Responsabilité et risque sont deux facettes d’une même réalité

En ces temps de surinformation contradictoire, écrire sur le sujet du jour devient dérisoire. Comme à chaque fois que des informations contraires sont plausibles ou même avérées, seul un changement de niveau permet d’avancer dans cette obscure clarté.

De même que la vie et la mort n’existent pas l’une sans l’autre, de même la responsabilité et le risque sont par nature liés. Si la vie et la mort s’excluent l’une l’autre pour exister, la responsabilité et le risque ne cohabitent harmonieusement que si on ne les sépare pas. Par facilité nous aimons pourtant occulter les deux difficultés qui nous bousculent trop par leur évidence : la mort fait partie de la vie et il n’existe pas de responsabilité sans risque ou de risque sans responsable.

Depuis que les Anglo-Saxons dominent le monde avec notre consentement et la complicité de certains, ils tentent, sans aucune chance de succès, d’imposer une organisation sociale fondée sur une double erreur.

La première est la prétendue démocratie qui infantilise en prétendant responsabiliser. La seconde est la fausse monnaie légale, éparpillée et accueillie avec la langue anglaise sur toute la Terre dans l’indifférence générale. Sur ces deux erreurs nous croyons nous être payé une société où les machines font le travail et où les hommes ne sont là que pour jouir, consommer et prolonger leur survie en renonçant à vivre. Consommer et renoncer à vivre pour gagner un peu de survie devient en effet une obligation imposée par une fausse élite qui n’existe que par notre faiblesse à croire possible ce pays de Cocagne dont le bonheur est absent. Nous avons complètement oublié qu’interdire la mise en danger de la survie d’autrui comme nous le faisons chaque jour davantage avec le principe de précaution, c’est interdire de vivre et forcer à se contenter du plaisir en rendant le bonheur inaccessible.

Pour en arriver à se laisser séduire par ce pays de Cocagne imaginaire, cette utopie impossible, nous nous nous sommes laissés détourner de la démocratie, nous avons utilisé l’énergie de la fausse monnaie légale et nous avons subi le matraquage irresponsable des médias.

La démocratie est l’organisation sociale où le peuple responsable assume individuellement et collectivement les risques de ses décisions. Son détournement a consisté à faire croire que l’on peut dissocier responsabilité et risque en s’appuyant alternativement, discrètement sur le « principe comptable » qui n’est que l’obligation du réel, et  bruyamment sur le « principe de précaution » qui est de sacrifier la vie de tous au profit de la survie de certains.

D’après le principe de précaution il faut infantiliser, d’après le principe comptable il faut responsabiliser. La fausse démocratie fait la danse du ventre pour tenter « en même temps » d’infantiliser et de responsabiliser. Pour cela elle abandonne le peuple pour flatter la foule en sacralisant l’injustifiable « un homme, une voix » qui oublie le trépied de la responsabilité qui est l’indépendance, la connaissance du risque et l’acceptation des conséquences. Seules les opinions fondées sur ces trois critères sont dignes d’intérêt mais ce ne sont pas du tout celles que la démocratie détournée recueille. L’affect de la foule qui n’est ni indépendante, ni consciente de son risque, ni prête à assumer les conséquences de ses actes, donne les lynchages, les pogroms et ce que les médias et les Politiques appellent la démocratie voire la République avec un R majuscule aussi révérencieux qu’inexpliqué. Nous sommes bien loin de Jean Bodin qui expliquait au XVIe siècle dans « Les six livres de la république » que monarchie, aristocratie et démocratie étaient les différentes formes de république, la chose publique en latin. Nous assistons aujourd’hui à des campagnes électorales uniquement émotionnelles nourries par la fausse monnaie. Entre deux campagnes, le peuple et ses élus se séparent. Le peuple est confronté à la réalité qu’il doit affronter, et les élus sont empêtrés entre assumer leurs promesses électorales la plupart du temps incohérentes et préparer la campagne suivante qui est leur seul chance de conserver la considération de la foule en restant totalement inutiles.

Cette tartufferie généralisée ne serait pas possible sans les médias qui prennent le pouls de la foule et veillent à ce qu’elle ne redevienne surtout pas un peuple. Elle serait aussi impossible sans la fausse monnaie légale qui permet de reporter tous les problèmes. La capacité anesthésiante de la fausse monnaie est fabuleuse et elle recule la prise de conscience en aggravant tous les problèmes, ce qui sépare encore davantage les dirigeants de leurs peuples.

La fausse monnaie légale dispense les Politiques d’affronter l’opposition entre le principe comptable et le principe de précaution. Elle leur permet de se servir de la bêtise de la foule entretenue par les médias pour se moquer du peuple et s’éloigner toujours davantage de la démocratie.

Pour ne prendre que l’exemple caricatural actuel de Macron et de ses affidés, il est sans doute difficile de faire pire. Il fait exactement le contraire de ce qu’ont fait les gouvernants pendant l’épidémie de 1957 qui a fait beaucoup de morts et dont personne ne se souvient tellement cette épidémie a été gérée normalement sans que les Poltiques ne se poussent eux-mêmes. C’est la suppression de 20.000 lits d’hôpitaux qui existaient et l’arrêt de l’entretien d’un stock de masques vraiment protecteurs qui existait aussi, le tout aux époques Sarkozy et Hollande, ce dernier conseillé par Macron, qui ont rendu impossible de se protéger intelligemment de ce nouveau coronavirus comme l’a fait la Corée du sud qui sort de l’épidémie tranquillement et sans enfermer son peuple. Il est vrai à la décharge des Politiques que ces erreurs ont été commises en suivant les injonctions de la Commission de l’Union européenne qui, ne dépendant pas du vote de la foule, peut s’accrocher au principe comptable sans comprendre que ses conseils sont incohérents puisqu’ils s’appuient aussi sur le principe de précaution qui lui est incompatible. Mais comme cette Commission n’est composée que de Politiques la plupart du temps remerciés par leurs électeurs, l’admiration de leurs nombrils leur suffit pour être sûrs de ne pas se tromper.

Macron, fabriqué en apparence par le réalisme du principe comptable, tente de survivre politiquement en s’engouffrant dans le principe de précaution qui n’avait jamais été nulle part décisionnaire devant une épidémie. Il a décidé d’enfermer le peuple et de prendre à sa charge le coût de cet enfermement. « L’État paiera », « quoi qu’il en coûte » a-t-il osé dire en semblant oublier qu’il ne peut payer qu’avec l’argent que son peuple gagne en travaillant. C’est évidemment une promesse d’ivrogne car empêcher les gens de travailler et vouloir tout résoudre avec le fruit de leur travail, démontre un dérèglement mental au moins provisoire. En fait il compte sur la fausse monnaie pour dissimuler à la foule son incompétence et il créera un impôt exceptionnel pour freiner un peu la montée de la dette. Toute sa stratégie empreinte de son humilité coutumière est de vaincre la mort avec de la fausse monnaie et de monopoliser le petit écran pour nous dire combien il est utile et efficace. Sa prétention d’adolescent attardé et content de lui devient difficilement supportable.

Ce virus couronné est venu tout de même heureusement éclairer la nullité de nos fausses élites, leur mesquinerie et leur incapacité à être ce qu’elles voudraient que nous croyions qu’elles soient. Les cloches sonnent et le peuple applaudit les Soignants qui tentent de réparer les bêtises des Politiques qui ne se rendent même pas compte qu’ils devraient au moins se faire tout petit.

6 réflexions sur « Responsabilité et risque sont deux facettes d’une même réalité »

  1. En principe l’état doit se mettre au service de la nation ,mais c’est à l’inverse que nous assistons depuis de nombreuses années .
    Pour illustrer la veulerie et la bêtise des hommes qui ne s’engagent en politique ,que pour SE servir et non pour servir , je vais vous raconter une anecdote
    Dans une petite commune nous avions fait une liste plutôt à droite ,pour contrer une liste de gauche qui gouvernait la commune depuis une vingtaine d’années.
    Nous nous somme réunis pour élaborer notre programme ,et là à ma grande surprise (c’était la première fois que je participais ) ,la première chose que mes colistiers on commencé à faire ,c’était de déblatérer sur presque tous les membres de la liste sortante et de vouloir le mettre sur notre programme .
    Je m’y suis opposé avec quelques autres ,et il fut décidé de faire venir le député de droite de notre circonscription pour nous aider à élaborer notre profession de foi.
    Ce député vint et nous dit :  » Ne dites pas de mal de vos adversaires ,RESTEZ VAGUE RESTEZ FLOU ,ne promettez rien que vous ne puissiez tenir » et tout le reste de ses conseils fut de même nature .
    Il n’y avait en fait dans ses propos aucun programme de gouvernance à DROITE pour une commune ,la seule chose à faire était de prendre le pouvoir en ne déplaisant à personne .
    Notre prise de pouvoir à droite aurait en fait aidé à sa prochaine réélection ,ces gens là n’ont aucun programme, ils n’ont que des slogans passe partout :union ,paix ,progrès ,bien être ,vivre ensemble ,accueil de l’autre,écoute etc.
    TOUT EST VAGUE TOUT EST FLOU ,mais quand on est élu ça paye bien !!!

  2. La publication de Marc Dugois est d’un intérêt majeur, d’une originalité de pensée aboutie et d’une clarté troublante, tant il est vrai que certaines clartés sont si violentes dans leur véracité qu’elles en viennent à brouiller notre perception mentale trop habituée quotidiennement au ronron confortable de la « bien-pensance » sociétale. De plus, son essai est doté d’une expression française parfaite : « Merci, l’ami ! Je croyais que la France avait définitivement perdu sa langue, depuis que l’Académie Française a accepté les féminins en « -eure » pour « docteure », en « -effe » pour « cheffe » ou en « -ière » pour « pompière », etc. ! »… Ouf, ça fait du bien. Sur le fond, l’analyse de l’auteur sur la tartufferie de la démocratie et de ses dérives justifiées par la seule nécessité de la ré-élection – badigeonnage au ripolin aguicheur des promesses de campagne, mensonge permanent devenu une Bible -, procède d’une vision philosophique que Platon n’eût point reniée ; l’idée que « la vie et la mort n’existent pas l’une sans l’autre » et que « la responsabilité et le risque sont par nature liés » est d’une justesse confondante prenant racine dans une conception humaniste issue des siècles des Cathédrales, où la notion de « groupe » n’existe que par la notion première d’ « individu » – le groupe étant une addition d’individus libres -. À vrai dire, cette synthèse de Marc Dugois est une main émergente sortie du flot opaque du charivari quotidien de l’information déformante. Merci à lui pour ce souffle, un souffle dont la plus percutante puissance est celle du « courage de dire », ce courage qui aujourd’hui n’habite plus personne parce que la « peur au ventre » est devenue la qualité première requise pour être promu « Chevalier de la Légion d’Honneur ». Il y a parfois, en France, des noms qui transcendent l’incongruité du réel ; retenons celui-là ; ça commence par un « D » majuscule, comme « Devenir » ou le « Doigt » de Dieu de Michel-Ange au plafond de la Chapelle Sixtine.

  3. Bonjour Mr Dugois
    merci pour ces éléments didactiques et explicatifs
    Ils nous permettent de retrouver courage, clarté et profondeur pour vivre.
    La partie va se jouer dans la rééducation du peuple francais et ce par la réapropriation des moyens pour le faire.
    Votre analyse doit être mise en avant afin d’amener nos « étudiants » à y réfléchir.
    Merci sincèrement.

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