Platon nous avait pourtant alertés avec son allégorie de la caverne


Il est troublant de vivre aujourd’hui ce que Platon a décrit il y a 2400 ans dans son allégorie de la caverne. Nous nous querellons, nous nous agitons, nous dépensons un temps précieux pour savoir comment bien réagir à ce que nous percevons de la situation difficile actuelle. Nous cherchons à résoudre des problèmes inexistants tout en refusant de voir ceux qui nous accablent vraiment. C’est ce que Platon explique par l’allégorie de la caverne.

Un dessin trouvé sur internet et discrètement signé IG détaille fort bien l’allégorie de la caverne.

Des hommes enchaînés aux jambes et au cou, croient voir la réalité alors que c’est une lumière artificielle qui leur projette ce qu’ils doivent croire. L’un d’entre eux s’échappe et a du mal à voir la réalité tellement la lumière réelle est éblouissante pour lui. Le dessin n’explique pas que dans l’allégorie il revient tenter de libérer ses codétenus qui le tuent pour ne pas remettre en question leurs certitudes.

Les trois points clés de la caverne sont la fausse lumière qui dispense une fausse vérité, les chaînes qui empêchent de regarder sous un autre angle et qui poussent à prendre pour réel ce qui n’est qu’habitude tout en rendant primordiale cette fausse vérité, et enfin l’origine de cette fausse vérité que l’on doit avaler. Toute discussion et toute réflexion fondées sur une réalité qui n’en est pas une, est pourtant sans intérêt si ce n’est dans l’esprit des détenus. Platon l’explique : « Ils se décernaient entre eux louanges et honneurs, ils avaient des récompenses pour celui qui saisissait de l’œil le plus vif le passage des ombres, qui se rappelait le mieux celles qui avaient coutume de venir les premières ou les dernières, ou de marcher ensemble, et qui par là était le plus habile à deviner leur apparition. » N’est-ce pas là une description réaliste de notre société qui se contente de batailles idéologiques sur des sujets secondaires présentés comme importants, sans réaliser que nous avons quitté le domaine du réel ? Pour Platon son allégorie s’appliquait à la Grèce. Mais avec le formidable essor au XXe siècle de la communication qui submerge presque partout, et surtout en Occident, l’action et la réflexion, l’allégorie s’applique maintenant à quasiment l’ensemble de la Terre avec une même fausse lumière et des chaines nouvellement inventées. Le principe reste le même et vouloir libérer des chaines n’entraîne heureusement plus le meurtre mais est généralement accueilli par le mépris, la dérision ou l’insulte car la réalité est très dérangeante quand on a fondé sa vie sur une simple apparence. La réussite n’étant pas nécessaire à la persévérance,  observons la fausse réalité dans laquelle nous croyons vivre, la cause de notre incapacité à nous en rendre compte et laissons à chacun le soin de chercher qui a intérêt à tout cela.

L’essentiel est d’abord la lumière artificielle médiatico-politico-universitaire qui nous projette la fausse réalité que nous créerions chaque année de la richesse chiffrée par le PIB. Toutes les idéologies actuelles l’accueillent comme une vérité incontournable et l’intègrent dans leurs raisonnements qui deviennent évidemment stériles mais aptes à des joutes sans fin devenant de plus en plus violentes pour continuer à exister.

L’homme sait en effet produire mais c’est le regard de l’autre sur sa production qui en fait une richesse ou un déchet. Un regard ne se crée pas et ne fait que se constater. Un regard ne se chiffre pas non plus et le PIB ne chiffre absolument pas une création de richesse totalement imaginaire mais il chiffre, sans la juger, la circulation monétaire. Il additionne la consommation de drogue et l’achat d’alimentation saine, la réparation d’un accident et la vente d’un avion, la prostitution et l’augmentation des fonctionnaires  en rémunération comme en nombre. Chaque fois que l’argent circule, le PIB augmente. Où est la création de richesse ? Elle n’existe pas mais il est agréable d’y croire.

La circulation monétaire chiffrée par le PIB est un mouvement circulaire allant de la production au revenu puis à la dépense. L’Insee chiffre d’ailleurs le PIB en le mesurant soit par la production, soit par le revenu, soit par la dépense. Mais en ne retenant que le chiffrage par la production, on peut faire croire aux nigauds que cela chiffre la création de richesse.

Ce qui est intéressant et qui nous ramène à Platon, c’est que tout un tas de gens intelligents et honnêtes croient à cette création de richesse en constatant qu’à leurs yeux, nous vivons en moyenne mieux que nos grands-parents, ce qui est à l’évidence vrai. Quelles sont donc ces chaînes qui nous forcent à continuer à prendre pour réel ce qui ne l’est pas ?

Ces chaines sont les multiples dépendances auxquelles nous sommes assujettis, des antidépresseurs aux vacances et aux loisirs, en passant par le confort et la propriété. Toutes ces dépendances que nous appelons progrès et qui sont devenues des addictions, sont toutes dépendantes de la dépendance mère à l’argent dont nous avons volontairement oublié l’origine humaine de la force. Depuis le 15 août 1971, date depuis laquelle, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les monnaies ne sont plus liées à une richesse reconnue, les monnaies sont fabriquées légalement par les banques uniquement pour être prêtées puis détruites, une fois récupérées avec intérêt. Comme les banques en fabriquent légalement beaucoup plus qu’elles n’en détruisent, la dette mondiale explose et finance l’ensemble des chaînes qui nous empêchent de réaliser que notre réalité actuelle n’en est pas une et ne peut en aucun cas perdurer. Toutes les idéologies s’en désintéressent en imaginant que le PIB mondial remboursera la dette.

En octobre 2024 le FMI a estimé que la dette publique mondiale (donc sans compter les dettes privées) devrait dépasser les 100.000 milliards de dollars ou d’euros pour 7 milliards d’humains. Il s’est dit inquiet car cela fait, dit-il, 93% du PIB mondial et pourrait s’élever à 115% du PIB en 2027. Pour la France il voit une dette publique qui dépasserait 124% du PIB en 2029.

Quand on prend la peine de reconnaître que le PIB ne chiffre que la circulation monétaire et donc qu’il croît chaque fois que l’on dépense de la monnaie créée le matin même par la double écriture d’une banque, on réalise que le PIB ne rembourse pas la dette mais l’augmente. Si on prend encore la peine de reconnaître que l’énergie d’une monnaie ne vient que de l’énergie humaine, il faudrait pour rembourser la dette, non pas du PIB qui l’augmente, mais de l’énergie humaine sans contrepartie puisque déjà utilisée. Il n’y a que l’esclavage et le pillage des autres par la guerre ou la ruse qui répond à la question. Chacun peut observer que c’est ce qui est mis en place actuellement pour rester encore un moment dans notre fausse réalité. Dans la vraie réalité il ne faudra rembourser aux « marchés financiers » et aux « investisseurs » que ce qui a été gagné avant d’être prêté et rembourser à la collectivité tout ce qui n’a été créé que pour être prêté et détruit après récupération avec intérêts.

Alors que faire ?

Sûrement arrêter ce que font tous les politiciens, à savoir trouver des solutions aux faux problèmes de la fausse réalité qui nous est présentée. Ne pas chercher des solutions avant d’avoir retrouvé la vraie réalité et en avoir supporté le premier choc aveuglant. Mais une fois le premier choc passé, nous découvrirons la réalité des vrais problèmes qui engendreront une transformation profonde de nos réflexions et de nos comportements. Il faudra savoir ce que nous arrêterons de payer et les politiciens seront à nouveau nécessaires pour éclairer les choix qui seront vraiment très difficiles. Mais la fausse réalité dans laquelle nous vivons est si agréable que le système a fait de nous ses complices et que personne n’a vraiment envie de quitter ses chaînes.

Les quitter ou disparaître est pourtant la seule alternative. Souvenons-nous que Boileau a écrit il y a plus de trois siècles dans son premier chant de l’Art poétique :

Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :

Polissez-le sans cesse et le repolissez ;

Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.

Il a tracé avec Platon notre feuille de route à moins que nous ne préférions l’esclavage et la guerre. L’avenir appartient à ceux qui ouvriront les yeux.

37 réflexions sur « Platon nous avait pourtant alertés avec son allégorie de la caverne »

  1. oui, il nous faut nous libérer de nos chaines pour être tous enfin des chênes, et c’est un boulevard qui s’ouvre à chacun de nous car pour pouvoir un jour être fort comme un chêne il faut savoir qu’on a été con comme un gland…

  2. Ce discours peut être dangereux car il participe à faire croire que nous sommes dans une fausse réalité et que il existe une vrai réalité. C’est une sorte de romantisme paranoïaque , Victor Klemperer nous apprend que le romantisme est une des voies du nazisme, la nostalgie d’un monde idéal. Il n’y a pas de monde idéal , comme je crois qu’il n’est pas de réalité.
    L’homme qui sort de la grotte est simplement fou, il découvre la folie et vient l’expliquer à ses copains, qui sont forcément dubitatif.
    Sauf que la folie est une différence , de perception, d’interprétation, et c’est cela qui fait la richesse. Osez interpréter par vous même. Car la réalité n’est que ce qui est partagé par tous, les voilà les chaînes.
    Nous sommes comme un ban d’étourneaux ou de sardines, d’ailleurs nous étions des sardines il n’y a pas si longtemps, qui faisons corps de la masse de tous. Pour un étourneau la réalité est le ban, en sortir est idiot.
    Sortir de ces chaînes implique de sortir de la réalité des hommes. La liberté consiste à trouver du libre arbitre, ce qui n’est qu’une conscience supérieure, pour Dieu il n’est point de libre arbitre. Alors comment exercer sa volonté ?
    Dans l’interprétation, dans la ruse, dans l’articulation des réels.
    Sauf que les chaînes sont bien là, le pouvoir totalitaire tend à réduire le champs des interprétations, le chant du possible..
    Celui qui brise les chaînes est celui qui casse le vecteur commun, cet entonnoir totalitaire qui mène les hommes dans une direction de plus en plus restreinte. Celui qui voit autrement aura une réalité « réel » uniquement si il dispose de puissance de conviction d’´influencer le regard de tous, alors la direction du réel ,- le vrai le commun le partagé par tous -changera.
    Mais c’est le même – non – réel.

    • La critique est intéressante mais le fond du sujet reste : la création de richesse est-elle un mythe ou une réalité. Je vois mal le lien entre cette question et le nazisme.
      J’affirme que la création de richesse n’existe pas et la plupart de nos contemporains croient qu’elle existe. Qui est dans le réel et qui est dans l’illusion ?

      • Bonjour,
        Nous parlons de deux choses différentes, oui la création de richesse comme elle est perçue est un mythe. L’argent ne se mange pas, nous sommes bien d’accord.
        Le capital ne produit que de la hiérarchie , ce qui peut être une valeur, mais c’est encore un autre sujet.
        Mon postulat est que il n’existe pas de réalité vrai. Il n’existe pas d’hommes qui sortent de la grotte pour trouver la réalité. Icare s’est brûlé au soleil.
        La réalité est un consensus , telles sont les chaînes de Platon, le soleil est la puissance de transcendance.
        Penser une réalité vraie à l’absolue est un principe dangereux.
        La réalité est un principe précaire, une dynamique de création de sens qui appartient aux hommes. La réalité réside dans le lien entre les consciences individuelles;
        -trop lâches il n’y a plus de langage, un peuple doit être fédéré , si je dis table et l’autre comprend chaise rien n’est possible. Sans liens rien n’est possible qu’une addition d’idiots.
        Trop contraint- c’est le totalitarisme – mécaniquement la réalité se réduit de façon mortifère.

        Oui, la richesse comme nous la percevons est un mythe, un mythe est vivant, même faux et mortifère il est réel.
        Ceux d’entre nous qui ont le plus de puissance d’influence peuvent le rediriger, car oui, pour l’instant notre civilisation avance comme un train fou bloqué au maximum de sa puissance.

  3. Dans la définition que donne l’INSEE du « PIB aux prix du marché », la première phrase me paraît très claire: « … mesurer la richesse créée… » ainsi que la deuxième « … le résultat final de l’activité de production … »

    Le texte indique ensuite que « l’on peut mesurer cette production de plusieurs manières… » Sans aucun doute. Grâce aux relations comptables issues des comptabilités en partie double. Mais où est le problème? On peut de même mesurer la vitesse avec un radar ou un mètre et un chronomètre. Mais la vitesse est une réalité unique, conforme à sa définition: la distance parcourue par unité de temps. ».

    L’INSEE utilise peut-être ces différentes approches pour affiner ses chiffres. En quoi est-ce gênant?

    Un dessin d’enfant est une production, en effet. Il n’est pas dans le PIB car il n’a pas été facturé à un autre agent économique. Je pense que c’est l’existence d’une facture qui crée la valeur prise en compte dans le PIB. Cette valeur est celle acceptée par un acheteur. Elle n’a rien d’universel, bien entendu. Mais que mesurer d’autre?

    Par ailleurs, je crois que l’INSEE comptabilise dans le PIB les factures et non les paiements. Ils ne viennent qu’après et ne sont pas me semble-t-il comptabilisés par l’INSEE, au moins directement.

    En outre, je pense qu’il y a dans le PIB les investissements des entreprises passés en immobilisations. Ce sont des produits pour les entreprises, comptabilisés comme tels chez elles, mais qui ne font et ne feront la plupart du temps l’objet d’aucune transaction. La valeur de cette production est largement laissée à l’appréciation de l’entreprise, sous le contrôle néanmoins des commissaire aux comptes.

    La monnaie n’a pas d’autre valeur que ce qu’elle permet d’acheter, aujourd’hui ou demain. Les habitants des pays à forte inflation s’en sont rendu compte. L’épargnant qui préfère acheter un appartement que garder ses billets sous son lit ne s’y trompe pas. Imaginez que la France arrête de produire en 2025 (PIB égal à zéro): vous sombreriez dans la pauvreté faute de richesse produite: rien à manger, rien à acheter. Il existe donc bien une richesse produite, que le PIB mesure tant bien que mal.

    • Le diable se niche dans les détails. L’INSEE est une niche de polytechniciens rusés qui écrivent que le PIB ne mesure pas la richesse créée mais « vise à mesurer la richesse créée », ce qui est en effet ce qu’on leur demande.

      Plus sérieusement tout est fait pour cacher une réalité simple qui est la montée sans fin d’une dette publique mondiale (100.000 milliards de dollars en 2024 selon le FMI) d’un argent de mystérieux « investisseurs » ou « marchés financiers » toujours anonymes, argent qui n’a été en fait créé par les banques commerciales que pour être prêté, récupéré avec intérêts et détruit puisque n’étant lié à aucune richesse reconnue depuis 1971. Tous les Bâles successifs laissent consciencieusement les trous nécessaires pour cela.

      Ces liquidités permettent des achats de consommation ou d’investissement chiffrés par le PIB, qui transforment arbitrairement des productions en richesses puisque vous constatez très justement que c’est le règlement d’une facture qui crée la valeur de la production.

      Si l’on ne comprend pas par ailleurs que la force de la monnaie ne vient que de l’énergie humaine qu’il avait fallu dépenser jusqu’en 1971 pour l’obtenir, on ne peut comprendre que cette dette mondiale véhicule aujourd’hui une énergie humaine à trouver demain sans contrepartie puisque déjà consommée. La seule perspective est soit l’esclavage et le pillage des autres par des excédents commerciaux, soit l’explosion du système. Dans les deux cas les peuples vont souffrir de l’aveuglement de leurs prétendues élites.

      Si l’on ne réalise pas que le PIB ne mesure que la circulation monétaire d’une fausse monnaie légale par son évaluation à 3 endroits différents (production, revenu, dépense) comme l’explique enfin l’INSEE depuis janvier 2021, on se rend involontairement complice de notre élite dépravée.

      • Il ne me semble pas que l’on cherche à cacher la dette mondiale, en tout cas pas l’INSEE, dont la mission est de s’occuper de notre pays.
        Le principal problème économique de la France est la faiblesse de son PIB, que l’Etat essaye de compenser en s’endettant et en redistribuant sa dette aux Français, qui achètent à l’étranger puisque notre production (notre PIB) est insuffisante.

        • Nous n’arriverons jamais à nous entendre tant que vous serez convaincu en toute bonne foi que le PIB est une ressource alors qu’il n’est que la somme de toutes les dépenses finales comme l’écrit noir sur blanc l’INSEE (tout en écrivant aussi l’inverse, je vous l’accorde). Embauchons des fonctionnaires, augmentons-les, nous ferons un PIB fantastique et vous continuerez à regretter que nous ne faisions pas assez de dépenses intelligentes (le bon PIB) en refusant de voir que ce sont les dépenses stupides qui augmentent (le mauvais PIB).
          J’ai du mal à comprendre ce refus de la réalité dans lequel vous êtes en effet très nombreux et que je n’arrive même pas à égratigner.

          • Effectivement ce monsieur Fédou pense que faire plus de dépenses (hausse du PIB) va nous sauver.
            C’est consternant.
            Il est plus facile de gérer les perceptions plutôt que de se confronter au réel.
            Les exemples sont pourtant nombreux depuis 50 ans.
            En France, il suffirait d’évoquer les spoliations par des pays étrangers, les privatisations, les délocalisations, la concurrence déloyale, la balance commerciale déficitaire, l’augmentation exponentielle de la masse monétaire en circulation.
            Autant de problèmes compensés par plus de dettes qui permettent d’augmenter le PIB.
            Cela ne fonctionne pas depuis 50 ans mais continuons jusqu’au mur de la dette et jusqu’à la crise de solvabilité du système qui conduira à la destruction totale de la valeur de la monnaie (seule issue pour payer la dette abyssale tant qu’on gardera ce modèle).

            • Je ne pense absolument pas qu’il faut augmenter la dépense publique. Au contraire. Vous m’attribuez cette pensée parce que vous ignorez l’un et l’autre ce qu’est le PIB. Vous persistez à croire que c’est la somme des dépenses. Je vous redis pour la nème fois que c’est la somme des valeurs ajoutées des entreprises.
              Donc pour augmenter le PIB, il faut augmenter la production française des entreprises.

              • Pourquoi suis-je obligé de préciser pour la ènième fois que la valeur ajoutée des entreprises n’existe que par la dépense de leurs clients toujours plus importante que la valeur ajoutée ? Renseignez-vous davantage sur ce qu’est le PIB et sortez de la majorité consternante qui s’invente un PIB, corne d’abondance magique, qui n’existe pas et qui n’est qu’un joli éclairage du drame de la dette mondiale sans cesse croissante. Ce qui me navre c’est votre aveuglement en toute bonne foi alors que j’apprécie votre intelligence de polytechnicien. Vous savez que les rémunérations de fonctionnaires sont comptées dans le PIB et que l’INSEE affirme bien que le PIB est la somme des dépenses finales

                • Non, la rémunération des fonctionnaires ne figure pas dans le PIB.
                  Puisque vous tenez absolument à raisonner, non à partir de la définition du PIB comme vous devriez le faire pour éviter des erreurs, mais sur une de ses propriétés – celle sur les dépenses finales – vous pourrez vérifier que la rémunération d’un fonctionnaire ne fait pas partie des dépenses finales au sens de l’INSEE. Pas plus d’ailleurs que la rémunération des salariés ou les pensions des retraités.

          • Marc,
            Personne ne dit ici que le pib est une “ressource” encore moins une “richesse”.
            C’est un outil de mesure. Point. Il a l’intérêt d’exister, et bien que très imparfait il permet de comparer le niveau d’activité économique d’une année l’autre…
            Le problème de la planche à billets est surtout dans le fait qu’elle tourne à seul profit de l’activité bancaire privée alors qu’elle est maniée à l’origine par les banques centrales (donc publiques).
            Que la BCE par ex n’ait pas le droit de prêter directement aux états qui sont obligés d’en passer par l’intermediation à titre onéreux des banques privées est un problème démocratique bien plus grave à mes yeux que la bataille semantique richesse/pas richesse!

            • Le problème de la monnaie, de la richesse, du PIB, de l’inflation dans son vrai sens historique de création monétaire et dans son sens imposé actuel de hausse des prix, est un tout. Ne pas l’aborder globalement est pour moi sans intérêt mais tu as raison bien sûr sur ce que tu pointes. Demande-toi avec quoi l’on rembourse si la création de richesse n’existe pas. Or elle n’existe pas puisque ce n’est que par la valorisation par l’argent qu’une production se transforme en richesse.

  4. « Toutes les idéologies actuelles l’accueillent comme une vérité incontournable et l’intègrent dans leurs raisonnements qui deviennent évidemment stériles mais aptes à des joutes sans fin devenant de plus en plus violentes pour continuer à exister. »
    « Nous usons nos jours en vains verbiages »
    Je crains que celui qui a dit cela n’ait eu raison.

  5. Cher monsieur Dugois, tout est clair sauf cette confusion répétée depuis des années entre richesse et valeur. Vous passez de l une à l autre sans faire la différence.
    Rappelons nous bodin, il n y a de richesses que d’hommes.

    • Il y a pour moi confusion justifiée entre deux mots qui sont des synonymes parfaits tentant tous les deux de faire le lien quasiment impossible entre le qualitatif qu’ils véhiculent et qui s’exprime avec des mots, et le quantitatif qui essaie, sans y parvenir vraiment, de les approcher avec des chiffres. Les valeurs humaines reprennent avec d’autres mots l’affirmation de Jean Bodin.

  6. Non ce n’est pas la même chose et Marx se propose de les distinguer.
    Lire la dernière page du capital livre I 1ere section chapitre I, 4.
    Texte d anthologie.

    • Marx y reprends en effet dans le chapitre sur la marchandise le mot anglais riches pour exprimer la richesse en négligeant l’autre sens du mot richesse que les anglais traduisent par wealthy. Certes une marchandise a de la valeur, n’a habituellement pas de richesse et seuls les hommes sont riches mais les valeurs humaines ne sont pas des marchandises et les couronnes royales sont riches des pierres précieuses qui y sont insérées. Valeur et richesse sont des synonymes parfaits. Je ne leur vois aucune vraie différence.

  7. Je reprends ici la discussion avec Daniel Fedou.

    Bien sûr que les traitements des fonctionnaires, les salaires des salariés et les pensions de retraites sont comptés dans le PIB.

    En ce qui concerne les fonctionnaires, il a même été expliqué que la fonction publique produisait quelque chose d’indispensable à la collectivité et que, comme c’était très difficile à chiffrer, on chiffrerait par prudence cette « production non marchande » par ce qu’elle coûtait, la fonction publique rapportant bien sûr plus qu’elle ne coûte ! Les traitements comme les dépenses de fonctionnement de la fonction publique sont comptabilisés dans le PIB. L’intelligence artificielle de ChatGPT vous le confirmera si vous ne me croyez pas. On cherche toujours à habiller les dépenses en production de richesses et c’est là le drame actuel. Cela n’était pas trop grave tant que les monnaies étaient liées à des richesses réelles mais depuis 1971, la force des monnaies ne vient plus que de la montée de la dette.

    En ce qui concerne les salaires, ils sont des éléments de la valeur ajoutée qui n’existe que par la dépense des clients et, en ce qui concerne les pensions, elles sont payées par les salariés suivant le principe de nos retraites par répartition. Ce sont les dépenses des clients qui paient les salaires et les pensions qui doivent simplement ne pas être comptées seules puisque déjà comptées dans la valeur ajoutée.

    Toute dépense finale fait monter le PIB qui n’est donc en aucun cas un chiffrage de la richesse produite. On ne produit que des productions qui ne deviennent richesses que si elles sont échangées contre de l’argent.

    L’INSEE en est tellement conscient qu’il n’ose pas écrire que le PIB mesure la création de richesse mais qu’il vise à le faire. C’est ce qu’on lui demande et il expliquera le moment venu pourquoi il rate sa cible.

    • Je m’étonne qu’un homme comme vous, qui n’ignore sans doute rien des règles de la dialectique, puisse faire appel pour appuyer sa thèse à ChatGPT, ce propagateur masqué de la pensée unique, qui cache des gens dont on ne connaît ni le nom ni les compétences. Laissez-le s’il vous plaît aux lycéens fainéants.
      Essayez plutôt de trouver pour nous départager un spécialiste de la comptabilité nationale. Il me reste un doute sur l’usage qui est fait de ce que l’on appelle « les marges » et que l’on ajoute à la valeur ajoutée HT des entreprises.
      En attendant, je maintiens ma position sur les salaires et les pensions.

      • J’avoue que ChatGPT n’est ni pour vous ni pour moi, source de vérité. Mais vous semblez reconnaître tout de même que la soi-disant « production non marchande » de l’administration est bien incluse dans le PIB avec ses traitements et ses frais de fonctionnement. Comme d’ailleurs les pensions, les aides sociales et les subventions, considérées aussi par l’INSEE comme des productions non marchandes qui font en tout environ 25 % du PIB.

        Mais c’est votre raisonnement qui est à revoir quand vous croyez que le PIB chiffre la richesse créée. La meilleure preuve en sont les salaires qui font diminuer le PIB dans son calcul par la valeur ajoutée (le 1er calcul de l’INSEE que vous affectionnez) alors qu’ils constituent le PIB dans le 3e calcul de l’INSEE. Vérifiez-le vous-même. C’est parce que le PIB chiffre la monnaie qui circule et qu’à certains endroits pour la calculer, il faut ajouter les salaires et à d’autres les retrancher.

        Tout raisonnement qui ne prend pas en compte précisément les 3 façons qu’a l’INSEE de calculer le PIB, risque fort de s’embourber. Si vous aviez raison il faudrait diminuer les salaires pour augmenter le PIB suivant le 1er calcul et les augmenter dans le même but suivant le 3e calcul.

        Je me permets d’insister car lorsque toute une économie est fondée sur une erreur, soit on se contente d’observer la montée du désastre, soit on essaie de réveiller ceux qui acceptent de l’être.

        • Merci d’avoir bien voulu laisser ChatGPT de côté. Merci aussi d’insister: cela nous permettra peut-être d’éclaircir les choses.
          Je reste demandeur d’informations sur le « PIB non marchand » dont j’ai vu qu’on parlait ici et là. En particulier, est-il ajouté au « PIB marchand » lorsqu’on parle du PIB de la France et de sa croissance? Je ne me suis pour ma part intéressé qu’à ce dernier, le seul utile me semble-t-il pour réfléchir aux politiques économiques – le premier n’étant sans doute qu’une affaire de redistributions diverses.
          En attendant, restons si vous le voulez bien sur le « PIB marchand ». Je le suppose défini par la valeur ajoutée des entreprises, conformément à la première phrase de l’INSEE.
          Vous dites que si l’on retient cette phrase, les salaires diminuent le PIB. Je ne suis pas d’accord. La valeur ajoutée de l’entreprise est la différence entre le chiffre d’affaires et les appros. Elle est insensible aux salaires: s’ils augmentent, le résultat diminue et la VA ne bouge pas. Il en va de même dans la consolidation des comptes de résultats des entreprises, qui permet d’obtenir – avec les immos et les « marges » – le PIB marchand.
          Je ne suis pas familier du 3ème calcul. Mais j’imagine – faisant confiance à l’INSEE … – que s’il part des salaires, il leur ajoute l’autofinancement. Or ce dernier diminue si les salaires augmentent. Le résultat ne bouge pas.
          Le TEE réalisé chaque année par l’INSEE ventile la valeur ajoutée entre celles des sociétés (financières et non) et les ménages, mais aussi celle des administrations publiques et celle des institutions à but non lucratif.
          Du coup, c’est la bouteille à l’encre. Je ne sais pas (pas encore?) où est le PIB marchand.

          • Je me suis mal exprimé quand j’ai écrit que les salaires faisaient diminuer le PIB. Je voulais dire qu’ils sont considérés comme un emploi du PIB quand on calcule le PIB par la valeur ajoutée alors qu’ils sont considérés comme une ressource du PIB quand l’INSEE calcule le PIB par les revenus. Tant que vous l’ignorerez ou que vous vivrez cela comme une contradiction, vous n’arriverez pas à accepter que le PIB ne fait que mesurer la circulation monétaire à différents endroits.

            L’invention stupide de la production non marchande vient simplement de toutes les dépenses que l’on fait sans qu’il y ait de vraie production et Dieu sait si elles sont importanes ! Mais on dépense toujours pour une raison et cette raison se déguise en « production non marchande ». Le « vivre ensemble » est une production non marchande chiffrée par tout ce qu’on dépense pour lui. La production marchande diminue et la production non lmarchande augmente davantage et donc le PIB qui est la somme des deux, augmente et c’est la croissance économique dont nos élites sont si fières et si contentes.

            Combien de temps va-t-on continuer à vivre cette mauvaise farce ?

            Que les entreprises fassent du bon travail est une évidence mais pourquoi dire mensongèrement qu’elles créent de la richesse ? Elles créent des productions qui se transforment en richesse si elles sont échangées contre de l’argent qui est, ou était, une richesse équivalente. La vie est échange et non création. Depuis que l’argent n’est plus une richesse en soi, sauf dans nos cerveaux, et que les liquidités augmentent à la même vitesse que la dette mondiale, nous transformons faussement les productions en richesses que nous prétendons créer.

            • Les entreprises créent des richesses. Vous en êtes la preuve, comme nous tous. Un exemple : combien êtes-vous prêt à payer 1 kg de tomates? Disons 4 euros à peu près. Combien êtes-vous prêt à payer pour acquérir les 50 litres d’eau et les 100 grammes d’engrais nécessaires pour les produire? Le prix de l’eau. La différence est votre propre valorisation de la valeur ajoutée de l’agriculteur.

              • L’entreprise crée une production qui n’est richesse que si elle est échangée contre de l’argent. L’argent magique créé par la dette mondiale ne transforme les productions en richesses que par la dépense de cette dette mondiale qui devra être remboursée par l’énergie humaine dépensée demain sans contrepartie, la contrepartie ayant déjà été dépensée. Est-ce si difficile à comprendre ?

                • Non, sa production est richesse dès que le produit est fabriqué. Avant de l’être, un futur ordinateur est dans l’usine quelques feuilles de plastique et des composants électroniques divers (résistances, circuits intégrés, condensateurs …) . Tout le monde voit que cet ordinateur vaut beaucoup plus que le tas de pièces détachées même avant d’être vendu. La comptabilité de l’entreprise en tient compte dans la valorisation des stocks. La comptabilité nationale aussi.

  8. Tout honteux d’avoir oublié l’existence d’un « PIB non marchand » dans nos premiers échanges, je me suis replongé dans les chiffres de l’INSEE. Les TEE font apparaître un « production non marchande » chez les « Adminstrations publiques » et les « Institutions sans but lucratif ». On peut évaluer les consommations intermédiaires associées par deux règles de trois. D’où deux valeurs ajoutées non marchandes estimées.
    En 2019, elles représentaient 14,92% du PIB. J’ai fait le même calcul pour 1980: 14,71%. Cette grande stabilité sur 40 ans m’a un peu étonné. Mais elle implique que les hausses du PIB et celles du « PIB marchand » sont quasiment identiques.
    Mon oubli est finalement sans grande conséquence pratique, ceci expliquant peut-être cela.

    • Les chiffres sont faux et chacune des trois administrations publiques a énormément augmenté depuis 1980. Aujourd’hui le PIB non marchand, c’est-à-dire toutes les dépenses réellement improductives, est de l’ordre de 25 % sans cese croissant et est le secret le mieux gardé. Ce PIB non marchand est financé par la dette et on en revient à la source de la force de la monnaie et de sa source uniquement humaine. La monnaie, déconnectée de toute richesse réelle depuis 1971, génère une nécessité d’esclavage ou de pillage chez les autres. C’est ce que nous vivons actuellement dans l’indifférence générale.

      • Puisque vous avez découvert la cache de ce secret très bien gardé, dites-nous où elle est, pour que l’on puisse calculer ces 25% que vous annoncez.
        Quant aux dépenses improductives que vous prenez comme définition du « PIB non marchand », il y en a beaucoup dans le PIB. Toutes les consommations notamment, qui pèsent pour près de 77%.
        Seuls les investissements peuvent être productifs, à condition d’ailleurs que ceux qui les ont réalisés ne se soient pas trompés dans les perspectives d’avenir.

        • Le PIB cumule en effet les dépenses de consommation et d’investissement quelle que soit l’intelligence ou la stupidité de la consommation ou de l’investissement car, que vous le vouliez ou non, le PIB ne fait que chiffrer la circulation de la monnaie sans se soucier de qui la crée, ce qui permet de faire autant de PIB que l’on crée de dette mondiale (100.000 milliards de dollars qui seront détruits dès remboursement).
          Dire qu’une production est toujours une richesse est une erreur grave. Une production peut être une richesse, un embarras ou un déchet. Le crottin de cheval est richesse pour le jardinier, embarras pour le promeneur et déchet pour le cheval. La richesse n’est qu’un regard et il est fondamental de le comprendre. Normalement et jusqu’en 1971, ce regard était matérialisé par l’argent que l’on dépensait pour obtenir la production et la transformer en richesse.
          Aujourd’hui où l’argent créé par les banques commerciales s’accumule dans la dette mondiale, des productions qui ne devraient être que des embarras ou des déchets, sont reconnus comme des richesses puisque personne ne s’intéresse au sort de la dette mondiale. Seuls les imbéciles, les distraits et les manipulateurs croient ou veulent faire croire que la croisance remboursera.

          • La comptabilité de l’entreprise, et la comptabilité nationale, considèrent comme richesse créée (pour reprendre vos mots, eux parlent de valeur ajoutée) ce qu’un tiers accepte d’acheter. Par exemple, si un crottin est abandonné sur la chaussée, il n’est pas compté, s’il est vendu comme engrais, il l’est. On retrouve là me semble-t-il le regard dont vous parlez. Il est encore là. Pourquoi dites-vous qu’Il a pas disparu en 1971?
            Cette méthode de calcul n’est pas exempte de critiques, bien entendu, mais qu’avez-vous de mieux à proposer, à part de dire qu’il n’y a aucune richesse créée, ce qui est évidemment faux?
            Vous parlez ensuite de l’endettement. C’est une importante question, sur laquelle on peut revenir si vous voulez. Mais que le crottin soit acheté au comptant ou avec un endettement auprès d’une banque, cela n’enlève rien à sa valorisation. C’est-à-dire à la valeur que lui donne celui qui l’achète.

            • Tant que vous resterez obstinément coincé dans l’idée que « dire qu’il n’y a aucune richesse créée ( ) est évidemment faux » vous ne verrez pas que la pseudo création de richesse n’existe que par la montée sans fin de la dette mondiale et ce, depuis le 15 août 1971. 100.000 milliards de dollars de dette publique et 144.000 milliards de dollars de dette privée. Comment voulez-vous réfléchir sainement si vous n’enlevez pas vos chaînes et continuer à prendre les ombres pour la réalité ? Comme nos politiciens, vous n’avez que la violence et l’évidence comme arguments.

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