La victoire du diable

Le titre peut surprendre si l’on ne connaît pas bien ce qu’est le diable. C’est celui qui divise, qui rompt les harmonies, toujours par ruse. Il s’en délecte et récompense ceux qui y contribuent avant de les laisser croupir dans leur malheur.

Prenons l’exemple d’un restaurant qui veut servir un maximum de gens au prix le plus bas et qui s’organise pour cela. Il est donc attractif, efficace et prospère. Le diable va à la fois flatter ce restaurant pour sa réussite, son dynamisme et son altruisme, tout en donnant au contenu des poubelles, l’apparence de victuailles fraiches  et en les mélangeant à ce qui arrive du marché. Jour après jour, sans que personne ne s’en aperçoive, il ajoutera aux achats du jour, le contenu des poubelles du quartier sans que personne n’en prenne conscience tellement l’illusion diabolique est parfaite. Chacun peut imaginer, sans même les détailler, les conséquences multiples et désastreuses pour le propriétaire, le gérant, le personnel de cuisine, celui en salle, les fournisseurs et les clients. Mensonges, disputes, certitudes, accusations, justifications, incompréhension, rancœur, voire haine, puis dans la foulée, obligations, interdictions, normes, contrôles, plaintes et enfin idéologies diverses et variées pour essayer de rassembler et d’unir tout le monde à nouveau. Bien évidemment rien ne marche et rien ne peut marcher puisque la cause n’est non seulement pas affrontée mais elle n’est même pas remarquée. Pendant que le diable rit, chacun ne se focalise que sur l’une quelconque des innombrables conséquences, en louchant dessus et en y perdant son énergie, son temps et ceux des autres.

Chacun aura reconnu la société occidentale actuelle qui ne survit que par une accumulation permanente de nouvelles interdictions, de nouvelles obligations, de nouvelles normes et de nouvelles gens qui créent et vérifient l’emprisonnement du peuple au nom de la liberté et son renoncement à lui-même au nom de l’égalité et de la fraternité.

Mais qu’a donc fait le diable pour réussir cette horreur présentée comme le progrès avec interdiction de regarder en arrière sous peine d’être traité publiquement de « rance »  de « ringard » ou d’« extrême droite » ? Il lui a fallu additionner le bon et le mauvais mais « en même temps » convaincre tout le monde que tout était bon. Ce travail a été confié à l’INSEE qui, le 28 janvier 2021, a continué à écrire que le PIB mesurait « la richesse créée par tous les agents, privés et publics » tout en reconnaissant enfin qu’il est calculé par « la somme de toutes les dépenses finales » qu’elles soient de consommation ou d’investissement. La valeur ajoutée d’une entreprise n’est que la dépense du client amputée de la dépense de l’entreprise. Il est vrai que la dépense chiffrait autrefois la richesse lorsque la monnaie était en or. Le possesseur d’une pièce d’or avait avec cette pièce, une sorte de créance sur n’importe qui, l’or étant une richesse universellement reconnue et donc universellement désirée.

Mais qui a remarqué que tout a changé depuis que l’on a inventé le prêt sur richesse future alors que l’humanité n’avait connu que le prêt sur gage, sur richesse antérieurement reconnue et déposée en garantie ? Le prêt sur gage n’était qu’un échange, le prêt sur richesse future est une création de fausse monnaie légale émise par la banque dans le but d’être détruite une fois remboursée et les intérêts empochés. Le diable récompense par les intérêts en vraie monnaie, le faux monnayeur, malheureusement légal, qui prête sa fausse-monnaie avant de la détruire. C’est la monnaie-dette inventée au XXe siècle qui, pendant son existence, fausse absolument tout. Et dès qu’elle est détruite, on en crée une nouvelle plus importante. La monnaie reste pour tout un chacun une créance comme l’est le salaire ou la pièce d’or qui véhiculent l’énergie qu’il a fallu dépenser pour les obtenir. Mais vient se rajouter la monnaie-dette apparemment identique mais qui est son exact contraire puisque c’est une dette vis-à-vis de la banque. Personne ne peut distinguer les deux monnaies et nous continuons à croire que la monnaie est une créance, une sorte de pièce d’or et que nous sommes donc riches. Nous transformons des productions en richesses en les achetant avec une fausse monnaie que les banques jurent détruire dès qu’elles l’auront récupérée. Le génie du diable avec la ruse et la discrétion qui le caractérisent, est de nous avoir fait additionner dans le PIB les dépenses faites avec de la bonne monnaie créance et les dépenses faites avec de la fausse monnaie dette. Nous additionnons dans le PIB de moins en moins de créances et de plus en plus de dettes et nous continuons à appeler le tout un chiffrage de création de richesse dans laquelle nous croyons pouvoir puiser. Nous consommons aujourd’hui l’énergie humaine de demain sans même nous rendre compte des conséquences dramatiques inéluctables. Nous sommes très fiers de notre restaurant qui achète de moins en moins de produits frais tellement il collectionne inconsciemment les poubelles du quartier. Comment ne pas admirer la puissance du diable, ne pas regretter la faiblesse de nos esprits et ne pas pleurer sur les innombrables conséquences en tous domaines de notre aveuglement collectif qui nous met heureusement tout de même très mal à l’aise ?

Pour réussir ce coup magistral gagnant, le diable a réussi à nous subjuguer par une communication uniforme et mondiale, tout en nous faisant négliger la réflexion et l’action. On attribue à Goebbels parce qu’elle est diaboliquement vraie, la phrase « un mensonge mille fois répétés devient une vérité ». Les médias appliquent à la lettre cette maxime et, l’action et la réflexion étant noyées dans la communication, les peuples ne réagissent pas, ou plus … ou pas encore espérons-le.

C’est dans l’espoir d’une réaction bienvenue, qu’il faut combattre les deux mythes bien établis du développement et de la création de richesse, rassemblés dans la croissance économique, corne d’abondance inexistante mais prétendument nourricière. Tous les problèmes pourront enfin être affrontés une fois sortis de notre faux nirvana, et ce sera au peuple, une fois correctement informé, qu’il appartiendra de supprimer la fausse monnaie en ne la faisant rembourser, quand elle est en circulation, qu’à la collectivité qui se chargera de la détruire. Le peuple fera les choix difficiles de ce que nous ne paierons plus par arrêt de la création de fausse monnaie.

Pour faire réfléchir sur le développement, il suffit de rappeler que la racine latine du développement est d’enlever le voile et qu’enlever le voile en grec se dit apocalypse. Le développement est depuis toujours l’apocalypse. Le développement est mis dans le camp du bien et l’apocalypse dans le camp du mal alors que c’est la même chose. C’est comme distinguer et discriminer, résistant et terroriste ou fact-checking et négationnisme. Ce sont les nouveaux prêtres des médias qui décident si c’est bien ou mal en choisissant leur vocabulaire. Le peuple n’a le droit que de réagir émotivement et doit renoncer à réfléchir.

Pour la création de richesse, il faut se souvenir que seul Dieu crée, les hommes ne savent que produire, c’est-à-dire transformer. La production est le fruit de la Terre et du travail des hommes. Pour être vue comme une richesse, la production doit être achetée donc échangée contre de l’argent. La création bancaire de fausse monnaie légale donne l’illusion d’une création de richesse alors qu’elle n’est que création de dette.

Le plus grave et ce qui est le plus diabolique est l’utilisation de cette corne d’abondance inexistante pour tout éluder et ne pas affronter les problèmes fondamentaux de la vie qui sont la mort et la perpétuation de l’espèce par l’organisation sociale. Payer avec de la fausse monnaie pour croire à son efficacité, se donner bonne conscience et ne rien affronter, devient malheureusement notre mode de vie.

Le diable a-t-il définitivement gagné ? Tant que nous ne réagissons pas, oui.

La prise de conscience, totalement refoulée actuellement, que le PIB ne chiffre pas une valeur ajoutée comme cela est seriné partout, mais seulement une valeur échangée avec le client sans aucun ajout objectif de valeur, permettra enfin d’affronter les problèmes avec une chance de les résoudre. Ils sont en effet aujourd’hui tous totalement occultés et mis sous le tapis par la fausse monnaie qui tombe si facilement pour certains de la corne d’abondance.

L’arrêt de cette corne d’abondance, seule façon de vaincre le diable, arrêterait d’un coup la fausse monnaie légale bancaire, les subventions qui ne sont qu’achat d’électeurs, les minima sociaux sans contrepartie, les budgets déficitaires, les surestimations immobilières et la caste surpayée des hauts fonctionnaires, aristocratie actuelle, inutile et décadente. La vie redeviendrait échange. Mais, mis en face de notre réalité, nous aurions à nouveau besoin d’une spiritualité collective et du respect de la constitution qui dit que le travail est certes un devoir mais aussi un droit, ce qui est complètement oublié. Des ateliers nationaux devraient en même temps être recréés pour que toute personne désirant s’intégrer, trouve dans la journée un travail rémunéré. La priorité en tous domaines aux nationaux serait aussi une évidence retrouvée qui intégrerait les immigrés intégrables et constaterait simplement le départ des autres. Cela nous ferait évidemment sortir de tous les machins internationaux couteux, inutiles et corrompus par la corne d’abondance. Nous retrouverions une monnaie liée à l’or. Sans tout cela, l’arrêt de la corne d’abondance ne serait qu’un remplacement de cauchemar par un autre cauchemar. En revanche, La France pourrait redevenir, de par sa culture et en sauvant notre civilisation, un phare pour les innombrables cherchants des BRICS et une défaite cinglante du diable qui n’aurait plus comme alliés que les restes politiques actuels qu’il pourrait toujours refiler aux restaurants voisins. Ces restes ont d’ailleurs déjà pris l’apparence d’une marchandise fraiche.

2 réflexions sur « La victoire du diable »

  1. Dans la vidéo de Public Sénat,  » ENA, pourquoi tant de haine », Giscard, à la minute 23.55 parle, doctement, de PNB en 1975.
    La mystification est lancée !

    Merci pour vos textes, toujours pertinents.

  2. Bonjour Marc, si je devais retenir une expression ce serait: « ne confondons pas échanges et dépenses », m^me si je crois qu’une monnaie systématiquement associée à une veritable production (utile) n’est pas une erreur.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *