gratuite » fondamentalement Christique, pourquoi pas

  4. Non Marc ne te décourage pas il va être nécessaire de propager une parole claire contre les idées reçues et le politiquement correct. Il sera temps de penser à se doter d’un journal ( un canard déchaîné ) pour briser un grand nombre de carcans.
    La décomposition du paysage politique et sa probable recomposition rendront nécessaire d’avoir un amplificateur à la hauteur des enjeux qui pourra réveiller les endormis et tous ceux qui espèrent un grand élan national n’en déplaise à ceux qui pensent que cela est un gros mot !

    • J’attends pourtant que quelqu’un vienne défendre l’idée que nous créons des richesses puisque tout est fondé là-dessus et que cette erreur est la base de tous nos soucis car elle finance toutes nos lâchetés sans exception.

      J’ai droit aux silences et aux regards méprisants. Au mieux on va me répéter que ce que je dis est « inaudible ».

      Comme les médias ont reçu mission par leurs propriétaires de diffuser le mensonge en utilisant la médiocrité de leur personnel, par quels réseaux peut-on remettre les idées en place ?

      • C’est sans doute sur le concept de richesses que nous avons le plus de mal à correspondre, mais dire que le PIB est la somme des dépenses me semble être une porte d’entrée.
        Courage mon cher Marc.

        • Une richesse est un regard posé sur une production par l’échange que l’on en fait avec de la monnaie. Comment différencier autrement du lait d’une bouse de vache ? Une richesse se constate par son échange, elle ne se crée pas ex nihilo.

          Depuis que tu m’as rejoint sur le fait que le PIB n’est que la somme de toutes nos dépenses et que tu sais que l’économie n’est qu’échange, il ne te reste qu’un tout petit pas à faire (certes énorme par ses conséquences !) pour dire avec moi que la création de richesses n’existe pas et que seules les manipulations monétaires le font croire. Cela m’aiderait qu’un professeur émérite à HEC le dise avec moi.

      • Bonjour Marc,
        En faisant part de vos idées sur des groupes facebook spécialisés sur l’économie, vous obtiendrez assurément de la critique. J’imagine que la quasi totalité de cette critique sera fort désagréable car complètement aveugle et intolérante mais elle aura l’avantage de vous obliger à trouver des mots pour convaincre. Avec un peu de chance, vous obtiendrez quelques critiques plus éclairées et plus tolérantes.
        Vous connaissez aussi Linkedin. Vous pouvez y publier des articles et tous les lecteurs de ce blog pourront relayer vos articles et les diffuser ainsi très largement. Je viens de vous envoyer une demande de mise en relation sur Linkedin.

        • C’est une excellent idée mais je suis nul dans les réseaux sociaux. J’accepte bien évidemment votre demande de relation et suis prêt à suivre les bonnes indications.

          J’ai un compte facebook dont je ne me suis jamais servi. Quelqu’un connaîtrait-il un « groupe facebook » intéressé par l’économie ?

  5. Cher Marc, presque tout est dit dans:
    « dette que l’on relativise scandaleusement en la présentant toujours en pourcentage du PIB, lui-même présenté tout aussi scandaleusement comme une ressource annuelle alors qu’il n’est qu’une dépense annuelle », oui, une dépense. C’est cela que l’on doit marteler, et marteler encore. Mais, au delà, que dire, que faire. Dire qu’il y a des dépenses utiles, comme l’entretien d’un pont, et des dépenses inutiles (comme s’arranger pour une obsolescence rapide des smartphones ou autres gadgets électroniques), que les dépenses qui ont des externalités négatives (diminution des recherches fossiles ou augmentation de la pollution) devraient être combattues.
    Mais quel est le politique qui peut entendre cela? N’est pas Proudhon qui veut

    • Mais même les dépenses utiles ont besoin de monnaie et le circuit travail production monnaie est beaucoup trop négligé. Toute personne doit être mise à contribution quelles que soient ses capacités. Laisser la distribution du travail aux entreprises et à l’administration est totalement insuffisant. Il faut appliquer notre constitution qui rappelle dans son préambule que tout citoyen a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi.

  6. Voilà le message que je viens de laisser sur twitter (en 280 lettres)

    Economie. Et si l’on faisait fausse route. C’est ce que soutiens mon ami, ancien élève d’HEC et adepte de Marcel Mauss sur http://www.surlasociete.com/de-la-terre-a-la-planete/ En partant du fait que le PIB est une somme de dépenses il revisite le circuit travail production monnaie @OBerruyer @MartialBild

    • autre tweet à propos des dettes et d’un tweet de Valérie Boyer

      N’oublions pas non plus les dettes hors-bilan, dont les « provisions » pour payer les retraites des fonctionnaires. Mais chut! Pour aller plus loin dans la compréhension http://www.surlasociete.com/ montre que la dette ne pourra jamais être remboursée à horizon humain @MartialBild

  7. Mon dernier tweet (sans réponse pour le moment, en dépit de mes 3000 « followers »). Je ne peux pas vraiment en faire beaucoup plus, on verra bien.

    Logique implacable
    1.Tout remboursement de dette n’est qu’appauvrissement de quelqu’un ou montée d’une nouvelle dette
    2.Le PIB mesure les dépenses annuelles
    3.La dette est mesurée °/ PIB
    « Donc » augmentons les dépenses
    http://www.surlasociete.com/
    Gribouille est là!

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